La croissance est-elle possible sans spoliation ? - article ; n°2 ; vol.7, pg 31-52
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Description

Revue française d'économie - Année 1992 - Volume 7 - Numéro 2 - Pages 31-52
Le niveau élevé de taux d'intérêt réel réalise un transfert des débiteurs vers les prêteurs, réduit l'investissement des entreprises et freine la croissance en France depuis 3 ans. Durant le début des années quatre- vingt, les taux d'intérêt réels étaient aussi élevés, mais les entreprises bénéficiaient d'un transfert compensateur favorable par la croissance lente du salaire réel. Remontant aux années soixante, on peut s'interroger sur la nature et la taille des transferts avec les ménages, l'Etat, le Reste du Monde dont ont profité ou qu'on subis les entreprises françaises. L'investissement et la croissance nécessitent-ils qu'une catégorie d'agents économiques soit spoliée au profit des entreprises ?
High real interest rates transfer income from borrowers to lenders, and have slowed down investment and growth in France in the last three years. During the beginning of the 80 's, real rates were as high as today, but firms benefitted from offsetting transfers due to the slow growth in the real wage rate. We analyze the nature and size of transfers between households, the public sector, the rest of the world and the corporate sector in France since the 1960's. Do sustained investment and growth require that a group of economic agents has to transfer income to the corporate sector ?
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Patrick Artus
La croissance est-elle possible sans spoliation ?
In: Revue française d'économie. Volume 7 N°2, 1992. pp. 31-52.
Résumé
Le niveau élevé de taux d'intérêt réel réalise un transfert des débiteurs vers les prêteurs, réduit l'investissement des entreprises
et freine la croissance en France depuis 3 ans. Durant le début des années quatre- vingt, les taux d'intérêt réels étaient aussi
élevés, mais les entreprises bénéficiaient d'un transfert compensateur favorable par la croissance lente du salaire réel.
Remontant aux années soixante, on peut s'interroger sur la nature et la taille des transferts avec les ménages, l'Etat, le Reste du
Monde dont ont profité ou qu'on subis les entreprises françaises. L'investissement et la croissance nécessitent-ils qu'une
catégorie d'agents économiques soit spoliée au profit des entreprises ?
Abstract
High real interest rates transfer income from borrowers to lenders, and have slowed down investment and growth in France in the
last three years. During the beginning of the 80 's, real rates were as high as today, but firms benefitted from offsetting transfers
due to the slow growth in the real wage rate. We analyze the nature and size of transfers between households, the public sector,
the rest of the world and the corporate sector in France since the 1960's. Do sustained investment and growth require that a
group of economic agents has to transfer income to the corporate sector ?
Citer ce document / Cite this document :
Artus Patrick. La croissance est-elle possible sans spoliation ?. In: Revue française d'économie. Volume 7 N°2, 1992. pp. 31-52.
doi : 10.3406/rfeco.1992.1307
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1992_num_7_2_1307Patrick ARTUS
La croissance
est-elle possible
sans spoliation ?
au fin de Dans national semblent Les croissance Royaume-Uni; des taux ces années brut d'investissement conditions, engagés potentiel prévus quatre-vingt, de dans il pour 1,5 n'est ne es une à ont 1992 dépasse grands pas 2% période et baissé la soient très en progression pas Allemagne, étonnant pays de fortement faibles 1 croissance ou de 1,5% : que environ du l'O.C.D.E. aux depuis produit les par lente. Etats- taux 1 an. la %
Unis, en France ; 2,5 % au Japon.
Les causes de cette situation de croissance lente 32 Patrick Artus
sont connues : niveau élevé des taux d'intérêt réels, fort
endettement public et privé ; stabilisation de la part des
salariés dans le revenu national, après une phase de baisse,
qui contribue à dégrader les comptes des entreprises.
Celles-ci voient leurs charges s'alourdir: service
de la dette élevée; progression plus rapide des salaires
réels ; absence d'allégement de l'endettement réel par l'in
flation, les hausses de prix étant partout faibles (2,5 % au
Japon, 3 % en France, autour de 4% aux Etats-Unis et en
Allemagne) ; les entreprises ne bénéficient plus de trans
ferts explicites (hausse de la part des profits dans la valeur
ajoutée) ou implicites (prélèvements inflationnistes sur les
prêteurs), et semblent souffrir de cette situation. Ceci pose
la question de la possibilité de maintenir une croissance
forte sans «spolier» les partenaires des firmes: salaires,
prêteurs, éventuellement Etat, producteurs de matières
premières...
Nous basant sur l'analyse historique de la crois
sance et de ses conditions en France depuis I960, nous
nous demandons si effectivement la « spoliation » est une
condition nécessaire de la croissance.
Evolutions historiques
Le partage des revenus et la situation des entreprises
Dans tout ce qui suit, nous comparerons trois périodes :
les années soixante, les années soixante-dix et le début des
années quatre-vingt jusqu'à la mise en place de la politique
de rigueur (1982), et la fin des années quatre-vingt jusqu'en
1990.
Les évolutions des salaires et des profits dessinent
un schéma clair (Tableau n° 1). En moyenne, pendant les Patrick Artus 33
années soixante et soixante-dix, le salaire réel par tête pro
gresse plus vite que la productivité du travail. La part de l'e
xcédent d'exploitation dans la valeur ajoutée est donc faible
en moyenne ; cette faiblesse recouvre cependant des mou
vements contrastés : baisse de I960 à 1966, puis remontée
dans l'expansion forte de la période 1968-1973 ; rechute
continue de 1971 à 1982. Il est frappant de voir qu'à la fin des
années soixante, les parts de la rémunération des salariés et
l'excédent d'exploitation des sociétés dans la valeur ajoutée
ont crû simultanément. Ceci est dû à la baisse forte des im
pôts nets des transferts qui a fait totalement disparaître l'effet
négatif des hausses de salaire sur la situation des entreprises.
Tableau n° 1
Partage des revenus et situation des entreprises
(sociétés)
Rémunération des Cotisations sociales Pouvoir d'achat des Taux de croissance Taux de croissance Salariés/Valeur des sociétés/Valeur salaires nets (Van) (Van) du PIB de l'emploi (Van) Ajoutée (%) Ajoutée (%)
61,9 6,2 12,8 5,6 0,7
1983-90 1960-69 1970-82 3,6 14,2 66,3 3,3 0,5
63,2 0,4 15,5 2,4 0,3
Taux de croissance Taux de croissance Taux de croissance Taux de croissance du salaire net réel Taux de chômage par tête de la de la population de la production par tête (%) productivité (Van) active (Van) industrielle (Van) (Van)
4,9 0,6 1,7 5,1 1960-69 5,5
1970-82 2,8 4,6 2,4 0,9 ЗД 2,1 1,4 1983-90 0,1 9,7 0,5
Impôts sur la Excédent production + d'exploitation des Impôts sur le revenu sociétés/Val. - Subventions/Val. Ajoutée (%) Ajoutée (%)
28,4 13,1 1960-69
1970-82 28,2 9,0
1983-90 9,8 30,5 34 Patrick Artus
Au contraire, à partir de 1983, la croissance du
salaire réel est beaucoup plus faible que celle de la pro
ductivité : la part des profits remonte fortement. Il est r
emarquable que la progression de l'emploi est très régulière
sur les trois périodes. Le ralentissement de la croissance
(3 points par an entre les années soixante et les années
quatre-vingt) se traduit presque intégralement par un r
alentissement des gains de productivité. Ceci résulte sans
doute à la fois de l'inertie de l'emploi et des effets de la
modération salariale qui soutient la demande de travail.
On voit aussi que la légère insuffisance de la croissance de
l'emploi par rapport à celle de la population active (0,4 %
par an de 1970 à 1982 ; 0,2 % par an de 1983 à 1990) suffit
à faire progresser de 8 points le taux de chômage.
La situation des ménages
L'évolution du pouvoir d'achat des salaires est celle vue
plus haut : freinage continu sur toute la période (Tableau
n° 2). Le ralentissement de la croissance du revenu dispo
nible réel est plus modéré ( — 4 points par an entre les
années soixante et les années quatre-vingt contre —6
points pour les salaires nets), ceci en raison de la progres
sion encore forte, sur la période récente, des prestations
sociales et des revenus de la propriété. Les premières ont
crû systématiquement depuis 30 ans de 2,5 points de plus
chaque année par rapport aux salaires.
On voit par exemple que la part des retraites dans
le produit intérieur brut a augmenté considérablement (de
7,6% dans les années soixante à 12,3% dans les années
quatre-vingt, l'augmentation étant très forte même par tête,
c'est-à-dire en tenant compte du nombre de retraités),
impliquant un alourdissement continu des cotisations cor
respondantes, tant des entreprises que des salariés. A la
différence des revenus de la propriété, ceux des entreprises Patrick Artus 35
individuelles manifestent une mauvaise santé systématique
depuis le début des années soixante-dix.
Tableau n°2
Revenus et situation des ménages
Pouvoir d'achat des Pouvoir d'achat des Pouvoir d'achat des Pouvoir d'achat des Pouvoir d'achat de prestations sociales impôts sur le revenu cotisations sociales l'EBE des El (%/an) salaires nets (%/an) versées (%/an) (Van) (%/an)
1960-69 6,2 8,7 8,4 3,9 9,4
1970-82 3,6 0,6 6,3 5,9 6,3
1983-90 0,4 2,8 2,2 0,6 3,3
Pouvoir d'achat des Pouvoir d'achat du Taux de croissance Taux d'épargne Taux d'épargne de la consommation revenus de la revenu disponible financière (%) (%) des ménages (%/an) propriét&#

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