Médecine(s) et santé : Une petite histoire globale - 19e et 20e siècles
196 pages
Français

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Médecine(s) et santé : Une petite histoire globale - 19e et 20e siècles , livre ebook

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Description

« J’ai commencé ce livre à l’été 2014, à l’heure d’une .épidémie d’Ebola entraînant le retour sur le devant de la scène d’anxiétés collectives fortes. Cet été fut aussi saturé de discussions polarisées autour des refus du vaccin contre la rougeole dans plusieurs États américains et du décès du comédien Robin Williams, mort volontairement de sa dépression, le “cancer de son âme” ont dit certains. La métaphore du cancer, populaire auprès des médias toujours en quête de sensations fortes, est devenue un outil pour frapper les esprits et appeler à la lutte contre une kyrielle d’organismes pathogènes, que ce soit Ebola ou le terrorisme. La médecine et la santé sont au cœur de nos vies et de nos discours, certes, mais les interrogations entourant le rôle de la première dans la seconde restent nombreuses. C’est de cette relation qu’il sera fait état dans ce livre.
Cette petite histoire de la médecine se penche à la fois sur la construction de sysèmes de santé, la médicalisation des corps féminins, la (sur)consommation de médicaments et l’éradication des maladies infectieuses ici et ailleurs dans le monde. Elle veut répondre à des questions d’une actualité brûlante : Pourquoi qualifie-t-on de “scientifique” (et moderne) notre médecine ? Qui définit la “bonne santé” et selon quels critères ? Pourquoi le “Sud” est-il en moins bonne santé que le “Nord” ? Comment expliquer l’engouement récent pour les médecines “douces” ? Peut-on être en bonne santé sans le concours d’un médecin ? » – Laurence Monnais

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 avril 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782760636408
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Laurence Monnais
Médecine(s) et santé
Une petite histoire globale 19 e -20 e siècles
Les Presses de l’Université de Montréal

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Monnais-Rousselot, Laurence Médecine(s) et santé: une petite histoire globale, 19 e -20 e siècles (PUM) Comprend des références bibliographiques. ISBN 978-2-7606-3638-5 1. Médecine - Histoire - 19 e siècle. 2. Médecine - Histoire - 20 e siècle. 3. Santé - Aspect social. I. Titre. II. Collection: PUM. R149.M66 2016 610.9 C2016-940381-5 Mise en pages: Folio infographie ISBN (papier): 978-2-7606-3638-5 ISBN (pdf): 978-2-7606-3639-2 ISBN (ePub): 978-2-7606-3640-8 Dépôt légal: 1 er trimestre 2016 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2016 www.pum.umontreal.ca Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC). Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.



