Mon pire client
53 pages
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Mon pire client , bd

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Description

L'ouvrage en question consiste en des miscellanées de témoignages recueillis auprès de commerçants, artisans, ouvriers, caissières de tous horizons. Il illustre l’adage « le client est roi » que d’aucuns ont tendance à prendre au pied de la lettre. Du sympathique « casse-burnes » au mauvais payeur, en passant par le fou hystérique ou la dame qui connaît mieux que vous votre job, vous retrouverez sans doute parmi ces anecdotes vos propres clients, sinon une belle-mère, une bonne copine un peu tyrannique sur les bords, un collègue de travail indélicat... Vous-même, allez savoir !


Après tout, on est tous le pire client de quelqu’un !



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 mars 2023
Nombre de lectures 55
EAN13 9782366511499
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Titre
Lindingre
Mon pire client
 



Titre




Préface
Très jeune, j’allais travailler à la boutique de mon grand-père Guerino. J’étais vendeur en prêt-à-porter. C’est comme ça qu’on disait, à l’époque.
Quand il sentait que je perdais patience avec un client particulièrement pénible, il me glissait à l’oreille : « N’essaie pas d’argumenter. Quand il passe à la caisse, c’est toi qui as raison ». Ce précieux conseil a eu raison de ma fougue. Un certain temps tout du moins. Jusqu’à ce que je rencontre d’autres mentors qui procédaient d’une manière diamétralement différente : en éconduisant l’infernal importun avec un bon coup de pied au cul.
Lindingre




Ahmed, téléphonie, Besançon
Il y a pourtant des vieux qui comprennent assez rapidement. Mais là, c’était pas le cas. La mamie me brandissait son téléphone en m’expliquant qu’elle avait des problèmes de réseau. « Ça capte pas ! » Après vérification, je lui fais remarquer qu’elle est chez un autre fournisseur et que je ne peux donc rien faire. Elle se met à hausser le ton en me rétorquant qu’elle avait acheté le téléphone dans ma boutique. J’ai bien tenté de lui démontrer que le téléphone et l’abonnement, ce sont deux choses différentes. Elle avait effectivement acheté son téléphone avec une réduction en prenant un abonnement dans ma crèmerie. Mais elle avait ensuite changé de fournisseur. Elle n’écoutait rien, ne voulait rien savoir. « Je ne partirai pas d’ici tant que vous ne m’aurez pas réparé mon téléphone !!! Si c’est comme ça, j’appelle mon fils ! Vous allez voir ! » Pas de bol, elle n’avait pas de réseau. Charitable, je lui prête mon portable et le met sur haut-parleur. Elle lui expose la bisbille à sa sauce dans une diatribe interminable. Après deux ou trois tentatives du fiston, « Je suis en réunion », il finit par lui couper la chique : « Oh mais tu nous fais chier, avec ton téléphone ! » Et il raccroche. Elle est partie en beuglant « Vous aurez de mes nouvelles ! » J’attends toujours son appel




Jackie, plâtrier, Toulouse
Le chantier consistait à poser des cloisons en placo et carreaux de plâtre. Mais le client tenait à travailler avec moi sur le chantier. Pas du tout pour raboter le devis. Il avait envie d’apprendre. Avoir un stagiaire dans les guiboles, surtout quand on l’a pas choisi, c’est délicat. Là, en l’occurrence, je sentais bien le plan à la « Pierre Richard veut bricoler ». Ma langue a fourché… J’ai dit « oui » tout en pensant « non ! » On a embauché, mon client-apprenti et moi. Je lui ai fait mélanger le plâtre, scier les carreaux… Mon intuition s’est rapidement confirmée. Il était totalement palmé. Hors de question de lui faire creuser les saignées (le boulot le plus pénible), ce que j’avais un temps envisagé. Avec ses dix doigts, c’était déjà coton pour lui, alors lui faire tenir une disqueuse, même pas en rêve.
Je lui ai dit « Maintenant que t’as vu comment on pose les carreaux, tu pourrais peut-être avancer le travail à la cave ». Histoire de plus l’avoir sur le râble, je l’ai éloigné, là où ses dégâts ne porteraient pas trop à conséquence. Il s’agissait d’une petite cloison près de la chaudière, et je ne lui demandais que de préparer l’ouvrage (tracer, fixer les semelles au sol).
Au bout de quelques heures hors des radars, je me suis dit qu’il était temps d’aller jeter un œil. Je pensais qu’il aurait bricolé juste ce que je lui avais demandé, à savoir un truc facile à refaire. Je le sous-estimais, l’enfoiré ! Totalement confiant en lui, il avait déjà monté deux rangées de carreaux de plâtre, de traviole, bien entendu, avec des bourrelets de mortier partout. Mais c’était pas le pire. Cet animal n’avait pas pensé à la porte. Il était tout bonnement en train de s’emmurer. Malheureusement, on ne peut pas botter le cul de son client. J’ai dû tout casser et racheter du matos. Il en a été quitte pour une petite rallonge et une mise à pied.




Nathan, fromager, Auxerre
Elle arrive toujours pendant le coup de bourre, allez savoir pourquoi. En général, je suis déjà en train de servir quelqu’un. Aussi c’est mon employé qui la prend en charge. Elle s’adresse à lui tout en me regardant. En gros, elle ne veut parler qu’au patron. Le pauvre vendeur se retrouve donc à faire la potiche. Et moi, comme sur un flipper en mode « multiball », obligé d’assurer deux discussions en même temps. À l’autre bout de la boutique, en face de mon second, elle lance bien fort dans ma direction : « Votre Saint-Nectaire, il est bien fait ? » À moi de répondre : « Ah oui ! Non pardon, Monsieur, je n’ai pas d’Abondance… là je répondais à madame. » Fatigant !
Ça, c’est que l’entrée en matière, l’oral. Ensuite, il faut gérer l’épreuve pratique. Systématiquement, elle s’approche des tomes et tente de les tâter. Un truc qu’elle a « appris » lors de vacances en Haute-Savoie. « Il faut que la croûte craque ». In extremis, on saute sur la marchandise avant qu’elle ne pose ses pattes dessus. Oui, parce qu’en plus, elle, elle sait mieux que nous !
L’apothéose pour la fin. On y a droit à chaque fois :
« Votre Rocamadour, il a combien de mois d’affinage ? »
Moi : « Six mois, Madame ! »
« Ah oui, parce que je vous l’ai déjà dit. En dessous de cinq mois, ça me fiche des gaz ! » N’oublions pas qu’elle me parle de l’autre bout de la boutique, donc très fort, et que j’ai un client en face de moi qui n’a pas demandé à en savoir tant. Et là, il faut abréger. Parce que quand elle part sur son transit, on a droit à tout et dans un ordre précis. Ça commence par les renvois, ça finit par le caca mou : texture, couleur, odeur…




Jérôme, buraliste, Brest
Le type, c’est un dingue de jeux à gratter. Il arrive tous les matins vers 9 heures et fait le plein : Millionnaire, Bingo, Black Jack… Il se met au coin du comptoir et attaque son décapage à l’aide d’une pièce de monnaie. Puis il revient à la caisse pour checker ses gains et recommander direct. En général, une petite file se crée derrière lui. Qui avec son journal, qui venant acheter un paquet de cigarettes. Lui, il fait tranquillo son marché : « deux Astro, trois Goal. Et puis non ! Mets-moi plutôt un Monopoly ! » Les gens s’impatientent. Puis enfin, il retourne se garer dans son coin et reprend son labeur frénétiquement.
Selon les gains, le manège peut durer jusqu’à trois quarts d’heure. Jusqu’à épuisement du budget quotidien. Mais en cas de bingo, ça peut vraiment s'éterniser, avec une queue qui peut s’étendre jusque dans la rue. Immanquablement, tôt ou tard, il finit à sec.
Entre deux séquences, quand la boutique est vide, il se lance dans l’histoire de sa vie. Un truc insipide qu’il me raconte épisode après épisode avec force détails et dont je n’ai strictement rien à cirer. Je fais donc office de psychologue pour pas un kopeck.
Peut-être que s’il décroche le gros lot un beau jour, il me paiera un gueuleton au Flunch !



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