LE Nouvel age des extremes
422 pages
Français

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Description

À l’époque du retour turbulent des identités, notamment religieuses, et dans un contexte d’érosion relative des solidarités citoyennes et des loyautés constitutionnelles, les polarisations sociales qu’engendrent les extrémismes de tout acabit nuisent à la cohésion sociale et fragilisent les fondements de nos sociétés démocratiques. Où en est la recherche en sciences sociales sur cette question ? Quels sont les débats récurrents et les enjeux qu’elle soulève ? Comment peut-elle contribuer à mettre en place des solutions ?
En regroupant plus d’une quarantaine de spécialistes et de chercheurs issus de différentes disciplines dans une dizaine de pays occidentaux, cet ouvrage participe à sa façon à l’enrichissement des connaissances. Sur le plan théorique, d’abord, en revenant sur l’apport de plusieurs disciplines et modèles conceptuels qui permettent d’éclairer divers aspects de ce phénomène complexe. Sur le plan empirique, ensuite, en s’inscrivant dans un effort de contextualisation de l’extrémisme violent et en présentant des études de cas dans plusieurs pays occidentaux. Sur le plan des pratiques, enfin, en analysant les réponses et les politiques mises en place (ou non) pour contrer ces extrémismes en Occident.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 mars 2021
Nombre de lectures 2
EAN13 9782760642133
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de David Morin et Sami Aoun avec la collaboration de Sylvana Al Baba Douaihy
Le nouvel âge des extrêmes?
Les démocraties occidentales, la radicalisation et l’extrémisme violent
Les Presses de l’Université de Montréal





La collection «Politique mondiale» est dirigée par Stéphane Paquin et Stéphane Roussel. Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Titre: Le nouvel âge des extrêmes?: les démocraties libérales, la radicalisation et l’extrémisme violent / David Morin, Sami Aoun. Noms: Morin, David, auteur. Aoun, Sami, auteur. Collections: Politique mondiale (Presses de l’Université de Montréal) Description: Mention de collection: Politique mondiale Comprend des références bibliographiques. Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20200096168 Canadiana (livre numérique) 20200096176 ISBN 9782760642119 ISBN 9782760642126 (PDF) ISBN 9782760642133 (EPUB) Vedettes-matière: RVM: Radicalisme—Occident. RVM: Radicalisation—Occident. RVM: Violence politique—Occident. RVM: Radicalisme—Occident—Études de cas. RVM: Radicalisme—Occident—Prévention. Classification: LCC HN49.R33 M67 2021 CDD 320.5309182/1—dc23 Mise en pages: Folio infographie Dépôt légal: 1 er trimestre 2021 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2021 www.pum.umontreal.ca Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Les Presses de l’Université de Montréal remercient de son soutien financier la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).





