Analogie « créatrice », formelle et sémantique - article ; n°36 ; vol.8, pg 20-33
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Description

Langages - Année 1974 - Volume 8 - Numéro 36 - Pages 20-33
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marie-Françoise Mortureux
Analogie « créatrice », formelle et sémantique
In: Langages, 8e année, n°36, 1974. pp. 20-33.
Citer ce document / Cite this document :
Mortureux Marie-Françoise. Analogie « créatrice », formelle et sémantique. In: Langages, 8e année, n°36, 1974. pp. 20-33.
doi : 10.3406/lgge.1974.2271
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1974_num_8_36_2271Marie-Françoise MORTUREUX
Paris X Nanterre
ANALOGIE « CRÉATRICE » ,
FORMELLE ET SÉMANTIQUE
0. Analogie et création lexicale.
Parmi les unités relevées comme néologiques s'opère une grande parti
tion, selon que le signe « nouveau » se manifeste sous la forme d'un signifiant
non encore enregistré dans la langue, ou d'un « sens nouveau » associé à un
signifiant ancien : la néologie lexicale se repère soit à travers la création
d'un signifiant, soit à travers l'association nouvelle d'un signifié à un signi
fiant qui continue par ailleurs, au moins un certain temps, à être associé
au signifié précédent (selon le phénomène de polysémie).
Or, pour le dépouilleur qui cherche à analyser la néologie, et, pour
commencer, à classer les unités relevées, ces deux processus (création de
signifiant, modification de signifié) ne sont pas, en règle générale, aléatoires
ni isolés, mais présentent certaines régularités qui peuvent, en première
approche au moins, être regroupées sous le chef de « l'analogie », formelle
ou sémantique.
Après avoir précisé, en se référant aux auteurs qui les ont définis,
chacun des deux aspects de l'analogie ci-dessus distingués, on se propose
de présenter ici une approche des questions que posent l'analyse et l'inte
rprétation de quelques exemples de « néologismes » empruntés au corpus de
l'ERA 353, afin de les confronter aux représentations ou solutions avancées
par la linguistique contemporaine, qui, bien qu'elle n'utilise pas le concept
d'analogie, n'en a pas moins rencontré certains des phénomènes en question.
1. L'analogie.
« On classe légitimement sous le chef de Y analogie tous les faits réduct
ibles à une formule proportionnelle, quelle que soit l'extension des diffé
rents termes de la formule (élément souvent difficile à évaluer). La nature
des de la proportion n'est pas non plus à considérer, le terme altéré
(x) pouvant être du domaine des signifiants ou de celui des signifiés. »
(H. Bonnard in Grand Larousse de la Langue française, 1971.)
L'accent mis ainsi dès l'abord sur l'unité du processus qui sous-tend
les créations de l'analogie, formelle et sémantique, ce sont les différences
qui fondent l'opposition entre les deux aspects qui vont retenir l'attention.
1.1. — Analogie « formelle ».
Quand Saussure définit l'analogie formelle, c'est d'abord à propos du
changement phonétique, en insistant sur deux points :
— Il n'y a pas « transformation » du signifiant affecté par le change
ment, mais « création » d'un second signifiant (pour le même signifié) suivie
de la disparition du premier.
20 — La création s'effectue suivant la règle analogique qui régit le calcul
de la quatrième proportionnelle :
orátorem : orator = honorera : x ; x — honor (qui se maintient quelque
temps en concurrence avec honos).
Le « second » signifiant tend à éliminer le premier, parce qu'il est, préci
sément, conforme à un modèle plus abondamment représenté dans la langue.
Il ne se pose aucun problème sémantique, dans la mesure où ni le signifié
ni le réfèrent du signe ne sont affectés.
