Les flux migratoires dans le bassin méditerranéen - article ; n°3 ; vol.59, pg 689-705
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Politique étrangère - Année 1994 - Volume 59 - Numéro 3 - Pages 689-705
Migratory Flows in the Mediterranean Basin, by Michel Poulain
The Mediterranean Basin bas always known major movements of population. During the last few decades, large-scale South-Nortb migration bas developed. This migration towards Western Europe bas taken various forms, from labour force migration, in a first phase, to family reunification, and more recently, asylum requests and irregular immigration. These migratory flows must be understood within the context of a severe imbalance — demographie and economie — between the Southern and Northern banks of the Mediterranean. Europe and especially the European Union is directly confronted by this persistent migratory pressure coming from the other Mediterranean countries. Its future can only be conceived of througb neiv and innovative forms of cooperation with its Mediterranean partners.
Le bassin méditerranéen a, de tous temps, connu d'importants flux migratoires. Au cours des dernières décennies, une large migration s'est développée du Sud au Nord, à destination de l'Europe occidentale, qui a revêtu des formes diverses : migration de main-d'œuvre, tout d'abord, réunification familiale, ensuite, demande d'asile ou entrée clandestine, plus récemment. Ces courants migratoires doivent se comprendre au sein d'un profond déséquilibre d'ordre « démo-économique » entre les rives méridionales et septentrionales de la Méditerranée. L'Europe, et plus particulièrement l'Union européenne, est confrontée en première ligne à cette pression migratoire persistante en provenance des autres pays de la Méditerranée. Son avenir ne peut se concevoir qu'en mettant en œuvre des formes de coopération nouvelle et innovatrice avec ses partenaires méditerranéens.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 125
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Poulain
Les flux migratoires dans le bassin méditerranéen
In: Politique étrangère N°3 - 1994 - 59e année pp. 689-705.
Abstract
Migratory Flows in the Mediterranean Basin, by Michel Poulain
The Mediterranean Basin bas always known major movements of population. During the last few decades, large-scale South-
Nortb migration bas developed. This migration towards Western Europe bas taken various forms, from labour force migration, in
a first phase, to family reunification, and more recently, asylum requests and irregular immigration. These migratory flows must
be understood within the context of a severe imbalance — demographie and economie — between the Southern and Northern
banks of the Mediterranean. Europe and especially the European Union is directly confronted by this persistent migratory
pressure coming from the other Mediterranean countries. Its future can only be conceived of througb neiv and innovative forms of
cooperation with its Mediterranean partners.
Résumé
Le bassin méditerranéen a, de tous temps, connu d'importants flux migratoires. Au cours des dernières décennies, une large
migration s'est développée du Sud au Nord, à destination de l'Europe occidentale, qui a revêtu des formes diverses : migration
de main-d'œuvre, tout d'abord, réunification familiale, ensuite, demande d'asile ou entrée clandestine, plus récemment. Ces
courants migratoires doivent se comprendre au sein d'un profond déséquilibre d'ordre « démo-économique » entre les rives
méridionales et septentrionales de la Méditerranée. L'Europe, et plus particulièrement l'Union européenne, est confrontée en
première ligne à cette pression migratoire persistante en provenance des autres pays de la Méditerranée. Son avenir ne peut se
concevoir qu'en mettant en œuvre des formes de coopération nouvelle et innovatrice avec ses partenaires méditerranéens.
Citer ce document / Cite this document :
Poulain. Les flux migratoires dans le bassin méditerranéen. In: Politique étrangère N°3 - 1994 - 59e année pp. 689-705.
doi : 10.3406/polit.1994.4305
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1994_num_59_3_4305POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 689
t.- ^ . ™... a.*.* Les flux migratoires Michel POULAIN . ...
dans le bassin méditerranéen
Le bassin méditerranéen fait l'objet d'un déséquilibre d'ordre démo
économique majeur qui se manifeste par l'importance des flux migrat
oires du Sud vers le Nord. Après avoir dressé un bref historique de la
situation et analysé les maigres statistiques dont nous disposons, nous recher
cherons les causes de ces mouvements migratoires avant de proposer quelques
pistes de réflexion quant à l'avenir de ces migrations méditerranéennes. Le
tableau 2 présente les valeurs d'un ensemble d'indicateurs démoéconomiques
pour tous les pays concernés, et ce, sur la base des plus récentes données de
la Banque mondiale.
