L"inconscient" commenté par Eva Talineau et par un psychiatre
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Je suis un psychiatre français et je suis passionné par la psychanalyse et l’inconscient freudien dans ma pratique quotidienne. La psychanalyse est une science du psychisme. Ce psychisme se compose de trois instances qui se divisent chacune en une partie consciente et l’autre inconsciente : le ça, source pulsionnelle de la libido. C’est la source de nos désirs
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Extrait

Psychanalyse-Inconscient
1)Une psychanalyse :
 Je suis un psychiatre français et je suis passionné par la psychanalyse et l’inconscient freudien dans ma pratique quotidienne. La psychanalyse est une science du psychisme. Ce psychisme se compose de trois instances qui se divisent chacune en une partie consciente et l’autre inconsciente : le ça, source pulsionnelle de la libido. C’est la source de nos désirs et de notre élan vital. Elle est en grande partie issue de l’hérédité, des caractères innés de l’individu. C’est ce qui relève de l’aspect naturel du psychisme, c’est-à-dire biologique. La seconde instance est le moi. Lieu défenses et de l’identité. La troisième instance est le surmoi, héritier du complexe d’Œdipe, c’est-à-dire issu de l’expérience de l’aliénation du désir du garçon pour la femme d’un autre, en l’occurrence, nous parlons de l’objet primaire : la mère. Ce premier renoncement passionnel au proît d’une identiîcation au père va structurer le sujet dans la relation triangulaire. Confortant les frontières et étayant, ainsi, la pleine conscience de la diFérence des sexes et des générations. Par ailleurs, nous notons que la dépendance vitale de l’enfant à ses parents, de la naissance jusqu’à un certain âge, facilite la transmission des caractères acquis par ces derniers. Ce surmoi se forme au sein du monde qui l’entoure. Par conséquent, le surmoi évoque des considérations d’ordre socio-anthropologique. Ainsi, sans évoquer la question fondamentale de la levée de la censure morale et rationnelle issues de l’association libre, nous avons mis en exergue ce pourquoi la Psychanalyse, science d’un Intrapsychisme (pulsionnel, biologique, inconscient) éclairé dans l’intersubjectivité par le Transfert, est attaquée de toutes parts : car la Psychanalyse est prise en étau d’une part par la neurobiologie et d’autre part par la sociologie et l’anthropologie…
 Contrairement à ce que l’on croit, faire une psychanalyse n’est pas l’apanage des personnalités narcissiques. Ce que dévoile la psychanalyse est même à
l’origine d’une profonde blessure narcissique : notre seule conscience, concept philosophique de la morale et de la raison, ne gouverne pas le sujet, car le sujet est soumis à l’irrationalité de ses pulsions de vie et de mort.
 La psychanalyse révèle qu’un Autre vit en Soi. Cet Autre : c’est l’Inconscient. Paradoxalement, c’est en parlant de soi que l’on révèle l’Autre…en abordant les sujets les plus simples de notre quotidien, nos désirs, nos espoirs, notre ambivalence… Avec la psychanalyse, nous nous posons la question : est-ce vraiment mon désir qui m’anime, ou est-ce l’aliénation de mon désir dans l’imaginaire, c’est-à-dire le fantasme ou la maladie…C'est la question de savoir si votre désir vous appartient-il ?
 Ainsi, voici le but de la psychanalyse : apprivoiser cet autre qui nous pousse et nous abandonne dans les impasses du labyrinthe de la vie, en proie au Minotaure : notre conscience de culpabilité pour les névrosés, la réalité de notre folie stigmatisée par les autres pour les psychotiques, la pleine conscience d’une jouissance interdite pour les états-limites…
2)Un inconscient collectif :
 Aujourd’hui, les psychiatres, les psychologues, les psychothérapeutes sont formés dans une logique économique, c’est la logique du rendement sous le diktat des théories de la Motivation. Sans entrer dans un déni d’altérité en disséquant la présomption et l’ineïcacité des Thérapies cognitives et comportementales, nous pouvons aïrmer notre opinion, formée au cours de notre pratique quotidienne de la clinique : les Thérapies cognitives et comportementales sont de véritables Lobotomie théorique[1]et même pratique !