Quand Saussure aborde le rôle de l'analogie formelle dans la création
lexicale, c'est, en premier lieu, pour s'en servir comme preuve qu'il s'agit
bien d'un processus de création, non de transformation :
« L'analogie a si peu pour caractère de remplacer une forme par une
autre, qu'on la voit souvent en produire qui ne remplacent rien... sur le
modèle de pension : pensionnaire, réaction : réactionnaire, etc., quelqu'un
peut créer interventionnaire ou répressionnaire, signifiant « qui est pour
l'intervention », « pour la répression ». Ce processus est évidemment le
même que celui qui tout à l'heure engendrait honor : tous deux appellent
la même formule :
réaction : réactionnaire = répression : x ; x == répressionnaire
et dans l'un et l'autre cas il n'y a pas le moindre prétexte à parler de chan
gement ; répressionnaire ne remplace rien... Ces dérivés, relativement
récents, nous apparaissent comme des créations. » (F. de Saussure CLG,
p. 225).
Puis Saussure soulève deux difficultés ; il commence par examiner
la question de savoir si les créations analogiques relèvent de la langue ou
de la parole :
« Un mot que j'improvise, comme in-décor-able, existe déjà en puissance
dans la langue ; on retrouve tous ses éléments dans les syntagmes tels que
décor-er, décor-ation : pardonn-able, mani-able : in-connu, insensé, etc., et
sa réalisation dans la parole est un fait insignifiant en comparaison de la
possibilité de le former. En résumé, l'analogie,... est tout entière grammat
icale et synchronique. » (CLG, p. 227-8.)
Cependant, bien que l'analogie relève de la langue, ses réalisations
dans la parole demeurent imprévisibles :
« on ne peut pas dire d'avance jusqu'où s'étendra l'imitation d'un
modèle, ni quels sont les types destinés à la provoquer. Ainsi ce ne sont pas
toujours les formes les plus nombreuses qui déclenchent l'analogie. » (CLG,
p. 222.)
Le même exemple indécor able avait déjà été utilisé dans la discussion
(Deuxième Partie, Chap. V) portant sur l'appartenance à la langue ou à la
parole de tel ou tel type de syntagme : « il faut attribuer à la langue, non
à la parole, tous les types de syntagmes construits sur des formes régulières.
En effet, comme il n'y a rien d'abstrait dans la langue, ces types n'existent
que si elle en a enregistré des spécimens suffisamment nombreux. Quand
un mot comme indécorable surgit dans la parole (voir p. 228 sv.), il suppose
un type déterminé, et celui-ci à son tour n'est possible que par le souvenir
d'un nombre suffisant de mots semblables appartenant à la langue (impar
donnable, intolérable, infatigable, etc.). » (CLG, p. 173.)
Cela conduit Saussure, ensuite, à préciser les deux modèles (au moins)
d'analyse formelle qui sont applicables à la création analogique ;
« Nous avons remarqué p. 222 que toute peut être
représentée comme une opération analogue au calcul de la quatrième pro-
21 portionnelle. Très souvent on se sert de cette formule pour expliquer le
phénomène lui-même, tandis que nous avons cherché sa raison d'être dans
l'analyse et la reconstruction d'éléments fournis par la langue.
Il y a conflit entre ces deux conceptions. Si la quatrième proportionn
elle est une explication suffisante, à quoi bon l'hypothèse d'une analyse
des éléments ? Pour former indécorable, nul besoin d'en extraire les éléments
(in-décor-able) ; il suffit de prendre l'ensemble et de le placer dans l'équa
tion :
pardonner : impardonnable, etc., = décorer : x. x = indécorable.
Laquelle de ces théories correspond à la réalité ? »
En réponse à cette question, Saussure remarque essentiellement :
« Selon la tendance dominante de chaque groupe linguistique, les
théoriciens de la grammaire inclineront vers l'une ou l'autre de ces
méthodes. » (GLG, p. 228-9.)
Reste que chacune des deux méthodes aboutit, dans le cas de indé
corable, à proposer comme base de la dérivation une unité différente : soit
décor, soit décorer. De plus, si la formule analogique décrit le produit plus
que le mécanisme productif, elle se trouve ici peut-être plus directement
utilisable pour l'interprétation sémantique du nouveau signe.
Or ce dernier aspect (interprétation sémantique) de la créa

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