L année 1973 dans la politique étrangère du président Pompidou - article ; n°4 ; vol.39, pg 473-504
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L'année 1973 dans la politique étrangère du président Pompidou - article ; n°4 ; vol.39, pg 473-504

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Politique étrangère - Année 1974 - Volume 39 - Numéro 4 - Pages 473-504
II peut apparaître prématuré et ambitieux d'engager dès à présent une réflexion sur la politique extérieure de Georges Pompidou, alors que l'on ne dispose pas encore des témoignages, des documents et du recul nécessaires. Cependant, huit mois après la disparition du précédent chef de l'Etat, son action internationale peut être légitimement rappelée. Le monde va très vite et les choses s'oublient au même rythm. Les conceptions diplomatiques de l'ancien Président de la République ne peuvent que faciliter la compréhension d'une situation internationale particulièrement complexe et grave. L'auteur, ancien collaborateur du Président Pompidou, a préféré pour cette étude se limiter à l'année 1973. Il analyse les différents aspects de l'action diplomatique de l'ancien chef de l'Etat pendant cette année troublée (rapport entre les Grands, crise de l'alliance, Europe, Proche- Orient, crise économique mondiale) et tente de répondre à la question : devant les difficultés de 1973, Georges Pompidou a-t-il cherché un certain repli de la France ou, au contraire, a-t-il assuré sa vocation et son rôle dans le monde ?
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 179
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-Pierre Teyssier
L'année 1973 dans la politique étrangère du président
Pompidou
In: Politique étrangère N°4-5 - 1974 - 39e année pp. 473-504.
Résumé
II peut apparaître prématuré et ambitieux d'engager dès à présent une réflexion sur la politique extérieure de Georges Pompidou,
alors que l'on ne dispose pas encore des témoignages, des documents et du recul nécessaires. Cependant, huit mois après la
disparition du précédent chef de l'Etat, son action internationale peut être légitimement rappelée.
Le monde va très vite et les choses s'oublient au même rythm. Les conceptions diplomatiques de l'ancien Président de la
République ne peuvent que faciliter la compréhension d'une situation internationale particulièrement complexe et grave. L'auteur,
ancien collaborateur du Président Pompidou, a préféré pour cette étude se limiter à l'année 1973. Il analyse les différents
aspects de l'action diplomatique de l'ancien chef de l'Etat pendant cette année troublée (rapport entre les Grands, crise de
l'alliance, Europe, Proche- Orient, crise économique mondiale) et tente de répondre à la question : devant les difficultés de 1973,
Georges Pompidou a-t-il cherché un certain repli de la France ou, au contraire, a-t-il assuré sa vocation et son rôle dans le
monde ?
Citer ce document / Cite this document :
Teyssier Jean-Pierre. L'année 1973 dans la politique étrangère du président Pompidou. In: Politique étrangère N°4-5 - 1974 -
39e année pp. 473-504.
doi : 10.3406/polit.1974.1798
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1974_num_39_4_17981973 DANS LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE L'ANNÉE
DU PRÉSIDENT POMPIDOU
, par Jean-Pierre TEYSSIER
H peut apparaître prématuré et ambitieux d'engager dès à pré
sent une réflexion sur la politique extérieure de Georges Pompidou,
alors que l'on ne dispose pas encore des témoignages, des docu
ments et du recul nécessaires. Cependant, huit mois après la dis
parition du précédent chef de l'Etat, son action internationale peut
être légitimement rappelée.
Le monde va très vite et les choses s'oublient au même rythme.
Les conceptions diplomatiques de l'ancien Président de la Répub
lique ne peuvent que faciliter la compréhension d'une situation
internationale particulièrement complexe et grave. L'auteur, ancien
collaborateur du Président Pompidou, a préféré pour cette étude
se limiter à l'année 1973. Il analyse les différents aspects de l'action
diplomatique de l'ancien chef de l'Etat pendant cette année trou
blée (rapport entre les Grands, crise de l'alliance, Europe, Proche-
Orient, crise économique mondiale) et tente de répondre à la
question : devant les difficultés de 1973, Georges Pompidou art-il
cherché un certain repli de la France ou, au contraire, a-t-il assuré
sa vocation et son rôle dans le monde ?
/ — POURQUOI 1973 ?
1973 (qui ne sera pas dans cette étude limitée strictement aux
douze mois de l'année mais sera envisagée largement, ses « temps
forts » se manifestant surtout d'avril 1973 à la Conférence de
Washington de février 1974) apparaît riche d'enseignement : c'est
l'année où le chef de l'Etat, en pleine maîtrise de sa réflexion et de
son action en matière diplomatique, doit affronter un tournant capital
dans l'histoire des relations internationales.
On a pu penser qu'après les résultats du référendum d'avril 1972,
le Président de la République, déçu par l'accueil fait à ce qui était
manifestement son « grand dessein » (bien qu'il n'ait jamais voulu
présenter en ces termes ses idées européennes), ait ralenti son action
diplomatique. Tout pouvait l'y inciter : les préoccupations d'ordre 474 JEAN-PIERRE TEYSSIER
intérieur que l'approche d'élections législatives dominées par un
choix de société fondamental lui inspiraient, enfin les obstacles que le
désordre monétaire international, la politique américaine et les rét
icences de ses partenaires, opposaient à l'action européenne de la
France.
Mais les nouvelles données apportées par l'année 1973 sur le
champ des relations internationales ne pouvaient qu'inciter le Prési
dent à maintenir, sinon à accentuer, le dynamisme de sa politique
étrangère. La fin de la guerre du Viet Nam ou plutôt de l'intervention
américaine au Viet Nam, depuis les accords de janvier 1973, marque
incontestablement le début d'une période nouvelle dans l'histoire in
ternationale qui remet en cause la situation des pays européens et
donc celle de la France. Sans s'étendre sur les caractéristiques de
cette nouvelle période, encore bien floue pour l'observateur, on se
bornera à remarquer que l'année 1973 a vu la politique américaine
se déployer dans le monde avec une plus grande vigueur et une plus
grande liberté, les pays européens confrontés aux problèmes de leur
sécurité à l'occasion notamment des grandes conférences européen
nes (C.S.C.E., M.B.F.R.), qui marquent véritablement la fin de
l' après guerre, et enfin, après la crise du Kippour de nouveaux rap
ports de puissance s'établir entre les pays neufs et les pays industrial
isés. Il devient banal de dire que l'année 1973 a apporté à l'Europe
le défi — peut-être le plus grave — depuis la guerre, que ce soit
sur le plan de son économie (crise de l'énergie et des balances de
paiement), de sa sécurité (perspectives de réduction militaire en Eu
rope), ou de son rôle dans le monde (relations privilégiées entre les
Etats-Unis et l'Union Soviétique, position en force des pays fournis
seurs de matières premières).
Ces éléments nouveaux de la situation internationale ont été perçus
avec acuité par le Président Pompidou à partir d'un examen lucide
des dangers que faisaient courir au monde et singulièrement à l'Euro
pe l'instabilité de la question du Proche-Orient et l'état non résolu
de la crise monétaire. A un déjeuner de journalistes, le 4 juillet 1973,
le chef de l'Etat tenait des propos particulièrement pessimistes : il
évoquait des « menaces graves à notre porte », notamment sur le
plan stratégique : l'Europe, compte tenu de la politique des deux
Grands, peut devenir, « comme le Moyen-Orient un champ de bataill
e potentiel », l'U.R.S.S. cherche la parité nucléaire avec les Etats-
Unis, alors que ceux-ci veulent s'en désengager ; la politique soviéti- POMPIDOU 475 PRÉSIDENT
que de puissance ne change pas : « ce fleuve contourne les obstacles
mais coule toujours dans le même sens ». Le lendemain, dans sa
chronique à R.T.L., Philippe Alexandre notait : « Dans dix ans, a
prédit M. Pompidou à ses invités, quand vous relirez vos articles,
ce sera peut-être au tour de l'Europe, après le Proche-Orient, d'être
livrée à la guerre. Le Président a montré, devant ses invités stupéfaits,
que la tragédie était à nos portes. Sortant de table, les journalistes
se demandaient pourquoi M. Pompidou leur avait tenu un si pathé
tique discours... ».
L'apparition de ces nouvelles données internationales dommageab
les pour l'Europe et pour la France se produisait alors que le Pré
sident parvenait à la pleine maturité de son action et de sa réflexion
en matière diplomatique. En ce qui concerne ses capacités de ré
flexion dans ce domaine, il n'est que de relire les impressions recueill
ies par les interlocuteurs du Président lorsqu'il évoquait les questions
internationales jusqu'au dernier jour de sa vie. Sa pensée s'accroissait
chaque jour de plus en plus de lucidité et de fermeté alors que dans
un dramatique contraste, sa santé était de plus en plus asservie à la
maladie. C'est ce contraste entre l'aspect physique et l'extraordinaire
brio intellectuel, en ce qui concerne surtout la politique étrangère,
qui domine par exemple le dernier Conseil des Ministres, le 27 mars
1974. Cette maîtrise intellectuelle en matière diplomatique n'est pas
seulement due au défi apporté à la r&

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