Analyse économique de la retraite par répartition - article ; n°1 ; vol.12, pg 33-56
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Revue française d'économie - Année 1997 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 33-56
Si chacun connaît le mode de fonctionnement des retraites par répartition, où les pensions versées sont financées intégralement par prélèvement sur les actifs, on évalue parfois mal l'ensemble des implications économiques d'un tel système. On sait que sur le long terme, si l'on considère les cotisations retraite comme une épargne forcée, la répartition offre un rendement égal à la somme du taux de croissance démographique et des gains de productivité. Comme ce rendement est généralement inférieur à celui disponible sur les marchés financiers, les cotisations retraite s'apparentent pour partie à des taxes. L'effet sur l'épargne fait l'objet de débats. La retraite par répartition a notamment des effets différents selon les catégories d'âge. Si la perspective de recevoir une retraite diminue probablement l'épargne des jeunes actifs, la répartition est favorable en revanche à l'épargne des retraités. Il paraît cependant probable que l'existence de la retraite par répartition ait un effet global net négatif sur l'épargne et le stock de capital. En répartition « pure », le patrimoine des retraités et des actifs est en effet largement composé de droits sur les régimes de retraite, qui sont sans contrepartie en termes d'investissements physiques ou financiers. Ces droits, la dette implicite du système de retraite, dépassent dans certains pays (dont la France) deux fois le montant du P.I.B., soit davantage que la totalité du patrimoine financier des ménages. Epargne et stock de capital s'en trouvent donc réduits. Mais quelles en sont les conséquences quant au bien- être des ménages ? Moins bien dotés en capital, les salariés sont moins productifs et leur rémunération réelle doit être plus basse. Cet argument est souvent employé par les défenseurs d'un système par capitalisation plutôt que d'un système en répartition. En sens inverse, la répartition présente l'avantage de protéger les retraités des risques financiers qu'ils sup- porteraient dans un système fonctionnant en capitalisation.
Although one may be familiar with the guiding principles of a pay-as- you-go pension scheme, where benefits are financed out of contributions levied on workers, certain misconceptions may exist concerning the economic implications of such a pension system. It is well-known that, in the long run, the return on pay-as- you-go pensions - if contributions are regarded as forced savings —, is equal to the sum of the demographic growth rate and productivity gains. Since the return is usually lower than what is available with standard financial instruments, social security contributions are partly akin to taxes. The Pensions'impact upon saving is a moot point. Indeed, pay-as-you-go schemes have different implications on the various age groups. The prospects of receiving future pension benefits is a disincentive to save for young workers ; conversely, pensions increase retirees' wealth. Overall, it is likely that pay-as-you-go schemes have negatively affected savings and, subsequently, the stock of capital in the economy in most countries. Indeed, in a standard pay-as-you-go scheme, pensioners'assets mainly include certain entitlements, which correspond to the pension schemes'unfunded liabilities and are not matched by financial or real investments. These rights, the implicit debt of the pension system, exceed in certain countries (including France) twice the annual GDP, i.e. more than all the households'financial wealth... Saving and capital stocks in the economy are therefore reduced. What are the implications for households welfare ? With lower capital, workers are less productive and their salaries need to be lowered, as often stressed by those who advocate the introduction of fully-funded schemes. Conversely, pay-as-you-go systems have certain merits, and in particular, they shelter pensioners from the financial risks that they are faced with in a fully- funded scheme.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Olivier Davanne
Thierry Pujol
Analyse économique de la retraite par répartition
In: Revue française d'économie. Volume 12 N°1, 1997. pp. 33-56.
Citer ce document / Cite this document :
Davanne Olivier, Pujol Thierry. Analyse économique de la retraite par répartition. In: Revue française d'économie. Volume 12
N°1, 1997. pp. 33-56.
doi : 10.3406/rfeco.1997.1014
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1997_num_12_1_1014Résumé
Si chacun connaît le mode de fonctionnement des retraites par répartition, où les pensions versées sont
financées intégralement par prélèvement sur les actifs, on évalue parfois mal l'ensemble des
implications économiques d'un tel système. On sait que sur le long terme, si l'on considère les
cotisations retraite comme une épargne forcée, la répartition offre un rendement égal à la somme du
taux de croissance démographique et des gains de productivité. Comme ce rendement est
généralement inférieur à celui disponible sur les marchés financiers, les cotisations retraite
s'apparentent pour partie à des taxes. L'effet sur l'épargne fait l'objet de débats. La retraite par
répartition a notamment des effets différents selon les catégories d'âge. Si la perspective de recevoir
une retraite diminue probablement l'épargne des jeunes actifs, la répartition est favorable en revanche à
l'épargne des retraités. Il paraît cependant probable que l'existence de la retraite par répartition ait un
effet global net négatif sur l'épargne et le stock de capital. En répartition « pure », le patrimoine des
retraités et des actifs est en effet largement composé de droits sur les régimes de retraite, qui sont sans
contrepartie en termes d'investissements physiques ou financiers. Ces droits, la dette implicite du
système de retraite, dépassent dans certains pays (dont la France) deux fois le montant du P.I.B., soit
davantage que la totalité du patrimoine financier des ménages. Epargne et stock de capital s'en
trouvent donc réduits. Mais quelles en sont les conséquences quant au bien- être des ménages ? Moins
bien dotés en capital, les salariés sont moins productifs et leur rémunération réelle doit être plus basse.
Cet argument est souvent employé par les défenseurs d'un système par capitalisation plutôt que d'un
système en répartition. En sens inverse, la répartition présente l'avantage de protéger les retraités des
risques financiers qu'ils sup- porteraient dans un système fonctionnant en capitalisation.
Abstract
Although one may be familiar with the guiding principles of a pay-as- you-go pension scheme, where
benefits are financed out of contributions levied on workers, certain misconceptions may exist
concerning the economic implications of such a pension system. It is well-known that, in the long run,
the return on pay-as- you-go pensions - if contributions are regarded as forced savings —, is equal to
the sum of the demographic growth rate and productivity gains. Since the return is usually lower than
what is available with standard financial instruments, social security contributions are partly akin to
taxes. The Pensions'impact upon saving is a moot point. Indeed, pay-as-you-go schemes have different
implications on the various age groups. The prospects of receiving future pension benefits is a
disincentive to save for young workers ; conversely, pensions increase retirees' wealth. Overall, it is
likely that pay-as-you-go schemes have negatively affected savings and, subsequently, the stock of
capital in the economy in most countries. Indeed, in a standard pay-as-you-go scheme,
pensioners'assets mainly include certain entitlements, which correspond to the pension
schemes'unfunded liabilities and are not matched by financial or real investments. These rights, the
implicit debt of the pension system, exceed in certain countries (including France) twice the annual
GDP, i.e. more than all the households'financial wealth... Saving and capital stocks in the economy are
therefore reduced. What are the implications for households welfare ? With lower capital, workers are
less productive and their salaries need to be lowered, as often stressed by those who advocate the
introduction of fully-funded schemes. Conversely, pay-as-you-go systems have certain merits, and in
particular, they shelter pensioners from the financial risks that they are faced with in a fully- funded
scheme.Olivier DAVANNE
Thierry PUTOL
Analyse économique
de la retraite
par répartition
'existence d'un système de retraite
fonctionnant principalement en répartition a de profondes
conséquences sur le fonctionnement d'une économie. Avant de
développer dans l'article qui suit les réformes souhaitables de
nos régimes de retraite, il nous a paru utile de détailler les prin
cipaux mécanismes économiques que les retraites mettent en
jeu. Après avoir défini plus précisément ce que nous appelons 34 Olivier Davanne, Thierry Pujol
« retraites par répartition », nous distinguerons de façon tr
aditionnelle les conséquences micro-économiques des consé
quences macro-économiques d'un tel système. '
La répartition « pure » :
un système où les actifs
payent les retraites
On appelle généralement « système par répartition » un système
de retraite où les pensions versées sont financées intégralement
par prélèvement sur les actifs. Ce principe posé, un nombre
infini de variantes existe, selon le mode de formation des droits
des retraités (achat de points comme dans les systèmes ARRCO-
AGIRC ou calcul de la pension en fonction des derniers salaires
reçus), selon le mode de revalorisation des pensions (indexation
sur les prix ou les salaires, ou revalorisations laissées à la discré
tion des gestionnaires du régime) et selon le mode de financ
ement (impôts ou cotisations sociales payées par les salariés et les
entreprises).
Ces différentes versions de la répartition ont cependant
des conséquences économiques communes que nous examinerons
dans ce qui suit. Mais, notons au préalable que la condition
d'équilibre budgétaire (cotisations reçues = retraites versées) peut
être interprétée de façon plus ou moins stricte. Certains régimes
peuvent accepter un certain déséquilibre temporaire financé par
endettement ou par prélèvement sur des réserves. L'équilibre
peut ainsi être atteint seulement en moyenne, sur l'ensemble du
cycle économique (excédent des cotisations sur les prestations en
période de forte activité, déficit en période de ralentissement).
Un tel système sera toujours qualifié de système par répartition.
La qualification du système devient plus complexe dans le cas de Olivier Davanne, Thierry Pujol 35
certains régimes qui recherchent un équilibre global sur plu
sieurs générations. Par exemple, la sécurité sociale américaine
accumule aujourd'hui des réserves pour retarder le moment où,
au début du siècle prochain, il lui faudra augmenter les cotisa
tions pour payer les retraites des « baby-boomers ». Aujourd'hui,
les cotisations reçues dépassent ainsi les pensions versées et l'in
verse se produira au début du siècle prochain (jusqu'à ce que
l'épuisement des réserves accumulées aujourd'hui ne contraigne
à un douloureux ajustement des taux de cotisation). Ces réserves
produisent des intérêts et, de ce fait, il n'y a plus d'équilibre stricto
sensu entre cotisations et prestations, même dans une perspect
ive de moyen-long terme. En dépit de ce financement mixte (coti
sations + revenu des placements), on parle encore de répartition
dans la mesure où ces réserves sont par nature provisoires et, rel
ativement à la masse des pensions versées, restent encore modestes
si on les compare aux placements réalisés dans de véritables sys
tèmes dits en capitalisation.
L'exemple américain est cependant intéressant dans la
mesure où il montre que la distinction capitalisation-répartition
n'est pas aussi facile à établir qu'il n'y paraît. Il est possible de
concevoir des régimes ayant un financement mixte combinant
prélèvements sur les actifs et revenus financiers. Ces régimes
mixtes ont des caractéristiques intéressantes, discutées dans l'ar
ticle suivant. Nous nous contenterons ic

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