Plurilinguisme et pluriculturalisme
134 pages
Français

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Description

Rares sont les sociétés contemporaines qui ne sont pas pluriculturelles et plurilingues, en raison notamment de l'émergence de l'anglais comme nouvelle lingua franca et de l'augmentation des flux migratoires des quarante dernières années. Dans un contexte de mutations sociales et économiques mondiales sans précédent, les défis posés par les politiques linguistiques et culturelles font désormais partie intégrante de notre quotidien. Mais quels sont leurs véritables enjeux - juridiques, politiques, culturels et symboliques - ainsi que leurs incidences sur l'éducation, la traduction ou les langues autochtones?
Dans une perspective résolument interdisciplinaire, ce livre fait état de la recherche collective sur la question du plurilinguisme officiel dans plusieurs pays et de solutions concrètes à des problèmes communs. Sa pertinence et son originalité résident autant dans l'actualité que dans la ferme volonté de réfléchir aux réformes à envisager afin que chaque citoyen ait la possibilité, selon l'idéal de la diversité universelle prôné par l'UNESCO, de s'exprimer, d'apprendre et d'exercer ses droits civiques dans la langue de son choix.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 avril 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782760636477
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de Gillian Lane-Mercier, Denise Merkle et Jane Koustas
PLURILINGUISME ET PLURICULTURALISME
Des modèles officiels dans le monde
Les Presses de l’Université de Montréal
Mise en pages: Yolande Martel ePub: Folio infographie Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Lane-Mercier, Gillian, 1956- Plurilinguisme et pluriculturalisme: des modèles officiels dans le monde (PUM) Comprend des références bibliographiques. ISBN 978-2-7606-3645-3 1. Multilinguisme – Politique gouvernementale. 2. Politique linguistique. 3. Minorités linguistiques. 4. Multiculturalisme. I. Merkle, Denise, 1954- . II. Koustas, Jane, 1954- . III. Titre. IV. Collection: PUM. P119.3.L36 2016 306.44’9 C2016-940574-5 Dépôt légal: 2 e trimestre 2016 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2016 www.pum.umontreal.ca ISBN 978-2-7606-3645-3 (papier) ISBN 978-2-7606-3646-0 (PDF) ISBN 978-2-7606-3647-7 (ePub) Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).


