Aspects du néo-atticisme à la fin du Ier siècle avant J.-C. : formes et symboles - article ; n°1 ; vol.55, pg 285-319
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Aspects du néo-atticisme à la fin du Ier siècle avant J.-C. : formes et symboles - article ; n°1 ; vol.55, pg 285-319

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Description

Publications de l'École française de Rome - Année 1981 - Volume 55 - Numéro 1 - Pages 285-319
Il convient d'étudier le retour aux formes du classicisme grec, dans la Rome du Ier siècle avant J.-C, en raisonnant sur des ensembles décoratifs cohérents, replacés dans leur contexte. L'auteur propose de reconnaître dans le portique « des Danaïdes » encadrant l'aedes Apollinis du Palatin un « portique-trophée » célébrant Actium : le groupe statuaire des Danaïdes massacrant les Égyptiades symboliserait la victoire de l'Occident sur l'Egypte. S'interrogeant sur l'origine des exèdres symétriques du forum Augustum, l'auteur propose d'y reconnaître une transposition des exèdres symétriques d'Argos de part et d'autre de la Voie Sacrée de Delphes. Auguste aurait ainsi emprunté au sanctuaire panhellénique par excellence des schémas architecturaux destinés à célébrer Mars, la divinité exprimant le mieux la vocation transhistorique de Rome à l'empire universel.
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 130
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Gilles Sauron
Aspects du néo-atticisme à la fin du Ier siècle avant J.-C. :
formes et symboles
In: L'Art décoratif à Rome à la fin de la République et au début du principat. Table ronde de Rome (10-11 mai 1979).
Rome : École Française de Rome, 1981. pp. 285-319. (Publications de l'École française de Rome, 55)
Résumé
Il convient d'étudier le retour aux formes du classicisme grec, dans la Rome du Ier siècle avant J.-C, en raisonnant sur des
ensembles décoratifs cohérents, replacés dans leur contexte. L'auteur propose de reconnaître dans le portique « des Danaïdes »
encadrant l'aedes Apollinis du Palatin un « portique-trophée » célébrant Actium : le groupe statuaire des Danaïdes massacrant
les Égyptiades symboliserait la victoire de l'Occident sur l'Egypte. S'interrogeant sur l'origine des exèdres symétriques du forum
Augustum, l'auteur propose d'y reconnaître une transposition des exèdres symétriques d'Argos de part et d'autre de la Voie
Sacrée de Delphes. Auguste aurait ainsi emprunté au sanctuaire panhellénique par excellence des schémas architecturaux
destinés à célébrer Mars, la divinité exprimant le mieux la vocation transhistorique de Rome à l'empire universel.
Citer ce document / Cite this document :
Sauron Gilles. Aspects du néo-atticisme à la fin du Ier siècle avant J.-C. : formes et symboles. In: L'Art décoratif à Rome à la fin
de la République et au début du principat. Table ronde de Rome (10-11 mai 1979). Rome : École Française de Rome, 1981. pp.
285-319. (Publications de l'École française de Rome, 55)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1981_act_55_1_1477GILLES SAURON
ASPECTS DU NÉO-ATTICISME
À LA FIN DU Ier S. AV. J.C. :
FORMES ET SYMBOLES
Schiller, dans une pièce de vers intitulée L'idéal et la vie,
oppose au monde réel, à ses douleurs et à ses combats, la
beauté du calme séjour des ombres. Cet empire des ombres,
c'est l'idéal».
Hegel, Cours d'Esthétique, trad. Bénard, I, p. 130.
Le retour aux formes classiques de l'art attique à la fin du IIe siècle
avant J.-C. est aujourd'hui un phénomène bien connu1. De nombreux
travaux ont mis en valeur l'importance des exportations d'œuvres d'art
classiques ou néo-classiques en direction de Rome dans le courant du Ier
siècle avant J.-C, et se sont attaché à retrouver les modèles des statues,
reliefs, stucs, peintures, éléments architectoniques d'inspiration néo-atti-
que2. Mais il ne suffit pas de constater l'existence d'un goût, et de préciser
la chronologie des œuvres qui étaient destinées à le satisfaire. Une telle
entreprise, si elle était ainsi limitée, nous condamnerait à arracher ces
œuvres à leur contexte primitif, ensemble décoratif public ou privé, d'inté
rieur ou de plein air par exemple, et à leur ôter leur signification. Ainsi,
l'adoption d'une démarche presque uniquement «philologique» conduit
Werner Fuchs à ne considérer le néo-atticisme que comme une « manipulat
ion des formes» du classicisme grec3. Qu'il s'agisse d'œuvres originales
1 La meilleure introduction au néo-atticisme et à l'histoire de ce concept reste Werner
Fuchs, Die Vorbilder des neuattischen Reliefs, dans Jdl, XX. Erg.H., Berlin, 1959, p. 1-5. Sur les
difficultés méthodologiques de l'étude du néo-atticisme, cf. Filippo Coarelli et Gilles Sauron, La