 L’appréhension du psychisme ne peut se targuer d’être objective. Car l’essence même du psychisme est subjectivité… D’autant plus, dans l’intersubjectivité d’une relation médecin-patient. A fortiori, dans le transfert révélé dans le cadre psychanalytique…
 Alors, me diriez-vous, pourquoi la communauté internationale des psychanalystes ne sort-elle pas du cabinet pour aller protester et faire la grève ? Pourquoi ? Parce que seule la Psychanalyse n’idéalise pas le savoir et la croyance, seule la Psychanalyse nous met en garde, à chaque instant de notre vie, contre une conviction trop forte, une croyance sans doute. Elle nous met en garde sans nous condamner (par l’Inconscient) que nous sommes, la plupart du temps,
exclus de notre vérité psychique et par conséquent, de la vérité si nous n’intégrons pas nos pensées et nos actes dans notre histoire singulière. Car qu’est-ce qui dans notre vie relève d’une croyance non souillée par le doute : trésor issu du péristaltisme implacable de la raison névrotique ? Et si vous trouvez un secteur de votre vie aussi pur, ne relèverait-il pas, comme l’a dit Lacan[2], d’une conviction délirante ?
Ajout de la rédaction
Eva Talineau
Pour Patrick Valas - dans le courant d'une discussion qui a déjà 576 items, vous dites à un moment que Lacan a introduit en 1975 la notion d'"Inconscient réel" (non langagier), auquel l'Inconscient langagier fait bouchon dans la cure. Cela m'intéresse beaucoup. C'est à cela qu'on a aFaire dès qu'il y a de la psychose dans l'air - c'est l'aire du deux, tel que quelqu'un comme Gaetano Benedetti essaye de le mettre au travail - et y réussit parfois - entre lui et ses patients. C'est ce dont la psychanalyse instituée à une peur bleue, à tel point que des questions essentielles, comme celle des rêves télépathiques dans la cure analytique, qui sont des faits avérés, pour laquelle il y a une littérature importante depuis les premiers analystes (Hélène Deutsch, Istvàn Hollos, et les autres analystes Hongrois - numéro spécial du Coq Héron déjà ancien, et de nombreux témoignages dans tous les courants et tendances analytiques depuis) ne peuvent même pas être discutées, ce qui exclut, évidemment d'en tirer quelqu'enseignement. On a ces phénomènes de "communication" directe, dont les soignants en psychiatrie font l'expérience répétée (les schizophrènes sont poreux, ce sont des baromètres vivants du réel en circulation autour d'eux, une partie non négligeable de leurs productions délirantes sont une manière de nous dire ce que nous préférerions ne pas savoir ) d'un côté - et un véritable interdit de les prendre en compte dans la pensée que nous avons du psychisme, sauf à titre d'aberrations de l'autre. Lorsqu'on mentionne la chose dans le décours d'une réunion entre analystes, sur un groupe de vingt, il y a régulièrement un ou deux confrères qui ont déjà rencontré cela dans leur clinique - le patient qui vient à sa séance avec des rêves qui montrent qu'ils sont"branchés", sans le savoir, sur le préconscient de l'analyste, qu'ils voyagent dans la psychê de celui-ci sans que la séparation des corps fasse obstacle. Mais si on propose un séminaire de recherche pour prendre au sérieux cela, voir ce que cela implique théoriquement, on se heurte à un mur. reud a écrit sur le sujet, les textes sont accessibles, magniîquement traduits par Rey et GranoF, tout le monde peut les lire - mais ils ne sont pas lus, ou pire, en contre-sens. Lacan, dans sa période structuraliste, parlait de "réseaux de communications dans l'Autre" - Ecrits, "champs et fonction etc..", puis dans les derniers textes, liait la chose à des techniques du corps, à l'"initiation", dont, disait-il "il n'y aurait plus trace de nos jours" - il est embarrassé, il y a à ce moment là quelquechose qui le chiFonne dans ce sujet, cela ne "cadre" plus trop avec ce qu'il est en train de dire d'autre. Mais au lieu de
chercher à avancer à partir de cet embarras, ce qui serait la démarche rigoureuse - la Science avance non pas en balayant sous le tapis ce qui ne cadre pas avec les théories en vigueur mais en créant un nouveau cadre conceptuel qui rend compte aussi des aberrations et exceptions - on fait comme si cela n'existait pas. Je crois que si cela continue comme cela, la psychanalyse sera, dans quelques décennies, un système philosophique sclérosé, tombé en désuétude, qui fonctionnera de manière religieuse pour quelques adeptes. L'Inconscient est dans son fond, réel. Il nait de notre rencontre corps/âme avec les autres réels à travers qui nous recevons notre "être au monde", il est trace de cette rencontre, et trace des réponses que nous avons produites, très précocement, à ce qui a été rencontré. La psychanalyse qui travaille à partir des traces permet de ressaisir ce par quoi on a été saisis - cela, c'est son niveau langagier - c'est utile, cela ne va pas bien loin. Un gadget pour nantis de la psychê, ceux qui ont reçu, en leur temps, tout l'attirail Oedipien qui permet de voyager dans la vie lesté d'un capital de manque à faire fructiîer tout en s'en plaignant (je fais de la provoc, c'est exprès), un plus pour ceux qui de toutes façons pourraient s'en passer.
L'autre psychanalyse, celle qui a aFaire à l'Inconscient réel, aux aires de la psychê où la métaphore n'est pas active, où tout se passe, à certains moments , comme si patient et analyste étaient enveloppés ensemble d'une même matrice psychique à l'intérieur de laquelle des éléments circulent de l'un à l'autre, où le patient "explore" l'autre pour y puiser des éléments pour son propre devenir, s'approprier des nouvelles potentialités, existe aussi. Mais elle n'est pratiquement pas conceptualisée. De temps en temps, quelqu'un amène un concept qui peut faire sens là-dedans. Je pense au "corps-mémoire" de Daniel Sibony. Il y en a sûrement d'autres. Mais jamais cela n'est dit clairement "voilà, nous sommes là ailleurs que dans ce que reud a découvert, dans ce que Lacan a après lui formalisé, voyons comment, aujourd'hui, on pourrait avancer". Bon, on est un peu loin de l'autisme (quoique..). Il est peut-être temps de sortir de la vulgate lacanienne où le "mot" est le meurtre de la chose - à ce propos, je viens de faire tout un travail sur Heidegger, c'est édiîant à quel point le concept d'ek-sistence chez Lacan et toute sa théorie du langage a d'aïnités avec les développements de celui-ci sur l'"être pour la mort", et son opposition entre la recherche "authentique" du Dasein comme rapport à l'Etre et la vie dans le "on" de la "mondanité", pour l'un et l'autre, on ek-siste d'être "hors" quelque chose - pour envisager que les premières inscriptions signiîantes pourraient (je mets un conditionnel), être la trace d'un "oui" premier à la Chose, et que pour un grand nombre de nos patients, pas forcément psychotiques, c'est au niveau de ce "oui" premier que se joue la rencontre analytique. Ils viennent nous apporter leur "corps-mémoire" - et non, seulement, leur mémoire, consciente et inconsciente (langagier) - qui entre en résonnance avec ce qui en nous, fait "corps-mémoire".Pour Patrick Valas - dans le courant d'une discussion qui a déjà 576 items, vous dites à un moment que Lacan a introduit en 1975 la notion d'"Inconscient réel" (non langagier), auquel l'Inconscient langagier fait bouchon dans la cure. Cela m'intéresse beaucoup. C'est à cela qu'on a aFaire dès qu'il y a de la psychose dans l'air - c'est l'aire du deux, tel que quelqu'un comme Gaetano
Benedetti essaye de le mettre au travail - et y réussit parfois - entre lui et ses patients. C'est ce dont la psychanalyse instituée à une peur bleue, à tel point que des questions essentielles, comme celle des rêves télépathiques dans la cure analytique, qui sont des faits avérés, pour laquelle il y a une littérature importante depuis les premiers analystes (Hélène Deutsch, Istvàn Hollos, et les autres analystes Hongrois - numéro spécial du Coq Héron déjà ancien, et de nombreux témoignages dans tous les courants et tendances analytiques depuis) ne peuvent même pas être discutées, ce qui exclut, évidemment d'en tirer quelqu'enseignement. On a ces phénomènes de "communication" directe, dont les soignants en psychiatrie font l'expérience répétée (les schizophrènes sont poreux, ce sont des baromètres vivants du réel en circulation autour d'eux, une partie non négligeable de leurs productions délirantes sont une manière de nous dire ce que nous préférerions ne pas savoir ) d'un côté - et un véritable interdit de les prendre en compte dans la pensée que nous avons du psychisme, sauf à titre d'aberrations de l'autre. Lorsqu'on mentionne la chose dans le décours d'une réunion entre analystes, sur un groupe de vingt, il y a régulièrement un ou deux confrères qui ont déjà rencontré cela dans leur clinique - le patient qui vient à sa séance avec des rêves qui montrent qu'ils sont"branchés", sans le savoir, sur le préconscient de l'analyste, qu'ils voyagent dans la psychê de celui-ci sans que la séparation des corps fasse obstacle. Mais si on propose un séminaire de recherche pour prendre au sérieux cela, voir ce que cela implique théoriquement, on se heurte à un mur.
reud a écrit sur le sujet, les textes sont accessibles, magniîquement traduits par Rey et GranoF, tout le monde peut les lire - mais ils ne sont pas lus, ou pire, en contre-sens. Lacan, dans sa période structuraliste, parlait de "réseaux de communications dans l'Autre" - Ecrits, "champs et fonction etc..", puis dans les derniers textes, liait la chose à des techniques du corps, à l'"initiation", dont, disait-il "il n'y aurait plus trace de nos jours" - il est embarassé, il y a à ce moment là quelquechose qui le chiFonne dans ce sujet, cela ne "cadre" plus trop avec ce qu'il est en train de dire d'autre. Mais au lieu de chercher à avancer à partir de cet embarras, ce qui serait la démarche rigoureuse - la Science avance non pas en balayant sous le tapis ce qui ne cadre pas avec les théories en vigueur mais en créant un nouveau cadre conceptuel qui rend compte aussi des aberrations et exceptions - on fait comme si cela n'existait pas. Je crois que si cela continue comme cela, la psychanalyse sera, dans quelques décennies, un système philosophique sclérosé, tombé en désuétude, qui fonctionnera de manière religieuse pour quelques adeptes. L'Inconscient est dans son fond, réel. Il nait de notre rencontre corps/âme avec les autres réels à travers qui nous recevons notre "être au monde", il est trace de cette rencontre, et trace des réponses que nous avons produites, très précocement, à ce qui a été rencontré. La psychanalyse qui travaille à partir des traces permet de ressaisir ce par quoi on a été saisis - cela, c'est son niveau langagier - c'est utile, cela ne va pas bien loin. Un gadget pour nantis de la psychê, ceux qui ont reçu, en leur temps, tout
l'attirail Oedipien qui permet de voyager dans la vie lesté d'un capital de manque à faire fructiîer tout en s'en plaignant (je fais de la provoc, c'est exprès), un plus pour ceux qui de toutes façons pourraient s'en passer. L'autre psychanalyse, celle qui a aFaire à l'Inconscient réel, aux aires de la psychê où la métaphore n'est pas active, où tout se passe, à certains moments , comme si patient et analyste étaient enveloppés ensemble d'une même matrice psychique à l'intérieur de laquelle des éléments circulent de l'un à l'autre, où le patient "explore" l'autre pour y puiser des éléments pour son propre devenir, s'approprier des nouvelles potentialités, existe aussi. Mais elle n'est pratiquement pas conceptualisée. De temps en temps, quelqu'un amène un concept qui peut faire sens là-dedans. Je pense au "corps-mémoire" de Daniel Sibony. Il y en a sûrement d'autres. Mais jamais cela n'est dit clairement "voilà, nous sommes là ailleurs que dans ce que reud a découvert, dans ce que Lacan a après lui formalisé, voyons comment, aujourd'hui, on pourrait avancer". Bon, on est un peu loin de l'autisme (quoique..). Il est peut-être temps de sortir de la vulgate lacanienne où le "mot" est le meurtre de la chose - à ce propos, je viens de faire tout un travail sur Heidegger, c'est édiîant à quel point le concept d'ek-sistence chez Lacan et toute sa théorie du langage a d'aïnités avec les développements de celui-ci sur l'"être pour la mort", et son opposition entre la recherche "authentique" du Dasein comme rapport à l'Etre et la vie dans le "on" de la "mondanité", pour l'un et l'autre, on ek-siste d'être "hors" quelquechose - pour envisager que les premières inscriptions signiîantes pourraient (je mets un conditionnel), être la trace d'un "oui" premier à la Chose, et que pour un grand nombre de nos patients, pas forcément psychotiques, c'est au niveau de ce "oui" premier que se joue la rencontre analytique. Ils viennent nous apporter leur "corps-mémoire" - et non, seulement, leur mémoire, consciente et inconsciente (langagier) - qui entre en résonnance avec ce qui en nous, fait "corps-mémoire".
Pour Patrick Valas - dans le courant d'une discussion qui a déjà 576 items, vous dites à un moment que Lacan a introduit en 1975 la notion d'"Inconscient réel" (non langagier), auquel l'Inconscient langagier fait bouchon dans la cure. Cela m'intéresse beaucoup. C'est à cela qu'on a aFaire dès qu'il y a de la psychose dans l'air - c'est l'aire du deux, tel que quelqu'un comme Gaetano Benedetti essaye de le mettre au travail - et y réussit parfois - entre lui et ses patients. C'est ce dont la psychanalyse instituée à une peur bleue, à tel point que des questions essentielles, comme celle des rêves télépathiques dans la cure analytique, qui sont des faits avérés, pour laquelle il y a une littérature importante depuis les premiers analystes (Hélène Deutsch, Istvàn Hollos, et les autres analystes Hongrois - numéro spécial du Coq Héron déjà ancien, et de nombreux témoignages dans tous les courants et tendances analytiques depuis) ne peuvent même pas être discutées, ce qui exclut, évidemment d'en tirer quelqu'enseignement. On a ces phénomènes de "communication" directe, dont les soignants en psychiatrie font l'expérience répétée (les schizophrènes sont
poreux, ce sont des baromètres vivants du réel en circulation autour d'eux, une partie non négligeable de leurs productions délirantes sont une manière de nous dire ce que nous préférerions ne pas savoir ) d'un côté - et un véritable interdit de les prendre en compte dans la pensée que nous avons du psychisme, sauf à titre d'aberrations de l'autre. Lorsqu'on mentionne la chose dans le décours d'une réunion entre analystes, sur un groupe de vingt, il y a régulièrement un ou deux confrères qui ont déjà rencontré cela dans leur clinique - le patient qui vient à sa séance avec des rêves qui montrent qu'ils sont"branchés", sans le savoir, sur le préconscient de l'analyste, qu'ils voyagent dans la psychê de celui-ci sans que la séparation des corps fasse obstacle. Mais si on propose un séminaire de recherche pour prendre au sérieux cela, voir ce que cela implique théoriquement, on se heurte à un mur. reud a écrit sur le sujet, les textes