Les miroirs troublants de la «soviétologie» spontanée - article ; n°18 ; vol.5, pg 56-76
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Politix - Année 1992 - Volume 5 - Numéro 18 - Pages 56-76
The troubling mirrors of spontaneous «sovietology».
Erik Neveu. [56-76].
Read by a very popular public, French spy novels of the 1960's and 1970's offer, whilst they described the not uneventful encounters between secret services, numerous elements for the representation of the Soviet System. This literature uses the «reactionnary rhetoric» emphasized by Hirschman and insists on the imposture of a revolution which has brought on a dictatorial, unegalitarian and inefficient system. The continuity with the tsarist regime are also repeatedly suggested. Even if with its simplistic approach and unfinished forms, this spontaneous «sovietology» can still be put in relation with the academic discourses on the USSR. The links between the two have to do with the complex process of popularization of social sciences, and with some of the particularities of the field and of the discourses of «sovietology». These paradoxical links suggest perhaps — against the enchanted visions of the scientific work — the power of automatisms of the mind and routinized patterns even in academic works.
Les miroirs troublants de la «soviétologie» spontanée.
Erik Neveu. [56-76].
Lue par un public très populaire, la littérature d'espionnage française des années soixante et soixante-dix offre sous couvert d'évocation des chocs entre services secrets de multiples éléments de représentation du système soviétique. Empruntant à la «rhétorique réactionnaire» mise en évidence par Hirschman, elle insiste sur l'imposture d'une révolution qui aboutit à un système inefficace, dictatorial et inégalitaire. Les continuités avec le régime tsariste font également l'objet de suggestions répétées. Malgré son simplisme et ses formes peu achevées, cette «soviétologie» spontanée n'interdit cependant pas toute mise en relation avec les discours savants sur l'URSS. Ces liens renvoient aux processus complexes de vulgarisation des sciences sociales, ainsi qu'à certaines particularités du champ et des discours de la «soviétologie». Ces rapprochements paradoxaux peuvent suggérer, contre des visions enchantées du travail scientifique, la force d'automatismes de pensée et de schèmes routinisés jusque dans les travaux savants.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 72
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Erik Neveu
Les miroirs troublants de la «soviétologie» spontanée
In: Politix. Vol. 5, N°18. Deuxième trimestre 1992. pp. 56-76.
Abstract
The troubling mirrors of spontaneous «sovietology».
Erik Neveu. [56-76].
Read by a very popular public, French spy novels of the 1960's and 1970's offer, whilst they described the not uneventful
encounters between secret services, numerous elements for the representation of the Soviet System. This literature uses the
«reactionnary rhetoric» emphasized by Hirschman and insists on the imposture of a revolution which has brought on a dictatorial,
unegalitarian and inefficient system. The continuity with the tsarist regime are also repeatedly suggested. Even if with its
simplistic approach and unfinished forms, this spontaneous «sovietology» can still be put in relation with the academic discourses
on the USSR. The links between the two have to do with the complex process of popularization of social sciences, and with some
of the particularities of the field and of the discourses of «sovietology». These paradoxical links suggest perhaps — against the
enchanted visions of the scientific work — the power of automatisms of the mind and routinized patterns even in academic works.
Résumé
Les miroirs troublants de la «soviétologie» spontanée.
Erik Neveu. [56-76].
Lue par un public très populaire, la littérature d'espionnage française des années soixante et soixante-dix offre sous couvert
d'évocation des chocs entre services secrets de multiples éléments de représentation du système soviétique. Empruntant à la
«rhétorique réactionnaire» mise en évidence par Hirschman, elle insiste sur l'imposture d'une révolution qui aboutit à un système
inefficace, dictatorial et inégalitaire. Les continuités avec le régime tsariste font également l'objet de suggestions répétées.
Malgré son simplisme et ses formes peu achevées, cette «soviétologie» spontanée n'interdit cependant pas toute mise en
relation avec les discours savants sur l'URSS. Ces liens renvoient aux processus complexes de vulgarisation des sciences
sociales, ainsi qu'à certaines particularités du champ et des discours de la «soviétologie». Ces rapprochements paradoxaux
peuvent suggérer, contre des visions enchantées du travail scientifique, la force d'automatismes de pensée et de schèmes
routinisés jusque dans les travaux savants.
Citer ce document / Cite this document :
Neveu Erik. Les miroirs troublants de la «soviétologie» spontanée. In: Politix. Vol. 5, N°18. Deuxième trimestre 1992. pp. 56-76.
doi : 10.3406/polix.1992.1508
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1992_num_5_18_1508Les miroirs troublants
de la «soviétologie» spontanée
Erik Neveu
Centre de recherches administratives et politiques
Université Rennes I
L
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1. L'usage des termes -soviétologues» ou -soviétologue» comporte le gros inconvénient de
présenter comme un collectif homogène des chercheurs dont les démarches et travaux
gagneraient à s'analyser en termes de champ ou de construction sociale d'une expertise (sur ces
questions voir Gillet (S.) , -Soviétologues-, 'soviétologie- et expertise, mémoire pour le DEA de
science politique, Université Paris I, 1990). Pour des raisons — explicitées plus loin — liées au
problème de la vulgarisation, cet article renvoie principalement aux soviétologues les plus
présents à travers les médias ou des publications (livres de poche, best sellers') capables de
toucher le public cultivé. Il ne nous a pas échappé que ce groupe lui-même n'était pas homogène
en termes de démarches disciplinaires, de rapport au -matériel» empirique, de trajectoires
menant au statut de soviétologue.
56 Politix, n°18, 1992, pages 56 à 76 «soviétologie- spontanée La
Mais, même les agents sociaux les plus démunis au regard de la culture
savante, disposent de représentations et de repères sur le monde soviétique. Il
serait hors de propos de recenser l'ensemble des sources qui par bribes et
éclats agglutinent autour de l'URSS tout un univers de sens. Les médias
d'information en constituent une matrice essentielle. Interviennent également
un sens commun jamais en panne de généralités en matière de psychologie
des peuples et de stéréotypes nationaux, des discours politiques, que ceux-ci
dénoncent l'«Empire du mal» ou chantent la «Patrie des travailleurs». La
contribution du système scolaire à travers les programmes d'histoire, de
civilisation ou l'apprentissage des langues1 mériterait aussi l'attention. Des
biens culturels très divers structurent encore les représentations du monde
russe et soviétique : œuvres ou témoignages littéraires traduits, récits de
voyages, jeux2, films, chansons, bandes dessinées, timbres3, etc. Au final existe
tout un kaléidoscope de représentations où se chevauchent les clichés d'une
troïka glissant sur la neige, les images d'une parade sur la Place Rouge, les
résonances du mot Goulag, ici la légende familiale du mauvais coup des
emprunts russes et là la fréquentation mythique d'un aristocrate russe blanc
devenu chauffeur de taxi dans son exil. Ces superpositions instables
n'attendent que le levain d'une quelconque rationalisation, rigoureuse ou
mythique, weberienne ou freudienne pour s'épanouir en vision organisée du
monde soviétique.
Eclats d'Empire
La contribution des écrivains français à cette reconstruction de la société russe
et soviétique n'est pas mince. Elle part de Custine, passe par Michel Strogqfß,
mène aux nombreux «retours d'URSS» rédigés dans l'entre-deux guerres par
des écrivains célèbres (Gide, Barbusse, etc.). La littérature d'espionnage a
représenté un vecteur important des regards récents sur le monde soviétique.
Consacré par nature à l'évocation des affrontements entre Est et Ouest, le
roman d'espionnage s'assigne pour objet l'Etat soviétique, ses stratégies
planétaires, ses relais et partenaires, son fonctionnement interne. Tel le
bourgeois gentilhomme qui pratiquait la prose sans le savoir, les romanciers
se font soviétologues sans le revendiquer. Comparaison sacrilège, puisque la
maîtrise de la langue semble une compétence à peu près universelle, tandis
que celle d'un savoir lié aux sciences sociales présume une exigeante
spécialisation. Reconnaisson

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