Se dire arabe au Canada : Un siècle d histoire migratoire
155 pages
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Description

oute personne originaire du Machrek, de la région historique de la Grande Syrie ou du mont Liban, a une histoire migratoire à raconter. Dès la fin du XIXe siècle, ils ont été nombreux à quitter leur pays natal pour s’installer partout dans le monde – notamment au Canada –, et jusqu’à maintenant cette chaîne n’a jamais réellement été rompue. La population arabe d’ici est issue de cette histoire, de ces strates d’immigration qui se sont superposées, de ces générations qui se sont croisées et se sont parfois unies dans une volonté de préserver leur patrimoine, de s’entraider ou de se défendre contre la discrimination.
Si les « Arabes » sont aujourd’hui l’objet d’une grande attention, aussi bien des médias, des États que des recherches sociologiques, leur histoire reste cependant peu connue. Des origines de leur migration à la fin des années 1970, ce livre fait renaître la voix de ceux qui ont choisi de se faire entendre, de s’organiser et d’exister collectivement sur la scène publique canadienne. Quelles sont les institutions que ces migrants et leurs descendants ont créées et comment ont-ils exprimé leur identité et organisé leur vie religieuse, sociale et politique ? C’est ce que révèle cet ouvrage admirablement documenté.
Houda Asal est titulaire d’un doctorat d’histoire soutenu en 2011 à l’École des hautes études en sciences sociales (EHSS). Elle a poursuivi ses recherches à l’Université McGill et travaille depuis sur le racisme, l’islamophobie et les discriminations.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 novembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782760637030
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Face aux multiples défis que la Cité contemporaine, de plus en plus sans remparts et sans frontières, lance à notre compréhension, la collection «Pluralismes» propose un espace de prise de parole multidimensionnelle et interdisciplinaire. Elle se veut un lieu de redécouverte et de mise en dialogue des conceptions et des pratiques aussi bien modernes que vernaculaires du mot «pluralisme» et de la réalité qu’il recouvre.
Sous la direction de Lomomba Emongo.
Mise en page: Véronique Giguère
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Asal, Houda, 1979-
Se dire arabe au Canada: un siècle d’histoire migratoire
(Pluralismes)
Présenté à l’origine par l’auteur comme thèse (de doctorat École des hautes études en sciences sociales), 2011.
Comprend des références bibliographiques.
1. Arabes – Canada - Histoire. 2. Canadiens d’origine arabe – Histoire. 3. Arabes – Canada – Conditions sociales. 4. Canadiens d’origine arabe – Conditions sociales. I. Titre.
fc106.a65a82 2016 971’.004927 c2016-942064-7
ISBN (papier) : 978-2-7606-3701-6
ISBN (PDF) : 978-2-7606-3702-3
ISBN (ePub) : 978-2-7606-3703-0
Dépôt légal : 4 e trimestre 2016
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
© Les Presses de l’Université de Montréal, 2016
Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.

IMPRIMÉ AU CANADA
À mon grand-père, orphelin d’Amerka.
À ma tante qui m’a poussée à regarder de ce côté de l’océan.
À ma mère qui m’a inspiré ce sujet de recherche et tant d’autres choses.
À tous les migrants arabes et à leurs enfants, à qui j’ai voulu redonner une voix.
À l’île de la Tortue, la Palestine des peuples autochtones, qui m’offre encore une fois l’hospitalité, et où j’ai fait des rencontres qui ont changé ma vie.

