rendez-vous sous le ginkgo
148 pages
Français

rendez-vous sous le ginkgo

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Description

Qu’est-ce qui fait courir Ariane ?
Que fait John, en Chine ?
John, jeune ingénieur américain a quitté sept ans plus tôt Ariane sans la moindre explication… La curiosité de la jeune femme et son quotidien désespérément banal la pousseront à sauter du jour au lendemain dans un avion pour aller rejoindre à Suzhou son ex-grand-amour.
Une étrange affaire va les réunir.
Une aventure qui mêle amour, espionnage, amitié et science nous fait voyager en Chine et en Inde.
« Elle sonna à l’interphone de l’appartement 1257, sans se poser la question de l’heure.
- John ?
- Monte… Je ne te savais pas si matinale… Tu veux un café ?
- Je te réveille ?
- Non… 4 heures du matin, je t'attendais. Alors, Whisky ou café ?
- Café. Je t'accorde cette matinée pour m'expliquer ce qui t'arrive et me convaincre que j'ai eu raison de venir.
- Quelle générosité Sweetie.
- Et cesse de m'appeler Sweetie. »
« Il avait rencontré Luyana un jour où il rentrait voir ses parents. Il l’avait observée alors qu’en vain elle courait en tous sens, essayant de convaincre des foules de femmes illettrées de se rhabiller. Conformément à un ancien rituel ces femmes allaient travailler nues aux champs afin de transformer les nuages en pluie. Luyana ne comprenait pas qu’on puisse encore agir de la sorte. Décidément la place de la femme dans la société, c’était pas gagné pensait-elle, la tête dans les mains, désespérée, quand ce grand jeune homme vint s’asseoir à ses côtés et lui dit en riant que la tradition avait du bon, la couvrant de sa veste alors que l’orage éclatait sans prévenir. »
« - John… John, ils sont là.
- J’arrive Sweetie je suis là moi aussi, arrête-toi au premier étage je t’attends.
Il lui prit la main, sans qu’elle l’ait senti s’approcher, l’emmena vers les escaliers de secours, ils coururent jusqu’au parking, montèrent dans la voiture… Il démarra en trombe.
Ariane avait du mal à reprendre son souffle et ses esprits.
- Je peux pas respirer, j’ai mal au cœur, arrête-toi s’il te plaît, arrête… Vite… Cria-t-elle.
Il tourna dans une petite ruelle, elle descendit précipitamment de la voiture, hurla, les larmes aux yeux. John la prit tendrement par les épaules viens, on rentre. »

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Informations

Publié par
Publié le 24 avril 2011
Nombre de lectures 1 592
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Extrait


















































































Inertie : physique, propriété qu’ont les corps de ne pouvoir,
d’eux-mêmes et sans cause étrangère changer d’état.
Fig., résistance passive à la volonté.

















C’est ridicule. C’est ridicule de vouloir que chaque matin ne ressemble pas au précédent.
C’était un matin comme les autres nourri des mêmes pensées, des mêmes gestes. C’était un
matin comme les autres. Son compagnon et les enfants partis, elle allumerait la radio, étrange
et unique interlocuteur complice de cet immuable quotidien. Longtemps elle avait détesté
l’ordinaire des tâches domestiques. Perte de temps, abrutissement. À présent les gestes
s’exécutaient d’eux-mêmes alors que ses pensées vagabondaient. Elle soutenait même
éprouver une légère sensation d’évasion. Nombre d’idées affluaient sans même qu’elle ait eu
à les convoquer. C’était un matin comme les autres. Elle prêtait une oreille passive aux titres
des informations : chômage en hausse… Quel scoop ! Depuis deux ans qu’elle vivait à Paris,
elle n’avait trouvé que de brefs petits boulots, ce qui l’irritait fortement. Découragée, Ariane
réfléchissait aux deux options qui s’offraient à elle : le viatique du pôle emploi ou l’inertie.
J’opte pour la seconde se dit-elle sans hésitation en s’affalant sur le fauteuil du salon, face aux
baies vitrées à nouveau souillées par le crachin. J’abandonne toute recherche. La vie ne se
réduit pas qu’au travail. Ne peut-on être libre sans travailler ? Elle prétendait ainsi se donner
bonne conscience dans sa démission. Non… Hélas non.
C’était ridicule… C’était ridicule de souhaiter que chaque matin ne ressemblât pas au
précédent. Même la météo, obstinée, ne faisait aucun effort, insignifiante matinée terne de fin
de février. Option inertie. Quand le téléphone sonna elle ne prit surtout pas la peine de se
déplacer, laissa le répondeur faire son boulot. Il n’était pas loin de dix heures quand elle
décida enfin à sortir de sa léthargie. Bonjour. Vous avez… Un… Nouveau message.
Régulièrement quand elle écoutait le répondeur, elle imaginait une tête sans corps qui
s’ingéniait malicieusement à laisser un temps d’arrêt avant d’annoncer le nombre de messages
enregistrés, ménageant ainsi la surprise ; Message… Un : Bonjour…
Silence…
C’est un message pour Ariane…
Silence…
eAriane, peux-tu passer chez moi, 11 rue des Peupliers dans le 13 .
Silence…
Passe please, c’est important.
Fin des nouveaux messages. Son cœur se mit à battre si fort qu'elle faillit s'évanouir. Elle s’appuya dos au mur ; lentement
glissa jusqu’au sol. Instinctivement sa main caressa sa nuque. Elle ferma les yeux quelques
secondes, le temps de reprendre son souffle. Il n'y avait qu'une personne qui prononçait ainsi
son prénom. Tapez trois si vous voulez enregistrer le message… Tremblante, elle laissa
tomber le combiné.
Elle ne savait que faire de cet appel déconcertant. Une foule de pensées se bousculaient,
provoquant une tempête incontrôlable, des souvenirs qu’elle avait résolument chassés de sa
mémoire lui revenaient à l’esprit. Ariane, bouleversée, succomba à des bouffées de chaleur
suivies d’une grande mélancolie qui à son tour fit place au questionnement. Pourquoi l'avait-il
appelée ? Voilà bientôt sept ans qu'elle n’avait pas eu de ses nouvelles, qu’elle ne l'avait pas
revu… Ils s'étaient rencontrés en Asie, lui John l'américain et elle Ariane, une Française.
Sa liste de course dans son sac, elle démarra. Elle repensait à John quand brusquement elle
ebifurqua. Bien qu’agitée elle trouva sans problème l’adresse dans le 13 arrondissement.
C’était un petit pavillon dans une rue tranquille de la Butte aux Cailles. Quand elle avait
rencontré John en Chine il travaillait comme ingénieur pour une firme américaine.
Chanceuse, elle se gara juste devant chez lui, passa le portillon qui grinça fortement. Elle
traversa le jardinet et frappa à la porte.
- John… John… ?
C'est bien la peine de me demander de passer, il n'est même pas là.
- John ?
Personne… Bon allez ma vielle va faire tes petites courses.
- John ?
Ariane tourna machinalement la poignée de la porte qui s'ouvrit. Timidement elle passa la
tête…
- John ?
Puis se décida à entrer… Personne… Quel bordel ! Et dire que j'aurais pu vivre avec cet
homme.

