La rédaction de Florine Labat
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Description

« La visite du centre de la mémoire et du village martyr d’Oradour-sur-Glane. » Le 6 juin 2014, 18h. J’arrive chez moi suite à une journée à Oradour-sur-Glane où j’ai pu visiter le centre de la mémoire ainsi que le village martyr. Pour commencer mon sujet, je n’ai pas trouvé plus pertinent que de citer un incroyable philosophe qu’est Jean-Paul Sartre, qui a su d’une phrase témoigner de ce qui est vrai. « La violence est injuste d’où qu’elle vienne » Jean-Paul Sartre. J’ai passé quelques minutes à écouter le guide qui était avec nous, avant de réellement réaliser dans quel lieu je me trouvais. Au milieu des ruines de ce village martyr, j’ai mis du temps à réaliser que l’histoire racontée par le guide était bien réelle. Je rentre alors chez moi, estomaquée, ne pouvant expliquer à mes parents ce que j’ai vu là-bas. Les mots pour définir l’atmosphère d’Oradour-sur-Glane, ma visite, les mots pour décrire les ruines, ceux pour faire partager ce que j’ai appris, ces mots que je cherche, en vain, mais qu’il m’est impossible de prononcer. Alors, je cherche encore des qualificatifs mais n’en trouve aucun qui puisse être assez fort pour exprimer mon ressenti. Tristesse, révolte, peine… beaucoup de sentiments se bousculent. Ce que je retiens de cet évènement est qu’il reste incompréhensible.

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Publié le 25 janvier 2015
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Langue Français

Extrait

« La visite du centre de la mémoire et du village martyr d’Oradour-sur-Glane. »
Le 6 juin 2014, 18h.
J’arrive chez moi suite à une journée à Oradour-sur-Glane où j’ai pu visiter le centre de la mémoire ainsi que le village martyr. Pour commencer mon sujet, je n’ai pas trouvé plus pertinent que de citer un incroyable philosophe qu’est Jean-Paul Sartre, qui a su d’une phrase témoigner de ce qui est vrai.
« La violence est injuste d’où qu’elle vienne » Jean-Paul Sartre.
J’ai passé quelques minutes à écouter le guide qui était avec nous, avant de réellement réaliser dans quel lieu je me trouvais. Au milieu des ruines de ce village martyr, j’ai mis du temps à réaliser que l’histoire racontée par le guide était bien réelle.
Je rentre alors chez moi, estomaquée, ne pouvant expliquer à mes parents ce que j’ai vu là-bas. Les mots pour définir l’atmosphère d’Oradour-sur-Glane, ma visite, les mots pour décrire les ruines, ceux pour faire partager ce que j’ai appris, ces mots que je cherche, en vain, mais qu’il m’est impossible de prononcer. Alors, je cherche encore des qualificatifs mais n’en trouve aucun qui puisse être assez fort pour exprimer mon ressenti. Tristesse, révolte, peine… beaucoup de sentiments se bousculent.
Ce que je retiens de cet évènement est qu’il reste incompréhensible. Malgré les multiples explications des guides, des panneaux d’informations dans le musée, rien ne semble justifier la barbarie dont on fait preuve les hommes capables de ce massacre.
Ces hommes étaient-ils fous ? Sont-ils eux-mêmes victimes de leurs propres colères refoulées et de leurs insatisfactions personnelles ? Quand bien même, la cruauté et la barbarie des hommes n’ont-elles aucune limite ? Non, visiblement.
Je retiens également cette date du 10 juin 1944, et ce nombre 642. 642 aurait pu être le nombre de passagers présents dans plus de quatre Airbus A320, où bien le nombre de joueurs dans plus de 58 équipes de football. Mais 642 est bien le nombre de victimes innocentes, encerclées dans le village d’Oradour-sur-Glane, puis rassemblées sur le champ-de-foire, enfermées dans des granges ou dans une église, mitraillées… Les femmes et les enfants asphyxiés, puis brûlés vivants.
Je retiens ce nombre 207. Incroyable, puisque c’est le nombre de soldats Waffen SS qui ont participé au massacre. Ils n’agissent pas sur le coup de la colère puisqu’ils se sont d’abord confondus dans la population, ils sont restés calmes et le massacre était planifié, ce qui renforce sa cruauté.
Je retiens 21, qui est le nombre de soldats jugés en 1953 à Bordeaux. 21 sur 207, c’est si peu. Ces soldats n’étaient pas tous allemands puisque 13 d’entre eux sont des Alsaciens incorporés de force.
Je retiens 364, le nombre de députés qui ont voté l’amnistie, ce qui a annulé les condamnations des «malgré-eux ». Cette décision a été très mal vécue par les familles des victimes.
Je retiens le chiffe 6. 6, le nombre de survivants. 5 rescapés d’une grange et une femme, qui a réussi à sortir de l’église en franchissant son vitrail central.
Je retiens les paroles de Robert Hébras, l’un des rescapés du massacre d’Oradour : « Ce qui est important, c’est de connaître Oradour, qu’on sache ce que des hommes ont été capables de faire. »
Je retiens que ces hommes de la Waffen SS ont tué des hommes, des femmes, des enfants, des nouveaux nés… Des personnes de croyances différentes. Des personnes à qui on a retiré la vie sans raison. « Ici des hommes firent à leurs mères et à toutes les femmes la plus grave injure. Ils n’épargnèrent pas les enfants », a alors écrit Paul Eluard. Je retiens l’injustice de cette tuerie, et la dangerosité des idéologies nazies. « Fuyons la folie des extrémités qui n’ont d’issues que les abîmes » a justement dit Louis de Rauvray. Je retiens tous ces nombres représentatifs du massacre d’Oradour-sur-Glane. Je retiens les paroles d’un rescapé, je retiens les citations de poètes puisque retenir est notre devoir. Retenir, notre devoir. Une mission importante que doivent s’assurer de transmettre les générations futures. Pas plus loin que samedi soir, certains membres de ma famille sont venus dîner chez moi. Comme souvent, notre sujet de conversation s’est rapidement orienté vers des sujets politiques.
Mon père et mon oncle ont déclaré qu’ils pensaient que des massacres tels que ceux d’Oradour-sur-Glane ne pouvaient pas se reproduire en France. J’ai donc pris conscience de l’ignorance de certaines personnes sur les risques d’un nouveau massacre.
J’ai alors compris que notre visite à Oradour, 70 ans après le drame, était faite pour entretenir le souvenir, parce que si nous oublions, un tel massacre pourrait se reproduire.
Je pense que la plupart des personnes se sentent à l’abri de guerre, de massacre, de régime autoritaire. Mais à trop être sûr de nous et de la sécurité de notre pays, peut-être arrivera un temps où notre vigilance ne sera plus assez forte et un nouveau conflit éclatera. Arrivera un temps où il ne restera plus de survivant, seuls leurs témoignages resteront.
C’est à nous, jeunes générations, de veiller à ce que nos descendants entretiennent le souvenir pour que jamais il ne périsse.
« Ceux qui oublient le passé se condamnent à le revivre », a déclaré Georges Santaya.
A vous tous, Martyrs du village d’Oradour-sur-Glane et autres victimes de massacres barbares, je tiendrai ma promesse faite à Ida Grainspan, rescapée d’Auschwitz, en devenant passeur de mémoire pour ne jamais plus revivre un tel cauchemar.
Florine Labat
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