Sigles et abréviations
Avant 1950
CAFL
Canadian Arab Friendship League, 1944. Montréal (Muhammad Massoud).
CFSLS
Canadian Federation of Syrian Lebanese Societies, 1948. National (Joseph Helal, Elias Karam).
CWI
Canadian Welfare Institute of Ottawa, vers 1940. Ottawa (Elias Karam).
CYLC
Canadian Young Lebanese Club, 1933.
LLA
Lebanese Liberal Association, 1935.
LSCA
Lebanese Syrian Canadian Association, changement de nom de la SCA en 1968.
SCA
Syrian Canadian Association, 1933. Montréal.
Après 1950
AIC
Arab Information Centre, 1958. Ottawa.
APA
Arab Palestine Association, 1966. Toronto (Khaled Mouammar).
AQP
Association Québec Palestine, 1972, Montréal (Rezeq Faraj, Michel Chartrand).
CAFS
Canadian-Arab Friendship Society, 1962. Toronto (James Peters, Habeeb Salloum).
CFME
Canadian Friends of the Middle East, 1960. London, Ontario (Issa Fahel).
CQP
Comité Québec Palestine (Université Laval), 1969, Québec (Marie-Claude Tadros Giguère).
FCA
Fédération canado-arabe (Canadian Arab Federation CAF), 1967. National. Scission FCA branche de London, 1970-1974. Redevient la FCA nationale en 1974.
FSCA
Fédération des Sociétés canado-arabes, 1970-1974, scission, située à Toronto, mais d’envergure nationale.
WLCU
Union libanaise culturelle mondiale (World Lebanese Cultural Union), 1963. Initiative du gouvernement du Liban.
Introduction
«Je suis d’une tribu qui nomadise depuis toujours dans un désert aux dimensions du monde. Nos pays sont d es oasis que nous quittons quand la source s’assèche, nos maisons sont des tentes en costume de pierre, nos nationalités sont affaire de dates ou de bateaux…»
Amin Maalouf, Origines , 2004.
Toute personne originaire du Machrek, de la région historique de la Grande Syrie ou du mont Liban 1 , a une histoire migratoire à raconter, un parent dans un pays d’Amérique du Nord, du Sud ou en Australie. Tant d’émigrants ont quitté cette région pour s’installer partout dans le monde, dès la fin du xix e siècle, génération après génération, et cette chaîne n’a jamais réellement été rompue, jusqu’à aujourd’hui. La population arabe au Canada est issue de cette histoire, de ces strates d’immigration qui se sont superposées, de ces générations qui se sont croisées et se sont parfois unies, dans une volonté de préserver leur héritage, de s’entraider ou de se défendre contre des discriminations. Au Canada, cette histoire demeure peu connue. Des origines de la migration en provenance du monde arabe de la fin du xix e siècle à la fin des années 1970, cette recherche a pour objectif de retrouver les voix de celles et ceux qui ont choisi de se faire entendre, de s’organiser et d’exister collectivement sur la scène publique.
Si les «Arabes» sont aujourd’hui l’objet d’une grande attention, aussi bien des médias, des États que des recherches sociologiques, l’historiographie s’est peu penchée sur les différents courants migratoires en provenance de cette région, les institutions que les migrants et leurs descendants ont créées, leurs expressions identitaires et leurs organisations politiques. De plus, les discriminations qu’ils subissaient déjà et leurs capacités de mobilisation au cours du siècle demeurent méconnues. À leur arrivée au Canada, comment ces migrants sont-ils accueillis, perçus et traités? Parallèlement, comment choisissent-ils de se nommer, de s’organiser et de se faire entendre? Ces questions, résumées dans le titre de l’ouvrage Se dire arabe au Canada , sont d’autant plus centrales qu’elles continuent à se poser aujourd’hui de manière récurrente: au Canada, qui est désigné comme Arabe et qui se dit arabe ?
La minorité arabe dans l’espace public: «exister, c’est exister politiquement»
À leur arrivée au Canada au tournant du siècle, à l’instar de nombreux autres migrants, les personnes originaires du Machrek sont assignées à des catégories qui les maintiennent dans un statut d’infériorité. À l’époque, et pendant plusieurs décennies, le Canada établit une hiérarchie raciale qui classe les groupes: les Autochtones sont les premières victimes de la colonisation du territoire, alors que les Noirs (réduits en esclavage pour une partie d’entre eux), les Asiatiques, les Européens du Sud et de l’Est sont quant à eux soumis à des politiques d’immigration discriminatoires plus ou moins restrictives selon les périodes. Ces discriminations reflètent des hiérarchies raciales qui ont des effets sur la manière dont chaque groupe est traité et perçu, donnant lieu à différentes formes de contestation selon les périodes et les communautés visées. Ces catégories que l’État canadien utilise pour sélectionner, classer et compter les migrants, englobantes et discriminatoires, sont souvent en contradiction avec la manière dont les migrants se perçoivent eux-mêmes. Par ailleurs, à l’intérieur même de ces catégories, certains groupes se retrouvent dans des sous-ensembles qu’ils réfutent, comme celui de la «race asiatique» perçu comme particulièrement «indésirable» ( unwanted ) pour les migrants du Machrek. À partir de 1967, la sélection migratoire fondée sur des critères liés à l’origine ayant été abolie, d’autres formes de discrimination et d’assignations maintiendront la population arabe dans un statut de minorité racisée 2 .
À l’heure où des minorités discriminées et lésées par les politiques de l’État canadien réclament des réparations et des excuses 3 , il est intéressant de documenter l’histoire des minorités en «position intermédiaire», expression qui permet bien de décrire la place occupée par les Canadiens arabes. Comparée à la majorité dominante anglo-saxonne et blanche, et à d’autres minorités plus nombreuses cibles d’une stigmatisation encore plus importante, la minorité arabe se trouve placée dans un «entre-deux». Cette position explique en partie que ce groupe ait moins attiré l’attention des chercheurs, intéressés d’abord par des populations dont la présence représentait un enjeu plus important pour l’État canadien, notamment les Chinois, les Indiens, les Ukrainiens, les Italiens ou les Juifs. Les travaux portant sur le racisme (comme Guillaumin, 1972) et plus récemment sur la construction de la catégorie majoritaire de «Blanc» (les Whitness Studies ), sont essentiels pour comprendre les conditions de production des minorités racisées face à une majorité blanche, dont les frontières ont évolué dans le temps. Ces catégorisations raciales ont un effet performatif sur la construction des groupes sociaux dans l’histoire, et sont d’autant plus complexes dans des nations coloniales qui se réclament aujourd’hui du multiculturalisme, comme la société canadienne (Iacovetta, 1997; Hage, 1998; Bannerji, 2000; Smith, 2006; Das Gupta et al , 2007; Thobani, 2007). Cette étude montre comment, à différents moments historiques, des organisations arabes ont pu refuser certaines assignations et se mobiliser. Placée dans une «position intermédiaire», la minorité arabe a tantôt essayé de contourner les catégorisations raciales (en essayant de «se blanchir», c’est-à-dire en voulant se rapprocher de la catégorie majoritaire), et a tantôt choisi de résister plus frontalement à ces catégories en dénonçant le racisme dont elle était l’objet. Dans toutes ces configurations, les actions collectives des organisations créées par le groupe arabe relèvent d’une volonté d’exister sur la scène publique, d’obtenir des droits ou de défendre des intérêts, révélant «le processus par lequel un groupe passe d’un ensemble passif d’individus à un participant actif dans la vie publique» (Tilly, 1978: 69). Décrire l’action politique des associations arabes au cours de l’histoire permet de nuancer l’idée que cette population a toujours accepté son sort sans réagir, d’autant plus que la mémoire des luttes du passé demeure relativement absente des discours du monde assoc

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