*

Il l'avait prise dans ses bras, serrée si fort qu'elle avait cru qu'il voulait l'étouffer. Puis,
délicatement il l'avait reposée et quand ses pieds avaient touché terre, elle fut prise d'un
vertige qui dura deux ans, huit mois et seize jours. Son sourire la renversait et des frissons courraient sur tout son corps quand il la regardait. Leur premier baiser fut timide et tendre…
Nous étions si jeunes.
- John… Tu es là ?
Bon, décidément, drôle de matinée. Elle avançait bruyamment dans le salon, la chambre…
Son lit… Elle ferma les yeux ; respira profondément ; apprécia la caresse des dernières
particules d’un parfum en suspension. Son regard indiscret se posa sur une statuette qui
éveilla aussitôt d’étranges sentiments mêlant tendresse, ivresse, amour, haine et douleur. Elle
se souvint… Do you want to marry me ? Quoi ?
Sept ans plus tôt, elle n'avait pu répondre autre chose que ce stupide « quoi ? ». Le lendemain
de cette inattendue demande en mariage, elle offrait à John cette statuette à l’intérieur de
laquelle elle avait glissé un mot pour s’excuser et lui donner un rendez-vous trois semaines
plus tard, à son retour de France où elle devait se rendre pour passer son diplôme. Il ne trouva
pas le mot… Ou trop tard, beaucoup trop tard…
La statuette dans son insolente et éternelle jeunesse était là, dans la chambre, spectatrice du
temps, contemplant de ces vingt-deux centimètres la séparation. Ariane la prit, délicatement,
se mordilla la lèvre inférieure, ferma les yeux et se laissa quelques secondes emporter dans le
tourbillon de la mémoire. Elle l’avait trouvée chez un antiquaire chinois, à Shanghai. La digne
courtisane, regard hautain et sourire narquois l’avait immédiatement attirée et séduite. Son
prix comme à l’habitude fut très durement négocié. L’antiquaire, monsieur d’un certain âge,
cheveux teints, certifiait l’authenticité de cette statuette de l’époque Song. Ariane, arguait que
si il s’agissait réellement d’une antiquité elle ne prendrait pas le risque de l’acheter. La
négociation s’animait et le ton montait, attirant comme à l’accoutumée les curieux, passants et
autres commerçants, chacun prenant parti. Ariane adorait ses joutes. À ce stade de la
négociation, il fallait trouver le fragile équilibre dans lequel vendeur comme acheteur ne
perdait pas la face et ainsi que chacun put s’estimer satisfait.

La statuette… Le lit… John. Elle sentit un malaise l’affliger. Sa vie lui sautait brutalement au
visage, l’égratignait. Vie de merde, conformiste, servile, liberticide, comment avait-elle pu en
arriver là ? Elle savait ces pensées excessives, mais aussi stimulantes !
Soudain le portail du jardin grinça… Ariane se dirigea instinctivement vers la fenêtre du
salon, resta une seconde désemparée. Elle chancela… Il ne fallait surtout pas défaillir en le
voyant.
Deux hommes passaient furtivement la porte du jardin. Elle les considéra rapidement. Grands,
baraqués, costumes sombres, cravates vulgair

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