Formation et transferts des paradigmes socio-techniques - article ; n°4 ; vol.5, pg 29-82
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Revue française d'économie - Année 1990 - Volume 5 - Numéro 4 - Pages 29-82
We observe, on the one hand, a certain stability and uniformity of productive systems in time and space and, on the other hand, national and sectorial specificities and an unexpected coming out of a new system. An explanation can be based on the relation between socio-technical paradigm (production is taken in his techno-economic and social features but there is superimposition of sectorial, and universal paradigms) and concrete system. Flexibility is on the of real systems, rigidity, on the of productive paradigms: their configurations are steady and to be transfered such as they (largely because rationality is bounded). A new paradigm emerge when the old system meet a structural crisis and variegated conflicts.
Nous observons d'une part une certaine stabilité dans le temps et une certaine uniformité dans l'espace des systèmes productifs, d'autre part des spécificités nationales ou sectorielles et l'émergence relativement brutale d'un système nouveau. Une explication repose sur la relation entre paradigme socio-technique (la production est pensée globalement, dans ses éléments techno-économiques et dans ses aspects sociaux, et il y a emboîtement de paradigmes productifs nationaux, sectoriels et universels) et système concret. La souplesse est du côté des systèmes concrets, la rigidité du côté des paradigmes productifs : ils sont stables dans leurs configurations essentielles et tendent à se diffuser tels quels (rôle du caractère borné de la rationalité). Un paradigme nouveau suppose une crise profonde de l'ancien système et l'exacerbation de conflits de natures diverses.
54 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Pierre Dockès
Formation et transferts des paradigmes socio-techniques
In: Revue française d'économie. Volume 5 N°4, 1990. pp. 29-82.
Abstract
We observe, on the one hand, a certain stability and uniformity of productive systems in time and space and, on the other hand,
national and sectorial specificities and an unexpected coming out of a new system. An explanation can be based on the relation
between socio-technical paradigm (production is taken in his techno-economic and social features but there is superimposition of
sectorial, and universal paradigms) and concrete system. Flexibility is on the of real systems, rigidity, on the of productive
paradigms: their configurations are steady and to be transfered such as they (largely because rationality is bounded). A new
paradigm emerge when the old system meet a structural crisis and variegated conflicts.
Résumé
Nous observons d'une part une certaine stabilité dans le temps et une certaine uniformité dans l'espace des systèmes productifs,
d'autre part des spécificités nationales ou sectorielles et l'émergence relativement brutale d'un système nouveau. Une explication
repose sur la relation entre paradigme socio-technique (la production est pensée globalement, dans ses éléments techno-
économiques et dans ses aspects sociaux, et il y a emboîtement de paradigmes productifs nationaux, sectoriels et universels) et
système concret. La souplesse est du côté des systèmes concrets, la rigidité du côté des paradigmes productifs : ils sont stables
dans leurs configurations essentielles et tendent à se diffuser tels quels (rôle du caractère borné de la rationalité). Un paradigme
nouveau suppose une crise profonde de l'ancien système et l'exacerbation de conflits de natures diverses.
Citer ce document / Cite this document :
Dockès Pierre. Formation et transferts des paradigmes socio-techniques. In: Revue française d'économie. Volume 5 N°4, 1990.
pp. 29-82.
doi : 10.3406/rfeco.1990.1264
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1990_num_5_4_1264Pierre
DOCKÈS
ШЯЕШШШШШЕ
Formation et transferts
des paradigmes socio-
techniques
japonais fascine les entrepreneurs îjourd'hui et le les modèle hommes productif poli
tiques européens et américains. Naguère c'était le modèle
américain. L'historien se souviendra qu'au XIXe siècle la
France découvrait le modèle industriel anglais et que jadis,
au XVIIe siècle, les mercantilistes anglais avaient les yeux
tournés vers un modèle hollandais (les physiocrates 30 Pierre Dockès
construisant même au XVIIIe siècle un contre-modèle
chinois) .
Identiquement, à certaines époques, les tech
niques employées et l'organisation du travail dans telle
industrie jouent un rôle de «modèle» pour les autres ac
tivités : ainsi en fut-il pour la production de cotonnades
au début du XIXe siècle, pour les industries mécaniques à
la fin du XIXe siècle, de l'automobile dans les années trente
et cinquante-soixante.
