A-t-on dégagé l'angle Sud-Est du Temple de Salomon ? - article ; n°3 ; vol.50, pg 355-399

E.-M. Laperrousaz

Description

Syria - Année 1973 - Volume 50 - Numéro 3 - Pages 355-399
45 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: SYRIA
• Publié le: 01 janvier 1973
• Nombre de lectures: 18
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 5 Mo

Extrait

E.-M. Laperrousaz
A-t-on dégagé l'angle Sud-Est du Temple de Salomon ?
In: Syria. Tome 50 fascicule 3-4, 1973. pp. 355-399.
Citer ce document / Cite this document :
Laperrousaz E.-M. A-t-on dégagé l'angle Sud-Est du Temple de Salomon ?. In: Syria. Tome 50 fascicule 3-4, 1973. pp. 355-
399.
doi : 10.3406/syria.1973.6408
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1973_num_50_3_6408DÉGAGÉ A-TON
L'ANGLE SUD-EST DU « TEMPLE DE SALOMON » ?
PAR
E.-M. Laperrousaz
La communication que l'archéologue français Maurice Dunand a
donnée au Sixième Congrès de V Organisation internationale pour V Étude de
V Ancien Testament, tenu à Rome du 15 au 19 avril 1968 t1), se trouve à
l'origine de nos recherches concernant la discontinuité qui apparaît dans le
mur oriental de soutènement et d'enceinte de l'esplanade du Temple de
Jérusalem, à une trentaine de mètres au Nord de l'angle Sud-Est de
l'ensemble portant actuellement le nom de Haram esh-Shérif — angle dont
l'ancien sommet est traditionnellement identifié avec le « Pinacle du
Temple » des Évangiles.
Voici un siècle, l'existence de cette discontinuité était révélée grâce
aux sondages effectués, alors, par l'archéologue anglais Charles Warren,
dont l'importance des travaux pour la connaissance du Temple a été souli
gnée par le R. P. Vincent dans les termes suivants : « Avant tout essai
d'adaptation du sanctuaire au sol s'imposait un examen détaillé du Haram
es- Serif, qui en représente le site incontestable, mais dont la formation
alimente toujours des théories très disparates. On sait que les éléments
(*) Cf. M. Dunand, «Byblos, Sidon, Jéru- Rome 1968. Supplements to Velus Testamentum,
salem. Monuments apparentés des temps aché- Leyde, E.-J. Brill, volume XVII, 1969, pp. 64-70.
ménides. (Résumé) », dans Congress Volume 356 SYRIA
essentiels de cette formation furent révélés naguère par la vaillante explo
ration accomplie de 1867 à 1870, aux frais de la Société anglaise Palestine
Exploration Fund, sous la direction de l'intrépide officier du Génie royal
anglais, Charles Warren. Cette documentation inestimable, exploitée à
l'infini, quoique pas souvent avec la précision désirable, est à la base de la
synthèse descriptive présentée dans le chapitre XVIII avec la plus reconnais
sante admiration, et accompagnée de copieux emprunts aux graphiques
soustraits pour la plupart au contrôle actuel. S'il m'a été possible sans
outrecuidance de modifier en maint endroit les interprétations de Warren
et de ses collaborateurs, c'est que le constant progrès des méthodes d'inves
tigation et d'analyse, depuis quatre-vingt-dix ans, a fort avantageusement
éclairé les principes archéologiques, surtout en multipliant les éléments
comparatifs, qui faisaient en ce temps-là presque totalement défaut »(1).
Récemment, Kathleen M. Kenyon a écrit, au sujet de la partie du mur
oriental qui nous intéresse présentement : « The masonry visible belongs
only to a relatively high part of the great wall supporting the platform,
for we know the evidence of Warren's soundings <2> that bedrock is some
70 ft. lower ; Warren, incidentally, recorded this straight joint (3), but his
observation has been ignored by subsequent commentators » (4) . Dans un
(x) L.-H. Vincent, « Avant-propos » daté du au Temple de Jérusalem, reproduit cette même
31 août 1955, p. xm, dans L.-H. Vincent et planche, mais d'une manière seulement par
A. -M. Steve, Jérusalem de V Ancien Testament. tielle ; en effet, il n'en donne que la partie
Recherches d'archéologie et d'histoire, IIe et gauche, c'est-à-dire la face orientale de l'angle
Sud- Est jusqu'à la ligne rr' (cf. Th.-A. Busink, IIIe Parties, Paris, Gabalda, 1956.
Der Tempel von Jerusalem von Salomo bis (*) Ici, Miss Kenyon donne, en note, la
référence suivante : « Warren. Atlas, pi. XIX ». Herodes. Eine Archàologisch-Historische Studie
Cette planche de Warren est reproduite dans unter Berùcksichtigung des Westsemitischen Tem-
l'ouvrage de Vincent et Steve, cité dans la note pelbaus, volume I : Der Tempel Salomos.
précédente, dont elle constitue la planche CXV ; Nederlands Instituut voor het nabije oosten.
Studia francisci Scholten memoriae dicata, édita nous sommes reconnaissant au Directeur de
l'École biblique et archéologique française de ab. A. A. Kampman. Volumen tertium, Leyde,
Jérusalem, ainsi qu'à la maison Gabalda, de E.-J. Brill, 1970, p. 237, figure 64).
nous avoir autorisé à publier cette planche CXV (3) Même référence donnée par Miss Kenyon.
de la Jérusalem de l'Ancien Testament dans le (*) K. Kenyon, Royal Cities of the Old
présent article (cf. planche des pages 362-363). Testament, Londres, Barrie & Jenkins, 1971,
Relevons que Th.-A. Busink, dans le premier pp. 39-40.
volume de la somme qu'il compte consacrer A-T-ON DÉGAGÉ L'ANGLE SUD-EST DU « TEMPLE DE SALOMON »? 357 1973]
article de peu antérieur aux lignes qui viennent d'être citées, celle-ci avait
été plus précise, en ce qui concerne ces « commentators », relevant : « The
straight joint had in fact been noted by Warren, but had been discounted
by Vincent (1) and others »<2>.
Ces propos de Miss Kenyon, exacts en ce qui concerne Warren,
deviennent ensuite excessifs. En effet, pour s'en tenir au R. P. Vincent,
nommément mis en cause, on ne saurait, sans exagération, avancer que
celui-ci a ignoré l'observation faite par Warren de cette discontinuité, de
ce faux joint, ou n'en a pas tenu compte, puisque l'on peut lire sous sa plume,
dans le paragraphe intitulé « L'angle S.-E. - Face Est » <3>, à la page indiquée
par Miss Kenyon, les remarques que voici : « [...] En surface, à 22,85 m au
N. de l'angle, se dessine un retrait de 75 mm à l'assise K, augmenté d'une
assise à l'autre par le fruit, et à 32,15 m (105' 6") un faux joint coupe les
ass. G-I, dont le dressage est d'ailleurs modifié au-delà de cette coupure par
la substitution d'un léger bossage au champ lisse des blocs dans la section
méridionale. A vrai dire, le faux joint n'existe que dans les assises H-I, car
l'ass. G, de hauteur un peu plus forte, est liée normalement à F. La discor
dance des lits de pose et le faux joint vertical des ass. inférieures H-I, dont
on ignore la nature exacte au-dessous jusqu'à l'ass. X, où il sera de nouveau
signalé tout à l'heure, trouveraient une assez normale explication. Entre le
faux joint et le saillant angulaire, l'ass. H présente deux blocs égaux juxta
posés sur une longueur de 5,50 m avec le galbe très prononcé d'une voussure
(*) Ici, Miss Kenyon donne, en note, la posait ce « straight joint » (cf., ci-dessus, p. 356,
référence suivante : « Vincent and Steve, note 2).
Jérusalem de V Ancien Testament, p. 538 ». (3) Ici, le R. P. Vincent donne, en note, la
(*) K.-M. Kenyon, « Excavations in Jerusa référence suivante aux ouvrages de Warren :
lem 1967 », dans Palestine Exploration Quarterly, « Description dans The Recovery of Jerusalem
100e année, juillet-décembre 1968, p. 105. (3e mille, édition de 1871), pp. 135-152; Survey
Notons que Busink, dans l'« Appendice » of Western Palestine (volume consacré à Jéru
figurant à la fin de l'ouvrage déjà cité, ment salem, Londres, 1884), pp. 146-156 ; Plans,
ionne, notamment, cet article de Miss Kenyon elevations, sections [ . . . ] shewing the results of
en supplément aux références données, p. 81, the excavations at Jerusalem 1867-1870 executed
note 15, à propos des étapes du développement for the Com. of the P.E.F. by capt. Ch. Warr
de la ville de Jérusalem (cf. Th.-A. Busink, en, etc. (50 planches, Londres), pi. XVIII s.
ibid., p. 694) ; Busink ne paraît pas, dans ce Voir ici pi. CXV s. ».
volume, s'être rendu compte du problème que 358 SYRIA
d'arche dont la projection et le placement rendaient malaisée la liaison
correcte avec la suite de l'ass. H, du reste appareillée d'autre manière ; un
petit bloc intercalaire a fait le raccord et les lits de pose semblent être rede
venus courants sur le tablier de l'arche. Le relèvement progressif du sol (1)
vers le N. fait disparaître totalement l'ass. antique G prolongée se