sont accessibles, magniîquement traduits par Rey et GranoF, tout le monde peut les lire - mais ils ne sont pas lus, ou pire, en contre-sens. Lacan, dans sa période structuraliste, parlait de "réseaux de communications dans l'Autre" - Ecrits, "champs et fonction etc..", puis dans les derniers textes, liait la chose à des techniques du corps, à l'"initiation", dont, disait-il "il n'y aurait plus trace de nos jours" - il est embarrassé, il y a à ce moment là quelque chose qui le chiFonne dans ce sujet, cela ne "cadre" plus trop avec ce qu'il est en train de dire d'autre. Mais au lieu de chercher à avancer à partir de cet embarras, ce qui serait la démarche rigoureuse - la Science avance non pas en balayant sous le tapis ce qui ne cadre pas avec les théories en vigueur mais en créant un nouveau cadre conceptuel qui rend compte aussi des aberrations et exceptions - on fait comme si cela n'existait pas. Je crois que si cela continue comme cela, la psychanalyse sera, dans quelques décennies, un système philosophique sclérosé, tombé en désuétude, qui fonctionnera de manière religieuse pour quelques adeptes. L'Inconscient est dans son fond, réel. Il nait de notre rencontre corps/âme avec les autres réels à travers qui nous recevons notre "être au monde", il est trace de cette rencontre, et trace des réponses que nous avons produites, très précocement, à ce qui a été rencontré. La psychanalyse qui travaille à partir des traces permet de resaisir ce par quoi on a été saisis - cela, c'est son niveau langagier - c'est utile, cela ne va pas bien loin. Un gadget pour nantis de la psychê, ceux qui ont reçu, en leur temps, tout l'attirail Oedipien qui permet de voyager dans la vie lesté d'un capital de manque à faire fructiîer tout en s'en plaignant (je fais de la provoc, c'est exprès), un plus pour ceux qui de toutes façons pourraient s'en passer. L'autre psychanalyse, celle qui a aFaire à l'Inconscient réel, aux aires de la psychê où la métaphore n'est pas active, où tout se passe, à certains moments , comme si patient et analyste étaient enveloppés ensemble d'une même matrice psychique à l'intérieur de laquelle des éléments circulent de l'un à l'autre, où le patient "explore" l'autre pour y puiser des éléments pour son propre devenir, s'approprier des nouvelles potentialités, existe aussi.
Mais elle n'est pratiquement pas conceptualisée. De temps en temps, quelqu'un amène un concept qui peut faire sens là-dedans. Je pense au "corps-mémoire" de Daniel Sibony. Il y en a sûrement d'autres. Mais jamais cela n'est dit clairement "voilà, nous sommes là ailleurs que dans ce que reud a découvert, dans ce que Lacan a après lui formalisé, voyons comment, aujourd'hui, on pourrait avancer". Bon, on est un peu loin de l'autisme (quoique..). Il est peut-être temps de sortir
de la vulgate lacanienne où le "mot" est le meurtre de la chose - à ce propos, je viens de faire tout un travail sur Heidegger, c'est édiîant à quel point le concept d'ek-sistence chez Lacan et toute sa théorie du langage a d'aïnités avec les développements de celui-ci sur l'"être pour la mort", et son opposition entre la recherche "authentique" du Dasein comme rapport à l'Etre et la vie dans le "on" de la "mondanité", pour l'un et l'autre, on ek-siste d'être "hors" quelque chose -pour envisager que les premières inscriptions signiîantes pourraient (je mets un conditionnel), être la trace d'un "oui" premier à la Chose, et que pour un grand nombre de nos patients, pas forcément psychotiques, c'est au niveau de ce "oui" premier que se joue la rencontre analytique. Ils viennent nous apporter leur "corps-mémoire" - et non, seulement, leur mémoire, consciente et inconsciente (langagier) - qui entre en résonnance avec ce qui en nous, fait "corps-mémoire".
