1 « Un peuple qui chante »
2 pages
Français

1 « Un peuple qui chante »

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
2 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Château Lota Jauregia - 64480 Ustaritz - Uztaritze. Tél. 05 59 93 25 25 - Fax. 05 59 93 06 84 - eke@wanadoo.fr. Euskal kulturari buruzko atarian telekargatu ...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 19
Langue Français

Extrait

Château Lota Jauregia - 64480 Ustaritz - Uztaritze Tél. 05 59 93 25 25 - Fax. 05 59 93 06 84 -eke@wanadoo.fr
Egilea - Auteur :Natalie Morel Borotra Iturria - Source :Extrait du livre «Kantuketan, l’univers du chant basque (Denis Laborde dir.) - Article de Natalie Morel Borotra «Du chant national à l’opéra : le chant dans l’identité basque (1800-1939) Ed. Elkarlanean-Institut culturel basque - Donostia 2002 ISBN 2-913156-45-2 Urtea - Année :2002
« Un peuple qui chante »
A l’occasion de la rapide présentation du Pays Basque faite par les éditions Larousse dans un ouvrage consacré à la Péninsule Ibérique au début du XXe siècle, on peut lire, dans la liste des spécificités musicales locales : « L’art lyrique recrute parmi les Basques d’excellents chanteurs » (Jousset, [s.d] : 236). La belle voix des Basques, remarquée depuis longtemps, se fait maintenant entendre sur les scènes des théâtres. De plus en plus de chanteurs professionnels sont issus des deux côtés des Pyrénées. Comme il y a « la basse russe », il y aura désormais « le ténor basque », et Madame Bovary (1857) en portait un premier témoignage : le célèbre Edgar Lagardy, qui tient le rôle d’Edgardo dans la représentation de Lucia di Lammermoor à laquelle Emma Bovary assiste au théâtre de Rouen, a été découvert par une princesse polonaise qui, « l’écoutant un soir chanter sur la plage de Biarritz, où il radoubait des chaloupes, en était devenue amoureuse » (Flaubert, 1964, p. 650).
Le Navarrais Julián Gayarre (1844-1890), Faust idéal aux dires de Gounod et tenu à son époque pour « le meilleur ténor du monde », est l’un des plus célèbres de ces chanteurs lyriques basques – qui comptent aussi beaucoup de barytons dans leurs rangs…
Le développement des activités musicales, en général, et l’apparition de l’opéra basque, en particulier, ont été rendu possibles par les chorales, qui se multiplient à cette époque (un ouvrage récent recense, par exemple, trente-neuf créations pour la seule Biscaye entre 1890 et 1910, voir Nagore, 2002, p. 143).
Uniquement composées d’hommes à l’origine, puis souvent accompagnées d’un chœur d’enfants, elles s’ouvrent aux femmes au début du siècle. Elles interprètent, uniquement ou parmi d’autres pièces, des chants basques arrangés pour voix seules ou avec accompagnement (qui restent, aujourd’hui encore, à la base du répertoire des « chorales basques ») : la mélodie populaire transmise de génération en génération devient le chant populaire harmonisé à quatre voix – avec toutes les conséquences que cette évolution suppose. Ainsi, par exemple, la diffusion du répertoire choral contribue à fixer une version des pièces qui rencontrent le plus de succès, alors que le propre du corpus populaire est la multiplicité de ses formes (le même phénomène se reproduira plus tard, avec le disque et les chanteurs et groupes reprenant des mélodies traditionnelles).
Euskal kulturari buruzko atarian telekargatu dokumentua: www.eke.org © Document téléchargé sur Le portail de la Culture basque : www.eke.org ©
1
Château Lota Jauregia - 64480 Ustaritz - Uztaritze Tél. 05 59 93 25 25 - Fax. 05 59 93 06 84 -eke@wanadoo.fr
Il serait intéressant aussi d’étudier le rôle des chœurs pour la diffusion de l’image du « Basque chantant » à l’extérieur du pays (en particulier par leurs tournées hors du Pays Basque, à partir de la constitution des premiers groupes folkloriques et de l’action d’Eresoinka, ensemble vocal et chorégraphique formé – à l’initiative du gouvernement basque – de plus de cent Basques exilés à Sare en 1937).
Cette image est l’un des clichés des années trente, période où l’apparition du tourisme de masse amène à la constitution de stéréotypes régionaux : chant collectif, danse, pelote illustrent – on pourrait presque dire définissent – le Pays Basque à l’Exposition Internationale des Arts et Techniques qui se tient à Paris en 1937. L’illustration sonore du « Pavillon des 3 B » (Basques, Béarn, Bigorre) consiste en des interventions de chorales et plusieurs représentations d’un petit « opéra-comique basque » de langue française mais comportant des chants basques (Maïté de Jean Iribarnégaray). La comparaison avec l’Exposition Internationale de 1900, où un membre de la Société d’Anthropologie de Paris, M. Azoulay, enregistre plusieurs chants basques auprès de locuteurs du pays, illustre l’évolution – de l’intérêt ethnographique à la folklorisation – que connaît l’approche de la culture euskarienne. Cette folklorisation est également l’un des points forts de la doctrine régionaliste, très prégnante à cette époque. Au sud des Pyrénées, se développent dans les années trente de nouvelles formations de huit chanteurs masculins, qui sont devenues aujourd’hui emblématiques du chant basque : les otxote.
C’est aussi un ensemble vocal, pas forcément constitué en tant que tel, qui véhicule une autre facette du « chant basque » : le chant religieux, associé à l’assemblée des fidèles ou au chœur paroissial. En 1631, un docteur en théologie de Ciboure, Joannes Etcheberri, publie à Bordeaux un recueil intitulé Noelac eta berce canta espiritual berriac [« Noëls et autres nouveaux chants spirituels »]. Par la suite, les publications de « cantiques spirituels » seront nombreuses, et associées de plus en plus au double intérêt des Basques pour la religion et pour le chant. On peut lire dans Le Courrier de Bayonne de 1855 des publicités consacrées à une nouvelle parution de Cantica Izpiritualak, commençant par ces mots : « Le peuple Basque a un goût très prononcé pour le chant des cantiques. » Il semble que les cantiques se chantent souvent sur un air français indiqué. A l’occasion de sa mission, C. Bordes se penche sur ce répertoire et publie notamment Dix cantiques populaires basques, suivis de Douze Noëls populaires basques. Mais plus que le répertoire religieux lui-même, c’est la pratique vocale à l’église qui séduit les Basques et attire l’attention des étrangers. Décrivant une messe à Saint-Jean-de-Luz, Camille Bellaigue écrit : « Les tribunes également étaient pleines, ces tribunes à triple étage, aux hommes réservées, et qui, dans les églises basques, font que les murailles même sont vivantes et prient » (Bellaigue, 1911, p. 312). Image que le Père Donostia, citant C. Bellaigue de mémoire, rapporte en ces termes : « Au Pays Basque, les murs de ses [sic] églises sont vivants, ils chantent » (Donostia, 1918, p. 41).
Euskal kulturari buruzko atarian telekargatu dokumentua: www.eke.org © Document téléchargé sur Le portail de la Culture basque : www.eke.org ©
2
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents