Quelles perspectives de développement pour le marché des annuités ? - article ; n°1 ; vol.22, pg 185-210
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Description

Revue française d'économie - Année 2007 - Volume 22 - Numéro 1 - Pages 185-210
La théorie de la demande d'annuités nous enseigne que les individus rationnels et sans volonté de laisser un héritage devraient investir une part majeure de leur capital en annuités. La réalité ne corrobore pas cette théorie : le marché est très restreint. Le développement de plus en plus marqué des plans de retraite à contributions définies, qui prévoient la disponibilité d'un capital en fin de période d'activité, devrait être corrélé avec un développement du marché annuitaire. Or, cela n'est pas le cas. Les explications traditionnellement avancées sont la sélection adverse, la volonté de transmettre un héritage, la concurrence d'actifs à hauts rendements, le rôle d'assurance de la famille et la volonté de garder des réserves de précaution en actifs classiques. L'hypothèse de l'irrationalité des choix est une voie intéressante et encore peu explorée. Si la cause résidait dans les règles propres de fonctionnement du marché annuitaire libre et non dans le choix de stratégies d'assurances alternatives, un déficit d'assurance longévité apparaîtrait et un développement accentué du marché annuitaire obligatoire serait une réponse éventuelle.
Prospective Developments in the Annuity Market: What Can we Expect?
According to the annuity demand theory, a rational consumer without bequest motives should invest a significant part of his capital in annuities. Empirical analyses do not bring any confirmation: the market is very small. The increasing amount of defined contribution retirement plans, implying the availability of a capital when workers retire, should be correlated with the development of the annuity market. However, this is not the case. Traditional explanations are adverse selection, bequest motives, competition coming from high return assets, family insurance and precautionary savings. Irrationality in choices is an interesting but still hardly explored hypothesis. If the cause was to be found in the structure of the annuity market and not in alternative optimal choices, a deficit in longevity insurance would appear and a potential compulsory annuitization should be taken into consideration.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2007
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Arnaud Vanbellingen
Quelles perspectives de développement pour le marché des
annuités ?
In: Revue française d'économie. Volume 22 N°1, 2007. pp. 185-210.
Résumé
La théorie de la demande d'annuités nous enseigne que les individus rationnels et sans volonté de laisser un héritage devraient
investir une part majeure de leur capital en annuités. La réalité ne corrobore pas cette théorie : le marché est très restreint. Le
développement de plus en plus marqué des plans de retraite à contributions définies, qui prévoient la disponibilité d'un capital en
fin de période d'activité, devrait être corrélé avec un développement du marché annuitaire. Or, cela n'est pas le cas. Les
explications traditionnellement avancées sont la sélection adverse, la volonté de transmettre un héritage, la concurrence d'actifs
à hauts rendements, le rôle d'assurance de la famille et la volonté de garder des réserves de précaution en actifs classiques.
L'hypothèse de l'irrationalité des choix est une voie intéressante et encore peu explorée. Si la cause résidait dans les règles
propres de fonctionnement du marché annuitaire libre et non dans le choix de stratégies d'assurances alternatives, un déficit
d'assurance longévité apparaîtrait et un développement accentué du marché annuitaire obligatoire serait une réponse éventuelle.
Abstract
Prospective Developments in the Annuity Market: What Can we Expect?
According to the annuity demand theory, a rational consumer without bequest motives should invest a significant part of his
capital in annuities. Empirical analyses do not bring any confirmation: the market is very small. The increasing amount of defined
contribution retirement plans, implying the availability of a capital when workers retire, should be correlated with the development
of the annuity market. However, this is not the case. Traditional explanations are adverse selection, bequest motives, competition
coming from high return assets, family insurance and precautionary savings. Irrationality in choices is an interesting but still
hardly explored hypothesis. If the cause was to be found in the structure of the annuity market and not in alternative optimal
choices, a deficit in longevity insurance would appear and a potential compulsory annuitization should be taken into
consideration.
Citer ce document / Cite this document :
Vanbellingen Arnaud. Quelles perspectives de développement pour le marché des annuités ?. In: Revue française d'économie.
Volume 22 N°1, 2007. pp. 185-210.
doi : 10.3406/rfeco.2007.1645
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_2007_num_22_1_1645Arnaud
VANBELLINGEN
Quelles perspectives de
développement pour le
marché des annuités ?
e développement limité de marchés d'an
nuités a été l'objet, ces dernières années, d'un large débat dans
la littérature économique anglo-saxonne. Le but de cet article
est d'offrir, en langue française, un panorama des grandes
questions et théories qui jalonnent le débat scientifique rela
tif à cette demande annuitaire.
