« Alors » dans le discours pédagogique : épiphénomène ou trace d opérations discursives? - article ; n°1 ; vol.50, pg 39-52
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« Alors » dans le discours pédagogique : épiphénomène ou trace d'opérations discursives? - article ; n°1 ; vol.50, pg 39-52

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Description

Langue française - Année 1981 - Volume 50 - Numéro 1 - Pages 39-52
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 62
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Abdelmadjid Ali Bouacha
« Alors » dans le discours pédagogique : épiphénomène ou
trace d'opérations discursives?
In: Langue française. N°50, 1981. pp. 39-52.
Citer ce document / Cite this document :
Bouacha Abdelmadjid Ali. « Alors » dans le discours pédagogique : épiphénomène ou trace d'opérations discursives?. In:
Langue française. N°50, 1981. pp. 39-52.
doi : 10.3406/lfr.1981.5090
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1981_num_50_1_5090Abdelmadjid Ali Bouacha, B.E.L.C., Paris, Université d'Alger
« ALORS » DANS LE DISCOURS PÉDAGOGIQUE
ÉPIPHÉNOMÈNE
OU TRACE D'OPÉRATIONS DISCURSIVES?
Lorsqu'on traite du discours, la première difficulté surgit dès lors que
Ton cherche à désigner/définir l'objet d'analyse. Une telle opération implique
ipso facto, une première démarche face à « du » texte dont on dit qu'il relève
de tel ou tel discours. Cette reconnaissance immédiate impose la typologisa-
tion non plus comme un point d'aboutissement mais au contraire comme un
a priori nécessaire à toute analyse de discours. On parle ici de discours didac
tique, polémique, scientifique \ là de discours argumentatif, explicatif,
xénophobe2..., ailleurs de discours cognitif, objectif, référentiel3 : mais si
les niveaux d'analyse sont minutieusement décrits, on ne sait pas toujours
très bien quelles réalités de discours ces dénominations recouvrent. Cette
difficulté n'est pas le seul fait du cloisonnement de travaux appartenant à
des horizons théoriques différents. S'agissant du discours, la différence entre
désignation/définition et caractérisation n'est jamais très claire; nous sommes
dans un domaine où la taxinomie, particulièrement redoutable, s'articule à
différents niveaux, instaurant et occultant tout à la fois une hiérarchie des
types et des sous-types.
La seconde difficulté à laquelle doit se confronter l'analyste du discours
est celle du point de référence —j'entends par là ce à quoi on cherche à
1. Cf. Dubois (J.) et Sumpf (J.). « Linguistique et révolution » in Communications, 12, 1968. Le Seuil,
pp. 148-158 et Sumpf (J.), Le problème des typologies in Langages, 13. 1969, Didier/Larousse, pp. 100-
110.
2. Cf. Les Travaux du Centre de Recherches sémiologiques. Université de Neuchâtel. Ces travaux, qui
traitent globalement des problèmes d'argumentation et de discours, ne se donnent pas comme objectif expli
cite la constitution d'une typologie des discours. Ils envisagent cependant la possibilité d'élaborer une
typologie des « schématisations discursives ».
3. Greimas (A.J.) et Landowski (E.). Introduction à l'analyse du discours en sciences sociales, 1979,
Classique Hachette, et plus particulièrement l'article de Greimas (A.J.). « Des accidents dans les sciences
dites humaines ». pp. 28-60.
Dans la typologie qu'il propose du discours de la recherche, A.J. Greimas distingue trois paliers dis
cursifs : le discours cognitif, énoncé à la première personne, marque l'activité cognitive du chercheur
qui construit les objets du savoir; le discours objectif, discours sans sujet, qui. détaché de l'instance de
renonciation, apparaît comme un n'appartenant à personne, un discours qui aurait pour seul
sujet la science; le discours référentiel constitue le troisième niveau discursif, celui où lénonciateur
« convoque » le discours des autres (« Depuis Darmesteter ) ou son propre discours (« cela est si vrai
que ). Il s'agit plus en fait, dune typologie des « formes discursives » à l'œuvre dans le discours scienti
fique que d'une typologie de discours au sens strict.
39 ramener un discours donné. Cette seconde difficulté est liée à la première
