La théorie réelle des cycles de Dennis Holme Robertson - article ; n°4 ; vol.7, pg 33-80
48 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La théorie réelle des cycles de Dennis Holme Robertson - article ; n°4 ; vol.7, pg 33-80

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
48 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue française d'économie - Année 1992 - Volume 7 - Numéro 4 - Pages 33-80
Cet article se propose de dégager la trame théorique du premier livre de Robertson (A study of industrial fluctuation, [1915]). L'élément le plus remarquable de l'ouvrage réside dans la construction d'un modèle macroéconomique élémentaire, dans la tradition marshal- lienne. Celui-ci permet de montrer que les mouvements du niveau général de l'activité résultent de causes réelles (changements de l'utilité et de la productivité), agissant au départ de façon ponctuelle, et dont les effets se diffusent à l'ensemble de l'économie. Cette réflexion s'inscri- vant entièrement dans une problématique d'équilibre, elle ne réussit pas à rendre compte de certains aspects majeurs du cycle des affaires. Afin d'expliquer les mouvements non appropriés de la production, et leur caractère cyclique, Robertson juxtapose à son modèle central une théorie du surinvestissement.
This paper attempts to outline the theoretical framework of Robertson's earliest work on industrial fluctuations [1915]. The most valuable achievement of the book lies in fram- ing an elementary macroeconomic model following the Marshallian tradition. Real factors (variations in productivity or utility) lie at the root of changes in the aggregate level of production. Few sectors are concerned at first. Then the changes spread throughout the economy through the channel of relative prices. This theory, strongly embedded in an equilibrium analysis, is unable to give an accurate account of the most prominent features of the business cycle. In order to explain inappropriate fluctuations of output, Robertson juxtaposes an over-investment theory to his chief model.
48 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Frédéric Dupont
Estiva Reus
La théorie réelle des cycles de Dennis Holme Robertson
In: Revue française d'économie. Volume 7 N°4, 1992. pp. 33-80.
Résumé
Cet article se propose de dégager la trame théorique du premier livre de Robertson (A study of industrial fluctuation, [1915]).
L'élément le plus remarquable de l'ouvrage réside dans la construction d'un modèle macroéconomique élémentaire, dans la
tradition marshal- lienne. Celui-ci permet de montrer que les mouvements du niveau général de l'activité résultent de causes
réelles (changements de l'utilité et de la productivité), agissant au départ de façon ponctuelle, et dont les effets se diffusent à
l'ensemble de l'économie. Cette réflexion s'inscri- vant entièrement dans une problématique d'équilibre, elle ne réussit pas à
rendre compte de certains aspects majeurs du cycle des affaires. Afin d'expliquer les mouvements non appropriés de la
production, et leur caractère cyclique, Robertson juxtapose à son modèle central une théorie du surinvestissement.
Abstract
This paper attempts to outline the theoretical framework of Robertson's earliest work on industrial fluctuations [1915]. The most
valuable achievement of the book lies in fram- ing an elementary macroeconomic model following the Marshallian tradition. Real
factors (variations in productivity or utility) lie at the root of changes in the aggregate level of production. Few sectors are
concerned at first. Then the changes spread throughout the economy through the channel of relative prices. This theory, strongly
embedded in an equilibrium analysis, is unable to give an accurate account of the most prominent features of the business cycle.
In order to explain inappropriate fluctuations of output, Robertson juxtaposes an over-investment theory to his chief model.
Citer ce document / Cite this document :
Dupont Frédéric, Reus Estiva. La théorie réelle des cycles de Dennis Holme Robertson. In: Revue française d'économie.
Volume 7 N°4, 1992. pp. 33-80.
doi : 10.3406/rfeco.1992.1320
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1992_num_7_4_1320Frédéric
DUPONT
Estiva
REUS
La théorie réelle des
cycles de Dennis Holme
Robertson
d'études vers С une formation littéraires d'économiste. à Cambridge que Il acquiert Robertson alors se en tourne deux 34 Frédéric Dupont / Estiva Reus
ans une maîtrise exceptionnelle de la pensée marshal-
lienne, sous l'autorité d'enseignants comme Pigou ou
Keynes qui en perpétuent la tradition. Sa thèse, rédigée en
191З, lui permet dès 1914 de devenir "Fellow of Trinity
College". Elle est finalement publiée en 1915, après quel
ques remaniements, sous le titre A study of industrial
fluctuation. Ce livre est donc une œuvre de jeunesse.
Pourtant, si l'on en croit Hicks, ce coup d'essai fut un coup
de maître : "Quelle thèse ! C'est à peine si l'on exagère en
disant qu'elle fut la première tentative d'appliquer de façon
systématique les outils de l'analyse économique à ce qui
était déjà alors un problème majeur — et qui allait évidem
ment le devenir plus encore dans les années suivantes."
