Alliances en R&D, course à l innovation et gain stratégique - Éléments théoriques et application au segment des DRAM - article ; n°1 ; vol.78, pg 27-46
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Revue d'économie industrielle - Année 1996 - Volume 78 - Numéro 1 - Pages 27-46
R&D alliances have been recently the subject of an abondant litterature (transaction costs approach, evolutionnary perspective, technological externalities theory). But these different approaches focus principally on the internal gain of R&D alliance (so called the «specific gain») which can take many forms as technological complementarity, uncertainty reduction or incitation to innovate.
Our purpose is to show that R&D alliances could be analysed in terms of strategic gain : R&D alliance not only allows to share the cost of innovation with anothers firms, but also to modify or prevent any change in the market structure, by creating strategic externalities.
This approach is applied to the DRAMs ; we show that leaders ally with other leaders to maintain their respective competitive positions in the regional patent race. The strategic gain is in this configuration of a preventive nature : leaders avoid any modification of the arrival order, in favor of followers.
Les alliances en R&D ont récemment donné lieu à un foisonnement de contributions théoriques (approche transactionnelle, perspective évolutionniste, théorie des externalités technologiques), qui demeurent centrées sur l'acquisition d'un gain interne de coopération (dénommé «gain spécifique») tel que le partage des coûts, l'incitation à l'innovation ou la réduction du risque.
Nous montrons ici que l'alliance en R&D peut faire également l'objet d'une approche en termes de «gain stratégique» : l'alliance permet de modifier la structure de marché ou d'empêcher qu'elle ne se modifie, en créant des externalités stratégiques.
Nous appliquons cette approche au segment des DRAM et nous montrons que les leaders s'allient entre eux afin d'éviter toute modification dans l'ordre d'arrivée de la course technologique, en faveur des suiveurs : le gain stratégique revêt ici une forme préventive.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Emmanuel Combe
Alliances en R&D, course à l'innovation et gain stratégique -
Éléments théoriques et application au segment des DRAM
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 78. 4e trimestre 1996. pp. 27-46.
Abstract
R&D alliances have been recently the subject of an abondant litterature (transaction costs approach, evolutionnary perspective,
technological externalities theory). But these different approaches focus principally on the internal gain of R&D alliance (so called
the «specific gain») which can take many forms as technological complementarity, uncertainty reduction or incitation to innovate.
Our purpose is to show that R&D alliances could be analysed in terms of strategic gain : R&D alliance not only allows to share
the cost of innovation with anothers firms, but also to modify or prevent any change in the market structure, by creating strategic
externalities.
This approach is applied to the DRAMs ; we show that leaders ally with other leaders to maintain their respective competitive
positions in the regional patent race. The strategic gain is in this configuration of a preventive nature : leaders avoid any
modification of the arrival order, in favor of followers.
Résumé
Les alliances en R&D ont récemment donné lieu à un foisonnement de contributions théoriques (approche transactionnelle,
perspective évolutionniste, théorie des externalités technologiques), qui demeurent centrées sur l'acquisition d'un gain interne de
coopération (dénommé «gain spécifique») tel que le partage des coûts, l'incitation à l'innovation ou la réduction du risque.
Nous montrons ici que l'alliance en R&D peut faire également l'objet d'une approche en termes de «gain stratégique» : l'alliance
permet de modifier la structure de marché ou d'empêcher qu'elle ne se modifie, en créant des externalités stratégiques.
Nous appliquons cette approche au segment des DRAM et nous montrons que les leaders s'allient entre eux afin d'éviter toute
modification dans l'ordre d'arrivée de la course technologique, en faveur des suiveurs : le gain stratégique revêt ici une forme
préventive.
Citer ce document / Cite this document :
Combe Emmanuel. Alliances en R&D, course à l'innovation et gain stratégique - Éléments théoriques et application au segment
des DRAM. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 78. 4e trimestre 1996. pp. 27-46.
doi : 10.3406/rei.1996.1642
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1996_num_78_1_1642Emmanuel COMBE
Université Paris-XI (ADIS)
CESSEFI (Université Paris-I)
ALLIANCES EN R&D,
COURSE À L'INNOVATION
ET GAIN STRATÉGIQUE
ÉLÉMENTS THÉORIQUES ET APPLICATION
AU SEGMENT DES DRAM (1)
Oligopole, Mots-clés : Course Alliance, au Externalités brevet, Semi-conducteurs. technologiques et stratégiques, Stratégie des firmes,
Key words : Industrial cooperation, Technical and Strategic Spillovers, Strategy of firms,
Oligopoly, Patent-race, Semi-conductors.
