Quelque part sur le continent - Tome 2

Anouk Gilles

Description

Voici quelques mois que Soko goûte une liberté qu’il trouve bien amère: Amadou est loin de lui, toujours retenue entre les mains des alphas. Bien décidé à honorer sa promesse de revenir la chercher après son accouchement, il va risquer le pire en rejoignant la clinique, accompagné malgré lui par Togo qui n’entend pas le laisser y aller seul… Alors qu’une tempête de neige se prépare, père et fils vont tenter le tout pour le tout… Avec cette suite quasi immédiate, Anouk Gilles entend dénouer les destins tissés dans le premier volet de son effrayante fresque de science-fiction sociale. Subtile et ambiguë, sa vision évite les poncifs et offre des portraits convaincants, à même de nourrir sa réflexion autour de la notion trouble d’humanité.

Informations

• Publié par: publibook
• Nombre de lectures: 19
• EAN13: 9782748368192
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Quelque part sur le continent

Anouk Gilles Quelque part sur le continent Tome 2 - À la recherche d’Amadou

Publibook

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Dans la pénombre du jour naissant, couchez-vous sur mon corps, soulagez-vous, et passez ensuite votre chemin !

(Annie Loschetter – rêve du 28.02.2010)

Chapitre 1 Soko s’étira. Il déplia son corps, allongea ses jambes musclées et se retourna sur le dos. Sa couche, constituée d’un amoncellement de feuilles mortes, d’humus et de lichens, bruissa agréablement sous son poids. Il ouvrit les yeux et fixa les feuilles qui semblaient tomber en cascade sur lui. Le soleil était sur le point de se lever. L’homme devina, en promenant son regard, une lueur rosâtre der- rière les troncs d’arbres qui lui bloquaient partiellement la vue. Il leva à nouveau les yeux vers le ciel, le long des branches qui plongeaient leurs bras touffus et fleuris sur la colonie dans laquelle il habitait depuis quelques mois maintenant. Il soupira. Il se sentait si bien en compagnie des autres membres du groupe. Depuis sa fuite avec Togo, il avait séjourné avec les hommes de sa race. Il leur avait raconté les raisons de leur présence au sein de la colonie et il les avait informés des dernières nouvelles concernant les hommes alpha. Togo s’était d’ailleurs plus facilement adapté à son nouveau rythme de vie que son père n’avait osé l’espérer. Soko resta encore quelques instants immobile sur sa couche, savourant le chant matinal des oiseaux qui com- mençait à prendre vie. S’il ne tenait qu’à lui, il pourrait rester ainsi couché à même le sol, respirant l’air doux, observant la forêt se réveiller doucement jusqu’à la fin de sa vie. Un timide sourire naquit sur ses lèvres à cette idée. Comment pourrait-il rester couché toute sa vie sachant qu’il devait s’occuper de Togo et qu’il avait promis à Amadou de revenir la chercher après l’accouchement. Lorsque l’image d’Amadou, la femme qu’il n’avait jamais

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cessé d’aimer, lui traversa l’esprit telle une météorite flamboyante, son humeur se rembrunit. Il ferma les yeux, essaya de se rappeler son sourire espiègle, ses yeux bruns dans lesquels il avait tendance à plonger inexorablement et ses cheveux châtains sauvages. Son sourire réapparut. Oui, il la trouvait tellement belle. Il était tombé amoureux qua- siment dès le premier regard. Il se remémora la première fois qu’il l’avait prise dans ses bras. La chaleur tiède de sa peau. L’excitation qu’elle savait provoquer en lui unique- ment en posant son regard sur lui. Il se souvint de sa joie et de sa fierté lorsqu’elle lui annonça qu’elle portait son premier enfant. Son amour pour elle s’était transformé en quelque chose de mille fois plus profond, plus essentiel, plus vital. La naissance de Togo. Puis la chasse organisée par les hommes de race alpha, la fuite, la capture. La sépa- ration, la perte, le désespoir. Les retrouvailles. Une nouvelle séparation et sa deuxième fuite, seul avec Togo. Subitement, Soko rouvrit les yeux et s’arracha d’un bond de sa couche. Il leva ses bras au ciel, bailla et cher- cha ensuite la couche de Togo du regard. L’enfant était couché en position fœtale, les poings fermés sous son menton. De part et d’autre de son corps recroquevillé, tou- chant presque son dos avec les genoux, étaient couchés deux autres garçons, plus âgés que lui. Plus loin, les autres membres de la colonie, deux couples et un homme seul, dormaient encore. Force lui était de constater qu’il était toujours le premier levé. — Tu es notre lève-tôt, se moquaient gentiment les au- tres membres, puisque tu es si matinal, il t’appartient dorénavant de nous réveiller à temps pour la chasse. Ce matin pourtant, Soko voulait encore savourer la quiétude. L’image d’Amadou lui était apparue d’une façon plus accrue, plus dense. Elle avait provoqué une sensation de vide, de perte éternelle qu’il voulait analyser avant que les autres ne soient debout. Il quitta silencieusement sa couche, marcha d’un pas agile et rapide vers le ravin pour

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