Bref historique de l'évolution récente des flux migratoires
des populations du bassin méditerranéen
Dès après la Première Guerre mondiale, apparaissent des courants migratoires
non négligeables au départ du Maghreb, principalement à destination des pays
industrialisés de l'Europe du Nord-Ouest. Jusqu'à la crise économique des
années 30, les Maghrébins se mêleront aux Polonais et aux Européens du Sud
pour contribuer à l'effort de reconstruction dans les pays ayant souffert de la
Grande Guerre. A la suite de la Seconde Guerre mondiale, les mêmes flux
migratoires reprendront avec une intensité supérieure, de 1945 à 1960. Il s'agit
le plus souvent d'une migration organisée et officielle de travailleurs, considér
ée par tous comme temporaire. Parmi ces flux, les Italiens et les Espagnols
étaient majoritaires aux côtés des Grecs, Yougoslaves et Portugais.
Les années 60 constituent un tournant important dans le développement des
flux migratoires en provenance du Sud. La construction du Marché commun
et l'essor économique qui suivit réclamaient davantage de travailleurs alors
que les Italiens, tout d'abord, les Espagnols ensuite, ressentaient moins le
besoin d'émigrer. Aussi, le champ d'attraction migratoire des pays du Nord-
Ouest, qualifiés de pays traditionnels d'immigration, s'est-il renforcé au-delà
des frontières de l'Europe et, plus particulièrement, en Turquie et au Maroc.
Par ailleurs, la France garde pendant la même époque un lien particulier avec
l'Algérie, qui se traduira par une forte immigration des colons et des harkis,
entre autres, dans la foulée de l'indépendance algérienne, en 1962. Dans
l'ensemble, les mouvements d'émigration en provenance du Sud allaient
atteindre des chiffres record de 1960 à 1973.
* Fonds national de la recherche scientifique, professeur à l'Institut de démographie à l'université
catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve (Belgique).
** Ce texte a été rédigé en novembre 1992. 1 POLITIQUE ÉTRANGÈRE 690
La crise énergétique de 1973 va bouleverser les données du problème migrat
oire en Europe occidentale et influer profondément sur l'intensité, la nature,
le contenu et la destination des flux en provenance du Sud. Jusque-là,
l'importation de main-d'œuvre étrangère répondait au besoin de combler un
déficit permanent de force de travail créé par une croissance économique
globalement continue et très soutenue. En portant un coup sérieux à cette
croissance, la crise allait remettre en question les politiques libérales d'immig
ration suivies par les pays traditionnels d'immigration que sont l'Allemagne,
les Pays-Bas, la Belgique, la France et, sous une forme légèrement différente,
le Royaume-Uni. Cette remise en cause se traduisait par la cessation quasi
totale du recrutement de travailleurs étrangers et l'instauration de régimes
restrictifs d'immigration. Non seulement les pays européens importateurs de
main-d'œuvre ont décidé, presque en même temps, d'arrêter tout recrutement
de travailleurs étrangers, mais certains d'entre eux, notamment la France et
l'Allemagne, ont pris aussi des mesures diverses, de nature à encourager les
immigrés à retourner dans leur pays d'origine. Dans les faits, des systèmes de
contrôle sévère ont été mis en place progressivement aux frontières des pays
européens, doublés de l'institution de visas d'entrée. Toutefois, pour des
raisons d'ordre moral et humanitaire (droit des immigrés à mener une vie
normale), mais également pour des considérations d'ordre démographique
(tenter de corriger la fécondité européenne partout déclinante), les autorités
des pays d'accueil ont été amenées à adopter des politiques de regroupement
familial en permettant à l'immigré de faire venir son conjoint et ses enfants.
En fait, ces décisions sont le trait marquant de la transition entre une
immigration temporaire d'une force de travail et une immigration permanente
et de peuplement. Durant cette période, on découvre l'importance du pro
blème de l'intégration, selon la perception des uns, ou de l'assimilation, selon
celle des autres. C'est dans ce contexte que ressort la difficulté liée à la
seconde génération née le pays d'accueil, génération qui risque de n'être
rattachée ni au pays d'origine des migrants ni à leur pays d'accueil.
Les flux de départs en provenance du Sud vers les pays industriels tradition
nels d'immigration ont donc profondément changé de caractère à partir du
milieu de la décennie 70. Auparavant, ils étaient surtout constitués a hommes
âgés de 20 à 35 ans, pour la plupart célibataires ou jeunes mariés, qui
s'expatriaient seuls pour aller louer temporairement, ailleurs, la force de leurs
bras et ce, afin de subvenir à leur existence et à celle de leurs familles restées
au pays. Il s'agit désormais principalement d'épouses, d'enfants, voire de
parents allant rejoindre les chefs de famille déjà installés dans les pays
d'accueil. Plus jeune et plus féminisée, cette nouvelle émigration est par
conséquent surtout composée d'inactifs. A priori, ceci ne devrait pas poser de
problème d'emploi dans le pays d'accueil. De plus, ces regroupements fami
liaux, en sédentarisant les populations immigr

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