Introduction
David Morin, Sami Aoun, Sylvana Al Baba Douaihy et William Grenier-Chalifoux
«Ce siècle finit mal», écrivait Eric J. Hobsbawm dans L’âge des extrêmes: histoire du court 20 e siècle , paru en 1994. Nul besoin d’être prophète de malheur pour reconnaître que le court 21 e siècle ne commence pas beaucoup mieux. Les deux dernières décennies ont vu se succéder une vague d’actes terroristes islamistes, plusieurs conflits civils et internationaux, des millions de victimes et de déplacés, une crise migratoire majeure, une crise financière mondiale, la montée des populismes et de l’ultra-droite violente et l’accélération du dérèglement climatique. Il faut désormais ajouter à ce sombre portrait la pandémie de la COVID-19 à l’origine d’une crise sanitaire mondiale. Bien entendu, il convient de mettre ces événements en perspective et de se garder de réduire le nouveau millénaire aux seuls maux qui l’accablent. Les années comme les statistiques ont souvent raison des comparaisons hasardeuses. La tendance en matière de violence est plutôt à la décroissance en Occident, où elle n’a cessé de diminuer depuis la Seconde Guerre mondiale. Même si, faut-il le rappeler, dans d’autres régions du monde, une partie de l’humanité reste plus vulnérable et plus durement touchée par ces violences.
Les démocraties occidentales, la radicalisation et l’extrémisme violent
Dans ce contexte, d’aucuns pourraient s’étonner de l’omniprésence de la question de l’extrémisme violent, surtout de nature terroriste, dans le champ politique et médiatique occidental. Sans diminuer l’ampleur des attentats et des tragédies qui ont frappé certains pays au cours des dernières années, la place prépondérante qui leur est accordée et son effet de sidération dans l’espace public peuvent sembler sans commune mesure avec leur poids réel en comparaison d’autres menaces susceptibles de déstabiliser durablement nos sociétés. Après tout, la violence, qu’elle soit politique, religieuse, économique ou sociale, fait partie intégrante de l’histoire de l’humanité et a connu en Occident des épisodes autrement plus sanglants. Quoique cyclique, le terrorisme y figure comme un phénomène marginal sur le plan statistique. Il prend toutefois davantage d’envergure dès lors qu’on l’insère dans une réflexion plus large sur l’extrémisme violent, qui tient compte aussi de ses répercussions politiques et sociales et d’autres formes de violence, tels les crimes et discours haineux, ainsi que l’ensemble des mouvements radicaux pouvant conduire à la violence. Force est alors de constater la résurgence et l’enracinement de certaines formes d’extrémisme dans les sociétés occidentales depuis quelques décennies. Celles-ci non seulement relèvent objectivement d’un cran le niveau et le risque de violence, mais présentent aujourd’hui un défi plus sérieux pour les régimes démocratiques chargés de garantir la paix sociale. À l’époque du retour turbulent des identités, notamment religieuses, et dans un contexte d’érosion relative des solidarités citoyennes et des loyautés constitutionnelles, les polarisations sociales qu’engendrent les extrémismes de tout acabit nuisent à la cohésion sociale et au vivre-ensemble – terme galvaudé s’il en est – et fragilisent les fondements de nos sociétés démocratiques.
Il convient de justifier d’emblée la raison pour laquelle l’ouvrage présente une analyse de l’extrémisme violent circonscrite à l’ordre démocratique occidental, compris ici comme un espace géopolitique et civilisationnel particulier qui se fonde sur une histoire et une culture politique, philosophique et juridique propres (origines helléniques et latines, tradition judéo-chrétienne, etc.). Nous sommes bien conscients des limites et des critiques inhérentes à une telle définition comme du caractère hétérogène et évolutif des parcours particuliers au sein de cet espace «imaginaire». Toutefois, il nous semble que, bien qu’il soit utopique, cet espace occidental embrasse un certain nombre de valeurs (modernité, démocratie, rationalisme, humanisme) et de principes politiques (primat de la liberté de pensée et de conscience, État de droit, alternance pacifique du pouvoir, séparation des pouvoirs, principe de neutralité religieuse de l’État, monopole étatique de la violence, rôle non partisan de l’armée et des forces de l’ordre, etc.) qui en font un champ d’étude aux contours marqués et cohérent en soi. Conséquemment, cet espace se distingue de bien d’autres régions du monde au chapitre du phénomène de l’extrémisme violent, qu’on pense à l’ampleur de ce dernier, aux raisons qui expliquent son essor ou aux moyens déployés pour le combattre. Enfin, le monde occidental est souvent le sujet même des mouvements radicaux violents, qu’ils en contestent la domination ou prétendent le protéger. En fin de compte, bien que l’extrémisme violent soit indissociable des contextes géoculturels nationaux ou régionaux dans lesquels il se manifeste, il existe suffisamment de points communs et de différences entre ceux-ci au sein de l’espace occidental pour que la comparaison entre les expériences soit pertinente sur le plan théorique et rigoureuse sur le plan méthodologique. La qualité scientifique et la valeur heuristique de l’ouvrage s’en voient ainsi renforcées. Nous avons présumé qu’il en aurait été autrement si nous avions effectué des comparaisons hasardeuses et des généralisations hâtives avec d’autres régions du monde et d’autres contextes sociopolitiques (par exemple, des États en conflit, en crise, autoritaires ou en transition démocratique) où les manifestations, les causes et les réponses à l’extrémisme violent s’inscrivent dans des dynamiques très différentes et exigent le plus souvent des approches et des grilles d’analyse différenciées.
Le phénomène de l’extrémisme violent n’a pas échappé aux sciences sociales. Emboîtant le pas aux études sur le terrorisme, le champ d’étude sur l’extrémisme violent a connu une expansion continue depuis les attentats du 11 septembre 2001. Des milliers d’ouvrages et d’articles ainsi que des centaines de centres de recherche et de réseaux en Occident et ailleurs alimentent une réflexion abondante et variée. Deux décennies plus tard, où en est la recherche en sciences sociales sur l’extrémisme violent? A-t-elle progressé et répondu aux questions que suscitent ces phénomènes? Qu’en sait-on réellement? Comment les étudier, selon quelles approches et avec quelles méthodologies? Quels sont les débats récurrents et les enjeux que ces objets soulèvent dans le champ scientifique? Comment peut-on y faire face et quelle peut être la contribution de la recherche sur ce plan? Force est d’admettre que faire des sciences sociales sur un tel sujet constitue une gageure et un exercice délicat, en raison à la fois de la nature de l’objet d’étude lui-même et de son contexte politique, géopolitique et social. Depuis l’origine, ce champ d’étude demeure singulier, à maints égards, et constitue l’exemple type d’un espace de production intellectuelle qui ne se prête pas toujours facilement aux exigences de la recherche universitaire ni aux critères de scientificité caractérisant habituellement les études en sciences sociales, particulièrement en ce qui touche à la délimitation et au contrôle de l’expertise. Il nourrit, de longue date, des critiques et un certain scepticisme de la part de nombreux chercheurs qui peinent à entrevoir les progrès et la formulation d’un corpus véritablement cohérent. À son corps défendant, peu de champs d’étude ont connu, en si peu de temps et avec une telle exposition, un développement aussi exponentiel qu’anarchique. En dépit de ces critiques, dont certaines restent pertinentes, le portrait nous paraît, comme à d’autres, plus positif et révélateur d’un corpus qui a su, non sans difficulté, faire des progrès et améliorer notre compréhension de ces phénomènes.
Les notions d’extrémisme violent, de terrorisme et de radicalisation
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