Les économistes doivent prendre au sérieux ces
«modèles» et se demander quelles sont leur signification
et leurs conséquences réelles. En effet, dans une période
donnée, existe pour une industrie ou pour plusieurs, pour
une économie nationale ou pour une fraction d'une éc
onomie-monde (le centre ou une partie de ses périphéries),
à l'échelle universelle, une ou plusieurs façons de penser
globalement la production, l'une tendant souvent à deven
ir dominante à l'un de ces niveaux (ce qui ne veut pas
dire nécessairement majoritaire). La difficulté majeure est
qu'il existe simultanément une certaine façon très générale
de penser la production à l'échelle « mondiale», un « esprit
du temps» et des modalités nationales (des «trajectoires
nationales») ou régionales, enfin des façons sectorielles
de penser la production. L'histoire est jalonnée et rythmée
par cette succession de « paradigmes productifs » emboîtés
et conflictuels qui émergent, se généralisent, perdurent
ou entrent en crise et se font éliminer par un nouveau.
Une réflexion sur l'émergence de nouveaux para
digmes productifs, leur relative stabilité, leur diffusion in
tersectorielle et spatiale, nous paraît devoir précéder la
théorie micro-économique de l'innovation, dans la mesure
où celle-ci est sous la dépendance de celle-là. Il nous faut
partir des éléments principaux de notre problématique
générale1 qui peut se résumer en quatre points. Pierre Dockès 31
1. Des innovations plurielles, des innovations majeures
Même — et surtout — si l'on s'intéresse principalement à
l'évolution économique, l'innovation ne peut être canton
née dans ce seul champ qui ne saurait être arbitrairement
séparé du champ social. Même les diverses acceptions
qu'en donne Joseph Schumpeter2 restent trop étroites.
L'innovation peut encore moins être réduite au domaine
technologique.
A côté des innovations de produit et de procédé,
nous retiendrons les autres innovations économiques (or-
ganisationnelles, financières, de marché), les innovations
politiques et juridiques (principalement celles qui concer
nent l'appropriabilité), enfin les innovations sociales, ces
deux dernières pouvant être regroupées sous le concept
habermasien d'innovations communicationnelles.
Par innovations majeures, il faut entendre l'intr
oduction d'éléments nouveaux dans un système social dont
le modus operandi va, de ce fait, se trouver modifié3. Le
système change, c'est-à-dire que non seulement ses él
éments sont transformés, mais également les relations entre
les éléments. L'ensemble des dimensions en interaction du
champ social peut être transformé à partir d'une innovation
majeure affectant l'une de ces dimensions, incitant ainsi la
formation d'innovations dans d'autres directions, provo
quant dès lors une mutation globale d'un « ordre productif»
à un autre. Cette peut d'ailleurs être considérée,
en elle-même, comme une innovation globale.
2. Invention/innovation
La distinction schumpeterienne de l'innovation et de l'i
nvention ou de la découverte doit être relativisée. Certes,
ce qui intéresse l'économiste, c'est le «passage à l'acte»,
c'est-à-dire la mise en œuvre opérationnelle de l'invention,
la création d'une nouveauté socialement opérante, les in- 32 Pierre Dockès
ventions pouvant demeurer « en portefeuille » pendant des
décennies.
Mais, non seulement la distinction schumpete-
rienne est généralement peu pertinente dans le champ
social entendu au sens étroit du terme (ainsi le syndica
lisme n'a-t-il pas été inventé ; il est une forme datée d'un
profond mouvement social), mais il serait erroné de mar
quer trop fortement une coupure dans les domaines tech-
nico-économiques entre invention-découverte et innova
tion ou entre science, technologie et techniques concrètes
de production, entre innovation et diffusion de l'innova
tion, surtout en cette fin du XXe siècle. En effet, l'invention
et l'avancée scientifique se font souvent aujourd'hui dans
le processus même de l'innovation et de sa diffusion : il n'y
a pas un premier temps d'invention (par exemple) d'un
produit nouveau qui serait proposé dans toute sa perfec
tion d'objet terminé à l'entrepreneur-innovateur et un s
econd temps d'innovation et de diffusion de ce produit,
mais des inventions successives faites dans le cours du
processus de diffusion et pour que celui-ci puisse se faire.
Que l'on songe à l'aviation, nous sommes en présence
d'une série d'inventions successives faites largement en
aval de la première mise sur le marché de l'objet nouveau,
au cours d'un processus de diffusion-transformation du
produit, et il ne s'agit pas simplement d'améliorations se
condaires !
3. Le caractère irrésolu et irréversible de l'innovation
L'innovation est irrésolue, elle n'est jamais nécessaire dans
sa contingence et dans son contenu effectif et donc elle
n'est pas, à ces niveaux, prédictible. Si la crise d'un ordre
productif appel

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