Télécharger - « Peut-on parler d'une civilisation russe ? » Elena ...

Mgodin

Description

Télécharger - « Peut-on parler d'une civilisation russe ? » Elena ...

Informations

• Publié par: evepagiv
• Nombre de lectures: 81
• Langue: Français

Extrait

1

Compte-rendu de la Conférence de l’INALCO du 25 novembre 2009

1

« Peut-on parler d’

une

civilisation russe ? »

Elena Filippova

Discutant Georges Sokoloff

Elena Filippova

:

En Russie, le débat sur la civilisation est déjà ancien. La pensée civilisationniste naît

au XIXème siècle avec Nikolaï Danilevski qui, dans

La Russie et l’Europe,

adopte une

approche panslaviste de la question. Une langue ou un groupe de langues et l’indépendance

politique sont, à son avis, nécessaires pour qu’une civilisation puisse s’épanouir. Il compare,

en outre, le sort des civilisations

à la vie des plantes : celles-ci meurent comme le font les

fleurs après la floraison. Il a ainsi une vision cyclique des civilisations qui ne laisse pas de

place au progrès. Il recense dans l’histoire de l’humanité douze civilisations différentes, dont

dix lui apparaissent déjà mortes. En 1865, ne demeurent, à son avis, qu’une civilisation nord-

américaine et une civilisation slave.

Dix ans plus tard, en 1875, Constantin Léontiev, est le second grand civilisationniste.

Dans son ouvrage

Byzantinisme et monde slave

, il développe une vision de la civilisation

traditionnaliste, religieuse-orthodoxe, monarchique et anti-égalitaire, et fait de l’existence

d’une écriture spécifique, la condition essentielle d’apparition de la civilisation. Il pense lui-

aussi celle-ci comme un être vivant, dont la vie se diviserait en trois étapes : l’enfance qui

correspond à la société archaïque, la maturité à la Renaissance et la sénilité à la décadence

dans laquelle il situe l’Europe.

Après octobre 1917, il n’y a plus qu’un seul paradigme. On ne parle plus de

civilisation. Seules comptent les lois économiques marxistes. Ce n’est qu’à partir des années

soixante que les idées civilisationnistes reprennent vie pour une vingtaine d’années, dans

certains milieux intellectuels. En exil pourtant, dans les années vingt, des personnalités

comme le prince N. S. Troubetzkoï ou le géographe et économiste P. N. Savitskiï avaient

1

Compte-rendu fait par Lucas BENECH, doctorant à l’INALCO