Administration de gestion, administration de mission - article ; n°2 ; vol.6, pg 315-330
17 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Administration de gestion, administration de mission - article ; n°2 ; vol.6, pg 315-330

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
17 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue française de science politique - Année 1956 - Volume 6 - Numéro 2 - Pages 315-330
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 201
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Edgar Pisani
Administration de gestion, administration de mission
In: Revue française de science politique, 6e année, n°2, 1956. pp. 315-330.
Citer ce document / Cite this document :
Pisani Edgar. Administration de gestion, administration de mission. In: Revue française de science politique, 6e année, n°2,
1956. pp. 315-330.
doi : 10.3406/rfsp.1956.402692
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1956_num_6_2_402692Administration de Gestion de Mission
EDGARD PISANI
LA collectivité seule ne peut conduire jusqu'à son terme l'action
j d'aménagement : celle-ci ne peut s'épanouir que dans l'effort
et le risque du chef d'entreprise qui, créant un élément d'acti
vité, crée aussi une source de richesses. Mais il demeure que c'est
une affirmation publique qui a souligné d'abord les méfaits sociaux,
administratifs, économiques, stratégiques, humains des phénomènes
d'apoplexie ou de sclérose auxquels nous a conduit le laisser-faire.
Il demeure que, seule, la collectivité peut fixer le cadre juridique et
financier de l'expansion économique régionale, que, seule, elle peut
réaliser les infrastructures qui polariseront les investissements capi
talistes.
La collectivité est bien la responsable d'une politique qui ne se
fera ni contre elle, ni même sans elle.
Mais l'administration est-elle, entre les mains du pouvoir poli
tique, l'outil propre à répondre à ces préoccupations nouvelles ?
Et-elle capable de conduire les études et les actions qu'exige l'e
xpansion harmonieuse de nos économies régionales ? Ses modes de
pensée, ses habitudes, ses structures et ses procédures ne la ren
dent-elles pas incapable de faire face à une action qui doit se fonder
sur des critères nouveaux ?
L'administration a, en fait, accompli dans divers secteurs une
véritable « reconversion ». Elle a largement collaboré à la mise
au point d'un impressionnant arsenal de textes destinés à favoriser
l'aménagement ; elle a dégagé en son sein des spécialistes dont les
qualités conviennent à la définition ou à la poursuite de la politique
entreprise.
315 Edgard Pisani
Mais elle reste, quant à l'essentiel, prisonnière des règles étroites,
arrêtées du temps où son rôle était de gestion et de contrôle. Elle
est, dès lors, mal adaptée à ses tâches nouvelles, et les réformes
réalisées dans tel ou tel de ses compartiments ne doivent pas faire
illusion... Devenue, par sa volonté propre et du fait même des ci
rconstances, responsable de secteurs chaque jour plus vastes de la
vie nationale, maîtresse de l'économie, désormais soucieuse d'accomp
lir une politique volontaire de mise en valeur, l'administration est,
aujourd'hui encore, trop bien faite pour être un organe de gestion,
trop peu faite pour devenir cet organe de mission qui correspondrait,
pourtant, aux nécessités du présent et de l'avenir...
Faut-il, dans ces conditions, modifier son esprit, bouleverser ses
structures, ou faut-il, au contraire, créer, parallèlement aux admin
istrations traditionnelles, sans pour cela nier la nécessité de leur
réforme, des administrations spécialisées, dynamiques, créatrices,
auxquelles serait dévolue la tâche de prendre, en matière d'aména
gement, les initiatives nécessaires ?
L'étude de ce problème impose que soient analysés les obstacles
institutionnels auxquels se heurte l'aménagement du territoire, les
caractéristiques fondamentales des deux types d'administration, et
enfin les problèmes pratiques que pourrait poser l'existence de sec
teurs administratifs différents et pourtant tournés, est-il besoin de
le dire, l'un et l'autre vers le service public.
