Comme les doigts de la main
11 pages
Français

Comme les doigts de la main

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
11 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Conte métaphorique pour enfants

Informations

Publié par
Publié le 12 mars 2021
Nombre de lectures 4
Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

Il était une fois cinq frères qui vivaient tous ensemble. Ils avaient un
point en commun : ils étaient tous chauves. En dehors de ça, ils
étaient très différents, mais en général ils s’entendaient assez bien,
sauf sur un seul sujet.
Et là impossible de les mettre d’accord.
Depuis des années, des discussions sans fin et des chamailleries les
opposaient, et aucun d’eux ne savait même plus qui commencé, mais
le fait est que cela ne s’était jamais calmé.
Et pourquoi se disputaient-ils ? Pour savoir qui allait ranger la
chambre ? Non, non, pas du tout. Pour savoir qui devait aller faire les
courses ? Encore moins. Alors quel était ce grand problème qui
n’arrêtait pas de les énerver, de les mettre les uns contre les autres ?
1
Eh bien voilà, depuis tout ce temps, la grande question était de savoir
qui des cinq était le chef. Et chacun d’entre eux était convaincu que
lui seul avait les qualités pour être ce chef. Au fait, pourquoi aurait-il
fallu un chef ? ça c’était une autre question et visiblement personne
n’avait envie d’y répondre. Toujours est-il qu’un beau matin, le
sempiternel débat recommença :
2
-
-
C’est obligé que ce soit moi le chef, je suis l’index, je
connais tout, je montre tout, je nomme tout, je désigne
tout et vous n’êtes que de parfaits incultes, donc c’est
moi le chef, c’est ainsi et pas autrement. Il n’y a que moi,
l’index, pour garantir votre culture et votre information.
Sans moi, vous ne sauriez même que le soleil est une
étoile.
Toi, le chef ? fais-moi rire. Tu ne reconnaitrais pas ta
figure si tu la croisais. Non seulement c’est très mal vu ta
manie de te pointer vers les gens et les choses mais en
plus tu es toujours fourré dans un nez ou l’autre, c’est
indigne d’un chef. Non, le véritable chef, ce ne peut être
-
-
que moi, je suis le plus grand, le majeur, je vous domine
tous de mon élégance et d’une bonne longueur de
phalange et vous devez respect à celui qui a la tête plus
près du ciel que vous tous.
Arrêtez tous les deux, de toute façon vous avez tort. Moi
le pouce, je suis peut-être plus court sur patte, mais je
suis le plus costaud et sans moi vous ne pourriez rien
attraper. C’est moi et moi seul qui annonce quand tout va
bien ou mal et aucun autre n’en est capable. J’ai une
place indispensable et personne ne peut me la prendre,
donc comme qui dirait, vous n’avez pas le choix, le chef,
cela a toujours été moi.
Le gnome a parlé, mais comme d’habitude il ne sait pas
ce qu’il dit. Je t’en prie un peu de respect, qu’est-ce que
la force sans l’opulence ? Et je te le dis moi l’annulaire,
je vous renvoie tous dans vos filets, vous n’êtes rien sans
moi, sans cette richesse qui me pare en bagues et
alliances. Uniquement moi suis le dépositaire des
promesses et je témoigne des engagements pris, les
3
-
regards sont toujours tous braqués sur moi, et personne
ne porte la moindre attention à vos tristes existences. Le
chef c’est moi, et il n’y a pas à tergiverser.
Et la richesse sans le pouvoir, qu’est-ce que cela vaut ?
Rien du tout, moi, auriculaire de mon état, je ne désigne
pas bêtement les choses, je les SAIS, sans qu’on me les
dise, je suis le plus petit mais aussi beaucoup plus malin
que vous tous mis ensemble. Je me faufile partout, j’ai
une oreille dans chaque maison, les secrets n’ont aucune
chance avec moi. Et comme j’ai des dossiers sur tout le
monde, personne
 ne pourra m’empêcher de
m’autoproclamer chef.
