L L epreuve de la politique - un islamisme au bord de la secularisation
240 pages
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L'L'epreuve de la politique - un islamisme au bord de la secularisation , livre ebook

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Description

Né du rejet de la modernité, l’islamisme n’a jamais pu résister à la tentation de s’approprier celle-ci. Ainsi, plusieurs mouvements islamistes ont cherché à s’organiser en partis politiques, qui ont tâché de réduire le contenu religieux de leurs statuts et de leurs programmes électoraux tout en mettant l’accent sur les aspects socioéconomiques. À la suite de toutes ces transformations a émergé la question du devenir de l’islamisme.
L’auteur de cet ouvrage pose l’hypothèse de la sécularisation de l’islamisme dans un contexte précis, celui du Maroc, en se limitant toutefois à une organisation constituée d’un groupe religieux, le Mouvement de l’unicité et de la réforme, et d’un parti politique, le Parti de la justice et du développement. Il relate une période clé de l’histoire de ce parti, soit entre de sa date d’instauration, en 1996, et celle de son accession au gouvernement marocain, en 2012, en essayant de comprendre l’influence du politique sur le religieux au sein de cette organisation voguant entre intransigeance et réformisme.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 octobre 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782760647480
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0005€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’épreuve de la politique
Un islamisme au bord de la sécularisation
Mohamed Fadil
Les Presses de l’Université de Montréal
« Un point de vue inédit sur l’islam politique soumis aux pressions de la modernité et de la démocratie qui contribuera à renouveler le regard sur l’islamisme contemporain. » Sol ange Lefebvre, titulaire de la Chaire en gestion de la diversité culturelle et religieuse de l’Université de Montréal.
Né du rejet de la modernité, l’islamisme n’a jamais pu résister à la tentation de s’approprier celle-ci. Ainsi, plusieurs mouvements islamistes ont cherché à s’organiser en partis politiques, qui ont tâché de réduire le contenu religieux de leurs statuts et de leurs programmes électoraux tout en mettant l’accent sur les aspects socioéconomiques. À la suite de toutes ces transformations a émergé la question du devenir de l’islamisme. L’auteur de cet ouvrage pose l’hypothèse de la sécularisation de l’islamisme dans un contexte précis, celui du Maroc, en se limitant toutefois à une organisation constituée d’un groupe religieux, le Mouvement de l’unicité et de la réforme, et d’un parti politique, le Parti de la justice et du développement. Il relate une période clé de l’histoire de ce parti, soit entre de sa date d’instauration, en 1996, et celle de son accession au gouverne-ment marocain, en 2012, en essayant de comprendre l’influence du politique sur le religieux au sein de cette organisation voguant entre intransigeance et réformisme.
Mohamed Fadilest un sociologue maroco-canadien, professeur de sociologie à l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah à Fès et chercheur associé, entre autres, à la Chaire en gestion de la diversité culturelle et religieuse de l’Uni-versité de Montréal et de la Chaire de recherche sur l’islam contemporain en Afrique de l’Ouest à l’UQAM.
34,95$28eCouverture: Zellige à la mausolée de Moulay Idriss II, à Fès au Maroc. Photo de l’auteur.
Formats numériques en accès libre w w w.pum.umontreal.ca
isbn 978-2-7606-4747-3
Mohamed Fadil
L’É P R E U V E D E L A P O L I T I Q U E
UN ISLAMISME AU BORD DE LA SÉCULARISATION
Préface de Solange Lefebvre
Les Presses de l’Unîversîté de Montréal
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Titre : L’épreuve de la politique : un islamisme au bord de la sécularisation / Mohamed Fadil. Nom : Fadil, Mohamed, auteur. Description : Comprend des références bibliographiques. Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 20220029814 | Canadiana (livre numérique) 20220029822 | ISBN 9782760647473 | ISBN 9782760647480 (PDF) | Vedettes-matière : RVM : Parti de la justice et du développement (Maroc) | RVM : Mouvement de l’unicité et de la réforme (Maroc) | RVM : Islam et laïcité—Maroc. | RVM : Islam et poli-tique—Maroc. | RVM : Modernisme islamique—Maroc. Classication : LCC JQ3949.A8 A33 2023 | CDD 324.264/082—dc23
Mise en pages : Folio infographie
e Dépôt légal : 4 trimestre 2023 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2023
Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.
Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien nancier le Fonds du livre du Canada, le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises cultu-relles du Québec (SODEC).
impriméaucanada
Système de translîttératîon
Pour les noms propres et les titres d’ouvrages arabes, nous avons adopté le système proposé par la revueArabica1,qui assure une translittération très stricte de l’arabe en caractères latins. Dans ce système, chaque consonne arabe correspond à une lettre latine éventuellement assortie de signes dia-critiques [ṭ pour leط, ġ pour leغ, etc.]. La vocalisation [a, i, u] est notée selon les règles exposées ci-dessous. La graphie étant privilégiée, plutôt que la prononciation, les lettres solaires sont donc transcrites sans assimilation.
