Les interventions des Etats-Unis en Amérique centrale (1885-1980) : le poids du passé - article ; n°2 ; vol.47, pg 297-308
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Les interventions des Etats-Unis en Amérique centrale (1885-1980) : le poids du passé - article ; n°2 ; vol.47, pg 297-308

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Politique étrangère - Année 1982 - Volume 47 - Numéro 2 - Pages 297-308
United States Intervention in Central America: The Weight of the Past, by Marie-Christine Granjon
This article gives a retrospective summary of relations between the Central American republics and the United States. For a long time these were dominated by U.S. control of the Panama canal Zone. They were also characterized by a tradition of direct political and military intervention by Washington in the internal affairs of these fragile, corrupt and oligarchic states.
Les interventions des Etats-Unis en Amérique centrale: le poids du passé, par Marie-Christine Granjon
Cet article se présente comme une courte synthèse rétrospective des relations entre les républiques centro-américaines et les Etats-Unis, dominées longtemps par le problème-clef du contrôle américain sur la Zone du canal de Panama, mais marquées également par une tradition d'intervention directe - et militaire - du gouvernement de Washington dans les affaires intérieures de ces Etats fragiles, corrompus et oligarchiques.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marie-Christine Granjon
Les interventions des Etats-Unis en Amérique centrale (1885-
1980) : le poids du passé
In: Politique étrangère N°2 - 1982 - 47e année pp. 297-308.
Abstract
United States Intervention in Central America: The Weight of the Past, by Marie-Christine Granjon
This article gives a retrospective summary of relations between the Central American republics and the United States. For a long
time these were dominated by U.S. control of the Panama canal Zone. They were also characterized by a tradition of direct
political and military intervention by Washington in the internal affairs of these fragile, corrupt and oligarchic states.
Résumé
Les interventions des Etats-Unis en Amérique centrale: le poids du passé, par Marie-Christine Granjon
Cet article se présente comme une courte synthèse rétrospective des relations entre les "républiques" centro-américaines et les
Etats-Unis, dominées longtemps par le problème-clef du contrôle américain sur la Zone du canal de Panama, mais marquées
également par une tradition d'intervention directe - et militaire - du gouvernement de Washington dans les affaires intérieures de
ces Etats fragiles, corrompus et oligarchiques.
Citer ce document / Cite this document :
Granjon Marie-Christine. Les interventions des Etats-Unis en Amérique centrale (1885-1980) : le poids du passé. In: Politique
étrangère N°2 - 1982 - 47e année pp. 297-308.
doi : 10.3406/polit.1982.3129
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1982_num_47_2_3129POLITIQUE ÉTRANGÈRE / 297
LES INTERVENTIONS
DES ÉTATS-UNIS Marie-Christine
GRANJON * EN AMÉRIQUE CENTRALE
(1895-1980) : LE POIDS DU PASSÉ
Depuis le tournant du siècle jusqu'à nos jours, la mise en
cause de l'« impérialisme yankee » a constitué l'une des
cibles favorites des nationalistes et des révolutionnaires
latino-américains. Aux Etats-Unis également, des voix n'ont cessé
de s'élever pour condamner la politique expansionniste américaine,
dont l'Amérique centrale et la région des Caraïbes ont été parmi
les premières à sentir les effets. Pour Raymond Aron, la raison
d'être de cette « politique de grande puissance (...) impérialiste
au sens banal du terme » a répondu à des impératifs stratégiques
beaucoup plus qu'à des intérêts économiques : « En Amérique
centrale et dans la zone des Caraïbes, l' anticommunisme a command
é, avant toute autre considération, la conduite des responsables
(américains) » [1].
Sans entrer ici dans la querelle sur la nature essentiellement éco
nomique (pour les marxistes) ou fondamentalement stratégique de
l'impérialisme américain, force est de constater que celui-ci s'est
manifesté bien avant que le danger communiste ne se concrétise.
La République impériale (Raymond Aron) a commencé à s'affi
rmer comme telle au XIXe siècle en s 'opposant aux visées colo
nialistes des puissances européennes. L'interventionnisme du gou
vernement américain dans les Caraïbes et en Amérique centrale
participe donc d'une vieille tradition, dont la mainmise sur la zone
du canal de Panama, en 1903, constitue l'un des symboles privi
légiés, le plus durable et le plus difficile à effacer. Quelle a été cette
tradition et comment les derniers présidents américains (de Kennedy
à Reagan) ont-ils essayé de la prolonger, de la rénover ou de la
faire oublier ?
