Lesartificesmisenoeuvrepourévitercettepriseencompteréductriceetdangereusedel’enseignement/ l’étude des langues étrangères n’ont pas servi à grand chose. Sans parler des problèmes difficilement solublesconcernantl’emploidesprofesseursd’autreslangues,ilenrésultequ’onobserve: -Unedénaturationdel’accèshumanisteetculturel,enfonctiondesinclinationsdechacun,àl’étuded’unelangueétrangère(lequelimpliquel’initiationauxcoutumes,auxmoeurs,àlacultured’unpeuple),sousle prétextedela“nécessité”d’apprendrecettelanguelàetpasuneautre. -La méconnaissance et la négation de fait des principes directeurs du plurilinguisme de la Communauté Européenne;principesqui,àl’évidence,vulafaçondontilssontactuellementsuivis,favorisentunmono-linguisme et particulièrement le monolinguisme anglophone. Par ailleurs, l’étude poussée de plusieurs langues étangères ne garantit pas la communicatin internationale de tout individu avec tous; alors qu’au contraire cela devrait être assuré comme un droit de tout citoyen européen à sa sortie de l’école obliga-toire. -Unesérieusemiseendangerd’extinction,commerésultantedumonolinguisme,delalanguematernelleelle-même.Eneffetunelanguesetrouveplacéeenconditiond’extinctiondèsl’instantoù,danslesécoles élémentairesdupeuplequilaparle,onfavorisel’enseignementd’unelangueétrangère,sousl’argumentquelalanguequiestetquiresteravalableestl’anglais,àl’exclusiondetouteautreycomprislalanguenationaleelle-même.Danscesconditions,l’anglaisnepeutquedominerlalanguenationaleetparcon-séquent accéder au rang de première langue. De fait, entre une langue en pleine ascension, présentée commelangueduprésentetdufutur,etunelangueendécadence,présentéecommelanguedupassé,c’estforcéméntlapremièrequisortiravictorieuse.
Sansallerjusqu’àuntelnombre,sansqu’ilsoitbesoinderechercheapprofondie,onpeuténumérerune centainedelangues.Lalistequisuitestpluscourte,carellenevaquejusqu’à1914,maiselleattestedéjà l’intense activité de création de langues entre 1879 - date de l’invention du “Volapük” - et 1914. Dans le détail, en l’espace des 14 premières années de ce siècle, on dénombre dans la liste, certainement très imcomplètequisuit,plusdedeuxlangueschaqueannée: 1858, Cosmogossa ; 1868, Universalglot ; 1879, Volapük ; 1883, Weltsprache ; 1887, Balta ; 1887, Lingvo
Maisencored’autreslangues,d’origineethniquenaturelle,etentantquephénomènessociaux,quandlebesoin s’en faisait sentir, ont subi une formation planifiée et, dans une certaine mesure, artificielle: l’in-donésien,lenorvégienofficieletl’hébreu-lalangued’Israël-;maisencoredeslanguescommel’allemandlittéraire,l’italien,lesouahéli,etaussilefrançaisetl’anglais,àcertainsmomentsdeleurhistoireaucours dessiècles,sesontformésdemanièreartificielle.
Ilestintéressantd’observerquel’idéede“LinguaUniversalis” afaitsonapparitionaumomenthistoriquedeladécadencedulatincommelanguevéhiculairedeséliteseuropéennes,etqu’elles’estincarnéedansde nombreuxprojetsenunautremomenthistorique,quandlefrançais-quiavaitprislaplacedulatin-commençaitlui-mêmesadécadencedanscemêmerôle.Danslesdeuxcas,onnotecettedémarcheversune solutionradicaledesproblèmesdelacommunicationinternationale,etdansledeuxièmecasondiscerneun lien étroit entre l’apparition du “phénomène espéranto” et des états-nations: l’idée même de langue internationaleapparaîtcommeuneréponseàladivisiondel’Europeennations(etenlangues).
Autreremarque:ilsemblequelenombredelanguesconstruitesaugmented’autantplusqu’ons’approche de la première guerre mondiale, comme si les projets s’étaient efforçés de détourner la catastrophe qui s’annonçaitàl’horizonpolitique.
C’esten1887 queZamenhof,quiestnéen1859,publiesonpremierpetitlivresurcequ’ilappelle“ Lingvo Internacia” : le mot Doktoro Esperanto est le pseudonyme qu’il prend pour signer son texte. Deux ans plustardapparaîtlapremièrerevue “LaEsperantisto” ;en1894Zamenhofpublieundictionnaire,puisun recueild’exercices,etfinalement,en1905,apparaîtle “FundamentodeEsperanto” ,untextequirésume