Mémoires de Victor Alfieri, d’Asti
108 pages
Français

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Description

Mémoires de Victor Alfieri, d’Asti
Vittorio Alfieri
Traduction Antoine de Latour
Charpentier Libraire-éditeur, 1840
(Texte entier)
Avant-propos du traducteur
Introduction
Première époque - Enfance
Seconde époque - Adolescence
Troisième époque - Jeunesse
Époque quatrième - Virilité
Suite de la quatrième époque
Table des matières
Mémoires de Victor Alfieri, d’Asti : Avant-propos du
traducteur
AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR.
Nous n’avons pas la prétention de peindre Alfieri en tête d’un livre où il a si bien réussi à se peindre lui-même, et de recommencer
une biographie écrite, année par année, dans ce livre. Encore moins voulons-nous caractériser son œuvre dramatique ; qui l’oserait
d’ailleurs après les belles leçons de M. Villemain ? Le lecteur, sans doute, aimera mieux les relire, et, au lieu de patience pour
s’arrêter à une préface que nous lui épargnons, nous lui demandons plutôt un peu d’indulgence pour un travail hérissé de si grandes
difficultés.
Toutefois, le traducteur des Prisons de Silvio Pellico éprouve le besoin de dire d’où lui est venue la pensée de traduire cette vie
d’Alfieri. Il le dira en deux mots. Au spectacle d’une âme douce et résignée il a voulu opposer la rude image d’un esprit en proie à
toutes les agitations de l’orgueil. Le parallèle ne saurait s’étendre plus loin, sans rapprocher ce qui ne se ressemble nullement ; mais
dans un siècle qui chaque jour se prend d’un goût plus vif pour ces retours du génie sur lui-même, il devait nous être permis de ...

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Langue Français
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Extrait