Translittération des consonnes
ʻġ f q k l m n h w y ā
عغفقكلمنهويى
ā b t ǧ d r z s
ا ب ت ث ج ح خ د ذ ر ز س
1. Nous nous référons particulièrement au guide préparé par la professeure Vanessa Van Renterghem, disponible sur le site de l’INALCO : http://www.inalco.fr/sites/default/les/ asset/document/translitteration_arabica.pdf.
8 •é p r e u v ed el ap l o l i t i q u e
¸ a / at . . .
ءة
ض
š
ط ظ
ش ص
Translittération des voyelles et des diphtongues
Longues : Brèves : Diphtongues Tanwīn
اā ـa. َ ـaw َ ـan ً
يī ِi. ـay. َ ٍـin
وū ُu
ـun (en exposant) ٌ
Note : Sauf indication contraire, toutes les traductions de l’arabe et de l’an-glais au français sont du fait de l’auteur.
Préface
Solange Lefebvre
Mohamed Fadil a su saisir une extraordinaire occasion lorsqu’il t le choix de son sujet au Maroc dans les années 2000. Ce chercheur remarquable suit à la trace, depuis une quinzaine d’années, les évolutions sociopolitiques et religieuses du contexte contemporain du Maroc, comblant plusieurs lacunes de la recherche portant sur l’islamisme politique et ses transformations. Il le fait à travers l’étude de la Chabiba, le Mouvement de l’unicité et de la réforme (MUR) et du Parti de la justice et du développement (PJD). Le chercheur aura non seulement procédé à des observations et des entrevues de fond avec leurs principaux leaders au sujet des débuts modestes de leur entreprise dans les années 1960, mais il aura aussi patiemment dépouillé dans le détail la documentation interne des groupes, les travaux et les mémoires des gures clés. Lors de ses études supérieures en études reli-gieuses et en sociologie à l’Université de Montréal et à l’École pratique des hautes études à Paris, au tournant des années 2010, il poursuivit cette recherche avec la profondeur et l’agilité intellectuelles qui le caractérisent. Lors de nos fréquents et passionnants échanges au sujet du contexte marocain, il discutait de l’étonnante évolution qu’avaient connue les groupes étudiés. Ses photographies personnelles les dévoilaient d’abord plutôt mar-ginaux, affairés dans de modestes bureaux. Après leur fulgurante ascension au pouvoir, en 2012, voilà que d’autres photographies les montraient com-muniquant sur les plus prestigieuses tribunes politiques et médiatiques du pays, en costume-cravate. Ce livre se penche sur cette période de la montée en force du parti (1996-2012), depuis son instauration à sa prise de pouvoir. Fadil analyse très bien les contradictions internes de ces mouvements islamistes lancés à la conquête du pouvoir. Ils croient au départ que l’Islam
1 0 •d el ap l é p r e u v e o l i t i q u e
politique a la capacité de produire un projet politique porteur et de s’inscrire d’une certaine manière dans un État de droit, mais se trouvent vite confrontés aux dés d’adapter leur utopie politiquement contradictoire. L’islamisme, au fond, contredit l’État de droit, mais se voit soumis à des processus de sécu-larisation multiples habilement analysés dans ce livre, an d’occuper vrai-ment le pouvoir. Fadil poursuit le l central de son étude, à savoir l’effet produit par le parti politique sur le groupe religieux dont il est issu. L’organisation islamiste oscillera entre intransigeance religieuse et sécula-risation potentielle. Les islamistes se font en quelque sorte violence lorsqu’ils créent un parti politique à côté des autres partis. Certains groupes de ce type auront d’ailleurs refusé de le faire dans d’autres contextes. Les islamistes marocains auront pris la précaution de créer une antichambre du parti, le MUR qui est le lieu de la production discursive de l’utopie. Fadil présente bien cette ambivalence, cette naissance contrariée à la politique, et c’est là un point fort de son travail. L’hypothèse de la sécularisation, poursuivie dans ce contexte, représente assurément une innovation théorique de premier plan. Lorsqu’il s’agit de tenter de comprendre le destin de l’islam politique, les chercheurs concluent en effet soit à l’échec soit au dépassement au prot d’une ère post-islamiste. De cette manière, on court-circuite les possibilités d’analyser nement ce qui se trouve en jeu dans la transformation elle-même. Fadil offre à cet égard un point de vue inédit sur l’islam politique soumis aux pressions de la modernité et de la démocratie, et contribuera à renouveler le regard sur l’isla-misme contemporain.
Solange Lefebvre est titulaire de la Chaire en gestion de la diversité culturelle et religieuse à l’Institut d’études religieuses de l’Université de Montréal, cotitulaire de la Chaire France-Québec sur les enjeux contemporains de la liberté d’expression et directrice du Centre de recherche sur les religions et les spiritualités (CIRRES).