Eva Talineauil ne faudrait peut-être pas appeler cela "psychose", même expérimentale, mais juste rencontre avec l'aire du "oui" originaire. Cela permettrait déjà d'y travailler avec plus de sérénité, et sans cette espèce d'aura transgressive et héroque qui n'est vraiment pas un climat favorable à produire quelque chose de conceptuellement utilisable
Ginette Michaud
Eva, je vous suis tout à fait dans votre problématique. C'est à partir de la prise en compte de cette communication d'inconscient à inconscient , ou de partage d'un espace dans l'autre que on peut peut décrire l'articulation du thérapeute ...et de son patient psychotique. J'appelais ça, il a plus de 30 ans la trans-inscription ( développé dans l 'ouvrage " îgures du réel" chez Denoël. Demain, pour dialoguer avec Eva, je vais voir si je peux mettre en ligne cette vignette ( je n'ai encore pas appris à faire ça) Mais c'est sur ce postulat de la rencontre avec l'inconscient de l'autre, analyste ou groupe travaillé par l'analyse que se base en psychothérapie institutionnelle, à La Borde par exemple la technique des "réunions de constellations "qui permet souvent une résolution de problèmes créés autour de patients psychotiques dans l'équipe soignante.
elix Durel@ Eva, relisez aussi la correspondance reud-erenczi sur cette question dont eFectivement Rey et GranoF ont fait un livre. Quand on a eu un jumeau en analyse on apprend à quel point les limites de la psyché sont plastiques et "débordent" l'enveloppe corporelle.
Eva Talineau
je n'aime pas énormément le terme "communication d'Inconscient à Inconscient", ça fait "vases communicants", et surtout, cela semble - je dis semble, pas que c'est votre approche - situer l'Inconscient comme quelque chose d'intérieur à la p...ersonne (chacun le sien), alors que je vois plutôt l'Inconscient comme quelque chose qui est produit par la rencontre entre le patient et le thérapeute, le patient psychotique, je le vois comme un "chercheur" d'Inconscient, il vient le "chercher" en nous. Mais c'est sans doute de cela aussi que vous témoignez, lorsque vous parlez de partage d'un espace dans l'autre.Mais surtout, mon souci, aujourd'hui, ce serait de sortir tout ce pan de la clinique de son ghetto "soin du psychotique", car comme dit Laurent Chia, cela ne concerne pas que les psychotiques, loin de là, même si lorsque le symbole de "soi" est absent, les choses se présentent de manière plutôt radicale et que le patient ne peut se restructurer quelque peu que lorsqu'autour de lui, le monde externe, qui est pour lui son inconscient (la constellation institutionnelle) y met du sien
Eva Talineau
@elix Durel - j'ai lu la correspondance reud-erenczi, bien sûr. Et pour les jumeaux, vous avez tout à fait raison, j'en ai eu quelques uns en analyse et c'est assez renversant, ce qu'ils racontent ! ça me fait penser que Benedetti appel...le "rêves gémellaires" ces rêves où le patient et le thérapeute font, l'un et l'autre, des rêves qui sont comme une conversation nocturne, où l'un semble informé du rêve de l'autre et lui répond. J'ai eu l'occasion de rencontrer cela, lors de certaines thérapies, c'est assez boulevesant, et à chaque fois, cela a marqué des avancées importantes dans ces thérapies.
elix DurelJe pense aussi que nous sommes toujours surpris lorsque le patient sort la phrase, telle que nous nous l'étions formulée à l'écoute de ses paroles précédentes. Que l'analyse sollicite l'inconscient des deux protagonistes quoi de plus nécessaire ?
