Sous les Cendres du Mépris.
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Description

Note succincte sur Sous les cendres du mépris
En général,la société a besoin de la femme pour survivre et évoluer :or ce roman mettra en exergue ce rôle dans tous ses états.
Ce roman relate en effet les événements mouvementés d’une vie d’un couple confronté à des problèmes dus à l’extravagance de la femme..
Depuis son entrée dans la vie active,qui lui a permis d’ailleurs de s’accointer avec le patron de l’entreprise où travaillait également son mari, jusqu’à son intrusion dans la vie mondaine,où beaucoup d’intrigues,de manigances et de duplicités s’enchevêtrent ,les péripéties s’accélèrent à un rythme émouvant
pour nous faire pénétrer de plain-pied dans le fond de la salle d’audience où allait avoir lieu le jugement des amants diaboliques.
Dr Mohamed Sellam.

Informations

Publié par
Publié le 23 février 2012
Nombre de lectures 132
Langue Français

Extrait

                                                                                              Sous les Cendres  du Mépris.1 ## ωCHAPITRE PREMIERω LE RETOUR AU VILLAGE
Notre cher ami Afif. « Nous sommes revenus d’Italie,oû nous avions vécu et goûté les plaisirs d’un doux farniente,puisqu’il nous a été impossible de nous plier à la volonté d’un pa-tron. Les patrons en Italie sont trop exigeants,durs et toujours de mauvaise humeur. « L’argent et les plaisirs sont pour eux des dieux puissants qu’ils idolâtrent à ge-noux. « Or donc nous nous en étions presque contaminés.. « C’est ce qui a fait que nous n’avions jamais éprouvé le besoin de travailler.. « La besogne difficile nous rebutait.. ! « Voilà pourquoi nous avions enfin préféré reprendre le chemin du retour et réin-tégrer notre paisible village.. « Sache cependant que nous avons beaucoup de choses à te raconter sur notre bref mais délicieux séjour en Italie ; ; « De toi,de ta famille même,il n’y a plus de trace ici,dans notre cher village,oû tout a disparu avec toi.. « On nous a appris que tu t’étais marié et que tu as déjà une fille qui est la créa-ture la plus ravissante qui eût jamais été au monde.. « Ah !comme nous brûlons de la voir et déposer un baiser innocent sur son front mignon ! « Viens donc nous voir :nous sommes ici à t’attendre et nous ne partirons que lorsque tu seras là... A bientôt  Tes dévoués. Nazir et Wifekh »
                                                                                              Sous les Cendres  du Mépris.2 Afif lut et relut maintes fois cette étrange missive,dont il a presque oublié les au-teurs.Ce sont certes des amis d’enfance,désireux,dès leur retour dans le pays,de le revoir pour se rappeler ensemble les beaux jours innocents qu’ils avaient vécus en pleine campagne. Seize ans déjà écoulés et depuis toutes ces années,il ne les a jamais revus et dés lors comment allait-il les reconnaître ? Cherchant intensément dans les cendres de ses longs et pénibles souvenirs ,il a eu l’impression que ces enfants aux visages innocents et lucides commencèrent déjà à poindre à la surface de sa mémoire. Que de fois ils s’étaient livrés à des ébats joyeux,criant à tue-tête ,s’appelant et se bousculant même violemment dans les sables purs de la campagne !Que de fois encore s était-il querellé avec l’un d’eux,pour des motifs dont il ne se rappelait plus rien !Et combien de fois enfin il s’était blessé en tombant contre les galets acérés des chemins vicinaux,à force de courir après eux,pour les rattraper dans les jeux de colin-maillard... Tout cela pourtant,ce n’est plus que des souvenirs,des souvenirs enterrés dans les méandres de l’oubli,machine impitoyable qui écrase dans sa vitesse nos plus chers moments de la vie. Maintenant qu’il est devenu un homme,père de famille,il ne songeait plus à ce-la.Ses principales préoccupations désormais se limitaient tout juste à assurer à ses deux enfants et à sa jolie épouse une vie confortable,oû le bonheur règnerait à ja-mais.. Le lendemain,en retournant à l’entreprise où il travaillait en compagnie de sa femme,il se mit aussitôt en relation avec le directeur,pour solliciter la faveur d’un congé,en vue de partir pour son village natal,avec l’espoir d’ y rencontrer deux amis d’enfance,rentrant de l’étranger après une longue absence..et du même coup régler une affaire d’héritage en suspens depuis longtemps. Le directeur,qui vouait cependant secrètement une passion violente à la charmante femme de l’employé,trouva là une occasion inespérée pour le faire éloigner de son chemin ,ne fût-ce que l’espace de quelques jours.Ainsi immédiatement et sans la moindre réticence, il y consentit,en lui affirmant toutefois que,vu son sérieux et sa bonne conduite,il ne serait pas tenu compte de cette absence
                                                                                              Sous les Cendres  du Mépris.3 Afif,qui,dans sa puérile naïveté,crut trouver là une marque de sollicitude inatten-due,remercia vivement le directeur,sans qu’il ait jamais eu le moindre soupçon sur les réels desseins du patron,qui,par ailleurs, et surtout depuis l’apparition de sa femme dans l’entreprise,ne manqua pas,contrairement à son habitude, de l’entou-rer hypocritement davantage de prévenance et d’estime,ce qui provoqua en lui,au lieu du doute,plutôt une espèce de vanité,qui le rendit encore plus content de lui-même. C’est ainsi que, par un beau matin,après avoir pris congé de sa famille ,il s’embar-qua dans un autobus en partance vers son village pour lequel il nourrissait d’ailleurs depuis qu’il l’avait quitté une profonde nostalgie En cours de route,le bus dut s’arrêter deux ou trois fois pour prendre de nouveaux passagers,sans que Afif y prêtât la moindre attention.. Or,à un autre arrêt,un peu en dehors de la ville,une jolie jeune femme y monta,et le chauffeur,comme s’il eût été outré à la vue d’une passagère importune,et aussi comme s’il croyait être sur la meilleure route de la planète,démarra avec fracas,accompagné d’un bruit assourdissant de pneus,sans ménagement ni pour le véhicule qui geignait à chaque cahot ni pour les voyageurs qui se mirent à se plaindre sourdement à la fois de l’encombrement et du comportement incivil et brutal du chauffeur A ce moment seulement,Afif s’arracha soudain à ses propres pensées,pour s’absor-ber dans la contemplation de la beauté enchanteresse de cette passagère dont la présence dans le bus avait surpris plus d’un voyageur.. Tous les yeux se sont,comme par magie,braqués sur elle,laquelle,cependant,ne manifestant aucunement la moindre surprise d’être ainsi la cible de tous ces yeux assoiffés de beauté,lançait des sourires aux uns et aux autres sans honte ni crainte,comme pour braver hardiment les feux de leurs regards obscènes.. Brusquement,ses yeux radieux et qui scintillaient comme deux lucioles,rencon-trèrent ceux de Afif,qui,cependant,continuant d’admirer sans cesse les charmes dé-licats et les grâces sublimes qui émanaient de cette sylphide,brûlait d’envie de se lever pour se rapprocher du siége oû elle s’était assise pour tenter d’entrer dans ses bonnes grâces.
                                                                                              Sous les Cendres  du Mépris.4 Mais,ne pouvant braver la témérité de ces yeux qui épiaient ses moindres gestes,il feignit de ne pas faire attention à elle,tout en s’efforçant d’en détourner les yeux.. Pendant ce temps,le bus,après avoir été soigneusement rangé sur le bas-côté de la route,s’arrêta, comme si le moteur du bus venait de succomber sous sa lourde charge.. Tous les voyageurs ne purent s’empêcher de manifester leur stupéfaction devant cet arrêt inattendu.. Aussitôt,changeant de trajectoire,tous les yeux se convergèrent avec insistance sur le chauffeur,qui,lentement et avec une crispation poignante,s’affaissait sur le vo-lant,sans un cri.. Les voyageurs,étonnés et surpris,en voyant cette scène singulière,croyaient que le chauffeur s’était assoupi pour de bon, et à peine commencaient-ils à manifester leur désapprobation que le convoyeur,un jeune homme encore plein de présomp-tion et d’orgueil,s’avança en criant au milieu des passagers qui quittaient déjà leur siège pour s’engager dans des palabres infinis où se perçait une vive indignation. Le convoyeur,non sans appréhension,toucha alors légèrement le chauffeur,qui,inerte,s’effondra au pied de son siége..Dès lors la panique saisit la foule des voyageurs et des cris déchirants,émanant surtout des femmes,fusant de toutes parts,montèrent et se répercutèrent loin dans le désert silencieux de la cam-pagne.. Sur ces entrefaites,Afif,qui croyait rêver,se précipita hors du bus et essaya de cal-mer les angoisses de celle dont il avait admiré tout à l’heure le charme capricieux et le sourire magique .Tous deux,loin de cette foule qui se lamentait dans le silence et la douleur,s’engagèrent dans un endroit un peu à l’écart pour donner libre cours à l’expression de leur déception et à leurs consolations réciproques.. Soudain,ils se mesurèrent du regard,un regard plein de passion et de compassion,comme s’ils se connaissaient depuis bien des années.. Rien ne put les effaroucher,ni les voyageurs qu’un tel événement tragique avait troublé profondément,ni l’absence de moyens de locomtion,encore moins le temps qu ’ils allaient devoir perdre dans l’attente de l’ambulance et d’un nouveau chauf-feur :ils sont là,à se consoler et à s’amadouer avec douceur,rendant humblement grâce à Dieu de les avoir sauvés d’une mort certaine..
