Technologie et territoire: l organisation comme objet de recherche ? - article ; n°1 ; vol.7, pg 85-138
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Technologie et territoire: l'organisation comme objet de recherche ? - article ; n°1 ; vol.7, pg 85-138

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Description

Revue française d'économie - Année 1992 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 85-138
La reconnaissance des formes d'innovation organisées territorialement (technopoles, districts technologiques, mais aussi systèmes nationaux d'innovation...) implique aujourd'hui de revenir sur les fondements de ce qui pourrait être leur analyse économique. En effet, les théories du changement technique, malgré certaines incursions, ont très peu traité de la dimension territoriale des phénomènes d'innovation. De leur côté, les analyses spatiales et les recherches en économie régionale ont éprouvé quelque difficulté à dépasser une conception de la technologie comme «boîte noire», transposée dans un cadre spatial récepteur. C'est seulement dans la dernière période que s'est constitué, des deux versants de l'analyse, un terrain plus favorable à un rapprochement utile : conception évolutionniste de la technologie introduisant la non-linéarité, importance reconnue aux interdépendances marchandes mais aussi non marchandes, et premiers éléments d'analyse économique des effets de proximité spatiale ont commencé à s'articuler. Ce rapprochement s'est concrétisé dans le recours commun à la notion d'organisation, et plus précisément à celle de réseau. Ce recours ne doit cependant pas masquer les différences sensibles entre deux approches: l'une, centrée sur la transaction, l'espace comme distance et la technologie comme information diffusable ; l'autre, centrée sur la coopération, le territoire comme externalité d'apprentissage et la technologie comme processus à spécifier.
The recognition that forms of innovation are now organized on a territorial basis (technopoles and technological districts, but also national innovation systems) entails a fundamental réévaluation of their economic importance. Until now, theories of technical change have not shown much sustained interest in the territorial dimension of innovation phenomena. On the other hand, spatial analysis and regional economics have had some difficulty in seeing beyond their own conception of technology as a black box transposed into a receptive spatial framework. It has only been of late that on both sides an approach that is more conducive to closer research links has been developed: an evolutionary conception of technology introducing the notion of non linearity, the recognition of market and non- market interdépendance and the first step towards an economic analysis of the effects of spatial proximity have all begun to be articulated. The rapprochement between these two analyses can be seen in their joint use of the notion of organization, or more precisely, of network. This should not however mask the real differences between the two approaches: one focuses on the transaction and sees space as a distance and technology as a form of information that can be diffused; the other focuses on cooperation, sees territory as an externality in the learning process and technology itself as a process to be specified.
54 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 6
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Michel Bellet
Technologie et territoire: l'organisation comme objet de
recherche ?
In: Revue française d'économie. Volume 7 N°1, 1992. pp. 85-138.
Citer ce document / Cite this document :
Bellet Michel. Technologie et territoire: l'organisation comme objet de recherche ?. In: Revue française d'économie. Volume 7
N°1, 1992. pp. 85-138.
doi : 10.3406/rfeco.1992.1302
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1992_num_7_1_1302Résumé
La reconnaissance des formes d'innovation organisées territorialement (technopoles, districts
technologiques, mais aussi systèmes nationaux d'innovation...) implique aujourd'hui de revenir sur les
fondements de ce qui pourrait être leur analyse économique. En effet, les théories du changement
technique, malgré certaines incursions, ont très peu traité de la dimension territoriale des phénomènes
d'innovation. De leur côté, les analyses spatiales et les recherches en économie régionale ont éprouvé
quelque difficulté à dépasser une conception de la technologie comme «boîte noire», transposée dans
un cadre spatial récepteur. C'est seulement dans la dernière période que s'est constitué, des deux
versants de l'analyse, un terrain plus favorable à un rapprochement utile : conception évolutionniste de
la technologie introduisant la non-linéarité, importance reconnue aux interdépendances marchandes
mais aussi non marchandes, et premiers éléments d'analyse économique des effets de proximité
spatiale ont commencé à s'articuler. Ce rapprochement s'est concrétisé dans le recours commun à la
notion d'organisation, et plus précisément à celle de réseau. Ce recours ne doit cependant pas masquer
les différences sensibles entre deux approches: l'une, centrée sur la transaction, l'espace comme
distance et la technologie comme information diffusable ; l'autre, centrée sur la coopération, le territoire
comme externalité d'apprentissage et la technologie comme processus à spécifier.
Abstract
The recognition that forms of innovation are now organized on a territorial basis (technopoles and
technological districts, but also national innovation systems) entails a fundamental réévaluation of their
economic importance. Until now, theories of technical change have not shown much sustained interest
in the territorial dimension of innovation phenomena. On the other hand, spatial analysis and regional