Eva Talineau
@elix Durel - je vais pinailler un peu - l'idée formulée ainsi "l'analyse sollicite l'inconscient des deux protagonistes" me gêne un peu, il n'y a pas, pour moi, deux individus, avec chacun "leur" Inconscient, qui discuteraient le bout de... gras, et entreraient en résonnance du fait de similarités de contenus - ça c'est la fameuse métaphore de reud, de l'appareil téléphonique, qu'on reprend toujours, et cela peut être pertinent lorsqu'il est question du refoulé pulsionnel. Dans l'aire du deux, il y a, entre les "protagonistes", non pas rencontre d'Inconscient à Inconscient, mais plutôt création d'Inconscient de manière inédite, quelque chose de nouveau qui n'est justement pas "devinable". Le fait de "deviner", à la limite, est contradictoire avec ce dont je parle, qui est une relation avec le patient pas seulement depuis le conscient/préconscient (qui permet de "deviner" l'autre), mais depuis un ailleurs de nous-même vers un ailleurs de lui-même. Pas facile à "comprendre", comme formulation, sans doute parce qu’il s'agit là d'entendre plus que de comprendre.
Gérard Barrallié
@Eva- Il faut beaucoup d'humilité pour aborder ce genre de choses qui vont être taxées d'obscurantisme, d'ésotérisme...peu de gens oseront vous suivre or ce que vous évoquez est pratique quotidienne, les uns s'en cachent par peur de discré...dit (scientiîque), les autres sont si fermés, obtus, qu'ils ne savent même pas de quoi vous parlez et crieront au scandale...Je n'entrerai pas dans les exemples parce que cela devient lourd ici et complexe. Je peux ajouter par expérience avec une schizophrène, que ces parties de corps-énergie nous ne les contrôlons pas avec le mental, de plus elles se déplacent dans l'espace-temps (mécanique quantique). Je veux dire que nous pouvons discuter entre amis à une soirée, un diner et une part de nous est en même temps ailleurs auprès d'un patient en souFrance qui s'apaise et travaille à ce contact. Au début croyez-moi cela fait peur. C'est la patiente en question qui m'a fournit les preuves de l'authenticité de ce que nous vivions et m'a poussé à accepter de jouer le jeu comme elle disait, car elle savait que son soulagement en dépendait. Ainsi, j'ai découvert des lambeaux d'âmes errants (genre limbe des catho) ce qui amène des souFrances considérables et amène tout également les moyens de la guérison quand ils sont réintégrés dans l'âme. Un pas peut être franchi en considérant l'études des chakras, ce que les indianistes appréhendent mieux que
nous. C.G.Jung a fait un séminaire sur ces énergies en 1932. Ceci est publié sous le titre "Les énergies de l'âme" yoga de la Kundalini publié chez Albin Michel.
Louise Brun
C'est très intéressant, je trouve. Et un séminaire sur ces questions, j'aimerais beaucoup...En ce qui me concerne, c'est à partir de la danse comme forme de silence/parole que j'ai commencé à y rééchir (un peu à tâtons) et, récemment, en ...animant des ateliers d'écriture, ressentir/éprouver ce qui se produisait dans le groupe avec les mots et dans les silences m'a fait y repenser du fait d'expérimenter et ressentir la fonction du préconscient...bon, ce n'est sans doute pas très clair, excusez-moi, mais ce que je viens de lire m'a interpellée...à travailler, donc ;)
elix Durel@ Eva : Oui si vous l'entendez au sens que lui donne Michel de M'Uzan, cette création d'une entité psychique qu'il nomme "chimère" et dans laquelle s'énonce l'interprétation. Je mets un bémol en revanche à ce qui pourrait devenir l'analyse mutuelle, explorée par erenczi.
Eva Talineau@elix Durel - je vous rassure tout de suite, j'apprécie inîniment erenczi, mais rien dans ma pratique ne ressemble, de près ou de loin, à une "analyse mutuelle".
Laurent Chia
Merci Eva. Cette nuit en dormant, assez mal, j'étais un peu inquiet pour ce qui pourrait se passer ici autour de votre contribution. Il faut dire que vous secouez la couverture dans un lieu un peu délicat. Mais non, ce matin tout va bien et... l'échange est serein.
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