                                                                                              Sous les Cendres  du Mépris.5 D’un coup d’oeil rapide,Afif s’est aperçu qu’il n’était plus qu’à quelques lieues de son village natal,et, comme ils étaient tous deux pressés de rentrer et qu’ils ne pouvaient plus attendre longtemps,ils décidèrent d’un commun accord de pour-suivre leur voyage ensemble... Ainsi postée seule sur le bord de la route,loin du bus en arrêt et des passagers qui s’étaient entre-temps éparpillés dans les champs, réduits à attendre patiemment la fin de leur calvaire par l’arrivée éventuelle d’un second conducteur,la jeune femme fit signe au premier automobiliste qui s’arrêta aussitôt avec des crisse-ments de pneus, heureux de la bonne aubaine tombée du ciel,mais qu’elle ne fut pas sa surprise , lorsqu’il vit tout à coup un homme surgir de derrière un tronc d’arbre ,pour prendre place dans la voiture ;alors le pauvre automobiliste ne trou-vant d’autres moyens que de les embarquer tous les deux , démarra comme un bo-lide,non sans avoir poussé un grognement qui exprimait son mécontentement et sa déception .Aussitôt arrivés au village, ils descendirent et se mirent à marcher un moment sans rencontrer âme qui vive..  Le premier qui brisa le silence,c’était Afif,qui,brûlant de pénétrer le secret de cette femme étrange,commença lui-même par lui faire des aveux.. --J’ai quitté ce village,alors que je n’avais pas plus de sept ans,accompangé de mes parents,pour nous établir définitivement dans la ville de sfax,Connaissez-vous quelqu’un à Sfax ?C’est de cette ville que vous venez,n’est-ce pas ? -Oui,répondit Amani avec un sourire,je suis originaire de Sousse,mais je vis à Sfax et si j’ai pris le bus,c’est par désoeuvrement c’est,de ma part,une tentative d’évasion,loin des ennuis et des tracas de la ville,Vous n’y croyez pas,il me semble et pourtant c’est la vérité ; ; ! « J’ajoute encore que c’est à Sfax que j’ai connu mon mari ,et c’est là encore que je vis jusqu’à présent,même après mon divorce,puisque je vis chez ma soeur aî-née,mariée à un homme d’affaires important . » -Pourquoi,répliqua Afif avec empressement,pourquoi êtes-vous divorcée ?N’êtiez-vous pas par hasard d’accord avec votre époux ?
                                                                                              Sous les Cendres  du Mépris.6 --Mon histoire est longue et pénible.Il serait difficile de vous la raconter en quelques mots.Je préfère bien m’épargner cette peine.D’autant plus que je n’ai pas envie de vouloir remuer ce triste passé.. -C’est ,soupira Afif,vraiment regrettable ! Je désire bien vous connaître,puisque vous êtes désormais seule et libre,du moins d’après ce que j’ai compris.. « Tant pis pour moi !Je saurai cela peut-être plus tard..Mais je ne dois pas vous ca-cher que je n’ai plus personne dans ce village,à part un oncle avec lequel j’ai eu beaucoup de démêlés, et que si j’y retourne à présent,pour la première fois depuis belle lurette ,c’est tout simplement pour tirer au clair une petite affaire d’héritage et voir du même coup deux amis d’enfance qui étaient revenus tout récemment de l’étranger .J’espère que cela ne vous gênera pas. --Non, pas du tout !Peu m’importent vos relations ou vos amis et si vous voulez,je peux être hébergée dans un hôtel ou même une auberge,jusqu’à demain,en at-tendant votre retour à Sfax.. --Mais il n’y a pas d’hôtel ici !Il n’y a pas d’auberge,non plus.Il n’y a rien,que ce que vous voyez,des habitations modestes,des gens brisés par la fatigue et la mi-sère,vivant toujours ainsi jusqu’à la fin de leur bref séjour sur cette pauvre terre.. ! --je vois que vous êtes trop pessimiste ! --Oui,en effet,je le suis plus que vous ne pensez.Pourtant ce n’est pas là où je vou-lais en venir.Je devais vous dire que vous allez dès lors être obligée de passer la nuit avec moi ; puisque je serai l’hôte de mes amis ... --vous avez dit tout à l’heure que vous aviez quitté ce village,étant tout petit,.qu’est-ce que vous avez fait dans la ville où vous avez vécu jusqu’à ce jour ? --Je travaille actuellement dans une manufacture de produits chimiques de la ré- gion.C’est le directeur M.Damy qui a eu l’amabilité de m’accorder un congé d’un mois,juste le temps de voir mes amis et de régler cette petite affaire d’hé-ritage... --Comment ?que dites-vous,M.Damy.. ? --Oui,vous le connaissez déjà ? --Non pas du tout ...Une simple question et rien de plus.
                                                                                              Sous les Cendres  du Mépris.7 -- Ma femme aussi travaille avec moi dans la même entreprise et j’ai deux enfants,une fille de seize ans et un garçon de dix..Ma fille s’appelle Lina et mon fils Rani..Vous voyez que je suis un père de famille paisible et que nos re-lations ne doivent pas dépasser le cadre de l’amitié.. ! --C’est bien !Je n’en demande pas mieux !Mais ces deux amis dans la maison des-quels vous allez m’introduire,qui sont-ils ? --C’est Nazir et Wifekh :ils sont deux amis d’enfance ;j’ai décidé de faire ce voyage pour me distraire d’aabord comme vous,ensuite pour profiter de l’occasion et voir ces deux amis que j’aime beaucoup..Ils avaient émigré en Italie,oû ils ont mené une vie laborieuse,travaillant sans relâche pour économiser quelques sous... --Mon ex-mari aussi est un émigré.Il était parti en France où il vivait depuis long-temps et même avant de me connaître.. ! Ils marchaient toujours,sans s’apercevoir du trajet parcouru.Chacun s’abîmait dans ses propres réflexions,cherchant surtout à percer à fond le secret de l’autre...Ils sont arrivés enfin à un endroit hérissé d’arbres touffus,lorsque, à l’im-proviste,surgirent de l’ombre où ils étaient tapis,deux grands gaillards,l’un pre-nant d’assaut la jeune femme,sans se soucier le moins du monde de ses cris déchi-rants,l’autre,un gourdin à la main,s’apprêtait à terrasser Afif,quand ce dernier,plus fin et plus lucide,les ayant reconnus aussitôt pour ses propres amis,prononça leurs noms :alors,en un clin d’oeil,la femme se libéra de l’étreinte douloureuse du rustre et le gourdin,après s’être longtemps tournoyé sur lui-même,alla s’enfoncer dans le fourré et les amis,dans une effusion émue,s’embrassèrent en criant à gorges dé-ployées pour atténuer quelque peu l’effet cuisant de la honte.. Nazir,un jeune homme que rien n’arrête,un vrai trublion,une brute déterminée et capable de tout,rien que pour satisfaire ses bas instincts et ses goûts du morbide..Alors que Wifekh,moins cruel que son ami,se sent pourtant entraîner,malgré lui,dans l’engrenage du mal et compagnon fidèle de Nazir,il se résout à partager avec lui ses aventures et ses cavales rocambolesques. Les trois amis se réfugièrent soudain dans un profond silence,se regardant mutuel-lement avec admiration et complicité ...Ce fut alors Nazir qui brisa le premier ce silence accablant ...
                                                                                              Sous les Cendres  du Mépris.8 --Ah !C’est enfin toi,Afif,nous ne savions pas que tu arriverais aujourd’hui !C’est ta femme ? --Non,c’est une amie.Je suis venu vous voir,comme vous l’avez désiré,et me voilà accueilli à coups de gourdin ! --Nous plaisantons,intervint Wifekh,tout en s’émerveillant à la vue de la beauté de Amani,comme s’il voyait pour la première fois une femme de ce charme,nous avons l’habitude de jouer des tours à nos voisins,simplement pour nous amuser. Mademoiselle,continua-t-il en se tournant de nouveau du côté de Ama-ni.n’est-elle pas fachée,j’espère ? --Non,j’ai été seulement troublée ;j’ai eu peur ;je croyais qu’on allait nous assassi-ner.Je vous ai pris dès l’abord pour des brigands qui voulaient nous piller.. ! --Ah !çà !Mademoiselle,nous sommes assez loin de ce que vous disiez.J’espère que vous vous êtes remise de cette commotion inattendue ? --C’est vrai,dit Afif,je n’ai plus de souci à son sujet,Wifekh,je sens qu’elle a re-couvert enfin son esprit et que son trouble a disparu tout à fait. Wifekh,après un bref silence,reprit de plus belle. --Nous revenions des obsèques d’une jeune femme tuée dans un incendie.C’est une bouteille de gaz qui a explosé, en provoquant un sinistre effrayant,consu-mant une maison entière avec tout ce qu’elle contient.La victime,encore jeune,malgré les sept enfants qu’elle a eus n’a pas pu s’en échapperElle y a trouvé une fin tragique,alors qu’elle s’acharnait toute seule à sauver ses gosses, et le peu de choses qu’elle possédait « Ainsi.après avoir mis ses enfants à l’abri du sinistre ravageur,elle résolut d’y re-tourner pour sauver ce qui pouvait être encore sauvé,mais la malheureuse s’y trouva investie de toutes parts par les flammes.C’est ainsi qu’elle a péri,en laissant derrière elle,une ribambelles de mioches et un mari au comble du désespoir..Tout le village avait participé aux funérailles .C’est pour cette raison que les rues sont presque désertes. --Allons les amis,se hâta de dire Nazir,impatient de reprendre la conversation sur un autre sujet plus intéressant pour lui.Je présume que vous devriez être très fatigués :un bon festin vous attend non loin de là..
                                                                                              Sous les Cendres  du Mépris.9 Tout à coup,derrière des buissons compacts,à quelques pas de là,des cris fusèrent,des cris empreints de menaces et de violences verbales,.Aussitôt le qua-tuor s’arrêta et prêta délibérément l’oreille en direction de l’endroit d’où prove-naient les cris qu’isolait un fourré épais et presque inaccessible.. Les voix menaçantes,les vociférations et les lamentations s’accentuèrent d’un ins-tant à l’autre.. Vite,les trois hommes,suivis à peu de distance de la femme,franchirent prompte-ment les lisières qui les séparaient de la scène d’où émergeait ce vacarme de voix humaines et le spectacle qui s’est offert à eux, les pétrifia de stupeur :sur une vaste plaine verdoyante,oû poussaient à gogo des plantes luxuriantes,une jeune pay-sanne en guenilles frappait à coups de matraque un pauvre malheureux qui se tordait de douleurs. Le vieil homme,hurlant à tue-tête,semblait incapable de venir à bout de cette furie qui,encouragée presque sadiquement par les gémissements infinis du vieil homme, s’acharnait encore de plus en plus sur lui,sous les yeux ahuris du quatuor qui n’osait cependant pas intervenir.. Entre-temps, tournoyant habilement son lourd bâton qu’elle laissait tomber sur le pauvre paysan déjà meurtri,elle lançait à son adresse : --Voilà ce que tu mérites,puisque tu m’empêches de traverser ton champ avec mes bêtes.. !Alors en as-tu assez maintenant ?M’empêches-tu dorénavant de passer par là ? Le maheureux,n’entendant presque plus,gémissant et souffrant d ’être écrasé sous cette cascade de coups,ne répondait que par des cris et des pleurs.. : Or,sur ces entrefaites,intervint soudain Nazir,qui,solide comme un roc,parvint sans difficultés à saisir le bras de la mégère pour la pousser un peu à l’écart,loin de l’homme qui geignait toujours lamentablement,empêtré dans la poussière.. Et d’un ton coléreux,Nazir dit : --Ne vas-tu pas finir de malmener ce pauvre ?Ne sais-tu pas que tu n’as pas le droit de permettre à tes bêtes de piétiner son champ ? --Ah !Ah !Ricana la bergère,qui s’obstina à ne pas s’avouer fautive,que dites-vous?Vous croyez pouvoir m’intimider... !Non,n’y comptez pas,mon petit,celui
