Z pour Zombies
196 pages
Français

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Description

Qu’est-ce qu’un zombie ? Un « paradoxe ambulant » précédé d’une odeur nauséabonde, selon certains ; un « héros culturel de l’ère néobaroque », selon d’autres. Parfois comique, le plus souvent terrifiant, cet être putride possède un insatiable appétit pour la chair fraîche et, occasionnellement, le sexe.
Le monstre a envahi depuis longtemps la culture populaire : cinéma, bande dessinée, télévision, littérature et jeux vidéo regorgent de sa répugnante présence, qui commence aussi à infester le monde universitaire. À preuve, ce livre où des spécialistes de diverses disciplines se penchent sur le phénomène des morts-vivants, et posent des hypothèses pour mieux comprendre leur incroyable vitalité dans la psyché collective.
Bernard Perron est professeur titulaire au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal.
Antonio Dominguez Leiva et Samuel Archibald sont tous deux professeurs au Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 février 2015
Nombre de lectures 3
EAN13 9782760633858
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les directeurs de l’ouvrage tiennent à remercier le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) ainsi que le Vice-décanat à la recherche et à la création de la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal pour leur aide financière. Les reproductions dans ces pages sont uniquement citées à des fins d’illustration et demeurent la propriété de leurs créateurs respectifs. Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Vedette principale au titre: Z pour zombies Comprend des références bibliographiques. ISBN 978-2-7606-3383-4 1. Zombis. 2. Zombis dans la culture populaire. 3. Zombis au cinéma. 4. Zombis dans la littérature. I. Perron, Bernard, 1965- . GR581.Z662 2015 398’.45 C2014-942551-1 Mise en pages et epub: Folio infographie ISBN (papier): 978-2-7606-3383-4 ISBN (PDF): 978-2-7606-3384-1 ISBN (ePub): 978-2-7606-3385-8 Dépôt légal: 1er trimestre 2015 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2015 www.pum.umontreal.ca Les Presses de l’Université de Montréal reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour leurs activités d’édition et remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
Soudain Rapide comme ma mémoire Les yeux se rallumèrent De cellule vitrée en cellule vitrée Le ciel se peupla d’une apocalypse Vivace Et la terre plate à l’infini Comme avant Galilée Se couvrit de mille mythologies immobiles Un ange en diamant brisa toutes les vitrines Et les morts m’accostèrent Avec des mines de l’autre monde Guillaume Apollinaire, Alcools
Introduction
Bernard Perron, Antonio Dominguez Leiva et Samuel Archibald
Les zombies, on le sait, se répandent comme de la vermine: ils marchent en masse et envahissent tout sur leur passage. Dans l’expression « Z for Zombies » , leur nom prononcé en anglais avec l’accent tonique sur le «z» final contient une trace de cette capacité de contamination. Les bases du présent ouvrage ont été posées en juillet 2012 au cours de la première conférence internationale sur les zombies: Invasion Montréal. La majorité des communications sont rassemblées ici – notamment celles des conférenciers invités, Kyle William Bishop et Simon Niedenthal 1 – dans une perspective médiatique: on proposera d’abord une image culturelle du zombie, puis ses représentations dans différents domaines (littérature, cinéma, bande dessinée et jeu vidéo). Même si on parle et on écrit beaucoup au sujet des morts-vivants chez nos voisins du Sud, le milieu francophone universitaire est plutôt discret. La conférence Invasion Montréal s’est déroulée en anglais et en français, et il nous a semblé important, dans ce contexte, de traduire les exposés de nos collègues anglophones afin de favoriser la propagation d’études en français sur les zombies.
Parlez-vous français? Un petit peu?
Dans le film canadien Pontypool (2008) de Bruce McDonald, adapté par Tony Burgess à partir de son roman Pontypool Changes Everything , publié dix ans plus tôt, l’épidémie qui frappe la petite ville éponyme de l’Ontario et transforme ses habitants en déments s’attaquant à leurs semblables se propage par le langage. Certains mots semblent être infectés et diffuser la source de la contagion lorsqu’ils sont prononcés. Puisque le virus a gagné la langue, rien ne l’empêche de proliférer dans la réalité elle-même. Le cours des choses devient vite délicat et précaire dans la mesure où l’action se déroule dans une station de radio durant l’émission matinale pendant laquelle on souhaite précisément tenir la population informée. Comme si ce n’était pas suffisant, la situation s’envenime parce que seul l’anglais semble corrompre les esprits. Pour se sortir du pétrin, l’animateur radio et sa productrice doivent en dernier recours baragouiner le français 2 .
Cette variation sur le thème de l’apocalypse zombie selon la philosophie du langage demeure assurément une approche très originale du genre. De surcroît, elle souligne l’un des caractères spécifiques du mort-vivant, tout en constituant un remarquable exorde de notre ouvrage collectif. En effet, de la figure haïtienne asservie et muette à la créature romérienne qui gémit et grogne, c’est d’abord l’usage de la parole que le zombie perd en reprenant vie. À l’inverse, on n’a pas cessé au cours des dernières décennies de discourir du mort-vivant, lui qui a envahi toute la sphère médiatique. Bien qu’il ne soit par exemple jamais prononcé dans Pontypool , comparativement au roman où il en est question, le mot «zombie» aux racines elles-mêmes incertaines (Bétan et Colson, [2009] 2013: 4-5) a certes infecté la langue de Shakespeare, jusqu’à, qui l’aurait pensé, vicier un classique de la littérature avec Pride and Prejudice and Zombies de Jane Austen et Seth Grahame-Smith (2009). Si on parle beaucoup de zombies en anglais, on s’est par contre, à l’instar de l’animateur radio et de sa productrice, plutôt «barricadé» derrière la langue de Molière pour y échapper.
De White Zombie (Victor Halperin, 1932) à Night of the Living Dead (George A. Romero, 1968), qui ont défini les deux grands types de morts-vivants, en passant par 28 Days Later (Danny Boyle, 2002), The Walking Dead (série bédéique de Robert Kirkman débutée en 2003 et adaptée à la télévision depuis 2010) et World War Z (Max Brooks, 2006; roman porté à l’écran en 2013 par Marc Foster), la figure du zombie s’est manifestée et se conçoit encore en anglais – comme bien d’autres figures populaires dirons-nous. Il y a bien eu la vogue des morts-vivants et cannibales du cinéma italien dans les années 1970 et 1980 (Slater [2002] 2006), avec les fameux zombies mangeurs de chair de Lucio Fulci ( Zombie Flesh Eaters de 1979, également connu sous Zombi 2 et L’enfer des zombies en français). Mais cela en est sensiblement la seule expression importante en langue romane, et ce, malgré les origines haïtiennes du phénomène.
Ainsi, dans le White Zombie de Halperin qui se déroule dans une plantation de l’ancienne colonie française, on entend quelques mots de créole à base lexicale française prononcés, au début, par le conducteur noir de la diligence qui, à la vue des morts-vivants, s’exclame en fouettant ses chevaux: «Zombies! Allez vite! Allez!» Ce même conducteur s’adresse aussi au futur marié en l’appelant «Monsieur», comme le fait avec un fort accent le maître des zombies joué par le célèbre Bela Lugosi. Pour donner suite à cette œuvre cinématographique fondatrice, ce ne sont que les principes vaudou que Halperin conserve dans Revolt of the Zombies (1936), déménageant l’action au Cambodge durant la Première Guerre mondiale et les jeux de pouvoir et d’envoûtement au sein de l’armée française. Auteur de Book of the Dead: The Complete History of Zombie Cinema , Jamie Russell relève les similarités entre cette révolte et celle mise en scène par Abel Gance dans sa version de 1937 de J’accuse . Seul survivant de son peloton ayant participé à la Première Guerre, le personnage principal invente un cristal plus résistant que l’acier. Lorsque l’armée détourne son invention qui se voulait pacifiste, il appelle alors les morts à se lever pour rappeler aux vivants les atrocités de la guerre. Russell note: «C’est une séquence saisissante qui est beaucoup redevable aux traditions du genre de l’horreur. La décision controversée de Gance d’utiliser de vrais membres de l’Union des gueules cassées, qui affichent leurs horribles blessures aux côtés des figurants maquillés, lui ajoute de la résonance» ([2005] 2008: 31, notre traduction). Récitée par un héros de la France, cette incantation est bien dite en français, mais alors que notre collègue Kyle Bishop, qui aborde dans son étude (2010: 85-86) l’histoire et la culture de l’ancienne colonie de la patrie de Napoléon Bonaparte, entend un dialecte et des chants français dans la scène centrale de I Walked with a Zombie (Jacques Tourneur, 1943), la vérité est que la population indigène de ce second film canonique des zombies haïtiens s’exprime dans un langage aux racines africaines qui reste, même pour nous, incompréhensible.
Dans leur ouvrage de référence Zombies! , Julien Bétan et Raphaël Colson effectuent deux «interludes francophones» pour marquer l’apport français au phénomène, littéraire cette fois. D’abord, ils introduisent ce «qui n’est autre que le tout premier roman consacré à ce thème», à savoir Le Zombie de Francis de Miomandre de 1935. S’il faut nuancer cette affirmation en ajoutant qu’il s’agit du premier roman «moderne», car l’«historiette» Le Zombi du Grand Pérou ou La Comtesse de Cocagne de Pierre de Corneille Blessebois date de 1697 (disponible en ligne), les auteurs précisent lucidement: «Même si son origine française et sa faible diffusion rendent son influence sur le genre négligeable, Le Zombie est intéressant à plus d’un titre et explore une thématique difficile à traiter au cinéma: une partie du roman se passe dans la tête du zombie, qui, conscient mais impuissant, sent une force extérieur s’emparer de son corps» ([2009] 2013: 53).
Après avoir mentionné le film Fantômas contre Fantômas de Robert Vernay, sorti en 1949 et qui met en scène un médecin transformant ses victimes en «zombies» pour les utiliser à ses fins, Bétan et Colson signalent l’existence d’un court roman de Pierre de Chamou, à la «frontière du récit d’aventure et du récit ethnographique» (p. 67): Au pays des morts-vivants (1949). Ils font ensuite rapidement référence à un autre livre, celui d’Henri Vernes, le créateur de Bob Morane (sous le pseudonyme de C.-H. Dewisme), Les Zombis ou le secret des morts-vivants (1957, réédité en 2005). Pourtant, il mérite qu’on s’y attarde, car dans une collection qui vise par des observations scientifiques à faire le bilan de phénomènes mystérieux et paranormaux, Vernes replace le zombi dans son contexte haïtien, nuance les

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