Le désarmement après le traité de Versailles - article ; n°1 ; vol.32, pg 87-112
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Le désarmement après le traité de Versailles - article ; n°1 ; vol.32, pg 87-112

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Description

Politique étrangère - Année 1967 - Volume 32 - Numéro 1 - Pages 87-112
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 243
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Genevey
Le désarmement après le traité de Versailles
In: Politique étrangère N°1 - 1967 - 32e année pp. 87-112.
Citer ce document / Cite this document :
Genevey Pierre. Le désarmement après le traité de Versailles. In: Politique étrangère N°1 - 1967 - 32e année pp. 87-112.
doi : 10.3406/polit.1967.2194
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1967_num_32_1_2194DÉSARMEMENT APRÈS LE TRAITÉ LE
DE VERSAILLES
Une étude récente sur le désarmement et le contrôle de l'All
emagne de 1919 à 1927 (1) appelle l'attention sur cet épisode
quelque peu oublié de l'entre-deux guerres, dont il n'est pas
inutile, avec un certain recul, de méditer les enseignements.
1. L'exécution du Traité et l'opposition au désarmement
(1919-1921).
Les circonstances sont connues. Dans l'esprit du Président
Wilson, le désarmement devait être, sous la garantie de la
Société des Nations, un des fondements de la paix. Sans doute
commençait-il par l'Allemagne : mais ce n'était là que le prélude
d'un désarmement général dont le principe était affirmé dans
l'article 8 du Pacte. En refusant la ratification du Traité, l'en
trée des Etats-Unis dans la Société des Nations et la garantie
promise à la France, le Congrès devait laisser aux Européens,
et en particulier à la France, la responsabilité de la conduite du
désarmement. Or, on sait à quel point les idées de Clemenceau
et de Foch différaient de celles de Wilson.
L'institution et le fonctionnement des organes de contrôle
ne pouvaient qu'envenimer des relations déjà tendues entre les
Alliés victorieux et une Allemagne qui ne se sentait pas vaincue.
« La guerre n'est pas finie » disait Foch au général Nollet en
lui confiant la direction de la commission interalliée de contrô-
(1) Michael Salewski : Entwaffnung und Militârkontrolle in Deutschland 1919-
1927 (Oldenbourg - Miinchen - 1966), publié sous l'égide de la Société allemande
de politique étrangère. La documentation de cet ouvrage a été largement utilisée
dans la présente étude. 88 GENEVE Y
le ; et le général von Cramon, chef de la mission de liaison
allemande, mission qui allait devenir l'instrument de l'« anti
contrôle », estimait, lui aussi, que la guerre n'était pas finie.
De fait, si les hostilités étaient arrêtées, une petite guerre allait
naître. Les contestations surgirent aussitôt sur la durée du
contrôle, sur son mode d'exécution, sur les moindres détails de
procédure ou de protocole.
Dès le début, le désarmement se présenta sous le double
aspect des effectifs et du matériel.
La réduction massive des effectifs de l'Armée de terre à partir
de l'armée mobilisée devait aboutir au bout de trois mois à une
armée de 200.000 hommes et en définitive, le 31 mars 1920,
à une armée de 100.000 hommes, uniquement constituée de
volontaires, la conscription étant abolie. Les effectifs de la
police, sans être numériquement fixés par le Traité, étaient
limités par référence à ceux de l'année 1913.
Cependant la situation troublée de l'Allemagne, l'insécurité
qui régnait à ses frontières de l'Est, et, ajoutons-le, l'empreinte
laissée par quatre années de guerre sur la génération des comb
attants avaient fait proliférer des unités paramilitaires de choc
ou de police. Que l'on se reporte par la pensée à ces années
troubles : le désarroi de l'opinion, la faiblesse du IIe Reich, les
difficultés économiques portaient déjà en soi tous les germes de
l'hitlérisme. Ce n'était pas seulement la Reichswehr qu'il s'agis
sait de démobiliser, mais aussi ces ligues, ces sections de pro
tection, ces gardes civiques, ces corps francs dont les uns étaient