Introductîon
Né du rejet de la modernité, l’islamisme n’aurait jamais pu résister à la ten-tation de s’approprier celle-ci. Certes, les pistes élaborées par les idéologues de la première génération visaient manifestement à instaurer un État isla-mique qui soit susceptible de bannir la société de laǧāhiliya(la barbarie antéislamique), d’établir celle de laḥākimiya(la souveraineté d’Allah)et d’amener les musulmans à retrouver l’âge d’or de l’islam, celui que l’on projette généralement sur l’État de Médine du septième siècle. Pourtant, les choses ont beaucoup changé depuis. Un processus de négociation avec la modernité semble être entamé par de nouvelles générations d’idéologues islamistes visant, à divers degrés, l’alignement sur les normes propres à un État moderne fondé, entre autres, sur la démocratie, le multipartisme et la participation politique, ce que la génération des fondateurs rejetait farouchement. Ce processus engendrera la réorganisation de bon nombre de mouve-ments islamistes dans des partis politiques qui s’efforcent de bannir tout qualicatif religieux, voire islamique, de leurs dénominations ainsi que de réduire le contenu religieux de leurs statuts et de leurs programmes électo-raux en mettant l’accent sur le socioéconomique. Les dernières décennies ont même connu une expansion électorale considérable des représentants de cette fraction de l’islamisme que l’on appelle, à tort ou à raison, « l’islamisme modéré ». Partout dans le monde musulman, cette famille de partis obtient des résultats remarquablement positifs chaque fois que l’un de ses membres participe à des élections qui offrent un minimum de transparence, ce qui est le cas, notamment, de celles que tiennent la Turquie, le Maroc, la Palestine, l’Égypte, etc. Les premières participations des islamistes à des élections
1 2 •é p r e u v ed el ap o l i t i q u e l
2 dans les pays du Printemps arabe, comme l’Égypte et la Tunisie , ont conrmé cette tendance. Par ailleurs, cette montée élector ale de l’islamisme modéré s’est accompagnée d’une expansion spectaculaire, bien qu’instable, des organisations radicales, principalement de Daesh, tout particulièrement en Irak et en Syrie. Sur le plan théorique, ce contexte a laissé émerger la question du devenir de l’islamisme sous l’effet de toutes ces transformations. Les principaux cou-rants de réexion, lorsqu’il s’agit de répondre à cette question, prédisent, depuis les années 1990, l’échec de l’islam politique et/ou le dépassement de son ère au prot d’une nouvelle que l’on a baptisée « le post-islamisme ». Ces courants émanent d’auteurs d’importance, tel Olivier Roy, qui a déclaré en 1992 l’échec de l’islam politique, et qui allait proposer, quelques années plus tard, le post-islamisme comme devenir de l’islamisme. Par ailleurs, cette réexion à la lumière de ce même concept du post-islamisme connaîtra une grande enver-gure avec les travaux du politologue américano-iranien Asef Bayat. Selon Olivier Roy, dont les écrits intègrent la perspective la plus originale 3 et inuente circulant en France à ce sujet, l’échec des islamistes à réaliser leur objectif de fonder un État islamique constitue un indice concluant de l’échec de leur projet fondateur. L’islamisme sera dépassé, permettant ainsi l’émergence d’une nouvelle ère, celle du post-islamisme, durant laquelle les courants radicaux de l’islamisme seront isolés et ne disposeront plus que d’un mode d’action désespéré qui ne sera actif que dans des contextes caractérisés par la faillite politique (le cas de l’Afghanistan par exemple). Quant aux modérés, ils seront condamnés à une évolution vers des « mouvements islamo-4 nationalistes » pour lesquels le concept de laoummane constituera qu’un
2. Il importe de souligner que les premières participations politiques des mouvements islamistes remontent aux années 1960 et 1970, comme dans le cas des branches syrienne (sous la direction d’Issam Al-Attar), jordanienne (sous la direction d’Ishaq Al-Farhane) et irakienne (sous celle d’Abdelkarim Zidane) des Frères musulmans, de l’Union islamique au Soudan (sous la direction d’Hassan al-Tourabi), du Groupe Islamique au Pakistan (sous celle d’Abou Al-Ala Al-Maududi), etc. Par contre, ces participations ne traduisaient aucune tendance bien structurée de ces mouvements à opérer en tant que partis politiques reconnaissant les modes modernes de la pratique politique. Elles se déroulaient, dans certains cas, au sein d’autres partis politiques auxquels ces mouvements étaient alliés, de façon déclarée ou non. Dans d’autres cas, ces mou-vements présentaient certains de leurs membres aux élections en tant que candidats sans appartenance partisane. Pour plus de détails, voir : Mustapha Mohamed At-Tahhane,al-îkr al-ḥarakī bayna al-aṣāla wa al-inḥirāf[La pensée activiste, entre authenticité et déviation], Kuwait City,dār al-waṯā’iq, 1984. 3. Cette tendance réclamant l’échec de l’islamisme séduira plus tard d’autres chercheurs du paysage académique français, dont Gilles Kepel, auteur de Jihad : expansion et déclin de l’islamisme, Paris, Gallimard, 2000. 4. Dans un texte consacré à ce concept, Mohamed-Chérif Ferjani explique que, même si « la plupart des versets emploient le terme de’ummadans un sens proche de celui de
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