Le Traitement des intraitables : l organisation sociale de la récidive chez les jeunes
180 pages
Français

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Description

Analyse sociologique du phénomène de la multirecidive des mineurs résultant de facteurs tant individuels qu'institutionnels et constat des limites de la prise en charge judiciaire, dues aux carences d'organisation et de procédure de l'assistance éducative.

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Publié par
Publié le 01 juin 1998
Nombre de lectures 18
Licence : En savoir +
Paternité, pas d'utilisation commerciale, partage des conditions initiales à l'identique
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Philippe Le Moigne
Laboratoire d’Etude et de Recherche Sociales
le traitement des intraitables
l’organisation sociale de la récidive chez les jeunes
Enquête financée par
la Mission de Recherche Droit et Justice
- Juin 1998 -
La documentation Française : "Le Traitement des intraitables : l’organisation sociale de la récidive chez les jeunes / Philippe Le Moigne ; Ministère de la Justice, Mission de recherche droit et justice."le traitement des intraitables
l’organisation sociale de la récidive chez lesjeunes
La documentation Française : "Le Traitement des intraitables : l’organisation sociale de la récidive chez les jeunes / Philippe Le Moigne ; Ministère de la Justice, Mission de recherche droit et justice."Table des matières
Introduction 7
Appendice méthodologique 17
Première partie
Le jeu de dominos de l’assistance éducative
Chapitre I
L’enfant, la famille, l’institution 29
A.- La mise en place : l’introduction des mesures de protection 30
Le diagnostic de carence parentale : un père absent, une mère impossible 30
Enfant victime, enfant stratège : l’apprentissage juvénile des manières de jouer 35
B- La désorganisation des rivalités : l’entrée en scène des commentateurs 41
La mobilisation des tiers : un mode de contestation généralisé 41
Enjeux et surenchères : la maîtrise de la configuration relationnelle 45
C- La marginalisation du mineur : l’imposition de nouvelles règles 48
L’affirmation délinquante : aux sources d’une régulation collective 48
Le choix de l’insoumission : éléments conditionnels, éléments de renforcement 52
Chapitre II
Poids et particularités de la politique de prise en charge 55
A- L’examen de personnalité : le secteur face à l’individualité du mineur 57
La présomption d’hérédité : l’opposition au milieu 58
Le soupçon pathologique :aux limites de l’action éducative 64
B- Le placement : sa définition, ses frontières, sa mise en oeuvre 69
Les quatre principes de l’accueil en établissement 69
La sélection des candidats aux placements répétés 73
La documentation Française : "Le Traitement des intraitables : l’organisation sociale de la récidive chez les jeunes / Philippe Le Moigne ; Ministère de la Justice, Mission de recherche droit et justice."Deuxième partie
Une délinquance en quête d’auteur
Chapitre III
Le spectre des contraventions 79
A.- La géométrie du vol 86
Acquisition illicite et consommation ostentatoire 86
La nécessité : entre institution et marginalité 92
Le rodéo, l’équipée : les opérations de campagne 99
B.- L’ordre des violences 104
L’exercice collectif de la menace : une apparence de groupe 105
"Une histoire de sexe" : la confiscation du lien social 110
Provocations, stigmatisations : les batailles de la désignation 116
Chapitre IV
Déclaration de récidive et sanction 123
A.- L’acquisition de réputation : le choix de l’écho
Délinquance et notoriété :une étude de configurations 123
Le procès en multirécidive : le concours de laprocédure 132
L’événement médiatique et les dilemmes duvedettariat 139
B.- Le passage au droit : la chute pénale des mineurs 143
Sévérité, clémence : l’adoption de la grammaire judiciaire 143
La comparution ou le désengagement des tiers 148
L’invocation de la responsabilité individuelle le cas du "défaut de nature" 151
Le verdict :des dispositions juvéniles aux grilles tarifaires du droit 154
Conclusion 161
Annexe
Le dossier de Jean. Classement chronologique des pièces 169
La documentation Française : "Le Traitement des intraitables : l’organisation sociale de la récidive chez les jeunes / Philippe Le Moigne ; Ministère de la Justice, Mission de recherche droit et justice."Introduction