dans la mesure où le point de référence peut être constitutif d'une typification.
Ainsi, travaillant sur le « discours politique », les tenants de l'analyse de
discours française se sont donnés comme point de référence une catégorie
rhétorique (didactique/polémique) caractéristique de ce type de dis
cours. Cette notion de point de référence est essentielle en ce qu'elle marque
une seconde étape (la plus importante) de l'intervention de l'analyste face
à son objet. Ce point de référence peut être extérieur au discours : le
travail de l'analyste consistera donc à ramener le discours à une structure
pré-établie. Tel discours sera « didactique » parce qu'il est réductible à la
structure X est Y; tel autre (qui peut être le même) sera dit « polémique »
s'il répond à l'articulation : X n'est pas Y, il est Z. Le point de référence peut
aussi être intérieur au discours : on cherchera alors à définir et à catégoriser
un certain nombre de phénomènes discursifs à l'œuvre dans un discours
donné. Ces phénomènes discursifs ne sauraient être réduits à la récurrence de
certaines formes syntaxiques. Ils sont considérés comme la trace d'un certain
type d'opérations énonciatives et discursives, opérations générales qui se
trouvent investies d'une forme spécifique et d'une distribution particulière
à l'intérieur d'un discours ou d'un type de discours. Cette seconde conception
du point de référence, s'appuyant sur une approche en compréhension, pré
sente l'avantage à mes yeux de rendre compte à la fois de la spécificité d'un
discours et de ce qui fait que ce discours « fonctionne » : c'est donc elle que
je tenterai de mettre en œuvre ici.
Traiter du discours pédagogique, compte tenu de ces considérations,
peut sembler relever d'une double gageure. D'un point de vue strictement te
rminologique, la distinction entre pédagogie et didactique n'est pas aisée.
Quand ils ne sont pas confondus, les deux termes s'opposent dans un rapport
hiérarchique de type hyperonyme/hyponyme. « La pédagogie moderne consi
dère la didactique tout au plus comme un pis-aller, parce qu'elle s'appuie
surtout sur les mécanismes d'enregistrement mnémique, au lieu de favoriser
l'assimilation du savoir par le travail de découverte et de création4... » Les
définitions des différents dictionnaires distinguent en général la didactique en
tant que discipline qui se propose d'étudier les principes et les méthodes de
l'enseignement, de la pédagogie, discipline plus large qui a pour objet l'édu
cation de l'enfant en général.
Curieusement, le rapport hiérarchique s'inverse lorsque l'on passe aux
notions de discours didactique/discours pédagogique. Les analystes de dis
cours traitent le second comme une « sous-espèce » du premier. Ainsi, selon
Dubois, « les enseignants des universités tiennent presque uniquement des
discours didactiques (...). Parmi ces discours didactiques, les uns sont pure
ment pédagogiques, en ce sens qu'ils sont constitués d'un ensemble clos de
questions et de réponses qui peuvent aider à juger des écarts quand il sera
demandé aux auditeurs de faire leur les énoncés entendus. Les autres sont la
mise en forme didactique d'une pratique scientifique5 ». (C'est l'auteur qui
souligne.) Ainsi, même si l'on fait la part du caractère nécessairement spé
culatif de ces recherches définitionnelles, le discours pédagogique apparaît,
pour qui traite du discours, comme un objet difficilement cernable.
D'un point de vue méthodologique, le choix de ce type de discours fait
également problème : il peut paraître en effet paradoxal de chercher à définir
4. Debesse (M.) cité par Koulquie (P.), Dictionnaire de la langue pédagogique, 1971, P.U.F.
5. Dubois (J.), «Grammaire scientifique et grammaire pédagogique» in Langue française, 14, 1972,
Larousse, pp. 6-31.
40 et à analyser un type de discours habituellement pris lui-même comme point
de référence à d'autres discours, en tant que porteur-producteur de formes
rhétoriques et énonciatives déjà répertoriées ou tout au moins reconnues
comme telles.
Je m'attacherai à lever ces deux ambiguités (terminologique et métho
dologique) inhérentes au discours pédagogique avant d'entrer dans le

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