Mais sans doute n'est-il pas inutile, avant d'entreprendre cette
analyse, de démontrer à quel point la question ainsi posée n'est pas
limitée aux seules tâches économiques de l'administration et à la
seule administration publique française.
PORTEE TRÈS GÉNÉRALE DE LA DISTINCTION
Les difficultés que rencontre notre administration publique à s'adapt
er à des tâches nouvelles ne suffisent pas à justifier îa critique
sévère de ses structures, de ses méthodes et de son esprit. L'admin
istration française doit être réformée pour cent raisons diverses,
mais en l'occurrence, quel que soit le domaine de la gestion des
sociétés humaines auquel on se consacre, quelle que soit îa date
de l'histoire à laquelle on se réfère, quel que soit le pays choisi
pour cadre de l'étude, l'on rencontre îa question de savoir comment
pourront être menées parallèlement des tâches de gestion et des
316 Administration de Gestion, Administration de Mission
tâches de mission, la poursuite des unes semblant détourner l'admi
nistrateur de l'entreprise des autres.
En France, la création des intendants est venue répondre à
l'insuffisance d'un système administratif hérité du passé et progres
sivement enlisé dans la tradition et dans le souci des bénéfices.
L'analyse en a été trop souvent faite pour qu'il soit besoin d'y
revenir. Demandons-nous seulement si les critiques qui furent adres
sées à la veille de la Révolution aux intendants ne visaient pas leur
mainmise sur les affaires locales bien plus que le rôle déterminant
qu'ils avaient rempli dans l'évolution et l'équipement économique
des provinces. Peut-être faudrait-il poser une telle- question aux
préfets d'aujourd'hui ; elle serait bien propre à confirmer l'action
des uns et à inspirer le bon-vouloir des autres.
Mais deux autres domaines ont donné lieu en France, à des
dates toutes récentes, à la création d'organes administratifs dyna
miques venant se surajouter aux structures responsables du quoti
dien : ce sont le domaine militaire, d'une part, et le domaine rel
igieux, d'autre part, sur lesquels il n'est pas sans intérêt de se
pencher un instant.
L'armée est faite pour la guerre ; l'on pourrait dès lors penser
que son administration quotidienne pourrait être calquée sur les
nécessités stratégiques telles qu'elles se présentent au moment des
hostilités ; et pourtant, du point de vue strictement militaire, le
territoire est divisé en régions ayant des tâches administratives,
responsables du recrutement, de la formation, de l'encadrement des
effectifs, responsables des infrastructures, mais inadaptées sans
doute à des fonctions opérationnelles, puisque s'est créée depuis
quelques années déjà la notion de théâtre d'opérations, notion stra
tégique, sous l'empire de laquelle sont conçues et menées les opé
rations militaires.
La taille du théâtre d'opérations n'est pas sa seule justification :
l'administration militaire a des tâches de gestion qui la préparent
mal à la conduite de la guerre et celle-ci doit être confiée à des
organes spécialisés.
îl en est de même en matière religieuse ; un article paru en
octobre 1954 dans la revue Etudes, sous la signature de M. Robert
Rouquette, analyse « le nouveau statut de la Mission de France ».
Après avoir souligné les caractéristiques de « l'esprit missionnaire »,
et avoir dégagé les critères mêmes de l'action missionnaire, l'auteur
de l'étude compare le système diocésain de droit commun au sys
tème nouveau :
317 Edgard Pisani
« Le droit actuel des séculiers conserve le principe de l'inamov
ibilité des curés les plus importants. C'est encore la notion de
« bénéfice » qui domine les conceptions institutionnelles de
l'Eglise plus que celle de service : le clerc est possesseur de sa
fonction et l'évêque ne peut pas l'en déposséder. Comprenons
que cette notion de bénéfice a eu sa nécessité et sa valeur : contre
les possibles abus de pouvoir d'évêques grands seigneurs, elle a
assuré dans les siècles passés la liberté du clerc inférieur, l'ind
épendance de sa personne. Cette inamovibilité des clercs n'avait
pas d'inconvénients majeurs dans des siècles de chréti

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents