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Description

Mary a trente-huit ans et ne connait que le travail. Elle s’est imposée dans un monde masculin où elle est devenue une femme puissante, riche et jalousée. Lors d’un voyage d’affaires elle repense à son amour d’enfance, Akio, à qui elle n’a jamais avoué ses sentiments.
Commence alors une rétrospective sur sa jeunesse troublée, et les choix qui l’ont menée vers une vie dénuée de sens.
La version complète est disponible à l'achat sur https://www.amazon.fr/dp/2954433213

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 30 août 2019
Nombre de lectures 3
EAN13 9782954433219
Langue Français

Extrait

Composition : Philippe HALICKI
philippe@akiolelivre.fr
www.akiolelivre.fr
Copyright 2019 Tous droits réservés ISBN : 978-2-9544332-1-9
Toute reproduction même partielle, par quelque procédé que ce soit est interdite sans autorisation préalable écrite de l’auteur. Toute copie constitue une contrefaçon passible des peines prévues par la loi du 11 mars 1957 et du 3 juillet 1995 sur la protection des droits d’auteur.
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Un immense merci à
Laurence S. pour son soutien et sa patience,
Caroline JACOTIN, correctrice de son état, pour son aide précieuse,
àtous ceux qui m’ont encouragé dans cette extraordinaire aventure,
à tous mes lecteurs.
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Philippe Halicki
AKIO
R O M A N
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1 La fille transparente Je mis plusieurs années avant de prendre conscience que j’étais un pion taillé bizarrement, tombée par hasard dans un étrange jeu de société dont je ne comprenais pas les règles. Parmi mes nombreuses singularités, il y en avait une qui me caractérisait plus que les autres, j’étais transparente. Je dis-posais de bras, de jambes, j’étais parfaitement constituée et en cela j’avais bel et bien une existence physique. Je pou-vais toucher, sentir, parler, interagir avec le monde. Pour résumer, j’étais un être constitué de chair et d’os comme tous les enfants de mon âge. Mais les gens passaient à côté de moi sans me voir. Si je parlais, personne ne m’entendait. Si j’entravais un chemin, on m’évitait commeon évite un simple caillou. J’étais assimilée à un objet et personne ne semblait remarquer mon existence d’être vivant.Évidem-ment, lorsque je parvenais à me glisser dans un groupe, per-sonne ne m’adressait la parole. Si le hasard me conduisait à me retrouverface à quelqu’un, mon interlocuteur ne me regardait pas. Le plus souvent, s’il ne prenait pas congé sans mot dire, il cherchait toutes sortes de subterfuges pour échapper à une hypothétique conversation. Par exemple, il pouvait s’exclamer en levant les yeux au ciel «Ah zut, j’ai oublié de me rendre à la bibliothèque» et il s’en allait sans rien ajouter. Comment aurais-je pu l’en blâmer? On ne parle pas à un objet. J’étais pourtant bien réelle car je respi-
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rais, je mangeais, je dormais. Lorsque je me regardais dans un miroir, c’était bien l’image d’une petite fille de six ans qui m’était renvoyée et non celle d’un fantôme.À cette époque, j’en étais venue à la conclusion que les gens m’ignoraient, tout simplement.Quiconque venait à croiser ma route m’évitait, poussé par une force invisible et imperceptible. Personne ne sem-blait en avoir pris conscience puisque les raisons de ces évitements étaient de l’ordre du réflexe. C’est pourquoi je mis si longtemps à comprendre que ce n’était pas de moi que l’on se détournait.
