Quelque part sur le continent

Anouk Gilles

Description

Dans un futur lointain. L’humanité est scindée en deux: les "alphas", issus d’une mutation génétique, et les "sauvages". Les premiers, plus intelligents mais hypersensibles au soleil, ont réduit en esclavage les seconds, plus instinctifs. Transformés en domestiques, en femmes porteuses, ou tout simplement en gibiers lors de chasses à l’homme organisées, ils ont appris à vivre dans la crainte de leurs maîtres. Une famille de notables alpha et leur fille rebelle, un père et son fils dociles, un médecin épris de sa compagne sauvage… Leurs chemins se croiseront, pour le meilleur et pour le pire… Mêlant critique sociale et anticipation, génétique, racisme ou encore cannibalisme, Anouk Gilles offre avec "Quelque part sur le continent" une vision effrayante et dérangeante de notre avenir. Elle signe une réflexion sur l’humanité au sens le plus strict du terme en même temps qu’un hymne à la liberté et à la soif de vivre. Immersif et convaincant: une réussite du genre.

Informations

• Publié par: publibook
• Nombre de lectures: 9
• EAN13: 9782748350005
• Langue: Français

Extrait

Quelque part sur le continent

Anouk Gilles Quelque part sur le continent

Publibook

Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : + 33 (0) 1 53 69 65 55 IDDN. FR.010.0114106.000.R.P.2009.030.40000 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2009

Chapitre 1

Il crut apercevoir la lueur rosâtre de l’aube. Un simple trait à l’horizon qui se découpait irrégulièrement du ciel encore noir. Un sentiment de bien-être le submergea et il crut pouvoir se fondre dans la lumière accueillante du petit matin. Ensuite vint le bruit. Il crut reconnaître le chant mélodieux des oiseaux. Un sourire s’instaura sur son vi- sage et son bien-être plongea son corps dans une léthargie qui l’enveloppa tout entier. Il se figura sentir un début de chaleur sur sa peau. Il s’étira, n’osa pas encore ouvrir les yeux afin de prolonger encore un peu ce début d’euphorie qui menaça de l’engloutir corps et âme. Tout d’un coup surgit son image. La femme qu’il a ai- mée. Il la revoyait, fine et svelte, se concentrant sur la piste avec un sourire heureux sur les lèvres. Ses cheveux châtains flottaient derrière elle, tel un fanion annonçant son approche imminente à l’arrivée du rallye. Son bonnet avait de la peine à dominer les quelques mèches rebelles qui s’entouraient autour de son cou fin en s’emmêlant avec son écharpe. Il était debout, près de l’arrivée, et tenait fier son drapeau au-dessus de sa tête. Dès l’instant que les sabots de son cheval ont touché les lignes rouges dessinées sur la neige, il abaissa son drapeau et, dans un geste mala- droit, toucha l’encolure de l’étalon qui se cabra. Assise à crû, elle ne trouva que la crinière abondante de son cheval afin d’éviter de perdre l’équilibre. Mais en vain ! Il essaya de l’attraper par sa taille, pourtant la chute avait été inévi- table. Il se souvint du contact avec son corps.

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Plus tard, lors de la remise des prix, il lui avait souri timidement et avait senti la même onde de bonheur lors- que leurs yeux se sont rencontrés. Allongé dans la tiédeur de sa couche, les yeux fermés, il ressentit soudain la même décharge parcourant tous ses muscles, l’impression que son corps commençait à flotter au-dessus du sol. Il s’imagina libre dans les airs, observant, tel un rapace, les villages, les bois et forêts minuscules en dessous de lui. Son corps était libéré de la pesanteur et sa tête, qu’il res- sentait à peine, absorba toutes les impulsions qui martelaient ses sens. Les sensations ricochaient dans son crâne, libérant des ondes de plaisir qui le paralysaient. Il avait l’impression de toute puissance, de pouvoir changer le cours du monde, de distribuer la chaleur qui l’envahit d’un coup. Il essaya de se concentrer sur le chant des oi- seaux. Un bruit inhabituel s’immisça subrepticement dans son subconscient. Il plissa son front. Il s’étira avant d’ouvrir les yeux. La pénombre se découpait dans la petite pièce dans la- quelle il était couché. Seule brillait une lampe rouge, celle que son maître aimait lui laisser afin d’adoucir sa « pri- son ». Sa « prison » ! Lentement, calculant ses gestes, il s’étira à nouveau. Il s’y était fait, à sa « prison ». Son maî- tre l’appelait son « domaine », mais il n’arrivait définitivement pas à comparer ces quatre murs équipés de deux fenêtres donnant sur une cour vide avec un « do- maine ». Son domaine à lui avait été beaucoup plus grand, mille fois plus grand. C’avait été le monde, la vie. La vie d’autrefois. La vie avec elle. La vie en toute liberté. Len- tement, sa conscience reprit le dessus. Il observa un moment la lampe rouge, celle qu’il avait confondue dans son rêve avec un début de journée, une aube comme il y en avait tant eu dans sa vie d’autrefois, une aube promettant le bonheur à côté d’elle. Il cligna des

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