La dollarisation comme solution en dernier ressort - article ; n°1 ; vol.17, pg 57-96
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Revue française d'économie - Année 2002 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 57-96
Ecuador has recently adopted the US dollar as legal tender. Salvador is on the verge of doing so; Guatemala and Costa-Rica are attempting at the same substitution to their own currency. But, the prospect is now more general. In other parts of the world, the dollarization progresses, too; Eastern-Timor and Kosovo have just before replaced their currency, respectively by the dollar and the mark; Balkanic countries are about to dol- larize (euroize) their economies. Earlier, the South-African rand was substituted to the Lesotho, Swaziland and Namibie national currencies. Now we are far from the previous straight field of official dollarization. A few years ago, it concerned, except the specific case of Panama [1904], only microscopic territories like Pacific Island (Guam, Micronesia, etc.) or little cities as, in Europe, Andorra, Lichtenstein, Monaco or the Vatican. Now, official dollarization is quite another phenomenon. It is often presented as a general formula available to reform the International Monetary System (IMS). This solution is now proposed to replace a lot of currencies eroded by inflation, deficits, political crisis, if not by revolts and ethnic troubles. Initially, it seems quite logical to try to replace minor currencies by a few number of foreign currencies well identified by the markets and more credible. The main argument of this paper is precisely to discuss this prospect of dollarization used to simplify and rationalize the IMS. Before adopting this view, which seems too optimistic, it would be necessary to consider: - The sound and specific nature of dollarization as a borrowing contact of credibility in the last resort. —The interest in dollarization, relatively to other exchange rate arrangements like Monetary Unions or Currency Boards. —A cost-benefits analysis of this substitution of a foreign currency to a local one. —An application of the dollarization formula to the Canadian dollar and Eastern Central European countries.
L'Equateur a récemment donné cours légal au dollar. Le Salvador est sur le point de faire de même. Le Guatemala et le Costa-Rica sont également tentés. Mais la perspective est beaucoup plus générale. Dans d'autres parties du monde, la dollarisation progresse (le Timor oriental et le Kosovo ont remplacé leur monnaie par le dollar et le mark) ; les pays balkaniques aussi se « dollarisent » ou « s'euroisent » ; il y a quelques années, le rand sud-africain fut aussi substitué aux monnaies locales de la Namibie, du Lesotho et du Swaziland. Quelques années auparavant, la dollarisation, excepté le cas du Panama [1904], ne concernait que des territoires microscopiques ou de petites cités en Europe, comme les principautés d'Andorre, du Liechtenstein, de Monaco ou le Vatican. Le champ de la dollarisation est donc en train de s'élargir considérablement. La formule est même présentée comme un moyen général de réformer le système monétaire International. Pourquoi, dit-on, ne pas remplacer toute une série de monnaies « mineures » érodées par l'inflation, les déficits, les crises politiques quand ce n'est les révoltes ou troubles ethniques, par un petit nombre de monnaies bien identifiées par les marchés et plus crédibles ? Avant d'adopter cette vue qui paraît trop optimiste (la dollarisation est une solution « en dernier ressort »), il est nécessaire de considérer : —la nature profonde et spécifique de la dollarisation en tant que contrat d'emprunt de crédibilité ; —l'intérêt de la dollarisation par rapport aux autres régimes de change (unions monétaires et caisses d'émission) ; —une analyse coût-bénéfice de la formule ; —une application aux cas du dollar canadien et des pays d'Europe centrale et orientale.
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Henri Bourguinat
Larbi Dohni
La dollarisation comme solution en dernier ressort
In: Revue française d'économie. Volume 17 N°1, 2002. pp. 57-96.