plutôt gênants pour le gouvernement allemand, mais dont les
autres lui étaient fort utiles pour maintenir l'ordre et asseoir
son autorité contestée. Aussi, à peine le Traité de Versailles
était-il signé que le gouvernement allemand demandait la révi
sion des clauses relatives aux effectifs. En même temps, une
action clandestine s'efforçait de tourner ces mêmes clauses, que
ce fût sous l'impulsion discrète de la direction de la nouvelle
Reichswehr, ou à l'initiative d'éléments isolés de l'armée, agis
sant de concert avec les corps francs et les ligues. Le gouver
nement légal désavouait cette action ; peut-on dire qu'il la DESARMEMENT 89
réprouvait ? Les organisations illégales se dressaient bien en
quelque sorte contre lui, et c'est au détriment de son autorité
qu'elles gagnaient de l'influence en symbolisant l'esprit de ré
sistance en face de la position officielle, celle de l'exécution du
Traité. Mais leur action venait appuyer du gouvernement
dans le sens d'une atténuation des conditions de Versailles. De
ces organisations, celles qui trouvaient le plus de faveur auprès
des dirigeants du IIe Reich étaient les formations de gardes
civiques, sortes d'auxiliaires de police où se fondaient des grou
pes d'auto-protection, de combattants du front, et que les autor
ités régionales avaient organisées pour assurer l'ordre public.
Leur maintien en sus des effectifs autorisés pour la Reichswehr
et pour la police fut refusé par la commission de contrôle.
Selon le Traité de Versailles, la réduction des armements
devait se dérouler parallèlement à la des forces,
pour aboutir le 31 mars 1920 à un niveau final correspondant
aux forces armées autorisées à cette date. Les excédents
devaient être livrés aux Alliés ou détruits. On sait comment la
flotte livrée à Scapa-Flow fut sabordée.La livraison et la des
truction des armements terrestres et aériens ne se prêtaient pas
à semblable coup de théâtre. Les difficultés allaient venir du
désarmement industriel qui devait maintenir les armements de
la nouvelle Reichswehr dans les limites autorisées.
D'un côté, le désarmement exigeait le démantèlement des
usines de guerre ; mais, de l'autre, toute atteinte au potentiel
économique de l'Allemagne, demeuré intact après la défaite,
réduisait d'autant la capacité de production sur laquelle les
Alliés comptaient prélever les réparations en nature prévues
dans le Traité. Entre les usines d'armement et les autres, la
frontière est souvent imprécise. En Allemagne, comme chez tous
les belligérants, toute l'industrie avait été plus ou moins convert
ie à l'effort de guerre. Fallait-il donc étendre le démantèlement
à l'extrême limite, au risque d'aggraver un chômage déjà cri
tique, et de provoquer une crise économique et sociale ? C'est
aux couches laborieuses de la population qu'allaient se heurter
les agents du contrôle et ceux qui passaient pour leurs complices,
les organes de liaison allemands. En même temps, chez les 90 GENEVEY
Alliés, des divergences se faisaient jour entre la commission
des réparations et la commission de contrôle, la première ten
dant à freiner, la seconde à accélérer le désarmement de l'indust
rie. Ces conflits internes furent largement exploités par l'All
emagne. Finalement, le point de vue économique l'emporta ; ce
fut le bureau de liquidation des matériels de guerre, à Berlin,
section de la commission des réparations, qui reçut la responsab
ilité du désarmement industriel ; il fut aussi admis que la
« suppression » des moyens de production d'armes et de munit
ions, prévue à l'article 168 du Traité, ne s'étendrait qu'aux
moyens de fabrication non reconvertis aux fabrications paci
fiques.
Ce même article 168 faisait aux puissances alliées l'obligation
de désigner limitativement les établissements qui seraient auto
risés à fabriquer du matériel de guerre au profit de la Reichs-
wehr réduite. Il y eut à ce sujet d'interminables marchandages.
A la fin de 1920, on envisageait une liste de sept usines : en
1926, on devait en admettre trente-trois.
Force était aussi de corr

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