INTRODUCTION
Le segment des mémoires dynamiques (DRAM) se caractérise par une forte
propension à la coopération entre firmes ; en particulier, les firmes se sont
engagées depuis la fin des années 80 dans une stratégie d'alliances en R&D
(Recherche & Développement), visant à développer en commun de nouvelles
générations de mémoires. Ces alliances prennent essentiellement la forme
d'accords intercontinentaux et obéissent à une certaine hiérarchisation dans le
choix des partenaires : les leaders américains nouent des accords de R&D avec
des leaders asiatiques et européens et non avec des firmes suiveuses.
Comment rendre compte de l'existence de tels accords et quels facteurs en
déterminent la morphologie ?
Une argumentation en termes d'imperfection des droits de propriété est par
fois avancée : les alliances en R&D constitueraient une modalité nouvelle
d'internalisation des externalités technologiques, alternative au brevet. Cette
(1) L'auteur remercie les membres du CESSEFI, de l'ADIS ainsi que deux referrées ano
nymes pour leurs remarques critiques et leurs suggestions. Naturellement, il reste seul re
sponsable de toute erreur.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 78, 4e trimestre 1996 27 ne fournit néanmoins aucune indication sur la morphologie de la lecture
coopération et envisage uniquement l'alliance comme un moyen de réaliser un
gain interne de coalition (dénommé également "gain spécifique").
Nous proposons ici une approche différente des alliances en R&D, fondée
sur les comportements oligopolistiques des firmes : au delà du gain spécifique,
l'alliance permet de réaliser un gain de nature stratégique, lié à la modification
ou à la pérennisation des structures de marché. Dans le cas des DRAM, nous
montrons que les leaders de chaque région s'allient entre eux afin d'accélérer
le rythme de la course à l'innovation (gain spécifique) et de prévenir tout ren
versement partiel de l'ordre d'arrivée de la part de leurs concurrents locaux
(gain stratégique).
Nos développements s'agencent en trois temps. Nous commencerons par
présenter le segment des DRAM, en insistant tout particulièrement sur la
logique de course à l'innovation et sur l'essor des alliances en R&D. Nous
poursuivrons dans une seconde partie en mettant l'accent sur les spécificités
de l'approche stratégique de l'alliance en R&D, au travers de l'étude de diffé
rentes configurations de coopération. Nous développerons dans une troisième
partie un cas particulier de gain stratégique d'alliance : il s'agit d'une situation
dans laquelle les firmes sont différentes dans leur effort de R&D ; nous appl
iquerons les résultats obtenus au segment des DRAM, afin de rendre compte
des déterminants et de la morphologie des alliances en R&D.
I. — COURSE A L'INNOVATION ET ALLIANCES EN R&D
SUR LE SEGMENT DES DRAM
1. Une course à l'innovation à ligne d'arrivée fixe
Le segment des mémoires dynamiques, qui appartient à l'industrie des cir
cuits intégrés, est régi par un principe de course à l'innovation (2), dans la
mesure où l'ordre d'arrivée des firmes sur le marché constitue le principal fac
teur discriminant dans l'évaluation des performances. Le leader - c'est-à-dire
la première firme à introduire une nouvelle génération de DRAM - bénéficie
d'une "prime au vainqueur", et ce pour deux raisons (Benzoni & Jutand
1991) :
— la production de mémoires dynamiques est soumise à de fortes économies
d'échelle, ce qui limite la pénétration de nouvelles firmes ;
— le segment des DRAM se caractérise par la présence d'économies d'ap
prentissage à l'intérieur d'une génération de mémoires.
(2) Pour un exposé du principe de course à l'innovation, voir Guesnerie & Tiróle (1985) ou
Gaffard (1990).
28 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 78, 4e trimestre 1996 économies d'expérience conjuguées à la concurrence entre firmes se trLes
aduisent par une baisse tendancielle du prix des mémoires, au cours du cycle de
vie. Dans ces conditions, le leader bénéficie d'une rente temporaire de monop
ole, en vendant les premières DRAM à un prix unitaire élevé.
Sur le segment des DRAM, l'innovation revêt un caractère incrémental : il
s'agit pour les « prétendants au titre » d'accroître - d'une génération de
mémoires sur l'autre - la finesse de gravure sur la tranche de silicium, afin
d'augmenter le nombre de composants par puce.
C'est dire que la course à l'innovation dans les DRAM prend la forme d'une
course à ligne d'arrivée fixe et non d'une course au trésor, selon la terminolo
gie en usage (Guesnerie & Tiróle 1985) : l'innovation survient à partir d'un
certain montant d'investissement en R&D, qui est de connaissance commune
pour les différents acteurs de la course.
2. Une course à l'innovation locale
Si l'on considère la répartition des ventes de chaque firme de circuits inté
grés par zone géographique (le monde étant divisé en trois zones : Amérique
du Nord, Europe, Asie), il apparaît que les firmes disposent d'un « habitat pré
féré », représenté en l'occurrence par leur marché

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