Citer ce document / Cite this document :
Bourguinat Henri, Dohni Larbi. La dollarisation comme solution en dernier ressort. In: Revue française d'économie. Volume 17
N°1, 2002. pp. 57-96.
doi : 10.3406/rfeco.2002.1455
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_2002_num_17_1_1455Abstract
Ecuador has recently adopted the US dollar as legal tender. Salvador is on the verge of doing so;
Guatemala and Costa-Rica are attempting at the same substitution to their own currency. But, the
prospect is now more general. In other parts of the world, the dollarization progresses, too; Eastern-
Timor and Kosovo have just before replaced their currency, respectively by the dollar and the mark;
Balkanic countries are about to dol- larize ("euroize") their economies. Earlier, the South-African rand
was substituted to the Lesotho, Swaziland and Namibie national currencies. Now we are far from the
previous straight field of official dollarization. A few years ago, it concerned, except the specific case of
Panama [1904], only "microscopic" territories like Pacific Island (Guam, Micronesia, etc.) or little cities
as, in Europe, Andorra, Lichtenstein, Monaco or the Vatican. Now, official dollarization is quite another
phenomenon. It is often presented as a general formula available to reform the International Monetary
System (IMS). This solution is now proposed to replace a lot of currencies eroded by inflation, deficits,
political crisis, if not by revolts and ethnic troubles. Initially, it seems quite logical to try to replace "minor
currencies" by a few number of foreign currencies well identified by the markets and more credible. The
main argument of this paper is precisely to discuss this prospect of dollarization used to simplify and
rationalize the IMS. Before adopting this view, which seems too optimistic, it would be necessary to
consider: - The sound and specific nature of dollarization as a "borrowing contact of credibility in the last
resort". —The interest in dollarization, relatively to other exchange rate arrangements like Monetary
Unions or Currency Boards. —A cost-benefits analysis of this substitution of a foreign currency to a local
one. —An application of the dollarization formula to the Canadian dollar and Eastern Central European
countries.
Résumé
L'Equateur a récemment donné cours légal au dollar. Le Salvador est sur le point de faire de même. Le
Guatemala et le Costa-Rica sont également tentés. Mais la perspective est beaucoup plus générale.
Dans d'autres parties du monde, la dollarisation progresse (le Timor oriental et le Kosovo ont remplacé
leur monnaie par le dollar et le mark) ; les pays balkaniques aussi se « dollarisent » ou « s'euroisent » ;
il y a quelques années, le rand sud-africain fut aussi substitué aux monnaies locales de la Namibie, du
Lesotho et du Swaziland. Quelques années auparavant, la dollarisation, excepté le cas du Panama
[1904], ne concernait que des territoires microscopiques ou de petites cités en Europe, comme les
principautés d'Andorre, du Liechtenstein, de Monaco ou le Vatican. Le champ de la dollarisation est
donc en train de s'élargir considérablement. La formule est même présentée comme un moyen général
de réformer le système monétaire International. Pourquoi, dit-on, ne pas remplacer toute une série de
monnaies « mineures » érodées par l'inflation, les déficits, les crises politiques quand ce n'est les
révoltes ou troubles ethniques, par un petit nombre de monnaies bien identifiées par les marchés et
plus crédibles ? Avant d'adopter cette vue qui paraît trop optimiste (la dollarisation est une solution « en
dernier ressort »), il est nécessaire de considérer : —la nature profonde et spécifique de la dollarisation
en tant que contrat d'emprunt de crédibilité ; —l'intérêt de la dollarisation par rapport aux autres régimes
de change (unions monétaires et caisses d'émission) ; —une analyse coût-bénéfice de la formule ;
—une application aux cas du dollar canadien et des pays d'Europe centrale et orientale.Henri
BOURGUINAT
Larbi
DOHNI
La dollarisation
comme solution
en dernier ressort
de à l'Amérique la fin du précédent latine en passant millénaire par marquées, la près Russie, les par de « années l'Asie des crises du terribles sud-est finan »
cières dévastatrices, une triple évidence paraissait s'imposer :
Revue française d'économie, n° 1/vol XVII 58 Henri Bourguinat, Larbi Dohni
— les taux de change absolument fixes — tels ceux des « caisses
d'émission » de Hong Kong ou même, dans un premier temps,
d'Argentine — avaient, tant bien que mal, survécu aux attaques
spéculatives,
— la deuxième solution de coin, à savoir le flottement des monn
aies, paraissait devoir gagner du terrain,
— les solutions intermédiaires (flottement contrôlé, arrimage à des
paniers de référence, parité rampante), paraissaient avoir soit
échoué (la Thaïlande et ses voisins asiatiques, la Russie ou le Brés
il), soit nettement régressé (PECO, pays de l'UME).