La prise en charge judiciaire des jeunes manifeste dans son histoire une
intention particulière, héritée des principes du droit qui fixent le statut de
l’enfance et de l’adolescence ; elle trahit une sorte d’amendement au régime
commun, injonction lui étant faite d’assurer à la fois la sauvegarde de l’enfance
1en danger et l’évitement de l’incarcération par des mesures de substitution( ).
La question juvénile, telle qu’elle est "travaillée" par les textes juridiques,
projette ainsi les institutions de prise en charge face à une mission globale de
placement qui n’est pas nécessairement cohérente : 1) assurer la protection des
jeunes victimes des mauvais traitements de leur entourage, 2) socialiser
l’adolescent coupable au régime de la loi qu’il a transgressée par des mesures
2d’éducation( ). Ces deux orientations font écho aux différents statuts accordés
au public pris en charge selon la nature des faits (victime ou auteur) et peuvent
en effet fonder une politique de travail unifiée au motif qu’il n’est pas rare que
les événements "traumatiques" de la pré-adolescence "conditionnent" chez
l’enfant l’entrée dans une carrière de déviance. Dans cette optique, agir sur les
causes directes, dès les premières manifestations biographiques d’une
contravention à la loi, c’est-à-dire dès la prime enfance, laisse présager une
rupture dans la plus ordinaire chronologie du parcours délinquant. Tel est le
socle dur sur lequel reposent toute à la fois l’histoire et la philosophie de la
Protection Judiciaire de la Jeunesse qui, quoique récemment dénommée comme
telle (1992), s’inscrit dans le droit fil de ces différents fondements juridiques,
tels qu’ils sont décrits par l’ordonnance de 1945.
Ces principes, incarnés dans des dispositifs complexes (Juge pour
Enfants, AEMO, secteur habilité, lieux de vie...) et des dispositions originales
(TIG, réparation), ont à un moment donné structuré une relative communauté
de vues : un pacte judiciaire. En retour, les acteurs de la prise en charge ont pu
fonder leur identité professionnelle sur cette sorte d’évidence, de paradigme
commun ; les éducateurs PJJ en particulier pour qui l’appartenance au milieu
judiciaire a valu comme élément de distinction au sein d’une Education
Spécialisée engagée dans de multiples missions et par conséquent en proie à
La documentation Française : "Le Traitement des intraitables : l’organisation sociale de la récidive chez les jeunes / Philippe Le Moigne ; Ministère de la Justice, Mission de recherche droit et justice."une relative confusion statutaire. Les Juges pour Enfants ont su également tirer
profit des leurs fonctions spécifiques en important sur le terrain du droit et de
la procédure une éthique assez éloignée de l’engagement moral habituellement
défendu par tout ou partie de la magistrature.
L’histoire de la PJJ, des appareils et des acteurs mobilisés en amont ou
en aval de sa pratique, fait ainsi écho à la création puis à la stabilisation d’un
"domaine réservé", d’une catégorie spécifique de l’action judiciaire. Par là, il
faut entendre une manière bien balisée de comprendre et de traiter une
question qui a d’abord convoqué l’expertise du droit et qui a été ensuite portée
sur "l’agenda" judiciaire. Par là, il faut entendre également la constitution,
sinon d’un corps, du moins d’un "monde" professionnel comprenant des
agents, institutionnels ou associatifs, dont la compétence particulière justifie
l’appartenance au traitement judiciaire de la question juvénile.
Aujourd’hui sous les feux de l’actualité, le monde de la protection
judiciaire de la jeunesse est confronté à une large remise en cause où paraît
sourdre une critique directe d’un de ses éléments fondateurs : l’évitement de
l’incarcération. Ces critiques ne concernent pas directement la philosophie du
droit mais elles visent à montrer quels en sont les effets contre-productifs dans
un contexte où la lisibilité des règlements et des normes n’apparaît plus
suffisante pour régler le comportement de certains jeunes, en particulier des
3multirécidivistes( ). Le principe d’évitement de l’incarcération aurait acquis
pour cette population la valeur d’une "mansuétude garantie", voire même
d’une mesure incitative, les cond

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