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2 Hong KongJe me trouvais à bord d’un Boeing777 à destination de HongKong. Je m’y rendais quatre à cinq fois par an, no-tamment à l’occasion des présentations des nouvelles col-lections de nos produits. Voilà quinze ans que j’avais lancé une petite entreprise de fabrication de jouets. Les affaires marchaient plutôt bien. Peu de temps après sa création, elle affichait même une rentabilité à deux chiffres. À trente-huit ans, je me retrouvaisà la tête d’une belle petite fortune que m’enviaient bien des concurrents. Pourtant, l’idée d’avoir consacré un tiers de ma vie à développer cette société m’effrayait chaque jour un peu plus. Le temps semblait avoir filé aussi vite qu’unede sable coulant entre poignée les doigts. Pendant toutes ces années, personne n’avait par-tagé ma vie. Mon quotidien avait été rythmé par des jour-nées de travail qui n’en finissaient pas et ne laissaient que peu ou pas de place pour les loisirs ou l’entretien d’une rela-tion. Je n’avais rien construit d’autre qu’un univers factice rempli de jouets multicolores. Les prétendants que je n’avais pas repoussés avec énergie s’étaient enfuis. Mes aventures n’avaient jamais duré plus d’une nuit, à l’exception de deux d’entre elles qui s’étaient étirées sur près de trois semaines. Elles s’étaient épuisées naturelle-ment, faute de pouvoir y consacrer du temps. Même le chat
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que j’avais fini par adopter pour rompre ma solitude était parti deux mois plus tard. Je commandai un Daïquiri au steward. Il revint avec le cocktail dans lequel était planté un parasol en papier rouge. La vue de la couche de glace pilée me réjouit. Habituelle-ment, les barmen se contentent de broyer sommairement les glaçons, ce qui selon moi est uneerreur. Je n’apprécie véri-tablement ce breuvage que lorsque la glace est hachée fine-ment pour former une mince pellicule scintillante. J’examinai les délicats cristaux flottants entre deux eaux puis portai le verre à mes lèvres. Le mélange savamment dosé était parfait. Je félicitai son créateur, il me remercia en esquissant un sourire puis disparut derrière le rideau de la coquerie. Je regardai ma montre qui indiquait seize heures. Sept heures me séparaient encore de ma destination et je n’avais aucune idéede la manière dont j’allais les occuper. J’avaisachevé la rédaction demon rapport d’activités pré-visionnel et la perspective de me replonger dans les chiffres me déprimait. Je vidai mon verre d’un trait puis en com-mandai un autre. Nous étions sept passagers dans une classe affairescomportant dix emplacements. Deux d’entre eux travaillaient, semblait-il, penchés sur leur ordinateur por-table, tapant frénétiquement sur leur clavier et jouant de la souris. Une jeune femme regardait un film. Les autres dor-maient. Le second Daïquiri arriva, accompagné de six cana-pés. Le serveur se pencha vers moi et me dit à voix basse : J’ai pris la liberté de vous apporter quelques amuse-bouche, ils accommoderont merveilleusement votre cock-tail. Sans doute craignait-il queje m’enivre trop rapidement.L’image de Nikolay me vint à l’esprit. Il était mon colla-borateur et accessoirement mon seul ami. Il vivait sur les
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hauteurs de Central, dans un immeuble face à Hong Kong Park. Cela faisait cinq ans qu’il avait rejoint ma société. Sa principale mission était de me relayer à Shenzhen où se trouvait l’usine du groupe. Du fait de la distance, nos ren-contres étaient rares mais nos échanges téléphoniques fré-quents. Nous parlions des affaires de l’entreprise, bien sûr, mais surtout de ses expériences amoureuses et de ses folles nuits qui se terminaient souvent dans les bras d’un parte-naire sexuel. C’était ma seule relation amicale, le reste de mes con-naissances se résumait à des échanges professionnels. J’étais très entourée mais je savais que le pouvoir et l’argent intéressaient en premier lieu ceux qui tentaient de me sé-duire, du moins en étais-je convaincue. Ni belle ni laide, on ne se retournait pas sur mon passage, j’étais d’un commun résolument banal. Le monde des affaires est un univers étrange où se mê-lent poignées de mains et coups bas, où le Dieu fric tout puissant réclame son lot de sacrifices. Avec le temps,j’ai appris à rendre les coups. Au début, je le faisais à contre-cœur, j’avais une morale, des principes. Ils ont été écrasés sous le talon de l’hypocrisie, obligation dictée par une règle économique qui ne laisse pas de place aux sentiments. Au-jourd’hui,je riposte sans réfléchir, le temps s’est chargé de transformer les actes que je répugnais en réflexes. Dans le même temps,mon visage s’est endurci et de l’avis de tous, je renvoyais l’image d’une femme d’affaires hors d’atteinte. Ce masque aux traits acérés semblait dire «fuyez ou vous serez broyés». Je n’ai jamais été très sociable mais forceest de constater qu’au fil des années, le vide s’était installé en moi.Pas un vide au sens strict du terme, non, mais un vide plus sour-
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nois, un vide sociétal que seules les relations humaines, les activités en groupe, les passe-temps que je jugeais jusqu’alorstotalement inutiles peuventcombler. Je ne m’en rendis compte que récemment. À présent, mon entreprise florissante était gérée par quelques ronds de cuir talentueux qui s’occupaient de la développer encore davantage. Je n’étais sollicitée que pour les grandes décisions. Du temps libre s’offrait enfin à moi. Je pris ces instants de rien comme une étrangeté. Voilà des années que mon planning était chronométré, optimisé au point que chaque minute était planifiée. Même mes heures de sommeil étaient comptabilisées et calculéesau plus juste. Depuis que j’avais quitté le foyer parental, je ne me souvenais pas avoir connu le moindre temps mort. Au début, ces instants siphonnés de toute obligation, ces blancs qui s’offraient à moi m’enivraient. Je les passais à marcher au hasard dans les rues, à lire les derniers best-sellers des librairies, à observer les oiseaux, les gens. Mais rapidement,l’excitation laissa place à un vide abyssal.La solitude, cette gangrène perfide, me rongea tout en-tière. C’est une maladie sournoise qui agit sur les entrailles et se développe sans que l’on en prenne la mesure. Les se-maines passaient, ma charge de travail s’allégeait et le mal s’étirait, rongeant mon corps en lui imposant une souffrance silencieuse et langoureuse. Chaque jour, la fatigue me ga-gnait un peu plus, je dormais, beaucoup, j’appris à fumer. Je tentaisd’apprivoiser une douleur qui m’était inconnue.Je me souviens que l’été dernier, alors que la chaleur écrasante chauffait le bitume, j’observais les enfants jouer avec les jets des fontaines publiques jaillissant du sol. Ils rayonnaient, criaient, couraient et s’amusaient. Les parents arboraient deux comportements distincts, soit ils approu-
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vaient en participant aux jeux d’eau, soit ils réprimandaient. Plus je les regardais, et plus il me semblait que mes viscères se relâchaient pour prendre une consistance flasque et vis-queuse. Mes tripes se tassaient. Seul subsistait dans mon corps vide un cœur rabougri et endolori.Le petit organe, non content de remplir sa fonction de pompe, se mettait à hurler les soirs où, isolée dans une chambre d’hôtel, je tentaisde noyer l’ennui et la solitude en faisant défiler la centaine de chaînes télévisées qui s’offrait à mes yeux. J’étais devenue creuse, invariablement seule.Alors quej’étais parvenue à maîtriser le monde com-plexe et sans pitié des affaires, je crevais de honte de ne pas être capable de simplement vivre. *** Mes idées se diluaient à mesure que l’alcool se rependait dans mes veines. Le liquide chaud aspirait la réalité, la ma-laxait et la renvoyait légèrement déformée, pour me per-mettre d’oublier un instant ma solitude et les problèmes qui m’appelaient en Chine.Je ne sais pas vivre, mais je sais courir. Mes nombreux voyages m’empêchaient de m’engager dans un club sportif. Aussi, une paire de baskets m’accompagnait dans tous mes déplacements. La course était ma drogue, une dose quasi quotidienne que je prenais toujours seule. C’est un sport que j’affectionnais particulièrement. Quel que soit l’endroit sur la planète oùje me trouvais, je choi-sissais toujours mes lieux d’entraînement avec soin. S’il y avait une montagne à proximité, je ciblais en priorité les sommets aux pentes les plus escarpées ou à défaut, les fo-
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