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Pourquoi le pic frappe son bec contre le tronc de l'arbre

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Description

Il y a longtemps, dans un petit village niché au cœur de la forêt, vivait un pic nommé Bobokôkô. C’était un oiseau d’une grande beauté́ avec un plumage coloré, un bec aiguisé, une voix mélodieuse. On raconte qu’il avait aussi de grands défauts : il était vantard, menteur, paresseux et tout le peuple de la forêt – les animaux à poils et les animaux à plumes - savait qu’il ne tenait jamais ses promesses.

Pour couronner le tout, notre ami était porté sur la boisson, il était tout le temps au maquis, ce qui attristait beaucoup sa maman. 

Un jour, cette dernière tomba gravement malade. On l’emmena chez tous les guérisseurs, tous les marabouts, tous les féticheurs de tous les horizons, mais leur conclusion fut la même : maman pic ne verrait sans doute pas les prochaines pluies.

Maman pic était très appréciée dans la forêt, aussi tous les animaux proposèrent leur aide pour l’organisation des funérailles. Mais Bobokôkô refusa catégoriquement :

Non, non, non, tout est déjà prévu. Votre aide ne sera pas nécessaire je m’occupe de tout. C’est moi Bobokôkô, vous l’avez oublié ?

Il disait qu’il en allait de son honneur d’offrir à sa mère des adieux dignes d’une reine et qu’il allait lui-même, à la force de son bec, creuser son tombeau dans le tronc d’un arbre. Les animaux de la forêt n’insistèrent pas : qui refuserait une occasion de faire des économies ? Mais tous attendaient de voir comment Bobokôkô allait s’y prendre.

Pendant ce temps, l’état de maman pic se détériorait de jour en jour, elle devait se préparer à rejoindre le royaume des ancêtres. Il était temps de commencer à préparer les funérailles, mais on ne voyait toujours rien venir. Ni les danseurs, ni les musiciens annoncés, ni les pleureuses, ni le célèbre griot à la voix capable d’apaiser les douleurs d’une rage de dents. La commande de la tenue funéraire n’avait même pas été passée et bien sûr Bobokôkô n’avait pas commencé́ à creuser la tombe de sa pauvre mère.

Il ne semblait pas s’en soucier et continuait à s’enivrer dans les maquis, et à faroter au rythme endiablé du zouglou.

Enivré, Bobokôkô chante :  

Ce sera du jamais vu oh.

Funérailles de maman oh ce sera du vu oyé.

Vous qui avez faim, vous les affamés, venez manger ce sera du jamais vu dèh. Servez à boire, je vous invite aux funérailles, on va boire, on va manger à notre faim. Venez, vous êtes tous invités. Sapez-vous et venez.

Pour la circonstance j’assure tout.

Je vais t’honorer mère, je vais t’honorer, servez, servez je m’occupe de tout !

C’est alors que tomba la terrible nouvelle : maman pic n’était plus.

Bobokôkô pleure et se lamente :

Maman, mama pourquoi

Le soleil s’est couché

Bobokôkô se rendit au maquis pour noyer son chagrin dans le vin de palme. En bon paresseux, il ne se rendait pas compte que le temps pressait et il continuait à dire à qui voulait l’entendre que les funérailles de sa mère allaient être somptueuses.

Une nuit passa, puis une deuxième, une troisième, sans que rien ne soit fait. Le corps de la pauvre maman pic commençait à attirer les mouches. Cette fois, Bobokôkô ne pouvait plus remettre au lendemain. Il se mit sur-le-champ à creuser la tombe. Mais l’entreprise n’était pas facile. La forêt résonna bientôt des coups de bec qu’il donnait contre le tronc de l’arbre incessamment, mais sans aucun résultat. Au bout d’une semaine, le bec de Bobokôkô était tout enflé́ et le corps de maman pic était dans un état de décomposition avancée.

Les oiseaux de la forêt, scandalisés que mama pic n’ait toujours pas de sépulture (et incommodés par l’odeur), allèrent trouver leur roi Kôlié, l’aigle, pour lui demander d’intervenir. Il ordonna que la terre soit retournée sur-le-champ, et mama pic put enfin rejoindre sa dernière demeure.

Pour échapper à la honte, Bobokôkô s’enfuit dans la forêt en jurant qu’un jour le corps de sa mère retournerait à la place qu’il avait prévu pour lui.

C’est pourquoi depuis ce jour, on peut entendre le pic frapper le tronc de son bec afin d’y creuser la tombe de sa maman.

Mon conte est fini.

Crédits :

Pourquoi le pic frappe son bec contre le tronc de l'arbre

Interprété par Koami Vignon et Charles Kohoury.

Chant : Valérie Gobey

Musique : Jean Sempé Ake Olloé.

Recherche des contes et adaptations : Flore Kra, Valérie Gobey, Eugène Konan et Elvis Tanoh.

Production déléguée : Sonia Arruda Touré, Romain Masson

Assistant de production : Romain Chmiela, Eugène Konan,

Assistant à la réalisation : Elvis Tanoh.

Réalisation : Laure Egoroff et Tidiane Thiang.

Remerciements à Thomas Weill, Yanick Zagba, Sony Music Africa, Stéphane Dogbo, et les équipes de RFI.

Avec le soutien du programme "Accès Culture" de l'Agence française de développement et l'Institut français.

Une production Making Waves et Des Livres Pour tous - Côte d'Ivoire.

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Informations

Publié par
Date de parution 14 juin 2021
Nombre de lectures 0
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

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