(Hicks, [1966], p. 11).
A study of industrial fluctuation mérite d'être
relu par les historiens de la pensée économique, et cela
pour deux raisons.
La première est qu'avec cet ouvrage Robertson
peut sans conteste figurer en bonne place parmi les pré
curseurs de l'école des "Real business cycles". Il est vrai
que son discours, exprimé sous une forme essentiellement
littéraire, n'atteint pas le degré de sophistication des mod
èles actuels de cycles réels. Mais la proximité est percept
ible au niveau du projet de recherche, comme en témoi
gnent sa volonté d'exclure a priori la monnaie des causes
explicatives des fluctuations, le rôle déterminant qu'il fait
jouer aux facteurs réels, entendons par là les variations de
l'utilité et surtout de la productivité, ou encore l'impor
tance décisive qu'il accorde au temps dans l'ensemble des
phénomènes concernant le capital.
La seconde raison est que Robertson nous permet
de mieux comprendre les écrits keynésiens de 1932- 1933 l.
On y voit Keynes opposer de façon lancinante "l'économie
coopérative" (celle des classiques) à "l'économie d'entre
preneurs" (la sienne). Mais comment a-t-il pu dégager si Frédéric Dupont / Estiva Reus 35
aisément les traits distinctifs de l'école concurrente, alors
qu'il s'agit d'une tradition multiforme qui s'étend de Ricardo
à Pigou ? La réponse est peut-être qu'il a trouvé en Robertson
Г "agent représentatif idéal de cette tradition, ou du moins
celui qui en explicite le mieux les hypothèses fondatrices. En
effet, ce dernier a constamment défendu deux principes dans
ses ouvrages. Le premier est que toute analyse théorique
doit être conduite en gardant à l'esprit un double clivage :
d'une part l'opposition entre économies coopératives et non
coopératives (c'est-à-dire non salariales et salariales), et
d'autre part la distinction entre réelles et monét
aires. Le second principe est que les lois fondamentales des
économies capitalistes se révèlent dans toute leur pureté
dans une société de petits producteurs pratiquant le troc2.
L'introduction du salariat et de la monnaie doit toujours être
faite dans un second temps, car ces deux éléments n'altèrent
jamais la substance des résultats acquis à l'étape précédente3.
Cette ligne de conduite est parfaitement illustrée par Л study
of industrial fluctuation : sur les quelques 300 pages que
comprend l'ouvrage, trente seulement évoquent la monnaie
ou le salariat4.
Robertson est quelque peu oublié de nos jours. De
lui on ne retient plus guère que le délai qui porte son nom,
ainsi que les débats incessants qui l'opposèrent à Keynes à
partir de 1930. Rendons-lui justice : sa pensée est complexe
et suffisamment créatrice pour prouver que l'école marshal-
lienne de Cambridge ne se limitait pas à la répétition éternelle
d'une orthodoxie révélée.
Nous montrerons dans ce qui suit que Л study of
industrial fluctuation contient un modèle permettant d'ex
pliquer comment des chocs réels, agissant le plus souvent
de façon ponctuelle, se diffusent à l'ensemble de l'économie,
et amènent une révision du niveau global de l'activité. Bien
que l'ouvrage soit présenté sous forme purement littéraire5,
nous verrons qu'il tire sa cohérence d'un modèle mathé- 36 Frédéric Dupont / Estiva Reus
matique d'équilibre très précis, dans la plus pure tradition
de Jevons et de Marshall. A ce modèle vient se superposer
une théorie des fluctuations cycliques de l'activité composée
d'emprunts à des auteurs continentaux.
Les causes originelles de variation
de l'activité : les chocs réels
affectant un groupe de
producteurs
Dans le modèle de base de Robertson, l'économie est
composée de groupes de producteurs-coopérateurs. Cha
cun d'eux ne produit qu'un seul bien. Les coopérateurs
décident en commun du montant optimal de production
à mettre en œuvre.
La parabole du cueilleur de mûres de Marshall6
constitue implicitement le soubassement théorique de
l'analyse robertsonienne des fluctuations. On sait que, chez
le jeune garçon, la détermination de la quantité à produire
résulte de la comparaison entre le coût réel de cette pro
duction (c'est-à-dire la peine subie lors du travail) et la
satisfaction qu'elle procure. L'existence de plusieurs pro
ducteurs ne modifie la parabole que sur un point : le choix
du volume de production se trouve compliqué par la né
cessaire introduction des échanges sous forme de troc.
Dans cette section, nous nous proposons de mont
rer que la parabole marshallienne, à peine modifiée, suffit
à rendre compte des causes natives de variation de l'activité
dans la pensée robertsonienne. A ce stade, le raisonnement
est de nature microéconomique. On considère le compor
tement d'un groupe de producteurs pour lequel les prix
apparaissen

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents