Nerval devant la psychanalyse - article ; n°1 ; vol.7, pg 51-64
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1955 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 51-64
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1955
Nombre de lectures 72
Langue Français

Extrait

Professeur Jean Richer
Nerval devant la psychanalyse
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1955, N°7. pp. 51-64.
Citer ce document / Cite this document :
Richer Jean. Nerval devant la psychanalyse. In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1955, N°7. pp.
51-64.
doi : 10.3406/caief.1955.2065
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1955_num_7_1_2065DEVANT LA PSYCHANALYSE NERVAL
Communication de M. Jean RICHER
au F/e congrès de l'Association, à Paris
le 23 juillet 1954.
A la mémoire du D* René Allendy.
Trois techniques différentes mais entraînant des
démarches mentales parallèles et parfois identiques ont
été appliquées au cas Nerval. Ce sont la psychanalyse
freudienne, la dialectique des éléments, des thèmes et
des complexes, telle que la pratique un chercheur
comme Gaston Bachelard, enfin la psychanalyse de
Jung, qui repose principalement sur l'étude des figures
archétypes qui paraissent dans les rêves du sommeil
et les rêves ou rêveries de la veille.
Si l'on accepte l'hypothèse majeure de toute psycha
nalyse, c'est-à-dire si l'on admet comme probable que
le champ de la conscience claire ne représente qu'une
fraction très limitée du psychisme, on peut supposer
que la prospection du subconscient et de l'inconscient
individuel ou collectif donnera des résultats variables
et complémentaires, suivant la zone prospectée. I/étude
des' thèmes éclairera' ce qui a trait aux impulsions fonda
mentales de l'individu, la psychanalyse freudienne sera
révélatrice surtout quant au comportement à l'égard
des proches parents et aux attitudes sexuelles, la
psychanalyse de Jung, enfin, permettra de suivre
l'évolution psychique d'un être, elle ira du moi au
surmoi. 52 PSYCHANALYSE ET LITTÉRATURE
Toutes ces techniques ont' 'un trait commun, c'est
qu'elles s'arrêtent au seuil du monde spirituel proprement
dit; Jung lui-même en convient implicitement puisqu'il
constate l'existence d'un surmoi que l'analyse n'atteint
pas. Il ne faut donc pas demander à plus
qu'elle ne peut donner. Mais les influences spirituelles,
qu'on les considère comme extérieures ou intérieures
à l'homme, se transmettant par l'intermédiaire du
psychisme, une technique comme la psychanalyse de
Jung pourra, par reflet en quelque sorte, renseigner
sur l'évolution spirituelle d'un être humain.
I^es travaux proprement psychanalytiques consacrés
à Nerval sont, à ma connaissance, les suivants :
i° Psychanalyse freudienne : Un article de Charles
Baudouin : « G. de Nerval ou le nouvel Orphée », dans
Psyché en janvier 1947; le livre de M. Sebillotte, paru
en 1948 : Le secret de Gérard de Nerval; un article de
Ch. Mauron dans le n° 293 des Cahiers du Sud (1949)
intitulé : « Nerval et la psycho-critique ».
20 Dialectique des éléments et étude dès thèmes et
complexes :
On trouve quelques indications dans les livres de
Gaston Bachelard, en particulier dans La terre et les
rêveries du repos et La terre et la rêverie de la volonté.
M. François. Constans a publié dans le Mercure de
France en avril et mai 1948 une étude intitulée : « Deux
enfants du feu, la Reine de Saba et Gérard de Nerval. »
Dans le dernier chapitre de mon Nerval, publié dans la
collection « Poètes d'aujourd'hui » en 1950, j'ai essayé
d'analyser quelques-uns des complexes nervaliens et
les grandes figures de son bestiaire fi).
30 Psychanalyse de Jung : L'article intitulé « Nerval
et ses fantômes », que j'ai publié dans le Mercure de
France en juin 195 1, utilise cette technique.
(1) II faut ajouter à cet inventaire les pages que M. Ferdi
nand Alquié a consacrées à Nerval dans Le désir d'éternité
(1947), elles nous ont été indiquées par M. Yvon Belaval. J. RICHER 53
II existe un certain nombre de travaux consacrés à
Nerval ayant pour auteurs des médecins, spécialement
des psychiatres. La plupart d'entre eux sont anciens
et ne tiennent compte que d'une partie des textes et
des matériaux aujourd'hui publiés. Je ne crois pas qu'il
y ait lieu de les énumérer ici.
I. — Nerval était une proie toute désignée pour la
Psychanalyse freudienne. L'importance considérable que
tient dans sa vie la disparition prématurée de la mère
ne peut pas échapper à un biographe un peu attentif.
Dans ce domaine, comme pour tout ce qui concerne
Nerval, la biographie d'Aristide Marie, qui date de
1914 avait montré la voie et les historiens de Nerval
l'ont généralement suivie. C'est ainsi que dans mon
Nerval et les doctrines ésotériques paru en 1947, j'avais
accordé une grande importance aux multiples figures
qui, dans l'œuvre de Gérard, représentent la Mère.
Dans l'article paru dans Psyché presque au même
moment, Charles Baudouin citait en particulier des
fragments des lettres adressées par Gérard à son père
et à Georges Bell au cours de son dernier voyage en
Allemagne en 1854. Il y montrait comment, parce que
sa mère était enterrée en Silésie, Gérard assimilait le
Rhin au Styx. Pour le poète, le voyage en Allemagne
était l'équivalent d'une descente aux enfers. D'autre
part, le ton toujours si tendre des lettres de Gérard à
son père trahissait, selon Ch. Baudoin, une. tendance
à remplacer auprès du père la mère perdue, le goût de
s'incarner dans- un personnage féminin. Cet analyste
pensait que là était l'origine du « refus d'un amour
pleinement viril et de ce petit jeu de dérobade qui
consiste à être pris sans cesse entre deux figures fémi
nines- ».
Charles Baudouin notait aussi l'importance de la
vision du double dans Aurélia et des noces entre Aurélia
et le double. PSYCHANALYSE ET LITTÉRATURE 54
Le livre de M. Sébillotte intitulé le Secret de Gérard
de Nerval (1948) est un ouvrage de parti pris. L'auteur
prétend expliquer toute la vie et l'œuvre par le « baby-
lanisme » présumé de Nerval. Sa conviction lui est
venue à la suite d'une lecture â'Armance de Stendhal
et il veut nous la faire partager. Les analyses de
M. Sébillotte rendent à nos yeux assez probable une
impuissance intermittente de Nerval ou au moins une
dissociation du désir et de l'amour véritable.
Mais l'analyse des œuvres dans cette perspective est
peu satisfaisante et très incomplète; d'ailleurs plusieurs
textes utilisés par M. Sébillotte peuvent s'interpréter
sans faire intervenir la psychanalyse. Les meilleures
pages du livre sont, à mon sens, celles qui se rapportent
aux relations de Nerval avec son père et à l'interpré
tation sexuelle de certains passages d'Aurélia et de
La Pandora.
L'étude de Charles Mauron, qui débute par une
critique du livre de M. Sébillotte, n'a que vingt-deux
pages, mais elle est extrêmement riche de suggestions.
On y trouve en particulier un tableau où sont groupés
les associations et symboles qui chez Nerval se rap
portent à la Mère, au Père, au Père Idéal et au Fils
Idéal. M. Mauron a bien montré l'ambivalence des
sentiments de Gérard à l'égard de son père, sa rancune
inavouée pour celui qu'il rendait inconsciemment respon
sable de la mort de sa mère. Il démontre à ce propos que
le scénario La forêt noire a le caractère d'une véritable
auto-analyse. Il écrit : « La conscience éveillée de
Nerval savait-elle que cette irruption de militaires
meurtriers dans une paisible famille, ce rapt d'enfant,
ce rêve enfin racontaient sa propre histoire? »
Ici on aborde le problème central quand il s'agit de
Nerval : toutes ses œuvres importantes sont nées du
rêve ou du rêve éveillé. L'analyste a donc le droit de
les traiter comme autant de grands rêves. L'étude de
Charles Mauron, tout en restant assez strictement J. RICHER 55
freudienne, a le mérite de faire la première place à
l'analyse de l'œuvre.
II. — Si nous abordons maintenant l'analyse des
éléments, des thèmes et des comple

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