tête Pentini. Contribution à l'approche méthodologique du néo-atticisme, dans MEFRA, 90, 1978-2,
p. 705-751.
2 Cf. mon étude sur Les modèles funéraires classiques de l'art décoratif néo-attique au Ier
siècle av. J.-C, dans MEFRA, 91, 1979-1, p. 183-236.
3 Op. cit., p. 195. 286 GILLES SAURON
arrachées à leur contexte grec pour être transférées dans un ensemble
romain, comme la statue de la Victoire provenant de Tarente et placée par
Auguste dans la Curia Iulia4, qu'il s'agisse de simples copies, comme les
Caryatides de YErechteion reproduites pour décorer l'attique des portiques
du Forum Augustum5, ou enfin d'œuvres originales inspirées directement de
modèles attiques de l'époque classique, comme le décor de l'Ara Pacts
Augustae0, il convient d'apprécier la signification du système décoratif où
chaque œuvre est insérée. Pour illustrer cette démarche, il me semble
intéressant d'envisager successivement deux ensembles décoratifs où la
rencontre du néo-classicisme grec et du programme décoratif romain s'est
faite selon des modalités opposées.
Le portique des Danaïdes
On sait qu'Auguste, juste après la bataille de Nauloque contre Sextus
Pompée (36 avant J.-C), avait commencé la construction d'un temple à
Apollon dans la partie publique de sa demeure du Palatin, à un endroit
frappé par la foudre7. Il suivait en cela un conseil des haruspices, et on a
montré que, dans cette première étape, le culte augustéen d'Apollon était
probablement inspiré par son séjour à Apollonia en Illyrie en 44 avant J.-C.8.
Mais, après la bataille d'Actium (31 avant J.-C), la dévotion augustéenne
s'enrichit de l'apport de l'Apollon d'Actium. A partir de cette date, en effet,
on rencontre couramment dans les sources l'expression Apollo Actius ou
Apollo Naualis pour désigner le dieu du temple9. De plus, Auguste adjoignit
à l'Area Apollinis deux bibliothèques, l'une latine et l'autre grecque10. L'Apol-
4 Paul Zanker, Forum Romanum. Die Neugestaltung durch Augustus, série Monumenta Anis
Antiquae V, Tübingen, 1972, p. 9.
5 Paul Zanker, Forum Augustum. Das Bildprogramm, dans MAA II, Tübingen, s.d., p. 7-8,
pl. 25-26.
6 Sur les modèles classiques de l'Ara Pacis Augustae, cf. en dernier lieu, pour les frises
figurées : Diana E. E. Kleiner, The Great Friezes of the Ara Pacis Augustae. Greek Sources, Roman
Derivatives, and Augustan Social Policy, dans MEFRA, 90, 1978-2, p. 753-766; pour le décor de
rinceaux, cf. mon article cité n. 2.
7 Dion Cassius, XLIX, 15, 5; Suétone, Aug., 29, 3.
8 M.-Th. Picard Schmitter, Bétyles hellénistiques, dans Monuments Piot, 57, 1971, p. 73-77.
9 Virgile, En., VIII, 704; Properce, IV (V), 6, 11-18 et 67; Ovide, Met., XIII, 715; Servius, In
Aen. VIII, 704: «Actius haec cernens» quem postea Actium nominauit Augustus.
10 Suétone, loc. cit.; Dion Cassius, LUI, 1, 3. DU NEO-ATTICISME À LA FIN DU Ier S. AV. J.-C. : 287 ASPECTS
Ion Palatin s'enrichit alors d'une troisième signification, abondamment
soulignée par Horace : c'est le dieu des poètes11.
Mais le monument qui va retenir notre attention est le portique
qu'Auguste fit ériger autour du temple12, et qui contenait les statues des
Danaïdes au moment où elles se livraient à l'assassinat des Egyptiades, dont
les statues équestres leur faisaient face en plein air13 (fig. 1). Malheureuse
ment, nous ne connaissons aucune des statues de ce groupe retrouvée sur
place. Si l'on suit Helbig, qui reconnaissait deux exemplaires des Danaïdes
de la porticus ad Apollinis dans deux statues féminines découvertes sur
l'Esquilin, dans la villa Palombara, il faudrait conclure que cet ensemble
s'inspirait de modèles grecs du IVe siècle avant J.-C, et présentait tous les
caractères du néo-atticisme un peu figé du Ier siècle avant J.-C.14. Une telle
identification est évidemment trop hypothétique. Mais il est intéressant de
noter que nous ne connaissons, ni par les textes ni par les documents
sculptés, aucun prototype classique ou hellénistique représentant le massa
cre collectif des Egyptiades par les Danaïdes15.
Au décor du portique, on peut toutefois rattacher avec vraisemblance
les plaques du type «Campana», que M. G.- F. Carettoni a retrouvées sur
Y Area Apollinis16. Ces plaques, à la polychromie bien conservée, présentent
11 Horace, Ep., II, I (Augusto), 216-7; II, II (Julio Fioro), 94; Sat., I, 10, 38, où l'allusion au
temple d'Apollon Palatin est assurée par les commentateurs anciens (Comm. Cruq. et Pseudo-
Acron).
12 Les sources anciennes placent bien le portique autour du temple : Velleius Paterculus,
II, 81, 3 (templumque Apollinis et circa porticus); Dion Cassius, LUI, 1, 3 (Τό τε Άπολλώνιον τό
[τε] εν τώ Παλατύρ και το τεμένοσμα το περί αυτό). Toutefois, Filippo Coarelli a proposé
l'hypothèse d&

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