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Siegmund Wälsung

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• Publié par: yvetasuk
• Nombre de lectures: 146
• Langue: Français

Extrait

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Formation et perversion

dans

Sodome et Gomorrhe

de Marcel Proust

et

Les Désarrois de l’élève Törless

de Robert Musil.

Si l’on peut facilement considérer

La Recherche

comme un apprentissage, la

progressive révélation de la vocation d’un écrivain, et

Törless

comme un récit d’éducation —

à sa publication, le roman de Musil a été considéré comme un

Schulroman

ou un

Pubertätsroman

– la perversion est une notion trop disparate pour qu’on l’

applique

telle

quelle à ces deux romans.

Dès qu’elle est évoquée, la perversion fait surgir un certain nombre d’idées reçues.

Un simple aperçu de la définition du

Robert

nous livre les catégories suivantes : «

bestialité,

exhibitionnisme,

fétichisme,

gérontophilie, homosexualité,

masochisme,

nécrophilie, ondinisme,

pédophilie, sadisme, urolagnie, voyeurisme, zoophilie, etc.

» Tenter d’articuler les notions de

formation et de perversion serait un moyen de ne pas s’en tenir aux évidences et au

caractère moral qui entourent la sexualité. La perversion, comme la formation, comprend

ce processus par lequel un sujet se constitue en tant que sujet, comment une conscience se

construit, ou est construite, selon une logique d’assujettissement. Les définitions usuelles

ne suffisent pas : il s’agit de voir en quoi perversion et formation sont à l’oeuvre dans les

romans de Proust et Musil, c’est-à-dire de voir comment elles se définissent au sein de ces

oeuvres.

Dans

Les Désarrois de l’élève Törless

, les personnages se définissent en s’opposant les

uns aux autres. La crise qui constitue la trame du roman est celle de l’introduction de la

différence au sein de l’établissement de W. S’il s’agit des

désarrois

de l’

élève

Törless, c’est que

le conflit d’identité qui agite la conscience de celui-ci s’origine dans une indifférenciation

généralisée : tous les personnages semblent avoir le même statut social, ils sont tous de sexe

masculin et ont le même âge. L’évacuation, le rejet de tout ce qui pourrait faire dévier les

élèves de leur apprentissage est le soubassement de l’institution de W.

Si madame Törless devait supporter de savoir son fils perdu dans une région aussi lointaine et peu

hospitalière, c’est que cette ville abritait une école renommée ; bâtie au siècle précédent sur les terrains

d’une fondation pieuse, on l’y avait laissée sans doute dans l’espoir de préserver les adolescents des

influences pernicieuses des grandes cités.

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T

., p. 10