Le Parti socialiste et la politique étrangère - article ; n°2 ; vol.42, pg 199-212
15 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le Parti socialiste et la politique étrangère - article ; n°2 ; vol.42, pg 199-212

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
15 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1977 - Volume 42 - Numéro 2 - Pages 199-212
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 190
Langue Français

Extrait

Richard Gombin
Le Parti socialiste et la politique étrangère
In: Politique étrangère N°2 - 1977 - 42e année pp. 199-212.
Citer ce document / Cite this document :
Gombin Richard. Le Parti socialiste et la politique étrangère. In: Politique étrangère N°2 - 1977 - 42e année pp. 199-212.
doi : 10.3406/polit.1977.1684
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1977_num_42_2_1684LE PARTI SOCIALISTE
ET LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Le programme de 1972
par Richard GOMBIN (*)
Avec le programme de 1972 le Parti socialiste fait aboutir un pro
cessus d'intégration de la théorie marxiste commencé il y a près
de cent ans par Jules Guesde et Paul Lafargue.
En donnant la prééminence à l'analyse économique le P.S. met
fin à une situation où le socialisme, tout en se réclamant du sys
tème théorique de Marx et Engels, appliquait aux relations interna
tionales une analyse purement politique et faisait du sentiment
patriotique le critère décisif en matière de sécurité et de défense
nationale.
Le réajustement de la politique étrangère socialiste correspond
à la rationalité du marxisme qui voit dans la politique une super
structure issue des rapports économiques. Cette cohérence doctri
nale est parfaitement illustrée par le Manifeste Communiste, expres
sion la plus achevée du système théorico-pratique marxiste.
Le Manifeste Communiste repose sur une conception de la société
et de l'histoire dont Marx et Engels avaient posé les fondements
théoriques entre 1844 et 1847. Elle est matérialiste en ce sens qu'elle
considère les idées des hommes comme étant le reflet du milieu mat
ériel, l'ensemble de ces idées ou idéologie évoluant en fonction de
la succession des modes de production.
(*) Chargé de recherche au C.N.R.S. 200 RICHARD GOMBIN
Cette conception matérialiste de l'histoire n'avait jamais été expl
icitement admise au niveau théorique, mais ses implications polit
iques furent incorporées telles quelles aux programmes socialistes
et aux textes officiels. De ce fait, en France le marxisme était bien
intégré comme idéologie politique mais encore imparfaitement
comme analyse économique.
La raison en est simple : le socialisme français depuis ses origines
a été un idéalisme, une conception morale née de l'observation
précoce des conséquences de la suppression des institutions (corpo
rations, coutumes et usages locaux) qui sous l'Ancien Régime pro
tégeaient le travailleur contre les aléas des lois économiques. La
libre concurrence sur le marché du travail et de l'échange aboutiss
ait à une iniquité et la critique fouriériste et saint-simonienne décrit
et dénonce les maux de l'âge industriel qui pèsent sur la « classe la
plus pauvre ». Les modèles alternatifs d'organisation sociétaire que
les premiers socialistes avaient élaborés, dans la mesure où ils sup
posaient résolue la question de la rareté économique, furent consi
dérés comme utopiques.
Marx reprend la partie critique des socialistes français mais
substitue à leurs modèles une organisation sociale qu'il entend
fonder sur un système de lois de l'histoire.
Ce qui explique que le Manifeste se présente à la fois comme un
programme politique et comme un exposé des bases théoriques de
la praxis communiste à partir d'une analyse économique de la
société dans l'histoire. Marx y affirme :
— que toute société depuis les débuts de l'humanité est divisée
en classes ;
— que cette division produit un antagonisme entre les classes qui
s'exprime par une lutte permanente. L'objectif de cette lutte des
classes est, pour les uns de conserver le pouvoir politique, pour les
autres de s'en emparer ;
— qu'au sein de la société moderne, caractérisée par le mode
capitaliste de production, la classe de ceux qui vivent du revenu de
