Le bilan de dix années d opérations de maintien de la paix - article ; n°2 ; vol.65, pg 389-402
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Politique étrangère - Année 2000 - Volume 65 - Numéro 2 - Pages 389-402
A Review of Ten Years of Peacekeeping Opérations, by Thierry Tardy The peacekeeping operations that were set up in the 1990s were to a certain extent a reflection or the state of international relations during that period. Initially ambitious, ill-defined and conducted by a hope-bringing UN, they were subsequently taken over by States that kept the UN out and withdrew from the dangers of crisis management. In these two movements, peacekeeping operations do not form part of well-defined strategic vision, and despite the realignments made following the failures of Somalia and Bosnia, they remain ill-suited to the situations which they are supposed to manage, and continue to suffer from a traditional vagueness and an overestimation of their own capabilities.
Thierry Tardy propose ici un bilan des opérations de maintien de la paix de l'après-guerre froide, parfois appelées opérations « de la deuxième génération ». Il éclaire ainsi la dynamique par laquelle elles ont été repensées en intégrant les erreurs et échecs du passé. Pour l'auteur, les années 90 ont vu une progressive stigmatisation du rôle de l'ONU, tenue pour responsable des échecs, et une reprise en main de ces opérations par les États. Tentant de préciser ce que recouvre le concept flou d'« opération de maintien de la paix », Thierry Tardy relève que de telles opérations sont, aujourd'hui, par bien des aspects, le reflet de certaines grandes évolutions du système international.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Tardy
Le bilan de dix années d'opérations de maintien de la paix
In: Politique étrangère N°2 - 2000 - 65e année pp. 389-402.
Résumé
Thierry Tardy propose ici un bilan des opérations de maintien de la paix de l'après-guerre froide, parfois appelées opérations «
de la deuxième génération ». Il éclaire ainsi la dynamique par laquelle elles ont été repensées en intégrant les erreurs et échecs
du passé. Pour l'auteur, les années 90 ont vu une progressive stigmatisation du rôle de l'ONU, tenue pour responsable des
échecs, et une reprise en main de ces opérations par les États. Tentant de préciser ce que recouvre le concept flou d'« opération
de maintien de la paix », Thierry Tardy relève que de telles opérations sont, aujourd'hui, par bien des aspects, le reflet de
certaines grandes évolutions du système international.
Abstract
A Review of Ten Years of Peacekeeping Opérations, by Thierry Tardy
The peacekeeping operations that were set up in the 1990s were to a certain extent a reflection or the state of international
relations during that period. Initially ambitious, ill-defined and conducted by a hope-bringing UN, they were subsequently taken
over by States that kept the UN out and withdrew from the dangers of crisis management. In these two movements,
peacekeeping operations do not form part of well-defined strategic vision, and despite the realignments made following the
failures of Somalia and Bosnia, they remain ill-suited to the situations which they are supposed to manage, and continue to suffer
from a traditional vagueness and an overestimation of their own capabilities.
Citer ce document / Cite this document :
Tardy. Le bilan de dix années d'opérations de maintien de la paix. In: Politique étrangère N°2 - 2000 - 65e année pp. 389-402.
doi : 10.3406/polit.2000.4945
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2000_num_65_2_4945POLITIQUE ÉTRANGÈRE 2/2000
Le bilan de dix années
Thierry TARDY
d'opérations de maintien de la paix
Thierry Tardy propose ici un bilan des opérations de maintien de la paix
de l'après-guerre froide, parfois appelées « de la deuxième
génération ». Il éclaire ainsi la dynamique par laquelle elles ont été repens
ées en intégrant les erreurs et échecs du passé. Pour l'auteur, les années 90
ont vu une progressive stigmatisation du rôle de l'ONU, tenue pour re
sponsable des échecs, et une reprise en main de ces opérations par les États.
Tentant de préciser ce que recouvre le concept flou d'« opération de maint
ien de la paix », Thierry Tardy relève que de telles opérations sont,
aujourd'hui, par bien des aspects, le reflet de certaines grandes évolutions
du système international.
Politique étrangère
Au début des années 90, alors que prévalait l'euphorie du « nouvel
ordre mondial », les opérations dites de maintien de la paix furent
perçues comme les outils adaptés de la gestion des « nouveaux »
dysfonctionnements. Entre simple interposition et véritable intervention
militaire, ces opérations de police internationale furent déployées sur de
nombreux théâtres, ici pour maintenir la paix, là pour protéger l'assistance
humanitaire, ailleurs pour assurer la mise en œuvre d'un accord de paix.