Avant-propos
J’ai véritablement commencé ce livre à l’été 2014. À l’heure d’une épidémie d’Ebola qui touchait de plein fouet plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest avant de s’inviter en Occident, entraînant le retour sur le devant de la scène médiatique d’anxiétés collectives fortes face à des virus meurtriers aimant un peu trop voyager. Cet été fut aussi saturé de discussions polarisées autour des refus du vaccin contre la rougeole dans plusieurs États américains et du décès du comédien Robin Williams, mort volontairement de sa dépression, le «cancer de [son] âme» dirent certains. Alors que la métaphore du combat prédomine dans l’histoire de la lutte moderne contre la maladie (parce qu’il s’agit forcément d’une expérience malheureuse qui doit se terminer au plus vite), celle du cancer est devenue un outil discursif pour frapper les esprits et appeler à la lutte contre une kyrielle d’organismes pathogènes. Le 16 septembre 2014, le sénateur républicain John McCain déclarait ainsi qu’il fallait tout faire pour empêcher que le groupe État islamique ne «métastase» et contamine la démocratie et l’ordre social. À sa suite, le premier ministre du Canada, Stephen Harper, venait promettre «l’éradication» du mouvement. Quant au député de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) Éric Ciotti, il déclarait à l’émission de France 2 Télématin le 21 novembre qu’il fallait coûte que coûte rapatrier les jeunes Français passés en Syrie, confisquer leur passeport et les mettre dans des centres de rétention afin de les «désintoxiquer».
Face au terrorisme comme à Ebola, le sensationnalisme des médias cache mal une propension à véhiculer des représentations erronées sur l’Autre et, par contraste, à magnifier la supériorité d’un Occident moderne, seul capable de vaincre le mal-maladie. D’ailleurs, alors que les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) d’Atlanta rapatriaient à grands frais début août 2014 deux Américains touchés par la fièvre hémorragique pour essayer sur eux un traitement expérimental, les recherches sur un vaccin s’accéléraient, révélant par là même une obsession continue pour une approche ultra-technologisée de la santé. Si la santé est partout, au cœur de notre quotidien (le suicide de Williams et Ebola arrivent en tête des recherches effectuées sur Google en 2014), les usages éclatés d’un répertoire lexical d’ordre nosographique révèlent sa complexe incorporation tant dans nos représentations que dans nos comportements et aspirations. Ils m’ont confortée, si l’on peut dire, dans ma démarche, celle qui consiste à affirmer l’importance de sonder l’histoire de la santé, et pas seulement celle de la médecine, et d’avoir pour ce faire une approche transnationale (si les représentations de la maladie peuvent être localisées, les virus, eux, n’ont pas de frontières), tout en considérant la distance, voire la tension dialectique, entre discours et pratiques. Ce livre suit ces lignes directrices, en même temps qu’il se veut accessible et ancré dans des débats et des problématiques actuelles, qu’il s’agisse du retour des pandémies ou des refus postmodernes de la vaccination.
Mes réticences n’ont toutefois pas toutes disparu à l’heure où je peaufine cet avant-propos. Qui suis-je pour me permettre un tel exercice? Comment arriver à toucher des publics diversifiés sans tomber dans la vulgarisation sans odeur ni saveur? J’ose au moins espérer que mon propre parcours atténuera la portée de mon outrecuidance. Formée en France à l’histoire coloniale, pratiquant l’histoire de l’Asie du Sud-Est et celle de la médecine sur le continent nord-américain, je me sais à cheval sur plusieurs cultures historiographiques, adepte convaincue de la pluridisciplinarité, capable de puiser mes réflexions dans un vaste répertoire de situations de médicalisation. Spécialiste de la santé du Viêt Nam colonial, j’ai en effet travaillé tant en anthropologie de la santé, sur la consommation de médicaments des immigrants au Québec, que sur les médecines traditionnelles et alternatives dans une perspective comparée avant de m’intéresser aux mouvements anti-vaccination en Occident. Ceci étant dit, si la biographie de tout chercheur doit être considérée lorsque l’on dissèque son œuvre, elle devient une explication facile aux obsessions intellectuelles de ce dernier et aux limites de sa réflexion. En somme, ce petit livre bien imparfait n’a aucune prétention à l’exhaustivité. J’ajouterai néanmoins que je suis profondément convaincue de mon rôle social, public, à l’heure des défis cruciaux qui s’imposent aux systèmes de santé nationaux comme aux ONG. Participer à la réflexion sur l’évolution des politiques et des interventions en santé fait partie de mon quotidien de chercheur depuis quelques années, que ce soit en travaillant avec un groupe d’experts à un manuel destiné aux étudiants en médecine de l’Université de Fukushima ou en m’intégrant dans un réseau de médecins, microbiologistes et décideurs en santé publique qui se penchent sur l’amélioration des politiques vaccinales au Canada. L’historien de la santé ne se contente pas de rappeler un passé; il éclaire des dynamiques, retrace des processus, met en garde contre des approximations potentiellement dommageables pour la santé des individus et des populations.
Reste qu’il n’y a pas une façon de faire l’histoire de la médecine; l’histoire n’est pas une science exacte, si tant est qu’elle soit une science. C’est la mienne que je présente ici et assume, attirée, d’abord à mon corps défendant, par une meilleure traduction des failles de nos systèmes de santé contemporains. Dans l’intention de promouvoir davantage de rencontres entre traditions médicales, ce sont des rencontres intellectuelles et amicales précieuses que j’aimerais mentionner pour finir cette mise en bouche, des rencontres avec des textes, des idées et des individus. Le fait d’avoir longtemps travaillé sur un champ très marginal m’a obligée à lire beaucoup sur d’autres espaces que l’Asie du Sud-Est, à toujours vouloir faire des ponts, comparer pour mieux réfléchir et mieux saisir des spécificités locales et leurs raisons d’être. Les travaux de David Arnold, Alison Bashford, Peter Conrad, François Delaporte, Jacalyn Duffin, Olivier Faure, Anne-Marie Moulin, Roy Porter, Georges Vigarello et John Harley Warner ont ainsi été des sources continues de stimulation intellectuelle. Pour leur participation plus directe à la maturation de ce livre, merci à Warwick Anderson, Lucia Candelise, Johanne Collin, Harold J. Cook, Jeremy Greene, Guillaume Lachenal, Heather MacDougall et Kavita Sivaramakrishnan. Un merci tout particulier à mes collègues et ami(e)s Denyse Baillargeon et David J. Wright qui ont, en plus de m’inspirer, bien voulu lire le manuscrit dans son intégralité et me suggérer des améliorations.
Merci encore à ceux qui m’ont donné accès aux parutions les plus récentes en histoire de la médecine et à des réflexions sur le vif en un seul clic! Je pense en particulier aux blogues d’Alexandre Klein ( http://histoire sante.blogspot.ca/ ) et de Janet Golden ( http://golden.camden.rutgers. edu/ ).
J’aimerais, pour finir, souligner que l’on juge souvent plus durement ceux que l’on aime et respecte: participant à la 11 e Conférence canadienne sur l’immunisation à Ottawa début décembre 2014, j’ai encore une fois pris la mesure réconfortante de l’engagement tenace de tous ces chercheurs (médecins, infirmiers, décideurs en santé publique, bactériologistes, des femmes en grande majorité) qui promeuvent la vaccination sans jamais oublier de vouloir améliorer les conditions dans lesquelles les immunisations se font, la sécurité du vaccin employé ou encore l’accessibilité à des produits de qualité, ici et ailleurs. Les critiques à l’endroit des excès et des limites de la biomédecine que je pourrais proférer dans les prochaines pages n’entachent en rien mon admiration pour le travail, la générosité et l'engagement au quotidien de ces spécialistes de la santé.
Ce livre est dédié à mes parents, tous deux médecins à la retraite.

À propos d’une histoire de médecine et de santé
Peut-on être en bonne santé sans le concours d’un médecin? Pourquoi insiste-t-on pour qualifier de «scientifique» la médecine «moderne» – ou vice versa? Qu’est-ce qu’une médecine non conventionnelle et pourquoi cet engouement récent pour les médecines douces ? De quand date le droit à la santé et que signifie-t-il? Est-il assorti de devoirs? Qu’est-ce qui peut expliquer les refus actuels de la vaccination* 1 , alors que la surconsommation de médicaments serait une tendance répandue? Qui définit la «bonne santé» et selon quels critè

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