Introduction
Gillian Lane-Mercier
L’idéal résumé par la formule «un peuple, une langue, une nation» sous-jacent à la conception de la citoyenneté forgée par les États-nations européens modernes se situe en flagrant décalage par rapport à notre monde en profonde mutation. Il y a néanmoins lieu de se demander jusqu’à quel point certaines valeurs et pratiques rattachées à cet idéal con­tinuent à guider nos sociétés dites post-coloniales et post-nationalistes. Que celles-ci soient toujours davantage pluriculturelles et plurilingues, en raison notamment des importants flux migratoires des dernières décennies, ne fait aucun doute. Nous ne devons cependant pas oublier que le multilinguisme et la migration de populations n’ont rien de nouveau, et que l’émergence des États-nations à partir du XVIII e siècle est tributaire d’un ensemble de phénomènes historiques, politiques, sociaux, économiques, institutionnels et juridiques visant à forger une identité nationale homogène. Parmi eux, l’imposition du monolinguisme – au nom de l’intérêt général, de la liberté civile et de l’égalité de tous les citoyens devant la loi – est centrale.
On sait que le processus de démocratisation fondé sur la volonté désormais institutionnalisée de refuser droit de cité à la différence a cautionné, selon les contextes, des pratiques implicites ou explicites de hiérarchisation, d’assimilation, de marginalisation et d’exclusion plus ou moins coercitives, aujourd’hui bien documentées. En témoigne, sur le seul plan sociolinguistique, la dévalorisation, voire la disparition au cours des deux derniers siècles d’un nombre incalculable d’idiomes à la suite de la mise en place de politiques obligeant l’apprentissage et l’utilisation exclusifs, dans le domaine public, de la ou des langues officielles. En témoignent également, bien qu’ a contrario , les inévitables mouvements de résistance qui, depuis le début du XIX e siècle, s’opposent à toute politique homogénéisante et régulatrice, le plus souvent au nom des mêmes principes démocratiques d’égalité, de liberté et de droits des citoyens. Associés tantôt à des processus de décolonisation, tantôt à des demandes de reconnaissance, d’autodétermination et de réparation, ou encore à des principes libéraux de parité et de tolérance, ces mouvements ont atteint leur point culminant dans les guerres d’indépendance d’une part et, de l’autre, dans les nombreuses revendications nationalistes, régionalistes et identitaires qui ont marqué le XX e siècle et le début du XXI e .
D’où l’importance qu’il convient d’attribuer aux idéologies contempo­raines «post-»: post-modernisme, post-colonialisme, post-ethnicisme, post-nationalisme, dont le dénominateur commun réside dans le désir de décloisonnement, d’ouverture, de réconciliation, de diversité, mais aussi d’identités et d’allégeances multiples, susceptibles de se nouer selon des bifurcations non plus rationnelles (préétablies, imposées), mais aléatoires, imprévisibles, sur le double plan global et local. En malmenant l’idée même de frontière, ces idéologies se sont efforcées de désamorcer ce que l’on pourrait considérer comme étant le rapport binaire fondateur le plus violent du paradigme moderne, à savoir «nous versus autrui», au profit d’une nouvelle sensibilité plurilingue et pluriculturelle, entérinée en 2001 à l’échelle mondiale par la Déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle, promulguée au nom des «libertés fondamentales» et des droits de l’individu. Rappelons-en les articles 4, 5 et 6:
La défense de la diversité culturelle est un impératif éthique, inséparable du respect de la dignité de la personne humaine. Elle implique l’engagement de respecter les droits de l’homme et les libertés fondamentales, en particulier les droits des personnes appartenant à des minorités et ceux des peuples autochtones (article 4). Les droits culturels sont partie intégrante des droits de l’homme, qui sont universels, indissociables et interdépendants. […] Toute personne doit ainsi pouvoir s’exprimer […] dans la langue de son choix et en particulier dans sa langue maternelle; toute personne a le droit à une éducation et une formation de qualité qui respectent pleinement son identité culturelle; toute personne doit pouvoir participer à la vie culturelle de son choix et exercer ses propres pratiques culturelles, dans les limites qu’impose le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales (article 5). La liberté d’expression, le pluralisme des médias, le multilinguisme, l’égalité d’accès aux expressions artistiques, au savoir scientifique et technologique […] et la possibilité, pour toutes les cultures, d’être présentes dans les moyens d’expression et de diffusion, sont les garants de la diversité culturelle (article 6).
Au vu du rôle primordial que la Déclaration accorde aux politiques publiques dans le respect de la diversité culturelle (article 11), tout porte à croire que lorsqu’un pays légifère sur le plurilinguisme officiel, il inscrit les principes démocratiques d’équité, de parité, de respect, de liberté et de pluralisme culturel dans ses textes fondateurs. Nombreux sont les pays qui ont décrété le bilinguisme ou le plurilinguisme officiel afin d’accorder un même statut législatif, juridique et administratif à une ou plusieurs langues, qu’il s’agisse d’états fédéraux (la Suisse, le Canada, l’Afrique du Sud) où cohabitent historiquement plusieurs communautés linguistiques territorialisées; que ce soit dans le sillage des guerres d’indépendance (l’Inde, le Nigéria, le Burundi, la République de Guinée équatoriale) ou à la suite de revendications de groupes tantôt minoritaires (la Finlande), tantôt majoritaires (le Luxembourg, la Belgique); que ce soit, plus récemment, dans des contextes sociolinguistiques particuliers tel celui de la surdité (la Suède, le Danemark, la Nouvelle-Zélande) où la langue des signes jouit désormais d’une reconnaissance officielle.
La prémisse du présent volume se formule comme suit: le plurilinguisme officiel – qu’il soit décrété à l’échelle nationale (la Suède, le Kenya), régionale (l’Espagne, l’Italie, la Chine, la Russie) ou institutionnelle (la langue des signes) – se présente a priori comme solution politique et juridique concrète aux problèmes d’assimilation, de hiérarchisation, de discrimination et d’exclusion engendrés par l’idéal monolingue. Dès lors, le défi politique principal consiste à concevoir, à faire adopter et – ce qui ne va pas toujours de soi – à implanter un modèle de plurilinguisme officiel destiné à corriger des déséquilibres démographiques, ethniques, socioéconomiques ou symboliques causés par des relations de pouvoir linguistique et culturel historiquement asymétriques. Particulièrement palpables au sein de groupes minoritaires créés par la colonisation, la décolonisation ou la post-colonisation, ces relations sont perçues comme autant d’entraves à l’égalité des citoyens et à la reconnaissance de jure de la diversité culturelle. Non seulement les langues officielles ont le même statut juridique, mais elles sont censées assurer, par le truchement de politiques éducatives, médiatiques, ­administratives et de transfert culturel (p. ex. la traduction), le maintien de la vitalité linguistique et de la dignité culturelle des groupes sociolinguistiques coprésents, leur participation active et paritaire à la vie politique, leur droit à l’auto-affirmation culturelle, économique et identitaire, leur accès aux savoirs et aux technologies, ainsi que le droit des minorités et, dans certains pays, des immigrants à la traduction et à l’interprétation.
Or, il y a lieu de se demander jusqu’à quel point et selon quelles modalités les modèles de plurilinguisme et de pluriculturalisme officiels actuellement en vigueur ont réussi à atteindre leurs objectifs tant politiques que socioculturels et linguistiques. Voilà la question qui parcourt l’ensemble des textes réunis dans le présent volume, question qui, par le fait même d’être posée, implique une remise en cause sinon radicale, du moins partielle de la prémisse formulée ci-haut. Ce faisant, elle permet d’avancer l’hypothèse de départ que voici, commune elle aussi à l’ensemble des textes: tout en proposant une alternative certes salutaire aux processus d’homogénéisation inhérents au monolinguisme officiel, le principe de la diversité linguistique et culturelle officielle reconduit, ne serait-ce qu’à d’autres niveaux, sous d’autres formes ou par d’autres moyens, certains des effets mêmes qu’il est censé combattre, dont, précisément, la discrimination, les hiérarchisations, les privilèges de la classe dominante et l’éventuel désengagement des instances politiques. De tels «effets pervers» du plurilinguisme officiel sont particulièrement flagrants

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