leur travail (l'ensemble des salariés que Marx qualifie de prolétariat
à cause de leur pauvreté) s'oppose à la classe des individus vivant du
revenu de leur capital (les capitalistes ou bourgeois) ; PARTI SOCIALISTE 201
— qu'il appartient à ceux qui possèdent l'intelligence du mou
vement historique de former le Parti communiste. Celui-ci doit
réaliser la révolution sociale en se rendant maître du pouvoir poli
tique ;
— que la révolution sociale n'est effective qu'avec la suppress
ion des causes juridiques et économiques de la division en classes
antagonistes.
L'abolition de la propriété privée se fait en deux étapes : la
modification du système juridique fondé sur l'appropriation indi
viduelle, la récupération du capital privé des mains de la bourg
eoisie (1).
Marx souligne que la réalisation de ce programme exigera une
période de dictature, tant lui paraît improbable que la bourgeoisie
se laisse déposséder sans coup férir (2).
Ainsi, dans la cohérence marxiste, le déterminisme économique
appelle l'action politique, ce « coup de pouce » qui fera basculer la
société capitaliste dans le communisme.
Voyons de plus près la conception de la politique telle qu'elle
figure dans le Manifeste. Du côté de la bourgeoisie le pouvoir poli
tique est utilisé pour défendre le principe de la propriété privée ; du
côté du prolétariat et de ses représentants il est un moyen pour
atteindre l'objectif : la suppression de la propriété privée.
Entre analyse économique et action politique il y a une déter
mination théorique. La première constate que des crises économiq
ues affaiblissent la société capitaliste, que la contradiction entre
mode individuel d'appropriation et mode collectif de production
(1) Karl Marx, Friedrich Engels, Le manifeste du Parti communiste. La pre
mière édition date de janvier 1848. Les références renvoient au texte français paru
dans la collection 10/18. « Le prolétariat se servira de la suprématie politique
pour arracher petit à petit tout le capital à la bourgeoisie » (p. 44).
(2) Sur ce point, Marx n'a pas varié : dans le Manifeste, il parle de prolétariat
organisé en classe dominante devant se livrer à une « violation despotique du droit
de propriété et du régime bourgeois de production » (pp. 44-45) ; il le confirme dans
une lettre à Weydemeyer du 5 mars 1852 et écrit encore en 1875 que l'Etat
de transition « ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prol
étariat ». Gloses marginales au programme du parti ouvrier allemand, Xsouligné
dans le texte). RICHARD GOMBIN 202
entrent en conflit, et en déduit qu'un réajustement juridique et poli
tique doit être effectué qui appartient au domaine politique.
Dans le système marxiste, par conséquent, l'analyse économique
ne détermine que le but : la prise du pouvoir politique qui seule
permet la réalisation de la révolution complète. Mais en aucune
façon elle ne fixe les moyens pour y parvenir. A l'intérieur de l'aire
du politique le marxisme est une idéologie du pouvoir qui s'incarne
dans des stratégies et des tactiques variables avec les circonstances
historiques.
C'est à ce niveau, au niveau d'une idéologie du pouvoir que se
fait la rencontre historique entre marxisme et socialisme français.
L'analyse politique des socialistes français avait toujours été empir
ique. Ni Fourier ni Saint-Simon ne laissaient d'idéologie politique
et les socialistes ultérieurs ne furent guère des théoriciens, sauf
Proudhon qui voulait éliminer le pouvoir politique sans utiliser les
moyens de la politique.
La République parlementaire ayant permis à la propagande so
cialiste de se faire connaître, il est vite apparu que le socialisme
pouvait devenir une force politique. Mais une conception cohérente
de la politique faisait défaut : l'opposition entre les chapelles portait
sur des questions de tactique et d'opportunité.
La controverse entre Jaurès et Guesde par exemple ne fut pas
d'ordre idéologique mais concernait la stratégie politique (3). L'in
transigeance de Guesde en matière d'action n'avait rien
d'orthodoxe et découlait de la conception schématique qu'il avait
du marxisme.
Par cont

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents