Révolution française, Bicentenaire et dessins de presse (1989)
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Révolution française, Bicentenaire et dessins de presse (1989)

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eRtédvoelsustiinosndfreanprçeaisssee,(B1i9c8e9n)tenaireVincent Simon Lycée Camille Claudel, Mantes-la-Ville
En 1989, la commémoration du Bicentenaire de la Révolution française a suscité une large production de dessins de presse. Les éditorialistes visuels de la presse française se sont empa-rés du thème de la Révolution française afin de commenter la politique nationale et interna-tionale du moment. L’histoire de la séquence révolutionnaire française est souvent malmenée dans ces vignettes qui utilisent davantage l’imaginaire issu de la Révolution que les événements eux-mêmes.
Titulaire d'une maîtrise et d'un D.E.A. d'histoire soutenus à l'Uni versité de Rouen, Vincent Simon est à présent professeur de Lettres et d'Histoire au Lycée Camille Claudel à Mantes-la-Ville.
“Aucun chapitre de l’histoire de France n’est si gros de litiges que la Révolution” 1 . Si les débats ont pris et prennent encore autant d’ampleur, c’est que l’événement concerne des valeurs, des pratiques et des institutions qui ont divisé et continuent de diviser la nation française. “La Révolution française s’as-signe ainsi une place exceptionnelle dans l’histoire du monde contemporain” 2 car depuis plus de deux cents ans, son histoire n’a cessé d’être un récit des origines, donc un discours de l’identité. “La Révolution a non seulement fondé la civilisation politique de l’intérieur de laquelle la France “contemporaine” est intelligible, mais elle a aussi légué à cette France des conflits de légitimité et un stock de débats politiques d’une plasticité presque infinie” 3 . En 1790, “la fête révolutionnaire s’était développée comme un acte fondateur; elle était une communion instauratrice : elle ne devait pas être l’écume brillante et tôt dissipée sur la vague d’un temps labile, mais le foyer d’une promesse que la suite des temps devrait tenir” 4 . Si deux cents ans plus tard, à l’occasion des cérémonies du Bicentenaire le débat pris tant d’ampleur, c’est donc qu’il ne s’agissait pas seulement de commémorer un événement survenu deux siècles plus tôt; il s’agissait également de valeurs, de pra -tiques ou d’institutions qui continuent de diviser la France. La presse française s’est largement engagée dans les débats qui ont animé et accompagné les festivités du Bicentenaire ainsi que dans ceux qui ont éclaté à l’occasion de ce retour de la société française sur les événements de sa Révolution. Journalistes à part entière ou simples “caricaturistes-humoristes” selon qu’ils se considèrent (ou qu’on les considère …) 5 , les dessinateurs de presse ont activement participé à la réflexion générale. De Cabu à Faizant, en passant par Plantu, Loup, Konk, Wolinski ou Chenez, pour ne citer que quelques-uns des plus célèbres, ils furent nombreux, au cours de l’année 1989, à croquer
Révolution française, Bicentenair e et dessin de presse
Le discours sur l’histoir e
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l’actualité par le biais des thèmes révolutionnaires. Pour cette étude, nous avons retenu ceux qui travaillaient dans onze journaux nationaux: “Le Canard Enchaîné”, “Le Monde”, “Le Figaro”, “L’Humanité”, “Libération”, “Minute”, “Le Nouvel Observateur”, “L’Evénement Du Jeudi”, “Le Point”, “L’Express et La Croix” 6 . Il nous faut aussi préciser que nous donnons une signification large au terme ‘Révolution française’. Ainsi, les évé-nements repris par les dessinateurs s’étalent, dans le temps, de la rédaction des cahiers de doléances, au début de 1789, du début de la Terreur à la mort de Robespierre en juillet 1794. Au total, entre le 1er janvier et le 31 décembre 1989, on relève 339 dessins publiés dans les pages des onze journaux séléctionnés. Ces vignettes ont abordé 387 thèmes se rap-portant soit aux festivités du Bicentenaire, soit à la Révolution française (le nombre total de thèmes est supérieur à celui du nombre de dessins car ces derniers sont souvent polysé-miques et comportent donc plusieurs thèmes). Finalement, 262 vignettes ont pour sujet principal la Révolution française 7 répartis en cinq thèmes qui forment notre développe-ment: la violence pendant la séquence révolutionnaire, l’action des sans-culottes, la Bastille, les Droits de l’Homme et la royauté.
L A VIOLENCE DANS LA R ÉVOLUTION FRANÇAISE Si la Révolution française a pu accoucher d’ ne République, de la déclaration des Droits u de l’Homme ou encore de la devise “Liberté, égalité, fraternité”, c’est avant tout parce qu’elle a livré combat aux valeurs monarchiques et contre-révolutionnaires. De nombreux affrontements et de multiples exécutions ont permis la victoire des idéaux républicains. Ce sont ces affrontements et ces exécutions que les dessinateurs de presse ont retenus au cours de l’année 1989. C’est le thème le plus traité de la Révolution française 8 . En y ajoutant deux dessins directement axés sur la Terreur et trois autres traitant du combat de la Vendée, ce sont donc 72 vignettes qui abordent le sujet. Trois symboles majeurs ressortent des vignettes: la charrette des condamnés à mort, les têtes séparées de leur corps et, bien enten -du, la guillotine. Cette dernière est l’image la plus marquante de la Révolution des dessinateurs (Fig. 2). Adulée des patriotes, détestée par les contre-révolutionnaires, elle est le symbole extrême de la mort 9 . Pourtant, si elle est souvent associée aux plus noires années de la T erreur, elle n’est nommément et explicitement assimilée qu’une seule fois aux années 1793-1794. La guillotine attire encore le grand public 10 . Il suffit pour s’en convaincre de regarder la fil -mographie consacrée à la Révolution française 11 , ou de regarder les caricatures de presse de 1989. Si l’on accepte que l’image de la tête coupée soit l’une des conséquences de la guillo-tine, et qu’elle est représentée 38 fois, force est de constater que l’instrument du docteur Guillotin est étroitement associé au thème de la violence chez les caricaturistes, voire qu’il en est l’incarnation. Le symbole est d’ailleurs parfaitement clair, comme le souligne Daniel Arasse: “Le rapport que la guillotine entretient aux corps de ses victimes est à l’image de l’opération chirurgicale que le gouvernement révolutionnaire [faisait] subir au corps de la nation pour le régénérer 12 . Les têtes coupées sont donc, elles aussi, recensées en nombre. Elles sont présentes dans 38 vignettes. La paternité de cette image est duale. S’il est exact qu’elle illustre les exécutions capitales et la présentation au peuple de la tête de la victime, il ne faut pas négliger l’im-
Vincent Simon
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