La réunification allemande dans le monde militaire : De la gestion ...

Erika Nimis

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La réunification allemande dans le monde militaire : De la gestion ...

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• Publié par: esoqawud
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Colloque « Expériences et mémoire : partager en français la diversité du monde » Bucarest, septembre 2006 La réunification allemande dans le monde militaire : De la gestion politique du passé * à la revendication d’une mémoire est-allemande ✲ Nina L EONHARD Sozialwissenschaftliches Institut der Bundeswehr, Strausberg Le 3 octobre 1990, à minuit, la République démocratique allemande (RDA) a cessé d’exister ; son territoire et son peuple sont devenus une composante de la République fédérale d’Allemagne (RFA). Les modalités en ont été fixées par le Traité d’unité entre les deux Etats allemands (Einigungsvertrag) signé le 31 août 1990 et ratifié le 20 septembre 1990 par les deux parlements allemands (leBundestag à Bonn et laVolkskammerBerlin-Est). Il a été à ainsi opté pour une adhésion de la RDA à la RFA selon l’article 23 de la Loi fondamentale (Grundgesetz) de la RFA et non une confédération (qui aurait demandé l’élaboration d’une nouvelle constitution). Le transfert institutionnel de l’Ouest vers l’Est qui en a résulté a ainsi permis d’achever très rapidement l’unité du point de vue étatique. Étant donné les difficultés économiques en RDA et l’exode incessant des Allemands de l’Est vers l’Ouest, une telle 1 décision semblait nécessaire à l’époque. Les effets de ce procédé ne sont apparus qu’après coup. « Le choix de l’arène institutionnelle détermine le contexte d’action et les critères de rationalité selon lesquels certains acteurs agissent. Des problèmes sont transférés à d’autres contextes d’actions ; de même des solutions alternatives ne sont pas prises en compte. Au cours du processus de réunification, beaucoup de problèmes ont été mis de côté ; on a laissé 2 aux individus concernés le soin de s’en occuper […] » (Lepsius 2001 : 62). Avec l’élargissement de la République fédérale au territoire de la RDA, les Allemands de l’Est sont devenus d’un jour à l’autre des « étrangers » chez eux. Selon Alfred Schütz ([1944] 1972), l’étranger est caractérisé par l’absence de connaissance et de maîtrise des modèles d’interprétation et de comportement qui sont partagés et perçus comme allant de soi par les membres du groupe qu’il vient de rejoindre. L’étranger qui arrive ne peut plus « penser comme d’habitude » (op. cit.: 58et passim), parce que ce qu’il croyait connaître et savoir faire ne fait plus sens dans le nouvel environnement. Il lui faut apprendre des règles, des coutumes ainsi que des valeurs nouvelles et se les approprier. Jusqu’à cela, il reste exclu des expériences partagées par les membres du groupe : « Du point de vue du groupe dont il se rapproche, il est un homme sans histoire. » (op. cit. : 60) Dans cette perspective, étudier la réunification et ses effets signifie s’intéresser aux facteurs et conditions de l’intégration de ces « étrangers » est-allemands dans la « société d’accueil » ouest-allemande. Ce processus est influencé, entre autres, par la manière dont l’arrivée des * Je remercie Maren Tomforde pour ses commentaires, Delphine Deschaux-Beaume et notamment Marina Chauliac pour leur aide avec le texte français. ✲ Nina Leonhard est : études de sciences politiques à Berlin etnée en 1972 à Berlin (Allemagne). 1992-1996 Paris. 1998-2001 : thèse en co-tutelle franco-allemande sur les mutations des représentations du passé national- socialiste au sein des familles à l’Est et à l’Ouest de l’Allemagne. Depuis 2001, elle est chercheure au Sozialwissenschaftliches Institut der Bundeswehret travaille sur la mémoire du passé socialiste en Allemagne. 1 Pour une discussion des diverses options disponibles au cours du processus de la réunification voir Lepsius (2001). 2 Les traductions en français des sources allemandes citées sont faites par l’auteur.  1