La basse Provence. Relief et lignes directrices - article ; n°27 ; vol.6, pg 212-229

Marcel Bertrand

Description

Annales de Géographie - Année 1897 - Volume 6 - Numéro 27 - Pages 212-229
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: ANNALES_DE_GEOGRAPHIE
• Publié le: 01 janvier 1897
• Nombre de lectures: 83
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

M. Bertrand
La basse Provence. Relief et lignes directrices
In: Annales de Géographie. 1897, t. 6, n°27. pp. 212-229.
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Bertrand M. La basse Provence. Relief et lignes directrices. In: Annales de Géographie. 1897, t. 6, n°27. pp. 212-229.
doi : 10.3406/geo.1897.5610
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1897_num_6_27_5610212
M. — GÉOGRAPHIE RÉGIONALE
LA BASSE PROVENCE
Relief et lignes directrices
(CARTE, PL. Yl)
L'ancienne province de Provence ne correspond pas à une véritable
unité géographique; elle se compose en réalité, comme le montre un
simple coup d'œil sur une carte topographique, de deux régions dis
tinctes : une région alpine, qui se rattache à la grande chaîne et doit
être étudiée avec elle, et une région moins élevée, quoique encore
montagneuse, qui s'étend des Alpes jusqu'au Rhône et jusqu'à lamer;
cette dernière a souvent été désignée sous le nom de basse Provence.
Au fond, c'est la vraie Provence : climat et cultures, langue et histoire,
caractère des reliefs et structure géologique, tout se réunit pour donner
à ce coin de la France une physionomie et une individualité spéciales.
C'est un pays de iype méditerranéen, dont la vraie parenté géologique
est avec les divers rivages de la mer tyrrhénienne, Espagne, Italie,
Algérie, bien plus qu'avec aucune autre province de la France, ou
même avec aucune partie des grandes chaînes voisines, alpine et pyré
néenne.
Un premier examen de la carte laisse une impression un peu con
fuse. Môme en faisant une large part aux actions de denudation superf
icielle, on peut reconnaître sans peine qu'on est en face d'un sol
tourmenté par des actions profondes; les brusques variations de
relief, la fréquence des hautes murailles calcaires, le désordre des
crêtes déchiquetées, permettent de prévoir ce que l'étude géologique
confirme : la basse Provence est un pays de plissements énergiques,
dont, l'empreinte est restée marquée à la surface. Mais, si l'on veut
aller plus loin, chercher un ordre dans la disposition des chaînons et
des massifs, reconnaître des éléments de groupement, soit dans la
continuité de grandes lignes directrices, soit dans la persistance de
certaines orientations, on se trouve presque immédiatement arrêté. 11
n'y a plus ici rien qui ressemble aux longues lignes orientées des
crêtes ou des vallées alpines : les accidents les mieux marqués se
suivent sur quelques kilomètres, puis disparaissent en direction; les
crêtes les plus nettes et les mieux alignées vont se perdre à courte
distance dans un réseau complexe de collines sans orientation appa
rente. Ce n'est plus l'image d'une chaîne de montagnes, telle que les
Alpesnousont appris à en concevoir le dessin, formée de chaînonsqui BASSE PROVENCE 213 LA
se suivent et se succèdent parallèlement on croit plutôt voir une série
de morceaux de chaîne juxtaposés et mal rejoints
étude géologique pas donné immédiatement la clé de cette
structure singulière attention est portée abord sur les grands
plis couchés restés eux-mêmes longtemps inaper us et sur tous les
phénomènes de renversements de charriages horizontaux étirement
ou amincissement de couches qui en sont les conséquences On
vu surtout les analogies avec les régions classiques de la Belgique ou
des Alpes et on plutôt été porté atténuer les différences La con
tinuité en direction des grandes zones de plissement paraissait un
axiome presque une nécessité mécanique et on cherché par
exemple pour la Sainte-Baume ne voir dans interruption brusque
de certains plis une apparence superficielle explicable par des
sinuosités locales par des décrochements ou des denudations Aujour
hui que la carte est achevée et elle pu servir de point de départ
de nouvelles recherches de détail il faut se rendre évidence le
type des plissements de la basse Provence est pas celui que étude
des Alpes nous habitués considérer comme un type nécessaire La
matière comprimée et manquant de place intérieur ne est pas sou
levée sous la forme de grandes ondes alignées et continues mais sous
celle de massifs distincts de dômes ellipsoïdaux dont allongement
ordinaire dans un sens déterminé seul pu faire illusion pendant
longtemps sur leur véritable nature En réalité allure des reliefs
est que la mise en évidence de ce mode spécial de dislocation le
morcellement des chaînons est la suite et la traduction géographique
du des plis
Il existe donc en basse Provence comme presque partout un lien
direct et immédiat entre la géologie et la géographie entre étude des
reliefs actuels et celle des anciens mouvements du sol intérêt qui
peut attacher ce rapprochement est pas seulement un ordre
théorique plus assemblage des parties semble confus au premier
abord plus il importe en dégager la loi cachée ou de trouver du
moins un mode de groupement rationnel est la géologie qui peut le
mieux fournir une solution elle montre que les dômes juxtaposés ne
le sont pas sans loi et ils alignent en chapelets suivant des direc
tions déterminées ils sont le résultat une action ensemble et non
pas actions isolées et locales ils laissent subsister la notion simple
et féconde des lignes directrices autour desquelles viennent se coor
donner naturellement la description du présent et histoire du passé
Bien plus la terminaison même des dômes fournit un second élément
de coordination la plupart entre eux arrêtent au voisinage de
lignes accusées obliques aux premières montrant des caractères dif
férents mais jouant également un rôle directeur Ces deux systèmes
les grands axes des dômes une part tout fait comparables dans 214 OGRAPHIE GIONALE
leur ensemble aux axes des plis ordinaires et autre part les lignes
îe long desquelles les dômes viennent se fermer définissent un véri
table réseau quadrillé dont il importe essentiellement de préciser la
position et la signification pour arriver une description méthodique
de la région essaierai de le faire en introduisant de géologie que
les notions strictement nécessaires celles surtout qui peuvent se
retrouver et même se prévoir après examen du relief
COUP CEIL RAL
La basse Provence est limitée un côté par les Alpes de autre par
la vallée du Rhône et par la mer Du côté de la mer le massif des
Maures quoique faisant partie de la région peut en distinguer comme
une unité spéciale différente par la nature de ses roches et par allure
de ses reliefs et séparée du reste du pays par la large plaine qui va
de Toulon Fréjus Les Alpes et les Maures forment le cadre inté
rieur duquel sesout développés les plissements de la basse Provence
Toutes tes montagnes rapprochées du massif des Maures dit Elisée
Reclus II 183) ectent.. une sorte de parallélisme avec le au
de granit ou plutôt de terrains cristallins qui élève au mais elles
se relient diversement des chaînons montagneux qui font déjà partie
du système des Alpes La phrase est peut-être volontairement un
peu vague et ce elle semble vouloir dire est même pas tout
fait exact mais au fond elle montre bien la double dépendance de la
région étudier avec les unités voisines qui peuvent en distraire
En fait il pas de limite nette entre la basse Provence et les
Alpes les chaînons proven aux sont géologiquement de formation
plus ancienne ils donnent naissance des altitudes moindres et vont
se terminer en face du massif des Maures au lieu de le contourner
mais ils alignent parallèlement aux chaînons alpins le passage des
uns aux autres est graduel et il est impossible de préciser une ligne
de démarcation Du côté des Maures au contraire il comme un
large fossé de séparation est la grande plaine au sol rougeâtre que
suit le chemin de fer de Toulon et même de Saint-Nazaire au
près de Fréjus Nous verrons seulement que extrémité orientale de
cette plaine celle qui avoisine le golfe de Fréjus présente un carac
tère un peu différent et que géologiquement au moins il est plus
naturel de rattacher aux Maures PEsterel et le massif de Ta aron
Quoi il en soit que la limite soit indécise ou bien marquée dans