L Ecole du racisme
296 pages
Français

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Description

Outil de socialisation, l’école est aussi une fenêtre sur le monde et un lieu d’apprentissage – stéréotypes et préjugés compris. Dans cet ouvrage, l’autrice postule que l’école au Québec, tant francophone qu’anglophone, a, dès ses débuts et pendant des décennies, enseigné et cautionné la domination coloniale et le racisme. Elle éclaire la façon dont les figures de l’Autre ont été construites par une variété de discours, selon différentes caractéristiques culturelles ou corporelles, et la façon dont elles ont occupé diverses fonctions dans la formation de l’identité collective de l’élève québécois, blanc et civilisé.
L’ouvrage montre bien comment l’altérité construite, mise en scène et racontée par l’institution scolaire québécoise du XIXe siècle a été un outil pédagogique privilégié. En plus d’examiner le champ narratif du « faire-croire » et du discours imposé de la représentation, il analyse les contours de l’appropriation des figures de l’altérité par les élèves du Québec. Quelles conceptions de l’Autre, produites par quelles idéologies, l’école transmit-elle ? Quelles fonctions récréatives et pédagogiques ont-elles remplies ?
Par la variété des thèmes abordés et des sources consultées, ce livre, appuyé par un grand nombre d'illustrations, contribue de façon remarquable au débat sur le racisme ainsi qu’à la recherche de solutions dans les rapports entre la majorité blanche et les différents groupes racisés au Québec.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 novembre 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782760644694
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Catherine Larochelle
L’école du racisme
La construction de l’altérité à l’école québécoise (1830-1915)
Les Presses de l’Université de Montréal


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Titre: L’école du racisme: la construction de l’altérité à l’école québécoise (1830-1915) / Catherine Larochelle. Noms: Larochelle, Catherine (Professeure d’histoire), auteure. Collections: PUM. Description: Mention de collection: PUM | Comprend des références bibliographiques. Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20210052880 | Canadiana (livre numérique) 20210052899 | ISBN 9782760644670 | ISBN 9782760644687 (PDF) | ISBN 9782760644694 (EPUB) Vedettes-matière: RVM: Éducation—Québec (Province)—Histoire—19 e siècle. | RVM: Racisme en éducation—Québec (Province)—Histoire—19 e siècle. | RVM: Altérité. | RVM: Identité collective—Québec (Province) Classification: LCC LC212.3.C32 Q8 2021 | CDD 370.9714—dc23 Mise en pages: Folio infographie Dépôt légal: 4 e trimestre 2021 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2021 www.pum.umontreal.ca Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Les Presses de l’Université de Montréal remercient de son soutien financier la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).





Remerciements
Partie d’une volonté de comprendre les ressorts extérieurs de la construction nationale québécoise, la recherche que j’ai effectuée dans le cadre de mon doctorat, et dont ce livre est l’aboutissement, m’a menée vers des horizons que je n’avais pas anticipés. Ces horizons, je les ai atteints grâce au compagnonnage d’intellectuelles et de penseurs importants: Sara Ahmed, Emmanuel Levinas, Madeleine Ouellette-Michalska, Thierry Hentsch, Toni Morrison, Emma Larocque, et bien d’autres. Alimentée à leurs mots, j’ai compris que les archives scolaires du XIX e siècle québécois témoignaient de performances, de constructions rhétoriques, d’une alphabétisation visuelle et de la transmission d’une vision du monde fondamentalement raciste et colonialiste.
L’aide reçue, en cours de route, de plusieurs archivistes, notamment de Josée Sarrazin à la congrégation de Notre-Dame et de Nancy Lavoie aux Frères des écoles chrétiennes, m’a permis de placer dans la Grande Histoire des écolières et écoliers anonymes n’ayant laissé pour uniques traces que quelques compositions scolaires.
Ce sont précisément les gestes de ces élèves, cette lente et répétitive écriture des devoirs, cette pénible ou attrayante lecture des manuels, cet ennui diverti par l’observation des images, ce sont ces gestes qui tracent les sillons profonds de cette histoire de l’apprentissage du racisme à l’école québécoise.
«Ils sont barbares», «barbares», «Barbares et peu civilisés», «despotiques», «race moins intelligente», «ils donnent leurs enfants à manger aux pourceaux», «la plus basse classe de l’humanité», «à civiliser», «des ressources», «sauvages», «ils ne sont plus nombreux», «disparaissent»… Ces mots lus, écrits, récités, ressentis. Ces gestes répétés, génération après génération. Des sillons profonds.
***
Les années consacrées à cette recherche ont été ponctuées de rencontres inspirantes et ont connu les débuts de grandes amitiés. Avec Virginie Pineault, rencontrée en cours de route, je touche du doigt la puissance d’une véritable rencontre avec l’Autre, dans toute la radicalité que cela signifie. Quant à Florence Prévost-Grégoire, son amitié m’a grandie et m’a aidée à me retrouver, cadeau inestimable. Je la remercie pour tout, et notamment pour sa relecture intelligente et minutieuse du manuscrit de ce livre.
Et d’Ollivier Hubert, que dire cette fois? Sa patiente et enthousiaste supervision a fait de mon parcours doctoral une véritable élévation. Avec lui, dès le début, je me suis sentie vue et écoutée. Au fil des ans, notre communion intellectuelle s’est transformée en amitié, puis encore en d’autres choses, ô combien précieuses. L’écriture de ce livre lui doit beaucoup. Je lui dis merci.
Ce livre n’aurait pu voir le jour sans le concours de diverses institutions et de multiples personnes. Je remercie le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, la Fondation Desjardins, l’Université de Montréal ainsi que le Prix d’auteurs pour l’édition savante pour leur aide financière. Je suis également reconnaissante à l’éditrice Nadine Tremblay des Presses de l’Université de Montréal, à son équipe et aux personnes ayant évalué mon manuscrit pour leur lecture méticuleuse et généreuse de mon livre.
Je n’aurais pas mené ce projet à terme sans le soutien de ma famille et de mes amis et amies. Je remercie particulièrement André, le père de mes enfants, qui m’a épaulée tout au long de mes études, dans la quotidienneté, et avec qui je partage toujours une parentalité solidaire. Finalement, une pensée spéciale à Marie, Florence et Louis qui, généreusement, reconnaissent une importance à mes recherches et m’encouragent à continuer à prendre la parole sur ces enjeux. Elles et lui sont mon espoir.
***
La profonde réflexion sur l’altérité que j’ai entamée à l’été 2011, en dialogue avec mon directeur de maîtrise de l’époque, Jean-Marie Fecteau, ne se termine pas avec ce livre. S’il est une chose dont je suis convaincue après toutes ces années, c’est que l’on ne doit jamais clore nos questionnements sur ces sujets fondamentaux. À l’altérité, on doit proposer accueil et dialogue. L’éthique de nos relations aux Autres ne peut passer par la négation, le refus ou le désir d’abolition de leur altérité. Il faut, de surcroît, multiplier les sens de la rencontre: prêter l’oreille, tendre la main, pour comprendre que notre commune humanité est multitude.