                                                                                              Sous les Cendres  du Mépris.10 qui me fera plier sous son pouvoir n’est pas encore né.. !Alors il vaudrait mieux,pour vous et vos acolytes, de déguerpir d’ici seance tenante ! Nazir,exaspéré de se voir rudoyer sans ménagement par cette impertinente pim-bêche se préparait à réagir ,lorsque Afif,pressé d’en finir pour aller jouir d’un peu de repos,crut le moment propice pour intercéder et mettre fin au conflit.. Après le départ de la bergère,en entraînant difficilement ses bestiaux,qui s’accro-chaient si avidement à ce genre de pâturage d’une abondante richesse verdoyante,ils se dirigèrent vers le malheureux paysan,qui,étendu toujours par terre et bougeant à peine,le souffle presque coupé ,s’épuisait à lancer indéfiniment de funestes imprécations en direction de la cruelle bergère,qui disparaissait ce-pendant par delà la plaine.. --Je porterai plainte contre cette diablesse ,une affreuse mijaurée,qui cherchait à me nuire!Chaque fois qu’elle passait par là,toute ma récolte,comme vous le voyez ,est abîmée,ravagée,dévorée entièrement par ses bestiaux.cette fois,j’ai décidé de m’opposer énergiquement à ses caprices et de mettre un terme à ses désirs nihilstes,c’est alors qu ’elle s’est armée d’un gros gourdin et se jeta sur moi avec une violence inouïe.. « Ah !ah ! Aide- moi à me relever..et ramenez-moi dans ma demeure...elle aura af-faire à moi...Vous en êtes tous témoins,n’est-ce pas ?Je saurais abattre son arro-gance.. ! Afif,que ces révélations avaient ébranlé jusqu’au fond de l’âme,essaya de conso-ler le pauvre paysan... --Allons !Allons !mon père,calmez-vous !Il n’y a rien qui puisse vous mettre en colère !ne dramatisez pas la situation !c’est une folle,vous ne le voyez pas ?La loi ne s’applique pas sur elle.Tous les médecins du monde vous diront qu’elle est sujette de temps en temps à des crises démentielles,à des crises hallucina-toires,qui la prennent comme ça,au dépourvu ;alors,dans ce cas,pourquoi vous affligez-vous, --Oui,elle est sûrement folle !Renchérissaient soudain les trois autres à la fois..ce qui a eu pour effet de contribuer encore à convaincre définitivement le vieux paysan,qui,cependant,se calma et regagna paisiblement son logis..
                                                                                              Sous les Cendres  du Mépris.11 Arrivés dans la maison de Wifekh,ils s’installèrent à même le sol,sur une carpette à fleurs multicolores.. Nazir,pendant ce temps,s’empressa de mettre le couvert et après avoir disparu un moment,revint avec des bouteilles de vin.. --Où avez-vous trouvé cela ?Les avez-vous apportées d’italie avec une licence douanière,s’enquit aussitôt Afif,avec plaisanterie,..Surtout dans une pareille bourgade,il me paraît impossible de pouvoir les dénicher ...Croyez-moi, j’en parle en connaissance de cause. --Tu as quitté ce village,il y a bien longtemps.Maintenant ce n’est plus pareil...Rassure-toi,ici nous ne manquons de rien..Tout ce que nous souhaitons,nous le trouverons à notre portée.. « Vous désirez savoir,toi et Amani,d’oû l’on se procure ces bouteilles ?Eh bien,c’est une vieille dame qui nous les vend clandestinement .Son mari s’en ap-provision1ne illégalement presque chaque jour et elle s’occupe de la clientèle,une clientèle fort discrète et courtoise même..Tu vois que tout obstacle est vite apla-ni.. !Un mastroquet dans notre village,ah!quelle chance pour nous! « nous possédons tout,mais il faut avoir une certaine tactique pour ne manquer de rien,car tout est dissimulé loin des yeux de la populace ! « Mais qu’en pense Amani ?Je crois qu’elle a son mot à dire sur ce sujet.. » --Mais,pour vous dire la vérité,j’ai bien bu du vin français...mon mari,qui vivait à l’étranger,m’en a donné l’occasion plus d’une fois.. « L’ennui tue et le désoeuvrement s’infiltre dans les veines pour y répandre les vices les plus étranges...C’est ainsi que j’ai pris l’habitude de m’en régaler durant des nuits entières en l’absence de mon mari.. Nazir,qui écouta ces aveux avec une vive curiosité,accompagnée sourdement d’une joie latente,s’exclama : --Ah !ah !Voilà qui est extraordinaire !Nous allons donc pouvoir nous offrir une  belle nuit,n’est-ce pas Afif ? --Mais non,mon vieux !Pour moi,je me retire dès à présent :je préfère bien en être dispensé.Epargnez-moi donc ces plaisirs !Quant à Amani,elle est tout à fait
1Sous les cendres du mépris. Roman Prof.Mohamed Sellam
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