Mémoires de Victor Alfieri, d’Asti
Vittorio Alfieri
Traduction Antoine de Latour
Charpentier Libraire-éditeur, 1840
(Texte entier)
Avant-propos du traducteur
Introduction
Première époque - Enfance
Seconde époque - Adolescence
Troisième époque - Jeunesse
Époque quatrième - Virilité
Suite de la quatrième époque
Table des matières
Mémoires de Victor Alfieri, d’Asti : Avant-propos du
traducteur
AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR.
Nous n’avons pas la prétention de peindre Alfieri en tête d’un livre où il a si bien réussi à se peindre lui-même, et de recommencer
une biographie écrite, année par année, dans ce livre. Encore moins voulons-nous caractériser son œuvre dramatique ; qui l’oserait
d’ailleurs après les belles leçons de M. Villemain ? Le lecteur, sans doute, aimera mieux les relire, et, au lieu de patience pour
s’arrêter à une préface que nous lui épargnons, nous lui demandons plutôt un peu d’indulgence pour un travail hérissé de si grandes
difficultés.
Toutefois, le traducteur des Prisons de Silvio Pellico éprouve le besoin de dire d’où lui est venue la pensée de traduire cette vie
d’Alfieri. Il le dira en deux mots. Au spectacle d’une âme douce et résignée il a voulu opposer la rude image d’un esprit en proie à
toutes les agitations de l’orgueil. Le parallèle ne saurait s’étendre plus loin, sans rapprocher ce qui ne se ressemble nullement ; mais
dans un siècle qui chaque jour se prend d’un goût plus vif pour ces retours du génie sur lui-même, il devait nous être permis de placer
à côté du poète qui se dérobe humblement dans la foi ces éloquentes confessions du plus violent des écrivains.
Ce n’est donc point par sympathie pour Alfieri que je donne cette nouvelle traduction de ses mémoires. Je n’aime point cet homme ;
mais il a une volonté si ferme, si indomptable, si persévérante, et à travers toutes ses petitesses, il a le cœur si naturellement porté au
grand, qu’on ne saurait se défendre, en le lisant, d’une sorte d’admiration mêlée de colère et d’effroi.
Aussi l’ai-je laissé tel qu’il a voulu se montrer, et me suis-je attaché seulement à retrouver l’accent énergique de sa passion ; je l’ai
cherché en dehors même de ce livre, et dans tout ce que Alfieri a écrit.
À une autre époque, et sous un autre gouvernement, de généreux scrupules ont porté le premier traducteur à effacer de ces
mémoires je ne sais quelles misérables injures jetées à la France et à sa glorieuse révolution. J’honore ces scrupules, mais j’ai
compris autrement la dignité de la France. Il m’a paru qu’il n’était pas si petite nation qui ne fût au-dessus des insultes même d’un
homme de génie, et quand cette nation s’appelle la France, l’outrage est ridicule. C’est un trait de plus dans un caractère original,
voilà tout.
Fallait-il aussi perdre le temps à défendre contre Alfieri la langue de Racine et de Fénélon ? on a préféré le laisser dire ; c’était assez
sans doute de le condamner à parler une fois encore, au risque de lui donner raison, l’idiome dont il a dit tant de mal.Peut-être enfin me reprochera-t-on d’avoir conservé ici certains détails un peu libres. J’aurais voulu qu’Alfieri, le premier, n’eût pas cru
devoir s’en souvenir ; mais enfin, puisqu’il s’en est souvenu, était-ce au traducteur à les oublier ? Dans un livre comme celui-ci, que
chacun supprime le trait qui le blesse, et bientôt il ne restera plus de la personnalité la plus vive qu’une ombre insignifiante.
ANTOINE DE LATOUR.
Paris, le 7 mai 1840.
Mémoires de Victor Alfieri, d’Asti : Introduction
INTRODUCTION.
Plerique suam vitam narrare, fiduciam poliùs morum, quàm arrogantiam arbitrati
sunt.
Tacitus, Vita Agricolœ.
Parler de soi, et plus encore écrire de soi, naît, sans aucun doute, d’un excès d’amour-propre. Je ne veux donc faire précéder cette
histoire de ma vie ni de faibles excuses, ni de raisons fausses et illusoires, qui, d’ailleurs, ne trouveraient nul crédit chez les autres, et
commenceraient par donner une médiocre opinion de ma véracité future dans cet écrit. Je le confesse donc ingénument, ce qui me
porte à raconter ma vie tout au long, c’est, parmi d’autres sentimens, mais plus impérieux que tout autre, l’amour de moi-même ; ce
don qu’avec plus ou moins de libéralité la nature a départi à tous les hommes, mais dont elle a réservé la meilleure dose aux
écrivains, principalement aux poètes ou à ceux qui se piquent de l’être. Et ce don est infiniment précieux, étant alors chez l’homme le
mobile de tout ce qu’il fait de grand, lorsqu’à cet amour de soi il unit une connaissance raisonnée des moyens qui lui sont propres et
un enthousiasme éclairé pour le beau et pour le vrai, qui ne sont qu’une seule et même chose.
Sans m’arrêter plus longtemps aux raisons générales, j’arrive à celles que mon amour-propre a fait valoir pour me conduire à faire
ceci, et je dirai brièvement ensuite comment je me propose d’accomplir mon dessein.
Ayant beaucoup écrit jusqu’ici, et plus peut-être que je ne l’aurais dû, il serait assez naturel que dans le petit nombre de ceux à qui
mes œuvres auront pu ne pas déplaire (sinon parmi mes contemporains, parmi ceux du moins qui viendront après nous ), il s’en
rencontrât plusieurs qui fussent curieux de savoir quel homme j’ai été. Il doit m’être permis de le penser, sans trop m’en faire accroire,
quand chaque jour je vois des auteurs assez minces, si l’on regarde au mérite, mais volumineux quant aux œuvres, dont la vie s’écrit,
se lit, ou du moins s’achète. Aussi, quand je n’aurais d’autre raison que celle-ci, toujours est-il certain que, moi mort, un libraire, pour
tirer quelques écus de plus d’une nouvelle édition de mes ouvrages, les fera précéder d’une notice quelconque. Et cette notice sera
vraisemblablement écrite par quelqu’un qui ne m’aura que peu ou mal connu, et qui en ira chercher les matériaux à des sources
douteuses ou partiales ; d’où il suit que cette histoire, si elle n’est fausse, sera toujours moins véridique que celle que je puis donner
moi-même ; d’autant plus que l’écrivain qui se met à la solde d’un éditeur ne manque jamais de faire un sot panégyrique de l’auteur
qui se réimprime, tous deux y voyant un moyen de donner un plus grand débit à leur commune marchandise.
Afin donc que cette histoire de ma vie soit tenue pour moins mauvaise, plus vraie et non moins impartiale que toute autre qu’on
pourrait écrire après moi, moi, qui ai pour habitude de tenir plus que je ne promets, je prends ici avec moi-même et avec ceux qui
voudront me lire l’engagement de dépouiller toute passion, autant qu’il est donné à l’homme ; et je m’y engage, parce qu’après m’être
bien examiné et connu à fond, j’ai trouvé, j’ai cru du moins trouver en moi la somme du bien un peu supérieure à celle du mal. C’est
pourquoi si je n’ai pas le courage ou l’indiscrétion de dire sur moi toute la vérité, du moins n’aurai-je pas la faiblesse de dire ce qui ne
serait pas la vérité.
Quant à la méthode, pour ennuyer moins le lecteur, pour lui donner quelque repos, et aussi le moyen d’abréger cette histoire, en
laissant de côté les années qui lui paraîtraient devoir être moins intéressantes, je me propose de diviser ce récit en cinq époques qui
correspondent aux cinq âges de la vie humaine, et, d’après ces âges, de nommer ces divisions : Enfance, adolescence, jeunesse,
âge mûr et vieillesse. Mais de la manière dont j’ai écrit les trois premières parties et plus de la moitié de la quatrième, je ne puis plus
me flatter d’arriver au terme de l’œuvre avec cette brièveté que j’ai toujours, plus que toute chose, adoptée ou recherchée dans le
reste de mes ouvrages, et qui serait surtout à sa place et plus digne d’éloges quand je parle de moi. Raison de plus pour craindreque dans la cinquième partie (si toutefois ma destinée me laisse arriver à la vieillesse) je ne tombe dans le radotage, qui est le
dernier patrimoine de cet âge affaibli. Si donc, payant

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