Peintures murales à Rhodes : les quatre chevaliers de Philerimos - article ; n°2 ; vol.148, pg 919-943
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 2004 - Volume 148 - Numéro 2 - Pages 919-943
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Bernard de
Vaivre
Peintures murales à Rhodes : les quatre chevaliers de
Philerimos
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 148e année, N. 2, 2004. pp. 919-
943.
Citer ce document / Cite this document :
de Vaivre Jean-Bernard. Peintures murales à Rhodes : les quatre chevaliers de Philerimos. In: Comptes-rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 148e année, N. 2, 2004. pp. 919-943.
doi : 10.3406/crai.2004.22753
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_2004_num_148_2_22753D'INFORMATION NOTE
PEINTURES MURALES À RHODES :
LES QUATRE CHEVALIERS DE PHILERIMOS,
PAR M. JEAN-BERNARD DE VAIVRE, CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE
Rhodes a gardé du temps des chevaliers, c'est-à-dire de la
période allant de 1306 à 1522, un grand nombre de monuments1.
Si les archives de cette période ont été transférées à Malte après
le Grand siège, les œuvres peintes, sur chevalet ou iconostase, ont,
pour la plupart, disparu. Les quelques fresques qui subsistent
sont essentiellement des œuvres décorant des églises orthodoxes.
Il n'en reste donc que très peu susceptibles d'être rattachées à
l'art occidental. L'une des plus belles, à l'état de simple fragment,
est le visage de sainte Lucie, qui subsiste dans l'église Sainte-
Marie du château (fig. 1). C'est d'ailleurs un morceau de grande
qualité, dont le style trahit l'origine ou la formation toscane de
son auteur et que l'on peut proposer de dater vers le milieu du
xive siècle2. Les autres ensembles de peintures murales liés à
l'Europe occidentale sont encore en plus triste état. Plusieurs,
notées par des voyageurs au XIXe ou encore à l'aube du xxe siècle,
semblent avoir aujourd'hui disparu.
Ainsi un témoignage aurait-il pu être important, notamment
en raison d'éléments susceptibles d'en permettre une datation
précise, s'il avait été mieux conservé. Il s'agit des peintures
murales, évoquées ici pour mémoire3, qui ornaient un petit
1. La meilleure étude sur les monuments de la ville est celle d'Albert Gabriel, La cité
de Rhodes, Paris, 1921-1923, 2 vol. Plusieurs places de l'île fortifiées par les chevaliers ont
fait l'objet de courtes mais précises notices avec des plans sommaires par Jean-Christian
Poutiers, Rhodes et ses chevaliers, Beyrouth, 1989. Cela étant, j'ai rassemblé depuis une
trentaine d'années des éléments complémentaires basés sur des textes inédits et des obser
vations sur place qui feront prochainement l'objet d'une nouvelle étude : Rhodes aux XIVe
et XVe siècles (à paraître).
2. C'est l'avis compétent de François Avril.
3. Compte tenu des éléments complexes recueillis, je me réserve de revenir ultérieur
ement plus longuement sur cette chapelle, fondée au temps de Philibert de Naillac, dans
l'étude précitée, commencée depuis des décennies, sur les constructions des chevaliers de
l'ordre de l'Hôpital à Rhodes. J'examinerai alors plus précisément le cas de cet oratoire en 920 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
oratoire difficilement accessible et laissé à l'abandon. Ces pein
tures étaient déjà, voilà près d'une trentaine d'années, dans un tel
état de délabrement qu'il sera bien difficile d'en sauver mainte
nant quelques pans. Personne d'ailleurs ne les voit jamais car ces
restes sont situés dans une petite chapelle située en haut du
rempart oriental de la ville. Elle ne peut s'atteindre que par le
chemin de ronde desservant la partie de la courtine située à
quelques dizaines de mètres au nord de l'auberge ou prieuré
d'Angleterre. Le premier - et quasiment le seul - à en avoir
donné une description, sans doute incomplète, est le baron de
Belabre4, consul de France à Rhodes au début du xxe siècle, qui a
reproduit à l'aquarelle le panneau du fond dans son livre paru en
Angleterre et a donné un aperçu d'un autre fragment, relevant
même quelques écus, tous éléments devenus pratiquement invi
sibles aujourd'hui car des réparations de fortune dans ce petit
édifice et la progression du salpêtre ont malheureusement fait
disparaître tant le dessin que les pigments. Le style de ce que l'on
en discerne permet d'attribuer l'origine de ces peintures à plu
sieurs campagnes successives du xve siècle. Il me semble cepen
dant possible d'affirmer, car conforme d'ailleurs à la logique,
l'appartenance de cette chapelle, élevée au temps de Philibert de
Naillac5 mais décorée un peu plus tard, à la résidence du prieuré
d'Angleterre, toute proche. L'un des écus, vu mais non identifié
par Belabre, me paraît en effet aux armes d'Arundel, comte de
Mautravers, donc remonter à la troisième décennie du xve siècle.
Bien que ce personnage n'ait pas appartenu à l'ordre des Hospit
aliers, la probable raison de la présence de cet écu dans cet ora
toire à Rhodes sera éclairée par les conclusions de la présente
étude, qui porte sur un autre site de l'île.
Au sud-ouest de la ville de Rhodes, se trouve, sur un promont
oire, le site de Philerimos dont les éléments fortifiés autrefois en
ont complètement disparu. Ils protégeaient jadis une chapelle
que l'on nommait, du temps des chevaliers de Rhodes, Notre
Dame de Philerme. Elle était très connue car y était conservée
même temps que celui des monuments et maisons édifiés du début du xive à l'aube du xvie
par les chevaliers de Rhodes, à la lumière des éléments en subsistant au début du siècle
dernier et de l'interprétation délicate de textes contemporains de ces bâtiments et où ils
sont mentionnés.
4. Baron de Belabre, Rhodes ofthe Knights, Oxford, 1928.
5. Ce point sera développé ailleurs. ■)
LES CHEVALIERS DE PHILERIMOS 921
Fia 1." - Rhodes, cathédrale" Notre-Dame ' du
"J.-B.1 de,; Château, fresque de Sainte Lucie. Cl.
Vaivre. •
une icône de la .Vierge, qualifiée de miraculeuse. L'actuelle cha
pelle, pratiquement totalement reconstruite lors de l'occupation
italienne de l'île, ne comporte cependant plus que d'infimes frag
ments de l'édifice religieux élevé par les chevaliers ou plutôt
réédifié par eux après le premier siège infructueux de la ville de
Rhodes en 1480. Or, à cent pas de là, vers le nord, subsiste encore
aujourd'hui un étonnant caveau. Celui-ci est de forme barlongue,
voûté en plein cintre et ses parois sont recouvertes de peintures
murales. Très endommagées par l'humidité, on se rend immédia
tement compte en pénétrant dans ce petit espace souterrain
qu'elles ont été plusieurs fois restaurées6.
6. L'une des restaurations les plus importantes a été menée en 1939 par Ricardo de
Bacci Venuti. 922 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
La plus ancienne description qui en ait été donnée paraît celle
du colonel Rottiers7. Ce dernier a publié un ouvrage, paru en
1830, quatre ans après son voyage à Rhodes. Il comporte de nomb
reuses descriptions de monuments de l'île qui présentent
a priori un très grand intérêt car beaucoup de ceux décrits ont
malheureusement disparu depuis lors ou ont subi de forts rema
niements. Rottiers, qui écrivit en français, était accompagné d'un
dessinateur, du nom de Witdoeck mais qu'il nomme dans son
livre Aspro Madilli. Au volume de son texte, Rottiers annexa un
atlas comportant des gravures au trait et quelques planches en
couleurs. Pour juger de la qualité des reproductions, seule la com
paraison des œuvres de Witdoeck avec les éléments parvenus
jusqu'à ce jour peut permettre de porter un avis sur leur fidélité.
D'une manière générale, les proportions paraissent fort sujettes à
caution : ainsi le tombeau de Robert de Juilly8 est-il beaucoup
trop allongé mais la plupart des détails de la sculpture sont
exacts. La porte septentrionale de l'hôpital neuf est également
convenablement restituée, comme d'ailleurs la grande salle de ce
même établissement ou l'intérieur de l'église Saint- Jean9 mais la
façade

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