Et la bagarre continuait, jour après jour. Ce que vous ne savez pas,
c’est que la maison de ces cinq frères se trouvait sur un bras et que ce
bras commençait à en avoir assez de ces agités qui n’arrivaient pas à
se mettre d’accord et qui lui compliquaient la vie parce que chacun
n’en faisait qu’à sa tête.
4
Alors un jour, le bras en a eu assez, il a attrapé les cinq frères et les a
fourrés dans un gant tout noir, tout sombre et étroit, où il n’y avait
pas assez de place pour eux, ne serait-ce que pour faire le moindre
petit mouvement.
Le majeur devait plier sa dernière phalange et il n’était plus aussi
grand, l’index se sentait inutile parce qu’il ne pouvait plus rien
montrer, pas même aller gratter un nez c’est dire.
Le pouce, malgré toute sa force, coincé contre les autres, n’arrivait
plus à bouger et devait rester sans rien faire.
L’annulaire ne pouvait plus se pavaner pour montrer ses bijoux
puisqu’ils étaient cachés par le gant.
Et l’auriculaire avait beau faire, impossible de deviner quoi que ce
soit dans ce trou noir, toutes ses antennes étaient hors service.
Ce fut une période assez triste pour les frères et heureusement
d’ailleurs. A force de se sentir bridés, enfermés, bloqués, ils ont
5
commencé à réfléchir chacun de leur côté à une solution pour sortir
de ce gant infernal. Ils n’arrivaient plus à se disputer le titre de chef.
Qu’est-ce que cela aurait bien pu leur donner de plus dans leur
situation ? Ils voulaient juste sortir de là et retrouver la lumière du
soleil.
Et un beau jour, eurêka, ils ont trouvé, on ne sait pas au juste d’où est
venue l’idée, mais ce qui compte c’est qu’ils l’ont eue.
Ils se sont dit : « et si on collaborait, si on s’unissait au lieu de
toujours se battre ? Imaginez tout ce qu’on pourrait faire ensemble, la
force, le savoir, la grandeur, la richesse et la sagesse, on serait tous
des chefs !! »
« Oui, oui, oui !! ». Tous les frères criaient et riaient,
6
« Absolument, on va faire comme ça. Appelle ce bras de malheur
qu’il nous fasse sortir de là et promis, on va se tenir à carreau, plus
de disputes, plus de bagarres ».
Aussitôt dit, aussitôt fait. Le bras écouta attentivement les promesses
des frères et finalement les libéra de leur prison obscure.
Les frères tinrent leur promesse et peu à peu firent des progrès dans
leur collaboration : ils devinrent ensemble une main, découvrirent
par exemple comment faire tous ensemble une caresse, tenir un
crayon pour écrire une histoire ou former un poing pour se défendre,
créer de superbes ombres chinoises, et tant d’autres choses que je
n’ai pas la place ici pour les raconter.
Et c’est à tel point qu’aujourd’hui quand on veut dire que des
personnes sont très proches, très unies, on dit qu’elles sont ....
comme les doigts de la main.
7
Mais maintenant que vous connaissez l’histoire, vous savez que cela
n’a pas été facile, mais vous avez aussi compris combien les êtres
sont plus forts quand ils sont unis que quand ils sont divisés.
FIN
J'ai lu plein d'histoires et de contes à mes enfants et un jour, j'ai
même imaginé une histoire, rien que pour eux. Mais je ne l'avais
jamais mise sur le papier.
Il existe probablement des histoires et des contes exploitant la même
veine d'inspiration, peut-être en français ou peut-être dans d'autres
langues, mais je ne les connais pas. Par ailleurs, je n'ai pas la
prétention de croire que personne avant moi n'a eu cette idée. Après
tout, nos doigts sont pratiquement les premières choses que nous
portons à notre bouche avant même notre naissance (les orteils c'est
un peu plus difficile, mais j'ai une nièce qui faisait ça très bien quand
elle était bébé).
Une version parmi d’autres
De 1987 à 1994
Pour mes enfants
Reprise pour mes petits-enfants
Dès 2016 ....
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents