Les Maghrebins de montreal
92 pages
Français

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Description

Quelle est la place des groupes venus d’ailleurs dans la société québécoise? Quels liens tissent-ils avec leur nouveau pays ? Comment les deuxièmes générations d’immigrants, notamment maghrébins, s’adaptent-elles à leur pays ? Qu’en est-il vraiment des ghettos que les immigrants musulmans auraient construits dans une ville comme Montréal ? Grâce à un travail statistique, cartographique et ethnographique inédit, l’auteure de ce livre analyse l’immigration en milieu urbain en déconstruisant au passage le mythe du ghetto musulman. Elle interroge la relation entre l’ethnicité et ses frontières et définit ainsi la « maghrébinité » dans le contexte québécois. Par ailleurs, en décrivant les caractéristiques linguistiques, démographiques, religieuses et résidentielles des Maghrébins, elle offre des clés pour mieux comprendre qui ils sont en même temps qu’elle montre les manières dont jeunes et aînés s’inscrivent dans le paysage urbain montréalais et qu’elle initie ses lecteurs aux enjeux de la spatialisation de l’immigration en ville.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 avril 2018
Nombre de lectures 2
EAN13 9782760638761
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Face aux multiples défis que la Cité contemporaine, de plus en plus sans remparts et sans frontières, lance à notre compréhension, la collection «Pluralismes» propose un espace de prise de parole multidimensionnelle et interdisciplinaire. Elle se veut un lieu de redécouverte et de mise en dialogue des conceptions et des pratiques aussi bien modernes que vernaculaires du mot «pluralisme» et de la réalité qu’il recouvre.
Sous la direction de Lomomba Emongo.


Mise en page: Véronique Giguère
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Manaï, Bochra, 1982-, auteur
Les Maghrébins de Montréal / Bochra Manaï. (Pluralismes) Comprend des références bibliographiques. Publié en formats imprimé(s) et électronique(s).
ISBN 978-2-7606-3874-7
ISBN 978-2-7606-3875-4 (PDF)
ISBN 978-2-7606-3876-1 (EPUB)
1. Maghrébins - Québec (Province) – Conditions sociales. 2. Maghrébins – Intégration – Québec (Province). 3. Maghrébins - Québec (Province) – Histoire. 4. Maghrébins – Québec (Province) – Montréal - Études de cas. I. Titre. II. Collection : Pluralismes (Presses de l’Université de Montréal).
FC2950.N67M36 2018 305.892’7610714 C2018-940124-9 C2018-940125-7
Dépôt légal: 2 e trimestre 2018
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
© Les Presses de l’Université de Montréal, 2018
Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.



Avant-propos
La trajectoire d’une recherche se confond souvent avec celle du chercheur. La mienne n’échappe pas à la règle et trouve sa source dans des questionnements d’abord personnels. L’obsession qui m’habite depuis ma jeunesse est de comprendre l’exil de ma famille, mon identité ambivalente vis-à-vis de la France où j’ai grandi, mon attachement à la Tunisie et mon immigration volontaire au Québec. Je me demandais comment je pouvais être aussi attachée, symboliquement et réellement, à des espaces aussi pluriels. Comment mes appartenances à divers lieux et à de multiples sociétés se sont-elles construites au gré des relations et des rencontres? Comment se définit-on dans la multitude, et comment cette multitude nous engage- t-elle dans le quotidien? La géographie m’a permis de lire les spécificités des lieux, des sociétés, des territoires, mais c’est grâce à la sociologie que j’ai compris qu’on ne pouvait se passer de l’analyse des différences sociales et ethniques, qui fondent toutes les sociétés. Ces disciplines m’ont apporté des réponses sur les diverses façons que nous avons de gérer la pluralité. En effet, les sociétés dans lesquelles nous vivons sont plus que jamais appelées à regarder cette pluralité qui se met en scène, plus particulièrement dans les villes. Qu’est-ce qui fait que l’on s’identifie à tel ou tel groupe et que l’on s’y attache en marquant un endroit aussi hétérogène que la ville? C’est avec cette question de départ que j’ai entamé ma recherche, qui prend pour exemple un groupe précis, de plus en plus intéressant au Québec, celui des immigrants du Maghreb.
C’est en posant le regard sur les lieux qu’occupent ces immigrants et sur les marqueurs qui les définissent que j’ai pu mieux cerner les enjeux de la pluralité montréalaise et de la cohabitation pour en faire le portrait. Je partais de l’idée que c’est en regardant ceux qui sont censés être les Autres qu’on dévoile une part de Nous. Travailler sur l’immigration maghrébine s’est avéré, à divers égards, une voie pour parler de la société montréalaise et québécoise à l’heure des débats identitaires les plus virulents et polarisants.
La ville concentre toutes les dynamiques sociales contradictoires. Elle est le lieu dans lequel les citadins se rassemblent et se dispersent. C’est aussi l’endroit où les citoyens cohabitent ou entrent en conflit. Partout où elles se constituent, les villes sont des entités que le regard du géographe, du sociologue, de l’historien ou encore de l’ethnographe tente de saisir. Le chercheur se demande ce qui fait la ville, ce qui fait que les citadins cohabitent, ce qui fait que des citadins de confessions diverses s’octroient des espaces sans grands heurts. Au cours des siècles, les villes modèles ou villes paradigmatiques ont changé : de celles qui dominaient des empires aux capitales d’États, puis aux villes industrielles et créatives. Aujourd’hui, nul doute que la plupart des villes du monde sont les hauts lieux d’une urbanité – cette façon de vivre la ville et en ville – ancrée dans le transnationalisme des personnes et des économies.
Dans les villes qui ont traversé les siècles, la cohabitation entre des inégalité s sociales et des modèles de gestion de l’Autre – qu’il ait un métier, une classe ou une confession différents – a toujours pu être analysée historiquement. Les villes sont donc l’espace idéal pour lire les réalités de la diversité, de la différence et de la pluralité. Et dans l’aire nord-américaine, Montréal n’échappe pas à cette possibilité.
Montréal, par son histoire – autochtone, française et anglaise – et sa dualité linguistique et culturelle, a toujours fait une place particulière aux vagues migratoires qu’elle a accueillies. On la voit et on la définit comme un modèle, une ville paradigmatique et un laboratoire du cosmopolitisme, dont il ne faudrait pas réduire la complexité. Cette métropole nord-américaine est marquée par des modèles d’insertion des migrants en constant changement. La place qu’on y fait à ces Autres et à ce qu’ils peuvent montrer de leur «ethnicité» est grande – le signe d’une latitude politique importante, beaucoup plus qu’en France, par exemple.
Cette lecture est une invitation à voir la ville comme l’espace privilégié pour observer les interactions interethniques. C’est aussi une occasion de voir se former les enjeux d’altérité – de gestion de l’Autre – dans une société autrement que par le prisme médiatique et politique. C’est en dénouant un à un les fils qui composent une histoire particulière, celle d’une immigration récemment installée dans la métropole québécoise, soit l’immigration maghrébine, que l’on parlera en fait de Montréal et du Québec.
En effet, la ville est un des espaces de la mise en scène des relations sociales, qui semble inclure et incorporer les différences ethni ques autant que de classes. La coprésence de ces différences se fait sans conteste dans des rapports de concurrence et de pouvoir autant que des rapports de cohabitation et de négociation. La ville implique une cohabitation entre les individus, mais également entre les groupes, par les appartenances collectives et les marqueurs qu’ils mettent en scène. Dans le cas des appartenances ethniques mises en scène dans la ville, les échelles individuelle et collective s’ enchev êtrent. Ainsi, il est difficile de penser la cohabitation dans une société sans tenir compte du fait que chaque individu peut être influencé par ses appartenances à l’intersection de l’ethnicité, de la classe, du genre, du mode de vie.
Cet ouvrage présente une situation, celle d’un groupe d’immigrants, et un site, Montréal, comme milieu urbain. Il s’agira donc de décrire à quoi ressemble cette rencontre qui prend parfois des allures de collision.
Historiquement, Montréal a toujours été un site d’entrée des nouvelles vagues migratoires vers le Québec, le Canada et l’Amérique du Nord. D’ailleurs, il existe une littérature prolifique sur les groupes ethni ques, les espaces, les quartiers de résidence et les trajectoires de ces vagues d’immigration. Les interrogations portées aujourd’hui sur et par les Maghrébins sont très similaires à celles qui préoccupaient les Juifs ou les Portugais de Montréal.
Dans un monde où les moyens technologiques pour communiquer et se déplacer réduisent les distances, l’enjeu des flux migratoires est plus que jamais d’actualité. Il est donc nécessaire de continuer à écrire l’histoire de ces sociétés plurielles. Parler de l’immigration, c’est aussi et surtout parler de la relation et des interactions avec la société.
Certaines villes ont même fait de l’immigration une richesse et un argument. Montréal s’inscrit dans cette dynamique et fait de l’immigration une sorte d’identité de la ville. D’hier à aujourd’hui, Montréal est devenue la troisième métropole canadienne en la matière, accueillant 14,9% des immigrants récents au Canada. Les représentations de l’immigration en ville consistaient en des quartiers de concentration au centre, mêlant pauvreté et conditions d’habitation insalubres avec des conditions de travail difficiles, avant l’ascension sociale et l’accession à des espaces plus éloignés sur l’île, voire en banlieue. Aujourd’hui, deux phénomènes définissent le contexte montréalais. D’abord, on assiste à une diversification des origines des immigrants et à une augmentation des minorités visibles. À Montréal les immigrants proviennent de pays beaucoup plus nombreux et leur diversité ethnoreligieuse démultiplie les catégories à recenser. Ensuite, on observe une diversification des modes d’établissement dans la ville. C’est-à-dire que les schémas classiques ne résistent pas toujours, comme l’illustre l’installation de groupes asiatiques directement dans certaines banlieues montréalaises. Ainsi, l’immigration s’installe tant dans les quartiers centraux que dans les banlieues, donnant lieu à une géographie de l’immigration diverse et complexe, qui s’accompagne d’une spatialisation multiforme.
Durant le xx e siècle, le Québec et le Canada étaient tous deux des terres d’accueil pour les immigrants arabes originaires du Moyen-Orient,

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