* Attachée de recherches au Centre d'études et de recherches internationales (CERI)
de la Fondation nationale des sciences politiques. 298 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
De la doctrine de Monroe au corollaire de Roosevelt
Le 2 décembre 1823, le président Monroe fixait les grandes lignes
de la doctrine qui allait porter son nom : les Etats-Unis s'enga
geaient à ne pas intervenir en Europe si les nations européennes
cessaient d'imposer au Nouveau Monde leur système politique et
d'y acquérir des colonies. L'idée que l'Amérique appartenait aux
Américains et que les Etats-Unis étaient les principaux garants
de l'indépendance des deux continents ne sera mise en application
que lorsque les Etats-Unis disposeront des moyens (politiques,
militaires, économiques) pour la faire appliquer.
En 1898, alors que des patriotes cubains mènent une guerre d'ind
épendance contre l'Espagne, le président McKinley envoie des trou
pes soutenir les insurgés. Vaincus, les Espagnols abandonnent le
terrain aux Américains qui occupent militairement l'île jusqu'en
1902. En 1901, Cuba devient une république indépendante en théo
rie : l'amendement Platt, inclus dans la nouvelle constitution cubai
ne, donne aux Américains le droit d'intervenir pour garantir l'ind
épendance et la paix sociale dans l'île.
En 1903, le président Theodore Roosevelt franchit une nouvelle
étape dans la politique du « gros bâton » (big stick) qu'il n'a cessée
de préconiser. Il envoie des navires de guerre à Panama pour sou
tenir une révolte nationaliste dirigée contre la Colombie, dont
l'isthme dépend alors. L'intervention des marines empêche les
troupes colombiennes d'écraser les rebelles, qui proclament alors
l'indépendance de Panama. Aussitôt après, le 18 novembre 1903,
les nouveaux dirigeants panaméens sont contraints d'accepter un
traité humiliant : les Etats-Unis se réservent d'exercer « à perpét
uité (...) tous les droits, le pouvoir et l'autorité » dans une zone
large de 16 kilomètres environ, « comme s'ils étaient souverains »
dans cette zone où un canal inter-océanique doit être percé.
Devant les protestations du gouvernement de Panama, Roosevelt
dépêche en 1904 son ministre de la guerre, William H. Taft, pour
aplanir les différends entre les deux pays. Celui-ci écrit à Roosev
elt qu'il faut concéder aux Panaméens une « souveraineté titu
laire » sur la Zone du Canal pour ne pas les froisser inutilement.
Les Etats-Unis possèdent en effet « tous les attributs nécessaires
de la souveraineté », la totalité des pouvoirs de police et de jus
tice ainsi que le contrôle des deux ports aux extrémités du futur
canal, précise-t-il [2]. Les Etats-Unis s'assurèrent bientôt le contrôle
des tarifs postaux, du commerce des marchandises, des services de
l'urbanisme et de l'immigration, de la monnaie et, enfin, de la poli
tique extérieure de Panama. Il ne manquait plus à Roosevelt que
de justifier cet expansionnisme américain, contraire aux principes
de la doctrine de Monroe (non-intervention, droit des peuples à AMÉRIQUE CENTRALE / 299
disposer d'eux-mêmes). Ce qu'il fit en décembre 1904, par deux
phrases qui resteront célèbres sous le nom de « corollaire de Roosev
elt » : « L' injustice chronique ou V impuissance qui provient d'un
relâchement général des liens de la société civilisée peuvent, en
Amérique comme ailleurs, justifier en dernier ressort l'interven
tion d'une nation civilisée. Et, dans l'hémisphère occidental, l'adhé
sion des Etats-Unis à la doctrine de Monroe les oblige, à leur corps
défendant , à exercer des pouvoirs de police internationale dans
des cas flagrants d'injustice ou d'impuissance » [3]. Peu de temps
après, les Etats-Unis prennent en main l'administration de la dette
et la gestion des finances de Saint-Domingue. En 1906, Roosevelt
réexpédie des troupes à Cuba où elles resteront jusqu'en 1909 pour
y maintenir en place un régime conservateur menacé par une révolte
libérale.
Mais Roosevelt, dont le nom restera associé à la politique du « gros
bâton », n'a pas été le seul instigateur de cette ni son
artisan le plus zélé. Son successeur W. H. Taft prétendra substituer
la « diplomatie du dollar » à celle de la canonnière. A peine entré
en fonction, en 1909, il envoie des troupes au Nicaragua pour sou
tenir une insurrection conduite par des conservateurs pro-américains.
A deux reprises, les marines restaureront l'ordre menacé par des
partisans nationalistes. Les Etats-Unis s'assureront le contrôle des
douanes et des finances de ce pays et continueront de l'occuper
militairement jusqu'en 1925.
Idéalisme et « Realpolitik »

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