economics have had some difficulty in seeing beyond their own conception of technology as a "black
box" transposed into a receptive spatial framework. It has only been of late that on both sides an
approach that is more conducive to closer research links has been developed: an evolutionary
conception of technology introducing the notion of non linearity, the recognition of market and non-
market interdépendance and the first step towards an economic analysis of the effects of spatial
proximity have all begun to be articulated. The rapprochement between these two analyses can be seen
in their joint use of the notion of organization, or more precisely, of network. This should not however
mask the real differences between the two approaches: one focuses on the transaction and sees space
as a distance and technology as a form of information that can be diffused; the other focuses on
cooperation, sees territory as an externality in the learning process and technology itself as a process to
be specified.Michel BELLET
Technologie et
territoire :
l'organisation comme
objet de recherche ?
de travaux économiques ertains portant développements sur le changement récents tech
nique ont fait apparaître des notions nouvelles : le « système
national d'innovation» de Freeman [1987] ou de Lundvall
[1988], les «systèmes d'innovation localisés» de Gaffard
[1990], les «geographically mediated spillovers» de Jaffe
[1989], pour ne prendre que quelques exemples au sein 86 Michel Bellet
d'approches diverses, traduisent bien l'émergence d'une
double préoccupation. La première renvoie à la volonté de
mettre à jour les modes d'organisation spécifiques des
technologies, dans la mesure où les types de combinaison
entre formes concurrentielles et formes coopératives, in-
tra-firme, inter-fïrmes et plus gobalement inter-indus-
trielles (Arrous [1983]) au sein de l'activité novatrice
semblent avoir un rapport direct avec un nouveau type
d'efficacité économique. La seconde interroge la dimens
ion spatiale particulière de ces modes d'organisation, —
ce que l'on nommera territoire — , dans la mesure où
l'espace ne peut plus être seulement pensé comme le
simple cadre de déploiement de technologies définies une
fois pour toutes, mais comme un vecteur indissociable de
leur émergence et de leur développement, ainsi que
semblent l'indiquer certains types nouveaux de coordinat
ion spatiale des processus d'innovation. Ces tentatives
sont le résultat d'un de recherche plus global,
sur lequel nous nous proposons de revenir, afin de mieux
cerner dans quelle mesure l'analyse du changement tech
nologique peut gagner à affronter la question spatiale à
l'aide des notions de territoire et d'organisation.
On peut en effet dire qu'en une quinzaine d'an
nées environ s'est constituée une véritable économie du
changement technologique : des travaux des années cin
quante, analysant le progrès technique comme simple ré
sidu, on est en effet passé à un corpus important, beaucoup
plus soucieux des caractéristiques des techniques, de leurs
dynamiques propres et de leurs rapports avec le dévelop
pement économique 1. Si l'on revient un peu plus en détail
sur ce cheminement, on s'apercevra cependant qu'il ne
croise que rarement la notion de territoire 2, mais que cette
dimension est néanmoins plus présente qu'il n'y paraît. De
son côté, ce qu'il est convenu d'appeler l'économie régio
nale n'a pas manqué de se trouver directement confrontée Michel Bellet 87
à la question technologique dans les dernières années 3 :
après être restée relativement indépendante des problé
matiques constituées en économie du changement tech
nologique, elle a ouvert une analyse des formes territoriales
de la technologie. Malgré une segmentation assez marquée
des deux champs disciplinaires, qui ne permet pas de re
lever d'emblée une approche commune constituée sur les
rapports technologie/territoire, il est donc possible de re
lever les bases d'une mise en relation. De surcroît, la der
nière période a vu apparaître une convergence indirecte
des deux champs autour de l'utilisation de la notion d'or
ganisation. Il nous faudra donc examiner dans quelle me
sure ce recours commun prolonge une réelle perspective
d'articulation, ou, au contraire, masque de nouveaux cl
ivages dans l'analyse.
L'économie des changements
technologiques, son évolution et la
notion de territoire
Le développement de l'économie du changement
technologique...
A grands traits, il est possible de synthétiser le dévelop
pement de l'économie du changement technologique sous
deux angles principaux: la reconnaissance et la prise en
compte de la spécificité du fait technique d'une part, et la
volonté de rendre endogène la d'autre part.
• La reconnaissance du fait technique renvoie aux travaux
fondateurs de Schumpeter, chez qui le changement tech
nique est perçu au travers de l'innovation, avec un caractère
fondamentalement discontinu (regroupement des inno- 88 Michel Bellet
vations en grappes et liaison aux cycles économiques) et
la mise en évidence du rôle de l'entrepreneur comme
innovateur au centre de la dynamique économique. Cette
tradition schumpétérienne, largement réactivée à la fin des
années soixante-dix, a donné lieu à toute une série d'ap
profondissements .
— Tout d'abord, les liaisons entre innovations à
une même période ont été soulignées, et les liaisons avec
les phases du cycle largement discutées (notamment
Kleinknecht [1990]), ce qui a permis d'avancer sur les
notions de système technique (Gille [1978]) ou de système
technologique (Freeman [1983]). Les interdépendances
entre techniques à un moment donné sont saisies de ma
nière élargie : la prise en compte d'innovations secondaires
et de "formes moins nobles" (Rosenberg, [1982]), jouant

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