Gare aux pigeons voyageurs !

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• Publié par: Entreprendre-
• Publié le: 26 octobre 2012
• Nombre de lectures: 9
• Langue: Français

Extrait

Gare aux pigeons voyageurs !

En 1981, François Mitterrand avait fait ses reformes en prenant soin de ne pas tarir la source de l'économie réelle, en ne s'attaquant pas trop aux petits entrepreneurs, TPE, artisans ou commerçants. Je me souviens que le dernier jour de sa campagne présidentielle, il s'était même fendu d'une petite visite aux artisans du Faubourg Saint-Antoine (il y en avait encore) leur promettant une baisse de charges, déjà ! Du Mitterrand tout craché. Rien à voir avec le choc fiscal actuel qui touchera tout le monde et en particulier ceux qui entreprennent. Et c'est là que le bât blesse. Quand notre ami Jean-Baptiste Descroix-Vernier, que j'ai connu au bord du dépôt de bilan il y a dix ans, crée Rentabiliweb ses centaines de salariés, il le fait d'Amsterdam. Et c'est là que et cela fait mal. Aujourd'hui, avec le numérique et la liberté de transferts de capitaux, un jeune crée sa boite de Bruxelles ou de Londres sans difficulté et sur un clic. Et c'est aussi la différence avec 1981. Et que dire des financiers ou des capitaux, si ceux-ci n'ont plus d'intérêt à venir investir chez nous.

Il n'y a pas de projets sans financements. Google et Facebook  ne seraient pas devenus ce qu'ils sont sans le formidable effet de levier financier du capital risque des US. Qu'attendre des Business angels ou fonds à risques s'ils sont assommés par un triplement de l'ISF et par un plafonnement ne leur laissant que 25% de leurs revenus.

On investira en France que pour profiter d'un effet d'aubaine tel Amazon en Bourgogne à Chalon- sur-Saône pour profiter de l'emplacement, des aides à l'emploi ou de nos centres de recherche. C'est dommage d'aider un géant américain, même s'il crée 1000 emplois, alors que nous avons un jeune entrepreneur nantais émérite, Jean-Philippe Fleury, fondateur de Materiel.net millions (110 d'euros) dont personne ne parle. Sauf Entreprendre...  Nicolas Baverez rappelle : « Du côté des entreprises, le taux d'imposition des bénéfices atteint 36,1% auxquels s'ajoutent la taxation des plus-values portée à 64,5% en cas de cession. Du côté des ménages se superposent quatre impôts sur le revenu avec la CSGCRDS proportionnelle, l'impôt sur le revenu, la contribution exceptionnelle et la tranche à 75% applicable dès 2012 : la charge fiscale et sociale des foyers concernés atteindra au minimum 60% de leurs revenus - hors imposition du patrimoine ; l'épargne est désormais plus taxée que le travail avec des taux moyens de 46,5 % pour les dividendes et 64,5% pour les intérêts... » (¹)

Si les « Pigeons » font du bruit, ce n'est pas seulement parce qu'ils ont su mobiliser sur le net, c'est

surtout parce qu'ils expriment un sentiment profond au sein de la France exposée qui ne saisit pas qu'on lui fasse porter le fardeau alors qu'il y a tant de réformes à engager au sein de la France dite protégée. Pas besoin de s'appeler Alain Minc pour saisir le danger d'une taxation à 64% lorsqu'elle est nulle à Bruxelles à 1h de train en Thalys. Ce nouveau nomadisme devrait faire réfléchir à deux fois tous les gouvernements de la terre. Avec ou sans pigeons, notre pays, pour rebondir, doit miser sur tous ceux qui prennent des risques, car le premier risque est qu'ils s'envolent vers d'autres cieux... On n'en est pas encore là : tout dépendra de la capacité du gouvernement à faire appliquer les recommandantions du rapport Gallois.

(1) Le Point, 15 octobre 2012