Dix ans après le début de cette ère nouvelle, le bilan de ces opérations est
pour le moins mitigé : relatifs succès au Salvador, au Mozambique ou au
Cambodge, les opérations échouent en Somalie, en Bosnie-Herzégovine
ou au Rwanda. Principale maîtresse d'oeuvre des opérations, l'Organisa
tion des Nations unies (ONU) est, aux yeux de maints observateurs, la
première responsable des échecs. Après quelques années d'un crédit sur
estimé, elle est progressivement mise à l'écart d'opérations reprises en
mains par les États, notamment sur le continent européen.
Thierry Tardy est chargé de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) et maître de conférences
à l'Institut d'études politques de Paris. .
390 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
À l'aube du XXIe siècle, et alors que l'idée d'un ordre mondial libéré de
ses artefacts guerriers n'est plus sérieusement avancée, les opérations de
maintien de la paix sont plus que jamais un outil incontournable de la
gestion des crises. Mais, en dépit des réorientations consécutives aux opé
rations onusiennes de Somalie et de Bosnie, elles restent difficiles à cer
ner et continuent de pâtir d'un flou définitionnel tout autant que de la
surestimation de leurs propres capacités.
Les espoirs déçus de la deuxième génération des opérations
de maintien de la paix
Tel qu'énoncé lors de la guerre du Golfe en 1990-1991, le « nouvel ordre
mondial » conférait à l'ONU un rôle central dans l'architecture de sécu
rité mondiale en pleine recomposition. Outils privilégiés de l'action onu
sienne, les opérations de maintien de la paix connaissent alors une
évolution fondamentale. Sur le plan quantitatif, une vingtaine d'opéra
tions de maintien de la paix et missions d'observation sont mises en place
entre 1988 et 1994, contre 13 jusqu'à 1988 ; 17 opérations sont en cours
en décembre 1994, 5 en 1985.
Outre leur multiplication, c'est surtout la diversification des missions qui
caractérise les nouvelles opérations. Non prévues par la Charte des
Nations unies, les premières opérations de maintien de la paix, créées
dans les années 50, étaient relativement simples : relevant par défaut du
chapitre VI de la Charte dans une logique de consentement, elles
mettaient en œuvre la notion de peacekeeping, visant le plus souvent à
s'interposer entre deux factions sans que soit forcément mené un pro
cessus politique parallèle. Les opérations des années 90 sont radicalement
différentes. Embrassant un nombre croissant de tâches, civiles et mili
taires, elles sont avant tout multifonctionnelles1 : action préventive,
maintien de la paix stricto sensu (peacekeeping), assistance humanitaire,
imposition de la paix (peace enforcement), supervision électorale, consol
idation de la paix (peace building) sont autant d'activités qui, mises en
oeuvre simultanément ou séparément, appartiennent dorénavant au maint
ien de la paix pris au sens large2. Qualifiées d'opérations de « deuxième
1 Voir Jarat Chopra et John Mackinlay, «Second Generation Multinational Operations», The Washington
Quarterly, volume 15, n° 3, été 1992, p. 113-131.
2. Voir William J. Durch (dir.), The Evolution of UN Peacekeeping. Case Studies and Comparative Analysis,
St. Martin's Press, New York, 1993, p. 4-7. DIX ANNÉES D'OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX / 391
génération »3, celles-ci intègrent généralement une dimension politique plus
évidente qu'auparavant et, tout en restant en principe impartiales, font « part
ie intégrante de la solution substantielle élaborée pour régler le conflit »4.
Deux grandes catégories d'opérations peuvent alors être distinguées :
celles qui sont déployées sur des théâtres « pacifiés » - pour aider à la
mise en œuvre d'un accord de paix — et celles qui le sont sur des théâtres
de guerre, afin de créer, directement ou indirectement, les conditions
favorables au retour à la paix. Dans les deux cas, les opérations sont
presque toujours destinées à gérer des conflits d'ordre intraétatique.
Par ailleurs, la multifonctionnalité des opérations implique l'intervention
d'un nombre croissant d'acteurs, organisations internationales ou non
gouvernementales (ONG) qui, chacune dans leur domaine, prennent en
charge l'un des volets du mandat élargi.
Le fondement juridique des nouvelles opérations n'est, quant à lui, guère
plus affirmé que pour les opérations de la guerre froide. Dans nombre de
cas, à la logique consensuelle du peacekeeping traditionnel, la nouvelle
génération juxtapose - ou substitue, selon les situations — un volet coerci-
tif relevant du chapitre VII de la Charte5. Parallèlement, la volonté occi
dentale, et en l'occurrence française, de faire admettre l'idée d'un « droit
d'assistance humanitaire » - à défaut d'un droit

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