Revue française d'économie, n° 1/vol XXII 186 Arnaud Vanbellingen
Les systèmes de retraite, fondements essentiels de nos
organisations sociales, font aujourd'hui face à des changements
considérables. Nos existences ont toujours été parsemées d'in
certitude et des risques qui en découlent. La longévité est cla
irement un élément aléatoire de nos vies et sa mauvaise évalua
tion peut avoir des conséquences non négligeables.
Typiquement, le risque de longévité se réfère à une situa
tion où un individu aurait prématurément épuisé la totalité des
ressources accumulées pendant sa période d'activité. La gestion
de cette incertitude a varié au cours des siècles : âge avancé a long
temps rimé avec difficultés matérielles. Cette affirmation n'est
cependant plus d'actualité : le risque de longévité est désormais
pris en charge par l'organisation sociale à travers la mise en place
de systèmes de retraite.
Durant le 20e siècle, ces systèmes ont essentiellement
pris deux formes : des transferts de richesse allant de la populat
ion active vers la population retraitée ou alternativement des plans
de retraite à prestations définies où, schématiquement, le salaire
est réduit pendant la période d'activité en échange de vers
ements définis que l'individu recevra pendant sa période d'inact
ivité et ce jusqu'à la fin de sa vie.
Une évolution actuelle des pays industrialisés tend à
modifier ce paysage. Nos sociétés sont marquées à la fois par une
espérance de vie de plus en plus longue et par un déséquilibre
des effectifs des générations. En effet, la natalité est faible et les
individus issus du baby-boom commencent à quitter la popula
tion active. Ces tendances mettent clairement à mal le modèle
de retraites basées sur une solidarité inter-générationnelle. Le
ratio entre la population active et la population "à charge" pourr
ait atteindre une valeur si basse que la survie du système serait
compromise. Des solutions seront certainement avancées pour
conserver les acquis, cependant la pression ira vers la mise en place
d'un système de retraite où la population active sera amenée à
cotiser de plus en plus pour elle-même.
Il existe deux grandes catégories de plans personnels de
retraite. D'une part, les plans de retraite à prestations définies,
pour lesquels l'employeur verse des cotisations à un fonds de pen-
Revue française d'économie, n° 1/vol XXII Arnaud Vanbellingen 1 87
sion et guide la manière dont ce capital est investi. L'employé en
fin de carrière se voit offrir une annuité dont les versements
seront proportionnels à son dernier salaire et à son ancienneté.
D'autre part, les plans de retraite à contributions définies qui
constituent l'alternative. Un montant spécifié est versé périod
iquement à un fonds de pension pour chaque employé, voire
parfois par chaque employé. Le capital accumulé est investi en
accord avec la volonté du futur bénéficiaire. En fin de carrière,
le montant épargné est classiquement mis à disposition de l'em
ployé sous la forme d'un versement de capital ou d'une annuité.
Ce produit financier actuariel qu'est l'annuité est donc amené à
être présent dans les choix d'allocation de capital qui se poseront
à l'aube d'une retraite. La littérature économique récente s'est dès
lors fortement intéressée au fonctionnement du marché volont
aire d'annuités et à la demande qui lui est adressée.
Théorie de la demande d'annuités
Dans la perspective d'une gestion du risque de longévité, le capit
al additionnel dont les individus disposeront à la fin de leur
période d'activité devrait être investi dans un actif fournissant un
certain flux d'intérêt à vie. Pour ce faire, l'individu a le choix entre,
d'une part, des actifs classiques qui lui survivront et seront trans
mis à ses héritiers, et, d'autre part, des actifs actuariels tels que
les annuités, qui garantissent une rente à vie mais qui disparais
sent à la mort de l'individu qui les a acquis.
Cette problématique de choix a été étudiée par Yaari
[1965]. L'auteur fait l'hypothèse de taux d'intérêts « actuarielle-
ment équivalents », l'intérêt produit par un actif classique (/') sur
un intervalle de temps infinitésimal doit être égal à l'intérêt pro
duit sur le même laps de temps par un actif actuariel (r) si cet
intérêt est pondéré par la probabilité de survie (P) de l'individu
sur cette période. Nous avons donc :
Revue française d'économie, n° 1/vol XXII 188 Arnaud Vanbellingen
Etant donné que la probabilité de survie est toujours
inférieure à l'unité, le taux d'intérêt actuariel doit être supérieur
au taux d'intérêt du marché. Il s'agit en quelque sorte d'une
prime destinée à compenser la durée de vie potentiellement
éphémère de l&

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