Introduction
Définir la différence, c’est dompter l’altérité. C’est assigner à l’autre sa place, sa fonction. Et exiger de surcroît la reconnaissance de l’écart maintenu entre qui fixe la norme et qui doit s’y conformer.
Madeleine Ouellette-Michalska 1
Année scolaire 2018-2019. Montréal, Québec. Deux de mes enfants sont en 3 e année du primaire. À la première rencontre parents/enseignants de l’année, l’une des enseignantes nous explique que nos enfants seront initiés à deux nouvelles matières cette année: les sciences et l’univers social. Dans le premier cas, ils apprendront ce que sont une problématique, une expérimentation et une hypothèse. En univers social, on leur racontera des histoires sur les «Amérindiens». La professeure ajoute alors que les enfants sont particulièrement friands de ces histoires, parce qu’elles les mènent dans un autre monde, un peu comme «les histoires de dragons et de fées». Quelques parents, interloqués comme moi, questionnent l’enseignante pour savoir si les enfants seront renseignés sur l’existence actuelle des Premiers Peuples (et s’offusquent de cette comparaison avec les dragons et les fées). On nous répond que ça ne fait pas partie du programme de 3 e année.
À la fin de l’année scolaire, en triant les cahiers, Duo-Tang et autres feuilles volantes de mes enfants, je tombe sur un exercice qui me sidère. Le cahier photocopié intitulé «Les Amérindiens» qui accompagne l’exercice est illustré par le dessin d’une fillette «autochtone» assise les jambes croisées devant un wigwam. L’illustration très enfantine est remplie de stéréotypes: plumes à la tête, arc, peinture sur le visage, main sur le cœur, décor intemporel et homogénéisant, physionomie de blanche. De quelle nation est-elle la représentante? À quelle époque vit-elle? Des questions sans réponses. Le devoir qui attire ainsi mon attention est un exercice de composition dans lequel on demande aux élèves d’écrire une lettre à leur enseignante «en se mettant dans la peau d’un(e) Amérindien(ne)». Les enfants ont le choix entre «un(e) Iroquoien(ne) ou un(e) Algonquien(ne)». La lettre, dans laquelle ils doivent parler de leur habitation, de leur environnement et des activités qu’ils font selon qu’ils sont «une fille ou un garçon», se termine par une invitation à l’enseignante à venir visiter leur époque. J’étais là devant la pratique centenaire du «jouer à l’Indien», version 2019.
L’altérité mise en scène et racontée par l’institution scolaire québécoise est au cœur de cet ouvrage. En plus d’interroger le champ narratif du «faire-croire», du discours imposé de la représentation, ce sont les contours de l’appropriation des figures de l’altérité par les élèves québécois qui sont l’objet de l’analyse. La représentation de l’altérité pose la question de la frontière très mince qui sépare l’ouverture au monde de l’appropriation du monde à des fins identitaires. L’intérêt porté par le discours scolaire aux différents peuples de la terre accompagne la formation de l’identité collective au Canada. En ce sens, l’étude des figurations historiques de l’altérité permet d’appréhender sous un nouveau jour le récit de la construction nationale. Peuples cannibales, caravanes sous le soleil brûlant du désert, Sauvages de l’Ouest américain… autant d’images exotiques qui sont offertes aux enfants québécois qui fréquentent l’école au XIX e siècle. Outil de socialisation nationale, l’école fut aussi fenêtre sur le monde et apprentissage de stéréotypes.
L’école du racisme
Les questions qui guident l’exploration de l’histoire dans ce livre sont les suivantes: quelles représentations des Autres 2 sont proposées aux élèves du Québec entre les années 1830 et les années 1910? Sont-elles des vecteurs de la construction de l’identité nationale? Quels codes de la différence ont été symbolisés dans l’institution scolaire? À quelles idéologies ont puisé les pédagogues canadiens? Commen

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