Depuis lors, on le sait, il n'est pas sûr (Bénassy-Quéré et
Cœuré, [2000]) que, de facto ', la radicalité officielle du binôme
changes absolument fixes/flottement pur n'ait pas laissé place, dans
maints pays, à une « praxis » moins tranchée des régimes de
change et, que la montée des solutions de coin n'ait pas été en
retrait par rapport aux déclarations officielles. Cependant, l'ac
tualité récente (la Turquie abandonnant la parité rampante de la
livre vis-à-vis du dollar américain et, à l'inverse, l'Argentine de
D. Cavalho, essayant d'échapper à la rigueur d'un ancrage exclu
sif du peso sur le dollar en tentant de réintroduire l'euro pour
être finalement conduite à laisser flotter le peso) révèle à l'envi
que l'évolution des régimes de change n'est pas du tout linéaire.
Quoiqu'il en soit, il est tout de même une solution de coin
qui, aujourd'hui, paraît gagner rapidement du terrain : la dolla
risation. Non seulement le président Menem s'est, dès 1999,
fait l'avocat du remplacement du peso par le dollar mais, voilà
qu'en janvier 2000, l'Equateur, après bien des troubles et des te
rgiversations, a décidé de substituer, purement et simplement, le
dollar américain au sucre, sa monnaie nationale. De plus, le Sa
lvador a choisi, en janvier 2001, de dollariser son économie ; le
Guatemala s'en rapproche par la loi de libre circulation des
devises qui permet d'utiliser les comptes libellés en dollars pour
l'exécution des opérations financières, le Costa-Rica y songe
et..., l'Argentine continue, elle-même, à être tentée. Le précé
dent du Panama, dollarisé, lui, depuis 1904, paraît bien sur le
point de ne plus constituer l'exception de l'Amérique latine.
Simultanément, la substitution de l'euro au mark va conduire aussi
Revue française d'économie, n° 1/vol XVII Henri Bourguinat, Larbi Dohni 59
l'Europe à réaliser ce qu'il conviendrait d'ailleurs mieux d'appel
er une « euroisation » de la monnaie des quatre pays (Bosnie-
Herzégovine, Serbie, Estonie, Bulgarie). Il en est de même pour
les pays de la zone franc. Pour d'autres nations d'Europe centrale
ou orientale — sinon du monde méditerranéen -, l'antienne du
moment est celle de l'ancrage nécessaire de leur monnaie à l'euro.
Dans le reste du monde, toutes les situations de trouble (Timor
Oriental) ou d'hyper-inflation (Israël des années 1980) ont éga
lement conduit à privilégier le dollar. Dès lors, la question est
posée : la dollarisation ne serait-elle pas la vraie solution à l'in
stabilité récurrente des taux de change dans le monde ? Ne consti
tuerait-elle pas cette solution de coin fixiste ultime qui ferait
elle-même pendant à un flottement des monnaies, celui-ci devant
être aussi « pur » qu'il est possible. En somme, plutôt que de subir,
périodiquement, les avatars des monnaies « mineures » marquées
par les hyper-inflations, les troubles politiques ou les errements
des politiques économiques nationales, pourquoi, purement et
simplement, ne pas les remplacer par des monnaies « majeures »
beaucoup plus stables et p

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